(Par Gabriel Leroy)
Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
Octobre 2006 | LP | The End Records | Metal gothique clownesque | USA |
|
Line-up :
Dominique Lenore Persi : Paroles, Chant, Accordéon, Carillon, Guimbarde. Rani Sharone : Guitares, Basses, Mandoline, Programmation, Sitare, Percussions,…. Ben Rico : Claviers, Piano, Orgue. Gil Sharone : Batterie, Percussions. |
Membres additionnels :
Dan Rathbun : Tuba Michael Mellender : Trompette Carla Kihlstedt : Violon Davin Givhan : Guitares |
J’aurais peut-être besoin d’un accoutrement de Monsieur Loyal pour me mettre dans l’état d’esprit nécessaire à cette chronique. Je prendrais alors un ton emphatique et grandiloquent pour vous annoncer… les artistes à l’honneur, les baladins du rock gothique, les équilibristes de l’excentrisme. Ils sont beaux ! Ils sont talentueux ! Ils bravent les convenances et les clichés ! Ils vous ébahiront !… Mesdames et Messieurs, veuillez accueillir dans un tonnerre d’applaudissements, les fabuleux, les magnifiques, les prodigieux… les Stolen Babies !!! Oui enfin… c’est une entrée en piste qui n’est peut-être pas nécessaire.
Sur scène habillés en morbides saltimbanques, grimés de façon sombrement clownesque, les Stolen Babies, dénotent, déroutent, surprennent, laissent perplexe. « Mais qu’est-ce que c’est que cette bande de tordus ? » dira-t-on. « C’est une blague ? Du métal ? Avec un accordéon ? » Oui madame, oui monsieur, c’est bien du métal dont il s’agit, mélangé à plein d’autres choses certes. Et sous le couvert de cet accoutrement inhabituel, respire un groupe véritablement talentueux dont la musique énergique n’a rien d’un ballon de baudruche.
Mais hors de cette apparence physique du groupe, penchons nous donc sur leur premier et, à l’heure actuelle, toujours unique album There be Squabbles Ahead que nous traduirons par « Il va y avoir des disputes ». Des disputes d’incohérence peut-être parmi les pistes de ce CD haut en bizarreries.
Découvrons d’abord la pochette très « toonesque » réalisée par l’illustrateur Crab Scrambly montrant des enfants s’enfuyant d’un tas de feuilles de papier en feu. Un petit coté Tim Burtonien que l’on retrouve sur le dos du disque et dans le livret ou d’autres silhouettes enfantines ou monstrueuses se pavanent entre les textes.
Entrons dans ce chapiteau et laissons le faisceau laser faire un premier tour de la première piste.
Spill !
Une cloche, la tranquillité… puis un orgue monte progressivement ses tubuleuses lenteurs. L’on sent que le calme ne va pas durer. La tension monte et la batterie se met à marteler. Le ton est enfin donné par l’arrivée en scène d’un death screaming féminin, nerveux, moins grave que d’habitude, lorgnant vers l’invective et presque horrifique aux entournures. Les poumons se contractent, remontent les tripes, mais… proprement. Cette débauche vocale soudaine fera place, et ce sur la plupart des plages à venir, à d’autres timbres, dans une alternance de cette voix hurlée avec sa pendante chantée naturelle, claire et délicieusement hautaine de Dominique. Et comme dans tous les groupes que j’affectionne de près, c’est dans ces contrastes de voix qui fait un part importante de l’intérêt du groupe.
Sous les flots et saccades jouissives de ce premier morceau particulièrement énervé, les paroles nous évoquent une expérience ratée, des bouches sanglantes ne retenant pas l’eau bue, des enfants s’arrachant les taches sur la peau jusqu’à la chair et surtout elles questionnent notre société dans cette augure de catastrophe biochimique. De qui était-ce l’idée ? Vous l’aurez compris les Stolen Babies ne sont pas de vrais clowns, leur message est dur et ils ont une douleur artistique à délivrer.
