Taake / Helheim / Orkan
Joies et déception
(par Metallic)
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Moment : 25/02/13.
Lieu : Glaz’Art (Paris 19ème).
Lieu : Glaz’Art (Paris 19ème).
Après
une journée passée à vouer le culte de Cernunnos
à la Machine du Moulin Rouge (lire ici le live-report : http://www.psychopathia-melomania.com/2013/04/cernunnos-pagan-festival-6-live-paris.html), me
voici parti vers les contrées nordiques, celles de la Norvège, pays du True
Black Metal, là où la nature y est luxuriante ; les groupes également même
si beaucoup de fans regrettent avec nostalgie la période des années 90.
Ce soir
au Glaz’Art, la soirée sera justement exclusivement norvégienne. Elle est un
peu semblable à celle de 2010 et 2011, à part les premières parties (lire ici
le live-report du concert de Taake
en 2011 : http://www.psychopathia-melomania.com/2012/01/taake-byfrost-donn-philosophy-20102011.html).
Rares
sont les groupes qui après 20 ans dans le « True Black Metal » soient
toujours actifs et aient gardé plus ou moins la même orientation musicale et la
même authenticité. Taake fait partie
de ces groupes-là.
Effectivement,
ce soir le groupe du chanteur Hoest est de passage sur Paris pour fêter leurs
20 ans de carrière. Une durée assez rare dans ce style je trouve. Les Norvégiens
seront accompagnés sur cette affiche par des compatriotes : Helheim et Orkan.
Orkan ouvre le bal ce soir.
Je ne connais pas du tout ce groupe mais une fois les musiciens sur scène, je
reconnais le bassiste, qui n’est autre que celui de l’excellent groupe Kraków. Cette information divulguée
plus tard par le chanteur passera plutôt inaperçue. Et ce chanteur qui
physiquement me fait d’ailleurs penser à ce chanteur charismatique de la
formation irlandaise Primordial
qu’est A.A. Nemtheanga. Ça doit être parce qu’ils ont tous les deux la même
coupe de cheveux, à savoir rien sur le caillou ! Le chanteur d’Orkan a certaines expressions d’Alan
dans ses mouvements mais n’a pas vraiment son charisme. Sûrement qu’il est
peut-être un peu trop dans la retenue, pas à l’aise sur scène.
Musicalement,
Orkan verce dans une sorte de Black
Metal thrashisant, voire speed. Avoir en son sein un membre live de Taake (Gjermund Fredheim) doit y être
pour quelque chose car je retrouve quelques sonorités propres à ces derniers,
ce petit côté Black’n’Roll. En aucun cas, nous n’avons à faire à un clone. Au
contraire, Orkan se démarque par son
côté plus Thrash.
Au
début du set des Norvégiens, je dois avouer que je n’ai pas immédiatement
accroché mais au fil des morceaux joués, il se passe tout de même quelque
chose. C’est plutôt entraînant, bien fait et les musiciens sont très bons. Puis
le chanteur est enfin plus à l’aise. Nous pouvons retrouver un peu de Bathory par-ci par-là et j’ai même
entendu à un moment donné quelques riffs à la Enslaved.
Ce qui
fait défaut, c’est que le groupe n’est peut-être pas assez extrême, ça
mériterait de l’être davantage musicalement, surtout pour ce style. Ce n’est
pas assez percutant et direct. En tout cas, ça mérite une écoute plus
approfondie sur album afin de se faire une idée plus précise et objective.
Set-list Orkan :
Intro
1) Unspoken
Words
2) Circus Fatale
3) Wall of Sacrifice
4) Fall from Below
5) Deus Vicit
6) What Darkness
Brings
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La suite de la soirée va
nous transporter dans une toute autre atmosphère, celles des vikings de Helheim, groupe composé du bassiste de Taake V'gandr. Décidément, cette soirée
est bien une spéciale Taake, il n’y a pas de doutes !
Helheim, contrairement à Orkan, en est déjà à son quatrième
album et est déjà venu ici-même, au Glaz’Art en 2010, aux côtés de Taake, Sulphur et Vultures
Industries. J’attends beaucoup de ce groupe car leur musique est excellente
et de qualité à chacune de leur production.
Ici, pas de corpse paint,
les membres du groupe norvégien apparaissent face au public, vêtus de cottes de
mailles. Nous faisons face à quatre vikings prêts à nous assaillir et à nous
(re)conquérir.
