Orakle / Fractal Gates / Synthetic Waterfall
Inéluctable séduction !
(par Vlad Tepes)
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Cyrano Headbang
Moment : 28/03/14.
Lieu : : M.J.C. Cyrano (Gif-sur-Yvette, 91).
Moment : 28/03/14.
Lieu : : M.J.C. Cyrano (Gif-sur-Yvette, 91).
2009
fut la dernière année où j’aurai eu la chance de voir Orakle sur scène, soit 5 longues années. Le groupe sait se faire
attendre et prend le temps de composer, ce qui ne peut leur être décemment
reproché. Depuis quelques mois maintenant, le groupe aura recommencé à donner
ci-et-là quelques concerts, que j’avais systématiquement manqué faute de temps.
Mais enfin, c’est à Gif-sur-Yvette que la malédiction allait prendre fin pour
moi, dans le cadre des deux journées du Cyrano
Headbang, ayant lieu dans une intimiste MJC. Je me rendis donc à la
première soirée qui s’annonçait éclectique !
La
soirée débuta dans la pénombre avec la jeune formation Synthetic Waterfall, portée par un certain Timo. Jeune certes, mais
surtout aventureuse ! En effet, le groupe nous aura offert des
compositions à la fois lourdes, ainsi qu’assez justement efficaces par moments,
atmosphériques à d’autres. La notion de "métal mélodique" que l’on
retrouve sur la toile les concernant est à mon sens franchement réductrice. En
effet, je préfèrerai plutôt l’idée de "métal à atmosphères" qui colle
bien plus à la peau de Synthetic
Waterfall.
Toutefois,
précisons que le style vu ce soir-là sur scène est très différent de ce que nous pouvons
entendre sur leur EP ainsi que leur démo ; sur ces derniers, nous avons
plus à faire à un death mélodique assez direct et agressif.
Se
pose ainsi la question de leurs influences, ces dernières n’apparaissant pas du
tout manifestes (ce qui est plutôt flatteur de fait). Tout ce que je puisse
dire est que j’ai retrouvé ce soir-là sur scène des éléments doom (plutôt du
côté du doom/death), et certaines rythmiques pouvant faire penser à un
Neurosis. Au final, Synthetic Waterfall
a su exprimer un sens de la lourdeur de manière assez stylée, ce qui m’invite
fortement à suivre ce groupe à l’avenir !
Changement
d’ambiance avec le groupe suivant, dont j’ai pu entendre le plus grand bien
jusqu’à maintenant : Fractal Gates.
Et je dois dire que la déception vint vite, très vite même face à un style trop
composite à mon goût. En effet, ce groupe présenta une alliance de death
mélodique et de Septicflesh (première période du groupe entendons-nous bien).
En effet, le son de guitare lead fut à mon sens bien trop collé à celui de
Gregor Makintosh de Paradise Lost (son que Septicflesh avait donc très
largement réutilisé sur leurs premiers travaux).
Malgré
tout, les guitares jouent bien, et techniquement je n’ai rien à redire ; l’aspect
professionnel est évident. Mais le lien trop manifeste avec les groupes que je
viens de nommer m’aura complètement ruiné le plaisir. Selon moi, tel mélange
entre métal gothique et musique agressive est contre-nature au regard de mes
goûts personnels, étant d’ailleurs moi-même un très grand fan de Paradise Lost
(toutes périodes confondues soit-doit en passant).
Au
final, je ne fus pas du tout convaincu par cette prestation de Fractal Gates, ce qui fut de plus
accentué par un son déséquilibré, avec des guitares excessivement en retrait.
Précisons que cela apparait comme étant un facteur extérieur au groupe.
Malgré mon ressenti très
négatif, il faut bien avouer que Fractal
Gates possède son propre public, mais ne colle nullement à mes goûts
musicaux.
Nous en
venons déjà à la tête d’affiche de cette soirée en la qualité des
avant-gardistes Orakle. Mes attentes
demeuraient massives, car n’ayant assisté à aucune prestation de leur part
depuis le Hellfest 2009. Et cela est bien trop long !! Mon âme et mon cœur
étaient ainsi en ébullition, devant l’un des groupes les plus riches de la
scène sombre française…
En
grande classe, le concert débuta par Celui
qui erre, issu du dernier album en date, "Tourments et Perdition". Contrairement à bon nombre de groupes
qui auraient préféré débuter par un brulot, Orakle décida de prendre les choses à contre-norme ! La
maitrise de chaque membre est ce qui frappe d’emblée, où la moindre petite
erreur n’a point sa place. D’ailleurs, soulignons les vocaux clairs qui vont
connaitre ici un nouveau souffle, s’éloignant de leur version studio pour
gagner en ambition. Les deux mots les plus adaptés pour décrire ce premier
titre sont probablement : "impeccable" et "juste".
Délicieuse mise en bouche ma foi…
Le morceau suivant va déjà
créer la rupture, étant issu du troisième opus à venir : voici Solipse. Il se présente comme inhabituel
pour sûr, que ce soit en termes de structure ou bien de format. En effet, le
titre apparait bien plus court que ce à quoi Orakle nous a conviés jusqu’alors, et j’aurai bien aimé qu’il
puisse durer plus longtemps !