Awful fall
Une profusion d’instruments dans un désordre plus ou moins organisé ébouriffe cette deuxième plage, moins violente, mais pas moins folle ni entrainante. L’univers y est de plus en plus étrange. Des êtres enfermés, contraints, une respiration difficile, la lumière se fait rare, des asticots libérés,… L’interprète à la fois victime et rebelle s’immerge dans ce tableau à la fois complètement surréaliste et aux détails troublants de vérité, comme un cauchemar intensément vécu, la vie peut-être. Il y a du génie là dessous. La musique dégantée dont les claviers et guitares partent dans tous les sens, n’illustre pas vraiment le texte aux sèmes claustrophobes. Elle apporte par contre une sorte de distorsion permanente, comme un philtre donnant le moyen à notre imaginaire de reproduire tout le style décalé de l’univers du groupe. Ce très bon morceau se termine sur une ponctuation vocalement percutée qui fait du bien.
Filistata
C’est le grand guignol qui débarque sur les premières notes du titre, mettant un peu en doute le sérieux de cette équipée. Heureusement c’est encore le chant qui, entre les bouffées de folie de la trompette, rétablit la confiance, remarquablement d’ailleurs par ses changements de couleurs. Dans cette histoire la narratrice voit son corps et sa raison envahis de la présence d’une araignée. Les images de fils, de toiles, de pulsations en ces contrées cadavéreuses où la raison n’est plus sont horriblement…. esthétiques.
A year of Juges
L’on nous guide tranquillement entre guitares, claviers et carillons, vers un jugement qui en lui-même ressemble déjà à un enfermement. Le morceau plus pop, bien agencé, est agréable et se termine par une jolie petite gueulante bien sentie.
So close
Ca devenait tout de même trop sage pour le groupe alors, tiens, ils nous proposent en guise de suite au spectacle une plage plus électro. Mais les patterns s’enchainent mécaniquement sans vraiment convaincre cette fois. Le style se désagrège dans cette expérience bon marché. Et comme pour rendre la chose parfaitement ratée, le texte reste trop vague sur l’imminence d’une mystérieuse attaque. L’album aurait pu s’en passer. Première fausse note pour nos saltimbanques. Mais on n’arrête pas le show pour si peu. Musique sans filet.
Tablescap
"Tablescap" tantôt patauge sans complexes dans des sonorités kitchs, tantôt flotte sur une mélodie doucereuse, le tout reste plaisant. Les rythmes simples se poussent les uns les autres. Les musiciens maitrisent l’entrecroisement des fils de leurs portées pour filer une texture bizarre mais finalement assez enveloppante.
Swint ? or Slude ?
Instrumental anecdotique où accordéon, cuivres et violon s’enroulent lourdement. Rani, Ben et Gil et leurs invités Dan, Michael et Cala, laissent leurs myriades d’instruments exprimer leur douce folie. De temps à autre des guitares électriques nous rappellent dieu merci que nous ne sommes pas dans un disque de musique du monde.
Mind your eyes
Retour aux rythmes nerveux, aux électricités et au death screaming. Le contraste entre la musique très speed et l’angoisse présente dans texte est déroutante. La composition nous pousse et nous tire en tous sens dans cet excellent morceau, particulièrement défoulant. Le chant y est comme en fuite. Sa jumelle hurlant elle fait face, aveugle, saccadée. De la peur nait l’agression. De la proie, le prédateur. Quoi suit qui ?
Lifeless
Superbe moment que ce "Lifeless", malgré une surface musicale plutôt accessible, il y a là une lancinance vocale qui sait comment hanter l’esprit. Je trouve l’interprétation somptueuse. Sans trop en faire elle distille l’amertume comme une larme sur les lèvres. Entre les percussions teintantes, l’accordéon, instrument souvent ingrat, fait ici merveilles. Dans cette ballade spectrale la voix, froide, douce comme la peau d’une fraiche défunte, est pure mélancolie. Elle évoque comme deux êtres de solitude superposés. On imagine la grisaille d’une maison fantôme, une chambre dépouillée, abandonnée, une silhouette diaphane, une main impalpable qui appelle. Un chant qu’elle devrait être seule à entendre, la supplique d’un silence. De toute beauté.
