Doom Over Paris V
The classic & the extreme…
(par Vlad Tepes)
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Moment : 13/05/12.
Lieu : Le Klub (Paris 1er).
Lieu : Le Klub (Paris 1er).
Me voilà au Klub pour assister à la cinquième édition du Doom over Paris, s’étant assez largement fait attendre. En effet, la précédente édition nous ramène à octobre 2010, où Ataraxie avait célébré ces dix années (rappelez-vous !). Cela est-il la preuve qu’il est véritablement difficile de rameuter les foules en matière de doom ? Je le crois bien…
Dans une lumière baignée d’un rouge-sang, des individus cagoulés se mettent en place autour de nombreuses percussions : Mhönos entre en scène.
Sans présentation aucune de leur part, une longue procession va se mettre en place, au travers de trois chapitres énigmatiques. Tout confère à instaurer un profond climat de mystère, que la lumière rouge aide à accentuer. Un Klub à moitié vide donna par ailleurs un sentiment d’étrangeté, ce qui demeure parfait pour un groupe tel que Mhönos.
… hypnotiques, les percussions entament le rituel alors que surgit le chant sombre et caverneux de Frater Stéphane. Sorte de chant grégorien diabolique, c’est un certain malaise qui se crée en nous, dans cette atmosphère qui semble nous dépasser, nous échapper. En effet, le sentiment est d’assister à la procession d’une organisation secrète, comme si nous venions épier une étrangère symbolique.
Ensuite vinrent se greffer les basses, toutes aussi martelantes que les percussions. Terreuses et telluriques, elles exprimèrent à travers leur son gras et sale une sorte de brume noire. Tout cela peut paraitre bien abstrait, mais c’est exactement ainsi que j’ai ressenti cette expression. Les percussions quant à elles poursuivent leur interminable marche, mortifère…
Rituel(s)…
Dans une lumière baignée d’un rouge-sang, des individus cagoulés se mettent en place autour de nombreuses percussions : Mhönos entre en scène.
Sans présentation aucune de leur part, une longue procession va se mettre en place, au travers de trois chapitres énigmatiques. Tout confère à instaurer un profond climat de mystère, que la lumière rouge aide à accentuer. Un Klub à moitié vide donna par ailleurs un sentiment d’étrangeté, ce qui demeure parfait pour un groupe tel que Mhönos.
… hypnotiques, les percussions entament le rituel alors que surgit le chant sombre et caverneux de Frater Stéphane. Sorte de chant grégorien diabolique, c’est un certain malaise qui se crée en nous, dans cette atmosphère qui semble nous dépasser, nous échapper. En effet, le sentiment est d’assister à la procession d’une organisation secrète, comme si nous venions épier une étrangère symbolique.
Ensuite vinrent se greffer les basses, toutes aussi martelantes que les percussions. Terreuses et telluriques, elles exprimèrent à travers leur son gras et sale une sorte de brume noire. Tout cela peut paraitre bien abstrait, mais c’est exactement ainsi que j’ai ressenti cette expression. Les percussions quant à elles poursuivent leur interminable marche, mortifère…
… une rupture rythmique apparait, et la ligne de basse se fait plus incisive. Les percussions gagnent en vigueur et le martèlement se veut bien plus soutenu. Un feeling de type black métallique s’installe peu à peu, donnant un sentiment profondément poisseux. Necropiss prend le relais vocalement au travers d’un chant clair et sale. Une sorte de perdition semble s’en dégager, assommée par des percussions sans appel…
… la rythmique en vient à se calmer quelque peu, se transformant peu à peu en un doom hermétique. En effet, c’est un profond désespoir qui vient s’installer, teinté d’une noirceur avide. La chute qui se réalise sous nos yeux s’achève dans les hurlements d’un Necropiss qui s’éructe, se hurle de toutes ses forces. Les instruments ayant fait silence, les hurlements se prolongeront encore et encore, jusqu’à ce que l’épuisement vienne à bout d’un Necropiss torturé, possédé…
Pour apprécier un tel moment, il apparait presque essentiel de fermer les yeux pour se laisser totalement immerger dans un abysse tournoyant. Aspirant et nous aspirant encore, il m’a semblé difficile d’en réchapper. Tout sauf monotone, la musique de Mhönos est bien entendu à réserver aux amateurs de musique rituelle, ou bien alors aux curieux ouverts d’esprit. En effet, l’entité pratique une musique franchement atypique, ne pouvant qu’être du goût d’une poignée.
