samedi 10 septembre 2011

Metal Méan Festival - Live (Belgique) 20/08/2011



Metal Méan Festival

Invasion Norvégienne...

(par Vlad Tepes)




Moment : 20/08/11.
Lieu : Méan (Belgique).



Metal Méan Festival


Me voici en route pour Méan pour la seconde année. Le Metal Méan fest apparaît pour cette édition 2011 placé sous la bannière norvégienne, avec pas moins de trois groupes de métal norvégien (du moins, trois groupes ayant débutés dans la scène black métal norvégienne).

Je ne démarrerais pas mon propos par un petit coup de gueule envers les routes belges, même si l’envie ne manque pas. En effet, je n’aurai pas pu assister à la prestation des allemands de Helrunar à cause de ces dernières… Passons !



1) Dark Fortress… a cold long winter night

Les hostilités débutent me concernant avec les obscurs Dark Fortress. En effet, les allemands présentent un corpse-paint de rigueur, allant de pair avec une attitude particulièrement sombre. Je pense notamment au claviériste Paymon, à la fois fortement alcoolisé mais prenant des poses relativement possédées.


Dark Fortress @ Metal Méan Festival 20/08/2011


Etant plutôt néophyte de la discographie du groupe, je ne peux me prononcer sur la set-list. Toutefois, Dark Fortress aura réussi à proposer d’une part un ensemble homogène et cohérent, et d’autre part une musique variée et à aucun moment ennuyeuse. En effet, les plans se succèdent mais ne se ressemblent jamais, dans des compositions plutôt chapitrées. Le groupe nous aura tout de même gratifié de quelques brûlots au rythme un peu plus élevé (dont un fut dédié à Urgehal). En effet, le tout reste plutôt dans un registre mid-tempo, donnant un caractère lancinant au show. J’ai d’ailleurs grand peine à qualifier la musique de Dark Fortress comme relevant du black métal, car le style est bien plus hybride que cela. Dans la démarche, je comparerais les allemands à un groupe-confrère, Secrets of the Moon. Même si musicalement les deux entités sont clairement différenciées, elles présentent toutes deux un métal sombre et lancinant, lorgnant sérieusement vers le doom à divers moments. Et la présence dans les rangs de Dark Fortress d’un membre de Triptykon, en la qualité de V. Santura, n’en est pas étrangère (le Mr fut également guitariste live de Celtic Frost durant la tournée de Monotheist). En effet, nous y retrouvons un effet poisseux des plus captivants.


Dark Fortress @ Metal Méan Festival 20/08/2011


Instrumentalement parlant le tout est assez carré, notamment grâce aux solides assises rythmiques de Seraph. Ce dernier présente en effet une fluidité de jeu vraiment intéressante, ce qui fut particulièrement visible dans des blasts impeccables. Vocalement, Morean ne possède pas un chant avant-gardiste mais sait utiliser sa voix de manière pertinente, obtenant ainsi un rendu totalement en adéquation avec le monde dépeint par Dark Fortress.


Dark Fortress @ Metal Méan Festival 20/08/2011


Le seul point noir de cette prestation fut un facteur totalement extérieur au groupe, à savoir les conditions climatiques. En effet, jouer en plein jour et avec une chaleur soutenue ne colle pas du tout avec l’univers de Dark Fortress. Et d’ailleurs, cela aura donné lieu à une petite touche ironique dans la bouche de Morean, nous indiquant qu’il demeurait ravi de jouer en cette longue et froide nuit hivernale ! A revoir donc dans des conditions plus adéquates…





2) Urgehal… satanic norwegian black metal

Après cette froide mise en bouche, je me dirigeai avec curiosité vers le premier rang de la fosse, espérant me soumettre à une rafale norvégienne (satanique de surcroit !), avec les très très méchants Urgehal. Ayant très longtemps été réfractaire au true black, je commence désormais à m’intéresser à "Carpathian Forest and friends". Je ne dis pas cela innocemment car Urgehal partage indéniablement bon nombre de points communs avec leurs compatriotes.


