The Great Old Ones – "EOD: A
Tale of Dark Legacy"
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Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
27 janvier 2017 | LP | Season of Mist | Black Metal | France (Bordeaux) |
Track-list :
1) Searching
for R. Olmstead
2) The
Shadow over Innsmouth
3) When
the Stars Align
4) The
Ritual
5) Wanderings
6) In
Screams and Flames
7) Mare
Infinitum
Bonus-track
: My Love for the Stars (Cthulhu Fhtagn) –
Acoustic version
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Line-up de l'album :
Benjamin Guerry : Guitare, voix / Musique, paroles. Jeff Grimal : Guitare, voix / Artwork. Xavier Godart : Guitare. Sébastien Lalanne : Basse. Léo Isnard : Batterie. |
Membres additionnels :
Aurélien Edouard : Solo de guitare (sur In Screams and Flames). Jason Mullaly : Narration. Quentin Gendrot : Violoncelle. Renaud Bonnelye / Rémi Bonnelye / Benjamin Ichas / Benoit Boulestin : Chœurs. |
© David Helman / studio Hans Lucas |
(par Inquisitor)
Au risque de me répéter, je considère la scène
Black Metal française comme l'une des plus riches du monde. Et depuis quelques
années, The Great Old Ones font partie des acteurs majeurs de ce vivier.
Première sortie des Bordelais en 2012 avec "Al-Azif", autre nom du Necronomicon.
Le groupe proposait déjà un Black Metal puissant, mature et inspiré (le petit
chef d'œuvre qu'est Visions of R'lyeh justifie déjà l'écoute du disque).
En 2014, soit seulement deux ans après, le quintet remet le couvert avec "Tekeli-li"
et se voit une fois encore encensé par les critiques et le public. Bien sûr, à
juste titre.
Ce troisième opus était naturellement attendu au
tournant. Comme son nom l'indique, The Great Old Ones trouve son
inspiration dans l'univers sombre de Howard Phillips Lovecraft, qui a donné
naissance au mythe de Cthulhu. Ce nouvel album est bien sûr inscrit dans cet
univers sombre et horrifique. Le groupe a par ailleurs choisi de se concentrer
sur le récit "The Shadow over Innsmouth", une des rares
nouvelles de Lovecraft qui n'a pas été publiée de son vivant. Nous suivrons
donc le voyage de Robert Olmstead, narrateur de l'histoire, dans la ville
fictive d’Innsmouth.
Voilà, maintenant que vous savez où vous allez
vous aventurer, il est l'heure de parler un peu de la musique de The Great
Old Ones. Tout comme Cthulhu lui-même, le Black Metal qui est imposé à nos pauvres
oreilles est immense, surpuissant, et d'une beauté indicible. "EOD: A Tale
of Dark Legacy" est une expédition dont on revient troublé, si tant
est que quiconque puisse rentrer d'une telle épreuve.
Tout comme son prédécesseur, "EOD: A Tale
of Dark Legacy" est ponctué d'intermèdes parlés qui narrent la
progression du personnage d’Olmstead. A la différence de "Tekeli-li"
cependant, ces interventions sont en Anglais. Loin de briser l'immersion et le
rythme imposé par le disque, on accepte volontiers ces petits moments de calme
qui nous plongent encore plus loin dans le sombre récit de The Great Old
Ones. Par rapport aux précédents albums, les Bordelais ont un peu écourté
la durée, avec 44 minutes au compteur pour 7 titres, dont un interlude et une
introduction. Malgré les morceaux à rallonge, on n’a aucune difficulté à être
attentif aux détails. On trouverait les morceaux presque trop courts !
Alternant entre mid-tempos presque Black-Death (When
the Stars Align), blasts dévastateurs (The Ritual, The Shadow over Innsmouth) et passages flirtant avec
le Doom (In Screams and Flames), The Great Old Ones jouent sur
tous les fronts avec une aisance et un naturel hors du commun. Rien n'est
forcé, tous les riffs s'enchaînent avec une fluidité remarquable. On vit
véritablement les émotions du narrateur qui passe par la terreur, la surprise,
le doute... Et chacun de ces états d'esprit est superbement illustré, exprimé
par les mélodies et le rythme. La troisième guitare est par ailleurs
terriblement efficace, jamais en retrait et sachant à chaque fois élargir les
atmosphères ou complexifier les riffs.