Possédant quasiment toute la discographie de l’entité, je ne peux que vivement recommander à vous chers lecteurs d’acquérir les pièces studio de Mhönos (notamment le petit dernier ″Humiliati″ ; Le Crépuscule du Soir, 2012), pour créer chez vous de véritables rituels. Votre demeure deviendra antre, et votre âme se muera en labyrinthe… ce qui n’est pas sans risque…
Set-list Mhönos :
1) Alveus Terra
2) Mortificare
1) Alveus Terra
2) Mortificare
Blood shall be spilled…
Après cette énigmatique et passionnante entrée en matière, voici qu’arriva le second motif de ma venue en ce 13 mai : les violents doomeux de Funeralium. Le concert rouennais de novembre dernier (lire le live-report) n’aura fait qu’attiser et entretenir tout l’intérêt que je porte depuis ses débuts à cette malsaine entité.
Dans une lumière des plus réduites, Funeralium va se concentrer exclusivement sur le nouvel et second opus à paraitre, "Deceived idealism". Tout comme en novembre 2011, le show débute par Hang these bastards. Le ton est bien entendu violent et sans aucune concession, ce que l’on n’attend rien de moins de nos chers rouennais. Le groupe est concentré sur son jeu, peut-être trop… ce sur quoi nous reviendrons.
Puis c’est au tour du pavé que constitue 21th century ineptia de venir nous écraser de tout son poids. Ayant eu relativement de mal à me l’approprier en novembre 2011, je pus commencer ce soir-là à bien mieux apprécier sa noirceur tout comme ses innombrables contrastes. J’y relève ce feeling à rapprocher d’un black métal poisseux, profondément cru dans l’approche. Toutefois, ce dernier côtoie foule d’autres éléments dans ce morceau-fleuve, me nécessitant bien d’autres écoutes pour vraiment y entrer à jamais.
Funeralium n’étant pas avare de contrastes, c’est au tour de Deceived idealism de venir nous heurter. Et là encore pour moi, je suis resté conquis par ce rouleau-compresseur, pris entre noirceur et mélancolie. Aussi paradoxal que cela puisse paraître pour un tel genre musical, ce fut un réel plaisir que de se laisser emporter par cette vague mortifère, dont voici le long final :
A ma grande surprise, le final de Deceived idealism sera le final définitif de ce soir… à mon plus grand regret. J’avoue avoir été incroyablement frustré d’un concert si court (ce qui est tout relatif quand on parle de doom extrême), bien que ce fut prévisible. En effet, participer à un festival amène nécessairement une durée de jeu plus réduite, plutôt qu’une tête d’affiche comme en novembre dernier. Toutefois, il me resta un goût de trop peu… immensément trop peu…
Parallèlement, il m’a semblé que Funeralium aura été excessivement concentré ce soir-là, comme se refusant de se lâcher plus intensément. L’exemple le plus manifeste en fut l’interprétation de Hang these bastards, m’étant apparue bien plus violente et directe lors du concert rouennais de novembre 2011. Lors de cette cinquième édition du Doom over Paris, je n’ai pas retrouvé cette profonde envie d’en découdre, cette haine suintant par tous les pores.
Ne vous méprenez pas, cette prestation de Funeralium fut exemplaire sur quasiment tous les plans, mais il manquait cette petite flamme haineuse qui semble caractériser leurs shows en terre rouennaise. Les sous-sols désertiques semblent coller à la perfection à leur haine viscérale, vomie à la face d’un monde abject…
Une seule et unique envie m’est apparue à la fin de ce concert parisien : remettre le couvert pour un long concert de souffrances interminables, comme Funeralium sait si bien le pratiquer. Un grand groupe.
Dans une lumière des plus réduites, Funeralium va se concentrer exclusivement sur le nouvel et second opus à paraitre, "Deceived idealism". Tout comme en novembre 2011, le show débute par Hang these bastards. Le ton est bien entendu violent et sans aucune concession, ce que l’on n’attend rien de moins de nos chers rouennais. Le groupe est concentré sur son jeu, peut-être trop… ce sur quoi nous reviendrons.