Toutefois,
ne croyez pas que le groupe ait soudainement cédé à la facilité et/ou à une
approche plus catchy… Car le titre demeurant à moitié instrumental, il dévoila
un noyau basse/batterie gorgé de feeling, et la complexité se trouva très
largement être de mise. Assez insaisissable, ce Solipse promet d’ambitieuses et inédites suites à ce que nous
connaissons d’Orakle…
Puis un
riff familier de 2005 résonna pour mon plus grand plaisir : Uni aux cimes !! Comme ceux qui me
connaissent peuvent s’en douter, toute l’extase fut mienne, et je ne bouda pas
mon plaisir à headbanguer aussi sauvagement que possible. D’ailleurs, hormis le
souffle épique qui me traversa, je ne me souviens que d’une interprétation
parfaite de bout en bout, ce qui est déjà beaucoup !
Revenant
au second album, Dépossédés vint une
fois de plus imposer une prestance unique, où la précision instrumentale n’aura
d’égal que la passion émotionnelle. Assez intense interprétation que celle-ci,
j’en viens à penser que je n’ai jamais tant aimé ce morceau que lors de cette
soirée-ci. Absolument brillant !
Emboitant
le pas – oserais-je dire – le titre suivant exprima une frénésie
communicative : La splendeur de nos
pas. Malgré un strict début peu précis, le reste montra une fois de plus
une maitrise assez conséquente, prenant justement soin d’éviter certaines
erreurs passées. Et comme je viens de le dire au sujet de Dépossédés, il ne me semble pas avoir entendu interprétation plus
endiablée et incarnée que ce 28 mars 2014. Mes pauvres et vieilles cervicales
en auront payé le prix…
"Tourments et Perdition" fut l’album le plus représenté ce
soir-là, en demeurant en quelque sorte le noyau. Ainsi, Orakle poursuivit dans cette lignée avec Les mots de la perte. Et dès son introduction, l’auditeur
clairvoyant sut où il mettait les pieds ; en effet, la batterie fut
hallucinante de rapidité ! Plus fluide et naturelle que jamais, elle
s’incarne en véritable offense à tous ces batteurs de métal extrême qui se
trouvent contraints de faire tricher leur son pour se donner l’illusion d’une
rapidité qu’ils ne détiennent pas. Ici, point de supercherie possible :
Clevdh joue incroyablement vite à la seule sueur de son front, sans la moindre
imperfection. Chapeau bas Monsieur !
Le
restant du titre fut assez proche de la version studio, soit très technique.
Toutefois et de manière assez générale, le niveau technico-émotionnel a gagné
en intensité sur tous les plans, à commencer par un chant de haute volée. Or, Orakle n’a jamais brillé par sa
médiocrité scénique, ni de près ni de loin, ce qui vous indique de quelles
cimes le groupe s’approche aujourd’hui…
Pour finir en beauté, Orakle nous offrit un second nouveau
titre, joué pour la toute première fois sur scène. Son seul titre se trouve
évocateur, vous en conviendrez : Humanisme
Vulgaire. Du haut de ses douze amples minutes, le ton fut donné avec un
labyrinthe d’expressions qui me donna quasiment le tournis. Faisant preuve d’un
avant-gardisme très élevé, Orakle poussa
le niveau très très haut, avec des sonorités profondément inédites. Et cet Humanisme Vulgaire nous conduisit vers des
chemins non familiers. Ce titre est assez difficile à décrire je dois dire tout
comme à cerner, et nous vous laissons bon soin de vous y plonger en ardents
introspecteurs :
Que
dire de plus ici, si ce n’est que le prochain album s’annonce sous la plus
haute prise de risque stylistique, sûrement la plus manifeste du parcours d’Orakle…
Ce
concert fut une magistrale correction auditive, et il s’agit véritablement d’un
des tous meilleurs d’Orakle pour ma
part. La technicité aura su se montrer clairement croissante à tous les
niveaux, à commencer par un chant bien plus précis qu’auparavant, bien plus
travaillé aussi ; nous soulignons sa particulière finesse durant cette
soirée… Ainsi, Orakle en est arrivé
au point de pouvoir rendre compte de tous les détails vocaux du studio. Nous
avons senti un travail en amont considérable, et nous comprenons mieux le temps
qu’aura pris le groupe pour nous revenir. Epoustouflant !
De leur
côté, les guitares se sont trouvées être assez en retrait dans le mix global,
ce fut assez frustrant pour ma part. Car la précision fut manifeste et la
délicatesse harmonique évidente. Le nouveau guitariste Antoine aura su être du
niveau de l’ensemble, discret mais bien intégré. Quant à elle, la basse fut
gorgée de feeling, et notamment sur les nouveaux morceaux. Et de manière assez
constante, la batterie est toujours autant médusante, et ce sur tous les plans.
Mais
comme vous le savez, Orakle est très
loin d’être un groupe technico-technique (car si tel était le cas, je ne me
serais jamais penché sur cette entité, pour sûr). Et c’est bel et bien le
feeling qui sorti grand vainqueur de cette soirée, notamment au travers des
deux surprenants nouveaux morceaux. Le restant de la prestation resta fidèle
aux œuvres originales, avec ici une énergie déployée. Toutefois, nous
regrettons que le premier opus ait été si peu représenté, même si cela est
assez compréhensible en lien à la nouvelle orientation d’Orakle.
Soyez certains qu’Orakle est loin d’avoir tout dit sur
son art, bien au contraire. La plus éminente surprise est ce qui nous attend au
plus haut, et le troisième album risque d’en désarçonner plus d’un…
Set-list Orakle :
1) Celui qui erre
2) Solipse
3) Uni aux cimes
4) Dépossédés
5) La splendeur de nos pas
6) Les mots de la perte
7) Humanisme vulgaire
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Avril/Juin/Juillet 2014,
Rédigé par Vlad Tepes.
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