samedi 22 septembre 2012

Metal Méan Festival - Live (Belgique) 18/08/2012



Metal Méan Festival 2012

Egypte : 1 – Norvège : 0

(par Vlad Tepes)




Moment : 18/08/12.
Lieu : Méan (Belgique).



Metal Méan Festival @ Belgique 18/08/2012


Groupes :

 Celestial Season Krisiun  Gorguts
 Taake  Immolation  Nile




Pour la troisième année consécutive, nous voilà arpentant la Belgique moi-même et Bloodhound pour rejoindre la petite ville de Méan. Le gps étant cette année-ci notre ami, nous n’arrivons pas trop tard, en plein set de Gorath. Je n’en dirais donc pas grand chose, si ce n’est que le style pratiqué ne fait pas partie de mes goûts personnels.

Le site apparaît relativement fréquenté par les métalleux, signe cette année encore d’une réussite "commerciale".


Attaquons-nous à présent aux concerts proprement-dits…




Celestial Season_logo


La journée commence par Celestial Season, qui fut jadis un représentant de la scène doom/death. Ne connaissant pas du tout le groupe, je constate avec plaisir la présence de ce qui fut jadis le vocaliste d’Orphanage, Georges Oosthoek… culte !


Jiska Ter Bals (Celestial Season)


Jiska Ter Bals (Celestial Season)


Devant une fosse très clairsemée, Celestial Season apparaît quelque peu comme le mouton noir de l’affiche, étant très distinct des groupes violents de cette édition 2012. Cette place n’est pas évidente à tenir, et l’accueil du public fut donc discret.

Musicalement parlant, le groupe pratique essentiellement des compositions toutes droites issues du doom/death, où la violoniste tient une place centrale pour ne pas dire cruciale, comme vous pouvez le constater sur ce très beau Soft embalmer of the still midnight :




En effet, c’est bien elle qui apportera l’aspect tragique, loin devant des guitares que j’aurai aimé plus audacieuses. Parallèlement, le chant est lui aussi assez classique, ce qui m’est apparu étonnant au vu de mes souvenirs concernant les débuts d’Orphanage. Je pense que Georges Oosthoek peut donner bien plus, être plus aventureux aussi.


George Oosthoek (Celestial Season)


George Oosthoek (Celestial Season)


Bien exécuté dans l’ensemble, je n’arrive pourtant pas à décoller. Malgré tout, Celestial Season apparait sincère et entier dans sa démarche, mais le tout sonne de manière trop classique à mon goût, où me manque ce petit éclair de magie. Seule la violoniste arrivera à créer en moi de superbes moments d’émotion, notamment lorsque tous les autres instruments se mettent en retrait.


Jiska Ter Bals (Celestial Season)


Jiska Ter Bals (Celestial Season)


Ces très beaux passages m’ont fait immanquablement penser aux premiers efforts de My Dying Bride. Même si la texture du violon est différente au sein des deux formations, je n’ai pu m’empêcher de penser au travail des britanniques : nostalgie, quand tu nous tiens !


Olly Smit (Celestial Season)


Pim Van Zanen (Celestial Season)


Parallèlement à ces titres doom/death, seront également joués des titres à la structure plus rock et plus directe, comme sur ce Solar child :




Là encore, il me manque cette petite étincelle, qui pourtant ne me semblait pas si lointaine. Et j’aurai très probablement adoré ce show si j’avais eu jadis l’opportunité de suivre le groupe à ses débuts. Car avec le recul, il m’est difficile de les replacer comme il se doit dans ce contexte.


Rob Snijders & George Oosthoek (Celestial Season)


Jiska Ter Bals (Celestial Season)


Malgré ce constat trop à priori peu réjouissant, Celestial Season m’aura fait passer un bon moment, même s’il m’a clairement manqué quelque chose. Dommage pour moi…




Set-list Celestial Season :

1) Cherish my pain
2) Decamerone
3) Dancing to a thousand symphonies
4) The scent of Eve
5) Solar child
6) Soft embalmer of the still midnight
7) Will you wait for the sun ?
8) The merciful




Krisiun_logo


L’ambiance change radicalement dès l’arrivée de Krisiun, jouissant d’une fosse particulièrement compacte.


Moyses Kolesne (Krisiun)


Moyses Kolesne (Krisiun)


Les morceaux brutaux vont s’enchainer à vitesse grand V, avec un groupe plutôt communicatif. Toutefois, je n’accroche pas du tout à ce style de death métal où je ne retiens que l’aspect technique. Et encore, j’ajouterai un sérieux bémol sur ce point au niveau de la batterie. En effet, même si le rythme est plutôt enlevé, le batteur a semblé clairement brouillon. Les blasts manquaient de précision, avec un son assez synthétique. En toute honnêteté, j’ai eu le sentiment d’un batteur bien trop loin de ce qu’il prétend.