Helheim n’officie pas dans un Black Metal brutal aux riffs rapides. Au contraire, ces derniers sont variés et alternés entre le lent et le plus ou moins rapide. Le groupe joue plutôt sur les ambiances avec rigueur et finesse, afin que nous succombions à leurs coups précis.
Helheim n’officie pas dans un Black Metal brutal aux riffs rapides. Au contraire, ces derniers sont variés et alternés entre le lent et le plus ou moins rapide. Le groupe joue plutôt sur les ambiances avec rigueur et finesse, afin que nous succombions à leurs coups précis.
L’atmosphère se met tranquillement
en place, nous sommes au début de l’histoire. Nos vikings naviguent sur leur
drakkar au rythme des deux gros tambours alliés à la batterie.
Nul besoin d’être un expert
de leur discographie pour apprécier la musique de ces valeureux guerriers. L’esprit
viking se retrouve même dans le chant de V’gandr qui nous content leurs
aventures avec authenticité et rage.
Le show est de plus en plus
intense, pour arriver au point culminant de celui-ci. On m’avait prévenu :
« Tu verras, il y aura un invité, un
compagnon d’aventure qui se présenta sur scène aux côtés des membres de
Helheim ». En effet, apparaît sur la scène du Glaz’Art, sous une
soutane et une capuche, Hoest le chanteur de Taake en personne. Normal vous me direz vu qu’il va chanter sur un
morceau d’Helheim sur lequel il
avait participé. Il s’agit ici du titre Dualitet
og Ulver tiré du EP "Åsgards Fall" sorti en
novembre 2010 chez Karisma Records.
Nous retrouvons Hoest dans
un autre style vestimentaire et sans son maquillage. Il est très rare de le voir
ainsi et aussi calme sur scène. Il a presque une aura mystique, en tous les cas
mystérieuse. N’empêche que la noirceur de son regard et de son chant n’est
vraiment pas pour me déplaire. L’instant est intense et poignant, mais
malheureusement il sera de courte durée, le temps d’un morceau. Le public en
redemande et il va être exaucé.
Je ne m’attendais pas à
entendre une reprise d’un morceau aussi culte. Helheim reprend Ace of Spades
de Motörhead. Après la noirceur
proposée auparavant par V’gandr et Hoest, ils laissent place ici au
rock’n’roll. Ce moment fut épique et survolté. Et le public était complètement
déchaîné.
C’était l’assaut final de
ces valeureux vikings. Ils ont aisément gagné leur bataille. Ils m’ont pour ma
part complètement conquis et j’ai hâte de les revoir dans une salle plus
adaptée au groupe.
Viking Rules !
« Voyez cela je vois mon père.
Voyez cela je vois ma mère et mes sœurs et mes frères.
Voyez cela je vois tous mes ancêtres qui sont assis et
me regardent.
Et voilà, voilà qu’ils m’appellent et me demandent de
prendre place à leurs côtés dans le palais de Valhalla là où les braves vivent
à jamais. »
Le moment tant attendu de
cette soirée arrive enfin mais celui-ci se fera désirer. La soirée a déjà
débuté avec 30 minutes de retard, que celui-ci grandit davantage avant
l’irruption de Taake sur scène pour
fêter ses 20 ans de carrière.
Je suis à la fois impatient
et préoccupé. Oui car ces derniers temps, nous avions trouvé au sein du webzine
que le groupe norvégien commençait à tourner en rond. Après une monstrueuse
(dans le bon sens) prestation ici-même au Glaz’Art en 2011, le groupe était
repassé au Hellfest en 2012 mais avec moins d’impact et de punch, moins
rock’n’roll et avec une set-list qui ne se renouvelle pas ou qui ne nous
présente peu ou pas de changements ou de surprises. Qu’en sera-t-il ce soir
étant donné que Taake fête ses vingt
ans de carrière ? Nous allons vite le savoir !
Les musiciens arrivent sur
la scène du Glaz’Art, dos au public, sous une lumière tamisée, mais sans Hoest.
Le titre Nordbundet démarre
et la mise en scène du groupe reste inchangée. Hoest arrive avec sa veste en
cuir enveloppée d’un drapeau norvégien qu’il gardera moins longtemps qu’à
l’accoutumée. Le show se veut immédiatement rentre-dedans, efficace et
rock’n’roll. Attention aux coups, ça risque de faire très mal dans le public
sinon.