Puis c’est au tour du pavé que constitue 21th century ineptia de venir nous écraser de tout son poids. Ayant eu relativement de mal à me l’approprier en novembre 2011, je pus commencer ce soir-là à bien mieux apprécier sa noirceur tout comme ses innombrables contrastes. J’y relève ce feeling à rapprocher d’un black métal poisseux, profondément cru dans l’approche. Toutefois, ce dernier côtoie foule d’autres éléments dans ce morceau-fleuve, me nécessitant bien d’autres écoutes pour vraiment y entrer à jamais.
Funeralium n’étant pas avare de contrastes, c’est au tour de Deceived idealism de venir nous heurter. Et là encore pour moi, je suis resté conquis par ce rouleau-compresseur, pris entre noirceur et mélancolie. Aussi paradoxal que cela puisse paraître pour un tel genre musical, ce fut un réel plaisir que de se laisser emporter par cette vague mortifère, dont voici le long final :
A ma grande surprise, le final de Deceived idealism sera le final définitif de ce soir… à mon plus grand regret. J’avoue avoir été incroyablement frustré d’un concert si court (ce qui est tout relatif quand on parle de doom extrême), bien que ce fut prévisible. En effet, participer à un festival amène nécessairement une durée de jeu plus réduite, plutôt qu’une tête d’affiche comme en novembre dernier. Toutefois, il me resta un goût de trop peu… immensément trop peu…
Parallèlement, il m’a semblé que Funeralium aura été excessivement concentré ce soir-là, comme se refusant de se lâcher plus intensément. L’exemple le plus manifeste en fut l’interprétation de Hang these bastards, m’étant apparue bien plus violente et directe lors du concert rouennais de novembre 2011. Lors de cette cinquième édition du Doom over Paris, je n’ai pas retrouvé cette profonde envie d’en découdre, cette haine suintant par tous les pores.
Ne vous méprenez pas, cette prestation de Funeralium fut exemplaire sur quasiment tous les plans, mais il manquait cette petite flamme haineuse qui semble caractériser leurs shows en terre rouennaise. Les sous-sols désertiques semblent coller à la perfection à leur haine viscérale, vomie à la face d’un monde abject…
Une seule et unique envie m’est apparue à la fin de ce concert parisien : remettre le couvert pour un long concert de souffrances interminables, comme Funeralium sait si bien le pratiquer. Un grand groupe.
Set-list Funeralium :
1) Hang these bastards
2) 21st century ineptia
3) Deceived idealism
1) Hang these bastards
2) 21st century ineptia
3) Deceived idealism
Vent d’indifférence…
Après la noirceur cumulée des prestations de Mhönos et de Funeralium, l’ambiance va changer radicalement avec l’arrivée de Northwinds. Les franciliens jouent en terre conquise devant un parterre composé de pas mal d’adeptes. Nous sentions bien que le groupe était heureux de jouer à Paris, allant même jusqu’à offrir une cover de Cathedral, Voodoo fire.
Northwinds pratique un heavy doom à l’atmosphère païenne, plutôt empreint de légèreté. En tous les cas, la lourdeur précédente a trouvé un contraste plutôt "brutal" (pour mon ouïe en tous les cas !). Je me suis trouvé ainsi dans une double difficulté. D’une part, il y a avec Northwinds une incompatibilité stylistique : non pas que je sois réfractaire à ce style de doom à proprement parler, mais bien à du doom aussi léger. D’autre part, le contraste avec le début du festival m’est apparu comme trop abrupt : je suis tout sauf opposé à l’éclectisme, mais il aurait peut-être été souhaitable d’avoir un palier entre les ambiances décharnées et haineuses de Mhönos/Funeralium et le restant de la soirée.
Je n’aurai donc pas été emporté par Northwinds, contrairement à l’audience présente.
Northwinds pratique un heavy doom à l’atmosphère païenne, plutôt empreint de légèreté. En tous les cas, la lourdeur précédente a trouvé un contraste plutôt "brutal" (pour mon ouïe en tous les cas !). Je me suis trouvé ainsi dans une double difficulté. D’une part, il y a avec Northwinds une incompatibilité stylistique : non pas que je sois réfractaire à ce style de doom à proprement parler, mais bien à du doom aussi léger. D’autre part, le contraste avec le début du festival m’est apparu comme trop abrupt : je suis tout sauf opposé à l’éclectisme, mais il aurait peut-être été souhaitable d’avoir un palier entre les ambiances décharnées et haineuses de Mhönos/Funeralium et le restant de la soirée.