Alexandre Kolesne Camargo (Krisiun)


Alexandre Kolesne Camargo (Krisiun)


Non convaincu par cette prestation, je quittai la fosse avant la fin du set.






Gorguts_logo


Poursuivant dans la brutalité, ce sont aux québécois de Gorguts d’enchainer. De prime abord basique, le groupe pratique en fait des structures assez élaborées, contrastant avec un chant quant à lui insipide. Toute sauf évidentes, il faut vraiment se mettre en conditions pour apprécier de telles compositions. Mais l’ensemble m’est apparu trop lourd, trop pesant, assez indigeste au final.


Luc Lemay (Gorguts)


Luc Lemay (Gorguts)


La voix ne m’aura pas aidé à me mettre en conditions, et je fus vite lassé par la prestation. Il me semble que Gorguts gagnerait à avoir une voix plus élaborée, et à mon sens dans un registre plus aigu. Car il serait intéressant d’alléger une musique déjà bien chargée et plombée (ce qui sied peu au caractère progressif des compositions je trouve). Il s’agit là d’un avis strictement personnel !


Kevin Hufnagel (Gorguts)


Luc Lemay (Gorguts)


J’ai connaissance que d’autres ont été particulièrement séduits par la musique de Gorguts, et je serai malheureusement passé au travers.






Taake_logo


Après cette lourdeur, je me réjouissais (à moitié) d’ouïr un peu de black métal, norvégien de surcroit, par le biais de Taake. Les ayant vu il y a à peine deux mois au Hellfest 2012, mes réticences allaient grandissant du fait d’une trop grande prévisibilité du groupe sur scène. Manifestement, Taake était très attendu par l’audience, trois ans après leurs derniers méfaits ici même à Méan.


Hoest (Taake)


Malgré une sonorisation trainant en longueur, le son de la prestation n’aura pas été franchement idyllique, loin de là. Assez approximatif, il n’était pas tout à fait évident de discerner chaque composant, sans que ce soit le chaos sonore pour autant. A vrai dire, le son n’est pas tant à mettre en cause (ce que je découvrirai au fur et à mesure de la prestation), mais plutôt l’exécution technique. Pour les lignes de basse et de guitares, je n’ai pas grand chose à reprocher aux musiciens, assez carrés dans l’ensemble. Toutefois, cela a très sérieusement pêché du côté de la batterie, de plus en plus absente dans le déroulement du show. En effet, les blasts peinaient parfois à se faire entendre, Thurzur faiblissant à vue d’oreille plus les morceaux passaient. La preuve en est ce Hordalands Doedskvad Part 1 que j’apprécie pourtant toujours autant en live :




Soyons honnêtes, je n’ai jamais entendu une prestation millimétrée de Taake, mais il y a des limites à tout. D’ailleurs, nous le voyons dans cette vidéo, où un break catastrophique se fait entendre ! Pour un style tel que celui des norvégiens, l’assise rythmique doit être un minimum consolidée par la batterie. A moins que le caractère cru soit le seul leitmotiv de la formation ? Je ne le crois pas.


Aindiachaí & Thurzur (Taake)


Vocalement parlant, Hoest a assuré le show tel qu’il le fait toujours, bien que pas toujours carré dans ses interventions. En effet, le Mr se donne tellement de mal à haranguer la foule qu’il en oublie par moments qu’il est là avant tout pour assurer ses parties hurlées. Et là nous pouvons vraiment considérer que l’apparat a pris le pas sur l’exécution.


Aindiachaí & Thurzur (Taake)


Et c’est bien là que le bas blesse, tout comme au Hellfest d’ailleurs : Hoest s’embourbe dans ses gimmicks, redondants au possible. Vous me direz qu’il n’est pas le seul à faire de tels gimmicks (notamment au sein du black métal norvégien). Certes, mais il faut bien avoir en tête que l’aspect théâtral doit venir agrémenter la musique, et non l’inverse (à moins de se nommer Rammstein !!). Et je sens chez Taake (et au plus fort chez Hoest) ce glissement du statut de "concert" à celui de "show". Plus le temps passe et plus le groupe devient une machine bien rôdée (bien que techniquement sacrément approximative), mais pas dans le bon sens du terme. Le feeling et je dirais même l’esprit se perd peu à peu.


