Picardie Mouv 2014
Curiosités !
(par Vlad Tepes)
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Moment : 22/11/14.
Lieu : Le Zénith (Amiens, 80).
Lieu : Le Zénith (Amiens, 80).
Cela
fait presque un an maintenant que j’ai vécu un moment musical que je vis assez
peu d’habitude, soit placé sous le signe de la découverte pure. En effet, je me
suis laissé guider par ma Fée de Sang pour fouler la salle du Zénith amiénois,
visant à rencontrer le duo électrisant Rodrigo
y Gabriela sur scène. Cela se passa lors du festival Picardie Mouv, auquel j’assistais pour la toute première fois.
Et oui,
comme vous le savez nous sommes placés sous le signe de l’éclectisme chez Psychopathia Melomania, et nous allons
vous dérouter une fois de plus avec le récit d’une nuit non-métal… ou
presque !
P.S. :
Le Picardie Mouv se déroule chaque
année sur une semaine complète et en divers lieux, mais nous n’avons assisté
ici qu’au samedi 22 novembre…
Nous
sommes arrivés assez tard au Zénith, en plein milieu du set d’un tout autre duo
– jusqu’alors inconnus à nos oreilles – nommé The Buns. Composé de deux femmes au look ouvertement années 50, cette
formation s’est inventée une histoire autour de Molly Jin et June Cooper, deux
secrétaires électrisant les hangars à la nuit tombée grâce à leur guitare et
leur batterie ! Cela vous plante le décor d’un univers qu’elles
affectionnent (et elles ne sont pas les seules d’ailleurs…).
The Buns nous auront servi un
set assez varié, avec des compositions certes cohérentes mais variant les plaisirs
rythmiques. Par exemple Bound nous
aura offert une guitare fleurant bon les 50’s, sachant par ailleurs libérer les
décibels au moment le plus opportun. Nous vous laissons le découvrir juste
ici :
Bien
plus catchy, Thrill me up a su nous
charmer avec son efficacité aussi bien rythmique que vocale. Car il s’agit bien
là d’une constante dans le duo, cette harmonie et complémentarité vocales,
permettant d’utiliser tous les avantages d’une si petite formation. Voici donc Thrill me up :
Nous
aurons d’ailleurs eu le droit à une cover des Rolling Stones, montrant tout l’amour du duo pour le rock old
school, au travers du Miss You de
1978. Offrant une interprétation bien plus intimiste et contrastée que la
version originale, The Buns aura
réussi le pari de nous faire redécouvrir ce morceau pourtant si connu de tous.
Voici donc le très réussi Miss You :
The Buns nous auront servi un
rock simple mais bougrement efficace. Ici point de blasts beats ou autres solos
interminables, mais plutôt un sens honnête du riff et de la mélodie. Assez
harmonieux le duo semble se faire plaisir et exprime une complicité musicale
palpable. The Buns pratique un genre
musical assez peu risqué certes, mais qui souffrirai d’ennui s’il n’était pas
joué de manière juste ! Car voilà le genre de set qui sait faire plaisir
aux ouïes attentives ! Et même si cela ne constitue pas une découverte
d’avant-garde, j’ai encore le sentiment aujourd’hui d’avoir vu un vrai groupe
qui possède son propre univers. De plus l’ambiance des années 50 m’a toujours
parlé, et je trouve donc tout à fait pertinent que The Buns s’y plonge à corps perdu.
Un
grand merci à nos chères secrétaires Molly Jin et June Cooper…
Après
cet excellent concert de The Buns, je passerais sur la torture musicale que fut
celui de La Femme, sorte de brit’
pop indigeste, tout juste bonne à satisfaire des adolescents en mal de ce
qu’ils pensent peut-être être du "rock". D’ailleurs leur fan-base
était venue en masse et présenta une moyenne d’âge assez peu élevée, ce qui
nous plongea ma Fée de sang et moi-même dans un énorme moment de solitude. C’est
bien dans ce type d’instant que l’on se perçoit comme de(ux) vieux cons…
Mais
passons aux choses sérieuses avec l’apothéose annoncée de ce soir, le duo
mexicain Rodrigo y Gabriela. Ces
deux musiciens ne sont pas de stricts inconnus car ils ont officié au
début des années 90 au sein d’une formation de thrash métal nommée Tierra Acida (anciennement Castlow).
Et je
dirais que cela se sent, et ce à plusieurs niveaux. Mais avant d’en venir à de
telles considérations, je me dois de vous décrire auparavant ce qu’il se passa
sur scène ce soir-là. Rodrigo et
Gabriela se présentent seuls sur scène, uniquement accompagnés de leur
guitare acoustique respective. Et sur des planches aussi étendues que le Zénith
d’Amiens, ce fut une véritable prouesse de savoir l’investir, ce qu’ils ont su
faire avec brio. Pour eux, nul besoin d’un groupe complet pour remplir l’espace
(aussi bien sonore que physique) !
En
termes de compositions, le tout a oscillé entre des sonorités clairement
hispaniques et d’autres à l’atmosphère plus électrique. Je parle bien
d’atmosphère et non de son, car même avec un son acoustique le duo parvient à
créer cette électricité que nous retrouvons dans d’autres genres tels que le métal
par exemple. De ce fait, aucun ennui n’est venu pointer le bout de son nez
durant cette prestation de presque 1h30 , dont vous pouvez retrouver l'intégralité juste ici :
Parallèlement
aux compositions fleurant bon le soleil brûlant, les influences métalliques
sont revenues assez régulièrement avec des reprises assez diverses que Metallica (Orion, Battery), ainsi
que War Pigs de Black Sabbath. Ce dernier titre a été joué vers la fin du set et
donna lieu à un nouveau grand moment de solitude. En effet, lorsque Rodrigo prit le micro pour chanter cet
hymne absolu du heavy métal, la réaction du public (très jeune, comme nous vous
l’écrivions précédemment…) fut extrêmement timide, ce qui le décontenança
littéralement (et il ne fut pas le seul !). C’est ainsi qu’il décida d’écourter
cette interprétation et enchaina sur Creep
de Radiohead, ce qui généra une
explosion de joie dans le public ! Loin de moi l’idée de vomir sur Radiohead – même si je considère ce
titre ainsi que l’opus dont il est issu comme étant ce que le groupe a fait de
moins intéressant dans sa complexe carrière – mais il est regrettable de voir
qu’un titre FM rencontre bien plus d’engouement qu’un hymne de heavy métal
fondateur. C’est bien là où se séparent commerce musical et mélomanie… Pour
achever cette anecdote, je pense que Rodrigo
et Gabriela ont dû rester très déçus d’une telle réaction du public, car
les racines métalliques de leur musique sont évidentes. En effet l’énergie
déployée est celle du métal, comme peut le faire dans un tout autre genre Apocalyptica avec leurs violoncelles ;
je trouve la comparaison assez pertinente, même si la musique de Rodrigo y Gabriela va encore bien
au-delà du métal.
Vous
l’aurez compris, cette prestation fut émaillée d’une grosse déception
totalement extérieure au groupe. Car cette prestation fut des plus
impressionnantes, apportant des compositions très contrastées, à la fois
énergiques et pleines de chaleur. Techniquement le duo n’a rien à prouver à
personne et peut allègrement servir de modèle pour tout guitariste digne de ce
nom. Et c’est ainsi que je conseille à chaque métalleux de se pencher sur cette
incroyable entité qu’est Rodrigo y
Gabriela !
Septembre 2015,
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