Je n’aurai donc pas été emporté par Northwinds, contrairement à l’audience présente.
Doom’n’roll !
Puis c’est avec un grand sourire que je patienta jusqu’à l’arrivée des nordistes de Children of Doom. Faisant preuve de leur spontanéité coutumière, ils auront su enflammer l’audience au son de leurs riffs imparables et percutants. Faisant preuve de plus de lourdeur que le groupe précédent, je m’y suis bien retrouvé et ai pu profiter du show (car on peut véritablement parler de "show" !).
Quelques petites blagues seront venues parsemer le climat survolté de la prestation, rendant notamment compte du caractère atypique des Children au sein de la scène doom. Car ces chers rejetons sont issus de la scène doomesque certes, mais pour mieux s’en extirper et pratiquer un rock’n’roll à leur sauce. Car selon moi il s’agit bel et bien de rock’n’roll, burné et direct.
Pour le dire vite, un concert des Children of Doom ne s’explique pas !
Quelques petites blagues seront venues parsemer le climat survolté de la prestation, rendant notamment compte du caractère atypique des Children au sein de la scène doom. Car ces chers rejetons sont issus de la scène doomesque certes, mais pour mieux s’en extirper et pratiquer un rock’n’roll à leur sauce. Car selon moi il s’agit bel et bien de rock’n’roll, burné et direct.
Pour le dire vite, un concert des Children of Doom ne s’explique pas !
Prémisses oniriques…
C’est ensuite aux québécois de Cauchemar de clôturer cette soirée avec leur heavy doom épique. Une chanteuse possédée aura su conquérir la foule, dont je ne fis plus partie au bout de quelques morceaux.
En effet, je me trouvais ce soir-là avant tout pour m’injecter une dose de profonde noirceur, et restais sur quelques frustrations à ce niveau.
Cette cinquième édition du Doom over Paris fut placée sous le signe de l’éclectisme, proposant une diversité de styles assez frappante. Par contre, c’est bien le running-order qui a tendu vers un clivage de la soirée, avec dans un premier temps un chapitre de doom des plus extrêmes ("doom" dans un sens élargi) et dans un second temps du doom plus classique et balisé. Je pense qu’il s’agit d’un choix des organisateurs, mais il aurait peut-être été intéressant d’expérimenter une franche alternance, en forme de montagnes russes. Mais cette proposition n’engage que moi !
Il y en aura eu pour tous les goûts ce soir-là. Mon appréhension selon laquelle le doom ne serait pas suffisamment porteur se trouve invalidé par la tenue prochaine d’une sixième édition du festival, le 25 novembre prochain. Be there & be dooooomed…
Je profite d’effectuer une petite digression, en réclamant à corps et à cris à une seconde édition du Rotomagus Doomicus Metallicus, car la France manque cruellement de festival célébrant notre très chère doomesque musique. Et des initiatives telles que le Rotomagus ou le Doom over Paris ne doivent qu’être encouragées selon moi !!
En effet, je me trouvais ce soir-là avant tout pour m’injecter une dose de profonde noirceur, et restais sur quelques frustrations à ce niveau.
Cette cinquième édition du Doom over Paris fut placée sous le signe de l’éclectisme, proposant une diversité de styles assez frappante. Par contre, c’est bien le running-order qui a tendu vers un clivage de la soirée, avec dans un premier temps un chapitre de doom des plus extrêmes ("doom" dans un sens élargi) et dans un second temps du doom plus classique et balisé. Je pense qu’il s’agit d’un choix des organisateurs, mais il aurait peut-être été intéressant d’expérimenter une franche alternance, en forme de montagnes russes. Mais cette proposition n’engage que moi !
Il y en aura eu pour tous les goûts ce soir-là. Mon appréhension selon laquelle le doom ne serait pas suffisamment porteur se trouve invalidé par la tenue prochaine d’une sixième édition du festival, le 25 novembre prochain. Be there & be dooooomed…
Je profite d’effectuer une petite digression, en réclamant à corps et à cris à une seconde édition du Rotomagus Doomicus Metallicus, car la France manque cruellement de festival célébrant notre très chère doomesque musique. Et des initiatives telles que le Rotomagus ou le Doom over Paris ne doivent qu’être encouragées selon moi !!
Mai/Août/Octobre 2012,
Rédigé par Vlad Tepes.
Rédigé par Vlad Tepes.
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