V'Gandr & Hoest (Taake)


Se revendiquant au départ comme une musique de puriste, Taake s’enferme de plus en plus dans du black’n’roll (ce qu’il a toujours plus ou moins pratiqué sur disque, soyons honnêtes). Loin d’être pour moi une référence en matière de black métal norvégien (avec une originalité limitée depuis le départ selon moi), Taake confirme sur scène son caractère de groupe de seconde zone. N’ayant jamais fait partie des créateurs du genre ni de ceux qui cherchaient à lui donner un second souffle, Hoest et sa bande s’essouffle dangereusement au fil des tournées, avec une incarnation largement en berne. Pourtant, cette continuité scénique leur donne une crédibilité et une reconnaissance croissante aux yeux du public, venant sacrifier la spontanéité qui fut jadis la leur.


Hoest (Taake)


Et puis je dois bien avouer que je n’ai jamais autant pris de plaisir à les entendre sur planche que lors du Hole in the Sky 2009, chez eux à Bergen. Ceci ne fait qu’accentuer mon sentiment…




Set-list Taake :

1) Nordbundet
2) Du ville ville Vestland
3) Umenneske
4) Fra vadested til vaandesmed
5) Dei vil alltid klaga og kyta
6) Hordalands doedskvad – Part I
7) Nattestid Ser Porten Vid – Part I
8) Die when you die (GG Allin cover)




Immolation_logo


Le death métal n’est jamais loin sur cette édition 2012, et ce sont les new-yorkais d’Immolation qui viennent alors fouler la scène de Méan. Eux aussi très attendus, je n’entendrais la majeure partie de la prestation qu’en dehors de la tente, étant totalement abruti par les basses propres au combo américain.


Ross Dolan (Immolation)


J’en gardais déjà un assez mauvais souvenir lors de leur première partie de Cradle of Filth en 2003 au Bataclan (où j’avais cru finir sourd tellement le niveau sonore fut élevé). En ce 18 août, j’ai eu aussi ce sentiment d’écrasement, ici franchement désagréable. Il y a quelque chose qui me dérange dans la musique d’Immolation, qui je pense réside dans la place accordée à la rythmique. Un sens mélodique plus aigu permettrait d’alléger quelque peu le mastodonte sonore que le groupe incarne.


Robert (Bob) Vigna (Immolation)


Tout comme pour Gorguts, je ne suis pas à même de critiquer une musique assez bien composée, mais à laquelle je reste franchement hermétique. En tous les cas, les amateurs ont eu l’air d’être ravis !






Nile_logo


Le temps m’a semblé très long jusqu’à l’arrivée de Nile (motif de mon déplacement à Méan). En effet, la sonorisation semblait ardue, ce que nous pouvons tout à fait comprendre au vu de la complexité et de la richesse de leur musique. Mais le pharaonisme approchait à grands pas malgré tout…


Dallas Toler-Wade (Nile)


Dans une foule ardente, Nile débuta ce concert par le terrible Kafir !. Autant dire que le groupe nous en a mis plein la vue dès les premières minutes, donnant immédiatement le ton (violent !) de cette soirée. La rapidité d’exécution fut à couper le souffle, dans un son aussi clair et massif que souhaité. Enchainant sur Sacrifice unto Sebek, c’est bel et bien la rapidité qui eut une place de choix. Chirurgical et acéré, Nile exécute et asséna ses rythmiques de manière implacable.


Karl Sanders & Dallas Toler-Wade (Nile)


Un illustre vieux morceau fit son apparition en la qualité de Smashing the Antiu. Implacable est le seul mot qui convient, tellement Nile s’est avéré massif et sans pitié. Aucune bulle d’air ne se trouvait alors permise dans des compositions surchargées mais passionnantes. Le terrible Defiling the gates of Ishtar ne fera pas désemplir cette haine…


Karl Sanders (Nile)


Petit détour par un opus que j’ai trop longtemps sous-estimé, Nile nous en proposa son titre éponyme : Ithyphallic. Les américains nous auront fait alors la démonstration de son aisance avec des rythmiques plus lentes et un mélodisme plus tragique. Splendide de bout en bout, le morceau s’acheva dans une pesanteur doomesque des plus délectables.

Le nouvel opus mérita de s’immiscer enfin dans la set-list, le brutal "At the gate of Sethu" (Nuclear Blast, 2012), au travers de Supreme humanism of megalomania :




Très carré dans l’approche, c’est ici le mélodisme qui ressortit de la composition, s’inscrivant ainsi dans la droite lignée d’Ithyphallic, donnant ce sentiment si mythologiquement égyptien. Ce morceau donne d’ailleurs tort à ceux qui prétendent que le nouvel opus du groupe aurait délaissé les éléments les plus ethniques de leur musique.