Les cordes sont accompagnées par une basse
pesante, et une batterie grandiose. Léo Isnard assure particulièrement bien
dans les envolées les plus rapides où il envoie les blasts avec une précision
inouïe, et nous fait profiter de son fantastique jeu de toms (When the Stars
Align, The Ritual). Petite parenthèse sur la production de "EOD:
A Tale of Dark Legacy" qui s'avère être... parfaite. Le mix général,
la batterie, le chant, les réverbs, la dynamique... c'est irréprochable. On
ajoute à cela un très bel artwork,
réalisé encore une fois par Jeff Grimal
qui a parfaitement su capter l'essence de The Great Old Ones et on a
l'habillage parfait. Tous les éléments concordent pour que nous puissions
profiter au maximum du travail réalisé sur "EOD: A Tale of Dark Legacy".
Bon, le problème c'est que je vais commencer à
manquer de superlatifs pour parler de ce disque. En général, c'est maintenant
que je dis ce qui ne me plaît pas dans cet album. Mais là, rien ne me vient.
C'est juste génial. C'est inspiré, réalisé avec le plus grand soin. C'est énergique,
mystérieux, beau. Alors oui, le mythe de Cthulhu on en entend parler dans le
metal (Metallica, Yyrkoon, Sulphur Aeons...) mais "EOD:
A Tale of Dark Legacy" est peut-être l'hommage le plus juste jamais
créé.
Alors, sincèrement, merci à The Great Old Ones
pour cet album tout à fait exceptionnel qui tutoie les chefs-d'œuvre du Black français.
Mon seul souhait est que la formation continue dans cette direction, avec comme
objectif de surpasser ce "EOD: A Tale of Dark Legacy". Les
Grands Anciens épargneront ces cinq hommes en reconnaissance de leur offrande
que nous, pauvres damnés, sommes voués à adorer.
Février 2017,
Rédigée par Inquisitor.
(par Vlad Tepes)
Inquisitor vous a déjà délivré bon nombre
d’éléments sur ce troisième opus des désormais reconnus The Great Old Ones, et je viens ici compléter ses vues avec mon
propre ressenti.
Commençons tout d’abord par préciser que
jusqu’alors le groupe était édité par les excellents Acteurs de l’Ombre Productions qui a fait office de véritable découvreur. Jouissant d’une
reconnaissance toujours plus grande, c’est aujourd’hui dans les rangs de Seasonof Mist que "EOD: A Tale of Dark Legacy" est paru fin janvier
dernier.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que les
magnifiques objets que nous avons connu grâce à LADLO trouvent ici une certaine
continuité, car l’album se trouve disponible dans un magnifique digibook.
Numéroté à 500 exemplaires et bénéficiant d’un artwork exclusif, The Great Old Ones offrent également un
bonus de choix, à savoir une version acoustique du titre de clôture de leur
premier opus "Al Azif" (2012),
My Love for the Stars (Cthulhu Fhtagn).
Nous y reviendrons plus tard dans notre propos.
The Great Old
Ones est un groupe de black métal franchement à part
au sein de la scène française, et "EOD: A Tale of Dark Legacy"
ne vient que confirmer cet état de fait. Malgré une production plus puissante
que sur les deux premiers albums, le son typique des Bordelais reste intact,
conservant une dimension que je qualifierais d’instinctive, à des années
lumière des productions cliniques et sans âme qui se sont propagées au sein de
ce sous-genre métallique depuis de nombreuses années maintenant. Ici chaque
composant s’exprime de manière proximale envers l’auditeur, qui peut ainsi
ressentir la fusion des 5 musiciens avec leur instrument, au plus près.
Après une courte et prenante introduction, Searching for R. Olmstead, un violent
assaut s’abat sur l’auditeur avec The
Shadow over Innsmouth. D’une agressivité surprenante pour The Great Old Ones, nous nous rendons
compte par la suite que la dimension épique du quintet n’a pas perdu de sa
superbe. Au contenant brumeux, ce titre va développer toute sa complexité en
partant de cette noirceur fondamentale vers des dimensions à la fois mélodique
et contemplative ; d’ailleurs, pouvions-nous attendre autre chose de la
part de The Great Old Ones ? Puis
de l’entremêlement de tout cela naîtra une tristesse maîtrisée et lancinante.