Ce Hoest, quelle énergie incroyable tout de
même ! A lui tout seul, il est capable d’enflammer une salle de concert et
il y arrive facilement. En quelques minutes, le public est déjà hystérique. Oui
Hoest est très en forme et déchaîné. Il n’hésite pas à interagir avec le public
et certains s’essaient à chanter dans le micro. Enfin à crier ou c’est
peut-être parce qu’on les égorge. Hoest aura même des rapports un peu bestiaux,
quelques peu simulés avec une des personnes du public, en lui prenant la tête
et en la dirigeant sauvagement entre ses cuisses. Nul doute, il est bien
possédé, c’est le diable en personne. Nous sommes ses sujets et il fait ce
qu’il veut de nous (enfin presque !).
Encore un concert épique et d’une telle
(rare) intensité. Il est extrêmement difficile et dangereux de prendre des
photos dans de telles conditions. C’est pourquoi, j’ai peu de photos à vous
présenter ici et puis surtout que l’éclairage de la scène du Glaz’Art est
horrible. Pitié, investissez dans du matériel et des techniciens dignes de ce
nom !
Au niveau de la set-list, pas besoin de
tout vous détailler comme la fois précédente où Taake a joué ici-même en 2011. Elle est quasiment identique. Sauf
que ce soir, nous n’avons pas d’interlude avec le banjo en fond sonore et la
fameuse reprise de G.G. Allin Die When You Die qui est devenu un
classique du groupe sur scène.
Non Taake
va se contenter ce soir de nous donner le meilleur de lui-même avec les
meilleurs morceaux de sa discographie. Enfin pas tous mais il y en avait
suffisamment pour nous contenter. Tous les musiciens de la formation originaire
de Bergen se donnent à fond et le résultat est détonnant. Le concert est juste
génial encore une fois. C’est un anniversaire fêté dignement. Enfin jusqu’à là
car oui, sans aucune explication le concert sera vite écourté. Oui, vous lisez
bien, terminé au bout de 50 minutes très intenses certes mais trop courtes
étant donné l’événement.
Après un tel déluge musical sur scène, je
ressens irrémédiablement une grande frustration. Je ne comprends pas et je pense
que je n’étais pas le seul. Je m’attendais au moins à un rappel de 2-3
morceaux, des raretés dans le meilleur des cas afin que ça ressemble
véritablement un anniversaire de 20 ans d’existence du groupe, car la
discographie du groupe norvégien n’est pas pauvre. Non Taake s’en est allé ainsi. Nous avons juste eu le droit de la part
de Hoest, si mes souvenirs sont corrects, d’un « Je t’aime la France ». Peut-être que le set ne fut pas
plus long à cause de l’horaire, 23h30. Oui, la soirée avait pris beaucoup de
retard.
Sur la qualité de la prestation, rien à
redire, c’était juste énorme. Mais pour le côté anniversaire, il n’a pas été
vraiment respecté. Nous ne pouvons pas appeler cette soirée un anniversaire
mais juste un simple concert qui était de surcroît vraiment excellent.
Set-list
Taake
:
1) Nordbundet
2) Du ville ville Vestland
3) Umenneske
4) Fra vadested
til vaandesmed
5) Hordalands
Doedskvad, Part I
6) Over
Bjoergvin Graater Himmerik, Part IV
7) Nattestid Ser Porten Vid, Part I
Si je
dois faire une conclusion et vous donnez un conseil, je dirai, méfiez-vous des
anniversaires ! Comme sur Internet, il y a des fakes. En façade, on nous
vend du rêve mais en réalité, il n’en est rien.
J’ai
passé malgré tout une très bonne soirée une nouvelle fois organisée par Garmonbozia, et la musique de Taake prend vraiment toute son ampleur
sur scène et surtout dans ce genre de petite salle. Helheim mériterait davantage de considération, enfin surtout une
plus grande salle car ils étaient à l’étroit au Glaz’Art. Dans une plus grande
salle, la mise en scène et la décoration mettraient davantage en avant le côté
guerrier et viking du groupe avec leurs gros tambours et l’incorporation de chœurs.
Orkan mérite également mieux.
Dommage
de finir une si belle soirée par une si grande déception, ces vingt ans de
carrière écourtés et tronqués.
Février/Mars 2013 & Juillet 2015,
Rédigé par Metallic.
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