Karl Sanders (Nile)


A mon plus large sourire, Nile décida de représenter à nouveau le terrible "Those whom the gods detest" (Nuclear Blast, 2009), à travers l’effréné Permitting the noble dead to descend to the underworld. Comme vous pouvez le voir et l’entendre juste ici, la lenteur ne se trouvait pas vraiment à l’ordre du jour :




Aussi précis que sur album, la vitesse mais surtout la rage dégagée furent proprement hallucinantes. Il suffit de voir le visage de Dallas Toler-Wade pour se convaincre que Nile joue avec ses tripes, malgré l’aspect très élaboré de leurs compositions. Exténuant, le titre fut enchainé à l’outro de 4th arra of Dagon :




Comme si le concert manquait de violence, deux tous nouveaux morceaux allaient contenir le non moins brutal Kheftiu Asar Butchiu (issu de "In their darkened shrines", 2002 ; Relapse Records).


Poursuivant dans l’efficacité, Nile se fera (et nous fera !!) plaisir avec Lashed to the slave stick :




Moins effréné que le reste, il permit d’apporter une maigre respiration dans un concert incroyablement dense.


Le final approchait et la fièvre continuait de monter… préparant le terrain pour Cast down the heretic. Un très large sourire s’est dessiné sur mon visage, devant une violence dévastatrice :




Tel un train à grande vitesse, les guitares de consort avec la batterie fonçaient tout droit pour percuter leur cible… et la faire exploser avec cruauté !

En guise d’ultime hymne, Nile proposa à une audience épuisée mais conquise un Black seeds of vengeance dévastateur, mettant tout le monde d’accord.


Dallas Toler-Wade (Nile)


Que dire d’une telle prestation ? Je pense que tous les superlatifs utilisés plus haut sont suffisamment explicites pour vous faire comprendre ce qu’aura été ce concert. Nile est un grand groupe, un très grand même. Il demeure difficile d’allier avec autant de finesse technicité et feeling.

La démonstration technique demeura impressionnante à tous les niveaux. Même le tout nouveau bassiste, Todd Ellis, s’en est tiré avec les honneurs. La seule chose qu’il me semblerait intéressant d’extrémiser sur scène, c’est le chant guttural qui manquait parfois d’une once supplémentaire de violence. Mais il n’y a vraiment rien d’autre qui pourrait être à mon sens bonifié…




Set-list Nile :

1) Kafir !
2) Sacrifice unto Sebek
3) Smashing the Antiu
4) Defiling the gates of Ishtar
5) Ithyphallic
6) Supreme humanism of megalomania
7) Permitting the noble dead to descend to the underworld / 4th arra of Dagon (outro)
8) The inevitable degradation of flesh
9) Kheftiu asar butchiu
10) Enduring the eternal molestation of flame
11) Lashed to the slave stick
12) Cast down the heretic
13) Black seeds of vengeance



Tout à fait volontairement, je n’assisterai pas à la prestation de The Devil’s Blood, groupe que je fus obligé de supporter lors de divers festivals par le passé. Le caractère totalement incohérent du groupe entre concept et musicalité m’insupporte au plus haut point (comme peut le faire Ghost, mais à moindre mesure me concernant). Et l’attitude d’un des guitaristes ce soir-là m’aura totalement donné raison sur l’imbécilité profonde d’une entité à mon sens sans intérêt.


Cette journée métallique était assez largement placée sous le signe du death métal, contrairement à l’édition précédente où la bannière norvégienne flottait fièrement. Je m’y suis bien moins retrouvé, même si au final le death métal des américains de Nile aura totalement annihilé (sans référence aucune…) la prestation des seuls norvégiens de l’affiche. Ainsi, je peux toujours être pris au dépourvu, moi l’amateur de sombres blizzards nordiques !

De manière plus générale, le Metal Méan Festival aura su proposer une affiche conséquente, même si à mon sens manquant quelque peu d’éclectisme. Ainsi, des entités plus mélodiques (en plus que Celestial Season) auraient été la bienvenue. Mais soulignons malgré tout l’ambition d’un petit festival arrivant aujourd’hui à ramener sous son bras des groupes de renommée internationale.



Août/Septembre 2012,
Rédigé par Vlad Tepes.



Metal Méan Festival @ Belgique 18/08/2012



2 commentaires:

  1. Implacable et sans pitié , monstrueux epoustouflant , le death au superlatif , en plus le son n'est pas mal du tout ; a Paris ce fut comment ?

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  2. Je suis tout à fait d'accord avec toi là-dessus !
    Pour Paris je ne saurai te dire car je n'y étais pas malheureusement.

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