Nous pouvons donc ressentir que ce troisième opus commence de manière intense,
particulièrement intense.
Le morceau suivant, When the Stars Align, permet d’enchaîner sur un caractère plutôt
direct d’emblée. Mais rapidement un sentiment assez net se crée en moi, à
savoir le sentiment de participer à une sorte d’exploration céleste, l’âme
élevée au plus haut niveau. D’un format pourtant court, The Great Old Ones réussit malgré tout à injecter bon nombre
d’éléments et de contrastes, avec notamment certaines parties de guitare
semblant mettre en pause cette exploration… comme pour mieux relancer la
dynamique qui ainsi s’embrase et donne d’oranges reflets à cette étendue
céleste.
A présent l’opus va laisser un petit plus de
place à un sentiment de tristesse, initial : The Ritual. Doomesque donc dans ses prémisses, le titre va
progressivement se muer en véritable tourbillon dans son noyau. Mais c’est bien
la tristesse qui viendra boucler le cercle d’une fort belle façon, avec une
guitare brumeuse.
Après cette magnifique accalmie le feu semble
revenir sur l’interlude Wanderings,
permettant de faire exploser la tornade que constitue le bien-nommé In Screams and Flames. Très dynamique
aussi bien dans les vocaux que dans l’instrumentation, une fougue épique et
agressive s’empare de nos oreilles, sans oublier une dimension tragique
apportée par le jeu de guitare. Puis une lourdeur doomesque vient s’exprimer,
introduisant une accélération emportée par des guitares au grain si
particulier, celui de The Great Old Ones
tout simplement. Car ce feeling est reconnaissable entre mille et prend vraiment
toute son ampleur sur les parties les plus obscures. De plus je n’oublie pas
cet excellent solo qui vient clôturer ce long titre avec brio.
Introduit de toute beauté par le violoncelle de
Quentin Gendrot, Mare Infinitum
s’offre en tragique conclusion… Et d’ailleurs je me rends compte n’avoir pas
encore rendu hommage au jeu de basse qui s’illustre parfaitement aussi bien sur
ce titre de clôture que sur le restant de l’album d’ailleurs. Pour en revenir à
Mare Infinitum à proprement parler,
il débute de manière plutôt contemplative, donnant presque à l’auditeur un
sentiment de quiétude et de lumière. Car oui une certaine sagesse émerge de la
composition. Mais la méfiance est de mise face à une mélancolie tapie dans l’ombre
et qui ne tardera pas à s’exprimer dans un superbe pont rythmique. Enfin
l’obscure lumière viendra boucler le cercle avec une ligne mélodique produite
par une guitare qui me fascine par sa beauté ; le tout est d’ailleurs
entouré d’un certain symphonisme, discret.
Je vous parlais de conclusion mais comme je le
mentionnais plus haut votre serviteur a entre ses mains le superbe digibook, ce
qui permet donc de vous parler de la version acoustique de My Love for the Stars (Cthulhu Fhtagn). Plus courte que l’originale,
substituer les guitares électriques par leurs homologues acoustiques changent
également l’orientation émotionnelle de l’ensemble. En fait, l’aspect tragique
de la version première permet ici de la tempérer, en lui substituant
partiellement une dimension lumineuse et chaude qu’ouvre cette
ré-interprétation. Ne vous méprenez pas sur mon propos, l’aspect mélancolique
est toujours bien présent (notamment sur la partie finale) mais il se contraste
ici. Ainsi les vocaux se muent en murmures, ce qui n’est pas sans rappeler avec
délice Empyrium. Donc The Great Old Ones aura réussi à
trouver un équilibre entre conserver une certaine base de la version d’origine
et ajouter de nouveaux éléments, à travers un subtil processus de mutation. Je
considère pour ma part que l’exercice est pleinement réussi.
Ai-je besoin de rajouter quoi que ce soit ?
Vous aurez compris à travers ces deux chroniques qu’Inquisitor et moi-même vous
incitons fortement à vous procurer "EOD: A Tale of Dark Legacy"
au plus vite, car il serait vraiment dommage que vous passiez à côté de ce
petit joyau de noirceur, inspiré et incarné.
Mars/avril
2017,
Rédigée par Vlad Tepes.
© David Helman / studio Hans Lucas |
Liens officiels
Où se procurer l’objet ?
Season of Mist (eShop)
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