Urgehal @ Metal Méan Festival 20/08/2011


Après une montée sur scène des plus alcoolisées de la part de Trondr Nefas, nous ne pouvions pas nous attendre à un grand moment de finesse. Et d’ailleurs, ce n’est vraiment pas ce que nous attendrions d’un groupe de la trempe d’Urgehal. En effet, le groupe se présente dans un habit de lumière particulièrement clouté et sciemment old-school. Musicalement, ce n’est pas si simple par contre. En effet, même si l’attitude se veut diabolique à souhait avec des « Satan » scandés environ une fois toutes les dix secondes, le rendu instrumental pencha sévèrement vers le rock’n’roll, comme en témoigne par exemple le riff d’introduction de The eternal eclipse (pouvant même passer pour du stoner !). De plus, l’attitude se voulut bien plus punk qu’autre chose par moments, avec d’ailleurs des discours clairement anarchistes (semblant soufflés par l’amie éthylique…). Et c’est donc dans ce cocktail black/rock/punk qu’Urgehal se rapproche considérablement d’un Carpathian Forest, jouant à la frontière de divers styles et prenant un malin plaisir à les faire s’entrechoquer. La démarche en elle-même est loin de me déranger, mais le rendu est par contre bien plus conventionnel étrangement. En effet, les rythmiques d’Urgehal sont loin de révolutionner quoi que ce soit, et dans leur grande majorité présentent un air de déjà-vu. Mais cette familiarité demeure surtout issue du rock, et trop peu du black métal en tant que tel. En effet, si les corpse-paint et autres joyeusetés cloutées n’avaient point été de la partie, j’aurais tout bonnement cru assister à un show de rock’n’roll sombre. Et c’est bien cela que je reproche à Carpathian Forest : à trop vouloir s’enfermer dans des rythmiques rock, on perd bien trop en termes de froideur. Et c’est ce que j’ai trouvé le plus dommageable dans ce show d’Urgehal, avec une atmosphère trop chaude. Il semblerait donc que certains groupes qualifiés de "true norwegian black metal" devrait être renommés sous l’appellation plus pertinente de black’n’roll !


Urgehal @ Metal Méan Festival 20/08/2011


L’aspect positif est que le groupe aura su enchainer des morceaux tous plus efficaces les uns que les autres (avec une mention spéciale pour Nekromisantrop, idéal pour briser ma chère nuque). La fin du show sera marquée par l’irruption d’un guest à la basse en la présence de Stian Johnskareng (Koldbrann), alors que Mannevond se consacrera exclusivement aux vocaux sur le brûlot Satanic black metal in hell.

Ce concert se sera donc avéré être un excellent moment, où il ne faut point attendre d’originalité, sous peine d’être assez sévèrement déçu. Black’n’roll supremacy ?





3) Keep of Kalessin… annoying reptile

Les anarchistes cloutés à peine partis, c’est au tour d’autres norvégiens de venir investir la scène, les désormais célèbres Keep of Kalessin. Malgré leur prestation en pré-sélection du concours de l’Eurovision 2010, j’avais gardé foi en eux (concernant le live j’entends) après avoir assuré avec brio la première partie de Gorgoroth l’année passée. Et pourtant les deux derniers opus m’auront laissé un goût très désagréable dans la bouche.

Soyons directs : le concert de ce jour fut excellent sur les plans technique et scénique. En effet, tout est quasiment parfait à tous les niveaux, avec une exécution toujours autant impressionnante. De plus, l’énergie est bel et bien au rendez-vous, comme à chaque fois avec nos chers norvégiens. Mais le seul et gros bémol de ce show, ce fut une set-list consacrée quasiment en intégralité au dernier opus en date, Reptilian. Ainsi, Keep of Kalessin aura passé l’intégralité du concert à délivrer des titres de thrash/black bien trop mélodiques, manquant de feeling et surtout d’audace.


Keep of Kalessin @ Metal Méan Festival 20/08/2011


Seuls les deux derniers morceaux se décentreront du dernier album, avec d’une part le normalement excellent The wealth of darkness (issu d’Armada, 2006), ainsi qu’Ascendant (issu de Kolossus, 2008). Malgré une bonne exécution, The wealth of darkness aura manqué de ce petit je ne sais quoi qui lui aurait permis d’incarner le feu sonore gravé sur disque. Et pour avoir entendu ce morceau en live à de nombreuses reprises, il manquait ce jour-là à Méan une touche plus sombre et plus convaincue. Aussi étrange que cela puisse paraître, Ascendant aura été plus maitrisé et plus agréable à l’écoute, alors qu’il fait partie d’un album que je considère clairement comme du sous-Armada.

Soulignons par ailleurs la grossière erreur de Thebon quand il annonça The wealth of darkness : il présenta le morceau en tant que Crown of the kings !! Cette petite anecdote montre bien que Keep of Kalessin a définitivement pris de la distance avec un passé pourtant proche, désormais stylistiquement enfoui.


Keep of Kalessin @ Metal Méan Festival 20/08/2011


Je suis ressorti de ce concert avec un fort sentiment de désillusion face à une entité qui en 2006 était promue à prendre la suite d’un Emperor, et se retrouvant soudainement à explorer un métal extrême acidulé (même si tenant encore la route en termes de composition). Mais Keep of Kalessin peut apporter tellement plus qu’une déception immense reste coincée dans ma gorge.

