samedi 6 novembre 2010

Fatum Elisum / Eibon / Ode to Decay - Live Rouen (28/05/2010)



Fatum Elisum / Eibon / Ode to Decay

Deep deep down...

(par Vlad Tepes)




A Cosmic and Aesthetic Death Night
Moment : 28/05/10.
Lieu : Emporium Galorium (Rouen).



Nous sommes le vendredi 28 mai et je m’apprête une fois de plus à rejoindre la doomesque citée rouennaise pour assister à ma seconde prestation de Fatum Elisum. Ces derniers avaient clôturés le Rotomagus Doomicus Metallicus en avril 2009 (dans des conditions quelque peu difficiles), et j’étais resté sur ma faim. En effet, leur musique avait été loin de m’avoir laissé dans l’indifférence…

Me voici donc arrivé à l’Emporium Galorium que je finis par bien connaître maintenant ! Les death métalleux de Fractal Gates sont remplacés ce soir au pied levé par Ode to Decay, formation black métallique havraise comprenant en ses rangs le vocaliste de Devil’s Bride. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le rythme s’avère soutenu ! Malheureusement, un son quelque peu brouillon ne me permettra pas de rentrer plus en avant dans leur univers. Pourtant, les compositions sont travaillées et le rendu technique relativement carré. A revoir dans de plus propices conditions…

Eibon, le second groupe de la soirée, viendra nous asséner les tympans avec leur sludge. Des narrations d’empoisonnement de chatons (hé hé) m’auront fait manquer la plus large partie du set. Et je n’aurais donc eu que très peu de temps pour m’approprier la musique du groupe, présentant selon moi un manque de relief. Malgré tout, quelques passages rythmiques feront mouche, mais l’enthousiasme sera vite retombé de mon côté.


Place maintenant à Fatum Elisum et leur doom extrême…
EndE apparaît en longue robe, donnant cet aspect théâtral que j’avais déjà capté du groupe. La prestation commence par une introduction à cappella de ce qui m’a évoqué un chant d’église : la maîtrise vocale rime avec force justesse, plaçant immédiatement le spectateur dans la funèbre ambiance. Sur ce démarre le dantesque "Phantom", sorte de longue procession. Il est risqué de démarrer par un morceau si ambitieux. Car le rendu sera très bon sans être pour autant excellent, quelques imperfections techniques se glissant ça et là. Toutefois, soulignons la volonté du groupe de ne pas coller à la version studio, et quelques judicieux ralentissements rythmiques feront leur apparition. Le fameux break vocal sera de toute beauté, maladif et viscéral à souhait, introduisant un solo endiablé et pourtant clairement en phase avec l’ensemble.




Ensuite Fatum Elisum introduira un inédit à paraître sur leur second opus. Il se présente comme un hommage à Céline, une amie proche du groupe décédée en février 2010. Bien entendu, une telle introduction ne peut que glacer le sang du spectateur, insufflant un malaise tout légitime. Durant ces longues notes à la guitare (elles se posent de manière cyclique dans une mélancolie des plus absolues…), on entendra des pleurs d’EndE, accentuant un malaise déjà bien ancré. Puis se déroulera un ensemble de plans aux teintes très diverses, au sein d’un très long morceau (d’une durée dirons-nous « classique » pour le groupe). Au final, nous assistons à un morceau très riche et passionnant, dans la continuité des premiers travaux de Fatum Elisum, sans pour autant demeurer une répétition. Voilà qui rend curieux pour la suite…

Après deux morceaux aussi suffoquants, "Dancer of spirals" arrive à point nommé. En effet, ses rythmiques plus appuyées permettront d’aérer l’atmosphère quelques brefs instants. Je dis bien « brefs » car le cœur du morceau plongera de nouveau le spectateur dans une mélancolie pesante, poignante. A l’image de ce constat, EndE fera preuve d’un déchaînement autant externe qu’interne, nous vomissant sa torture au visage. Il s’enfoncera dans le public à plusieurs reprises comme pour toucher au plus près les êtres : les faire passer du statut de spectateur à celui d’acteur peut-être ?




Après tous ces moments d’intense(s) torture(s), une certaine lumière jaillira de la cover prévue par le groupe, qui n’est autre que "Gothic" des illustres Paradise Lost. Musicalement parlant, le rendu sera assez fidèle à la version d’origine, même si le jeu de batterie prendra quelques libertés ci et là. Mais la grand surprise viendra des vocaux ! EndE donnera un aspect plus libre aux lignes de chant crées par Nick Holmes. Mais que devient le chant féminin, me demanderez-vous ? Car Paradise Lost eux-mêmes ont oscillés entre deux options : soit utiliser d’infâmes samples, soit le faire chanter par Nick. Et bien Fatum Elisum s’est engouffré à sa manière dans la seconde voie : c’est Asgeir qui s’y colle, remplaçant le chant féminin par un chant doom traditionnel qui me laissera pantois ! Car cette utilisation atypique permettra de donner un sacré coup de jeune à cette antiquité du doom/death à valence gothique. En espérant que cette cover apparaisse sur les futurs enregistrements du groupe…

Pour synthétiser ce concert, je dirais que Fatum Elisum a peut-être encore besoin de se rôder scéniquement parlant, car l’on pouvait entendre ponctuellement certaines imperfections. Mais je ne tiens pas à rester bloquer sur un facteur technique que j’ai toujours estimé comme secondaire en Art. En effet, Fatum Elisum possède une véritable identité, bien différenciée de leurs très talentueux frères mélomanes Ataraxie. Et c’est bien ce qui est apparu vendredi soir : Fatum développe son propre univers dans le champ du doom extrême, faisant preuve d’originalité et de pertinence. Comme quoi, même dans un style aussi pointu, il est toujours possible d’innover.
Je ne peux qu’inviter tout amateur de ce style si particulier à explorer une prestation live de Fatum Elisum, tout comme de jeter une oreille attentive sur leur premier opus éponyme…


Set-list Fatum Elisum :

1) Intro + Phantom
2) Untitled
3) Dancer of spirals
4) Gothic (Paradise Lost cover)



Mai 2010,
Rédigé par Vlad Tepes.



Fatum Elisum + Eibon + Ode To Decay - Rouen 28.05.2010



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