Keep of Kalessin sait avec professionnalisme assurer le show, mais en aura perdu son âme avec le temps…





4) Enslaved… Axioma Eclectica Odini

Dire que j’attendais Enslaved de pied ferme est vraiment peu dire. En effet, la prestation parisienne d’avril dernier m’avait laissé une profonde amertume. En effet, à la fois le son et la set-list ne demeuraient absolument pas à la hauteur d’un groupe d’un tel "standing". Mais étant un habitué de leurs passages scéniques, j’avais bien du mal à croire qu’Enslaved avait définitivement perdu de sa superbe ou je ne sais quelle autre ignorance que l’on a coutume de lire parfois…


Enslaved @ Metal Méan Festival 20/08/2011


Me voici donc à une place de choix, au tout premier rang pour y entendre éructer ce cher Grutle. Le concert débute sans surprise par le nouvel opus, Axioma Ethica Odini, en la présence de ses deux premiers morceaux (après l’instrumental Axioma que j’ai toujours beaucoup aimé). Et il ne faudra pas bien longtemps pour établir une criante différence avec le concert parisien précédemment cité, à savoir le son ! Ici il demeura impeccable, à la fois puissant et clair. En effet, tous les différents éléments sont ressortis de manière très juste, et notamment le chant de Grutle (totalement inexistant lors de la prestation au Nouveau Casino), et je ne cache pas mon plaisir sur ce point.

La poursuite de la prestation sera sans grande surprise en termes de set-list, avec exactement le même enchainement qu’à Paris en avril dernier (Fusion of sense and earth, Ground, Giants, Ruun). Et là, la pression retomba quelque peu en moi, car je pensais véritablement que la prise de risque allait être inexistante ce soir. Mais ne vous méprenez pas sur mes propos, l’exécution fut une fois de plus impeccable à tous points de vue, les musiciens délivrant l’énergie et la fougue que nous leur connaissons.


Enslaved @ Metal Méan Festival 20/08/2011


Une fois le toujours superbe Ruun achevé, Enslaved nous proposait de remonter quelque peu dans le temps, et je pensais de manière assez instinctive qu’Allfáðr Oðinn allait être interprété… Mais le groupe offrit un cadeau bien plus précieux, nous replongeant dans le cultissime et sous-estimé Monumension, au travers de l’excellent The voices. Je parle véritablement de cadeau car cet opus n’est quasiment jamais représenté sur scène, et je me demande bien à quand remonte l’interprétation de The voices dans nos contrées (bien avant 2005, cela est certain). Mon sang ne fit évidemment qu’un tour et je crus devenir fou, car l’interprétation fut à la hauteur du morceau : magique. Les parties de chant clair furent superbes, enlevées et poignantes.

Après cette magnifique pièce, ce fut au tour de Below the lights d’être mis à l’honneur, avec le moins surprenant As fire swept clean the earth. Je le qualifie ainsi car il se trouve assez régulièrement inscrit sur les set-lists d’Enslaved ces dernières années. Toutefois, son choix fut des plus judicieux car l’enchainement avec The voices fut d’une fluidité exemplaire. Comme à l’accoutumée, As fire swept clean the earth demeura superbe, avec ce final en apothéose. La finesse du rendu des guitares montre bien la qualité du son ce soir-là à Méan. Et ce ne sont pas les solos d’Ice Dale qui viendront prêcher le contraire.

Le concert s’achèvera de manière plus coutumière avec l’enchainement Allfáðr Oðinn / Isa. Malgré cet aspect prévisible, avouons que le tout fut digéré de manière assez aisée.


Enslaved @ Metal Méan Festival 20/08/2011


Pour synthétiser, ce concert d’Enslaved m’aura totalement fait oublier la prestation parisienne d’avril dernier. D’une part le son fut excellent, à un détail près : j’aurais souhaité que le chant d’Herbrand soit un petit peu plus mis en avant, mais là je pinaille. D’autre part, il aura juste fallu remanier quelque peu la set-list pour enfin retrouver le Enslaved que j’apprécie tant, celui qui sait si bien jongler avec ces univers internes. Je ne dirais qu’une seule chose pour conclure : vivement leur prestation à Bergen dans une semaine, pour l’ultime édition du mythique Hole in the Sky




Set-list Enslaved :

1) Axioma
2) Ethica Odini
3) Raidho
4) Fusion of sense and earth
5) Ground
6) Giants
7) Ruun
8) The voices
9) As fire swept clean the earth
10) Allfáðr Oðinn
11) Isa



Août/septembre 2011,
Rédigé par Vlad Tepes.



Metal Méan Festival 20/08/2011



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