I can fell a heartbeat slowing into nothing…
Tall tales
Contraste avec la plage précédente ! Le détachement, le dégoût et l’avanie dans les phrases hurlées reprennent les rênes vocales. Devant une instrumentation un poil plus industrielle, le texte peint le délire incompréhensible, de mots et de chairs.
Push Button
C’est le single de l’album. Le clou de la parade. L’on sent qu’il a bénéficié d’un soin tout particulier pour flatter l’oreille. Et le résultat est moelleux, coloré, plutôt convaincant, accessible, avec juste ce qu’il faut de contrastes sur quelques sublimes « Come on. Come out ! ». C’est dédaigneusement que l’on dénonce ici le stratagème du monde. Plus vous croyez, moins vous pensez. Moins vous pensez, plus vous parlez. Plus vous parlez, moins vous voyez. Moins vous voyez, plus vous croyez. Un bon moment.
Gathering Fingers
Ce titre s’avance, calme. La voix se voile. Une sonorité vespérale. Comme un reste pantelant de conscience avant la nuit. Les musiciens ajoutent au spleen le grave de leurs cœurs. Le brouillard tombe sur les derniers promeneurs. L’accordéon souffle tristement. Lentement le spleen se consume. Puis tout à coup, fausses notes d’une trompette perdue, suivies d’une déferlante de chant rugi, de suite reprise par une nouvelle couche de doux délire, elle-même re-interrompue par le chant crié qui mourra dans un grand n’importe quoi sous une dernière nappe de spleen. Suavement fou.
The button Has Been Pushed
La plaquette se termine sur une farandole carnavalesque, faussement joyeuse, des « houhouhou » comme un pied-de-nez, comme pour nous dire que oui finalement le monde en fait c’était vraiment une blague.
L’on sort du spectacle un peu abasourdi, mais avec la sensation de ne pas avoir été trompé, que le look c’est pour attirer l’attention, que le futile dans tout cela ce ne sont pas les grimages et les fanfreluches mais c’est surtout la belle rébellion artistique, belle mais futile car impuissante, avec ses salives sanguines qui s’écrasent vainement sur les murs pierreux du matérialisme, incapable d’enrayer les prémices de la grande expérience du désastre. Mais soit ! Dans le grand cirque de la catastrophe humaine, ces orphelins vitriolés jouant de leurs traumatismes au moins vous auront divertis… et avertis.
L’album est bon, vraiment bon, original et franchement agréable musicalement, avec certes ses limites et des risques pris dans la fantaisie qui débouchent parfois sur des moments de n’importe quoi heureusement courts. Les textes sont je trouve assez inégaux, non pas dans l’écriture qui est toujours intelligente et léchée, mais dans leur puissance évocatrice, certains étant géniaux par le baroque de leurs détails, d’autres trop flous que pour labourer profondément nos imaginaires, juste des griffures d’origine inconnue dans le bois lisse de notre esprit.
Je termine cette impression générale sur la pierre de voûte de mes rares coups de cœur, l’interprétation. Demoiselle Persi est absolument irréprochable d’intelligence et sa voix investie reste sûre dans toutes ses formes et déclinaisons même les plus extrêmes.
Come out !
Sur scène habillés en morbides saltimbanques, grimés de façon sombrement clownesque, les Stolen Babies, dénotent, déroutent, surprennent, laissent perplexe. « Mais qu’est-ce que c’est que cette bande de tordus ? » dira-t-on. « C’est une blague ? Du métal ? Avec un accordéon ? » Oui madame, oui monsieur, c’est bien du métal dont il s’agit, mélangé à plein d’autres choses certes. Et sous le couvert de cet accoutrement inhabituel, respire un groupe véritablement talentueux dont la musique énergique n’a rien d’un ballon de baudruche.
Mais hors de cette apparence physique du groupe, penchons nous donc sur leur premier et, à l’heure actuelle, toujours unique album There be Squabbles Ahead que nous traduirons par « Il va y avoir des disputes ». Des disputes d’incohérence peut-être parmi les pistes de ce CD haut en bizarreries.
Découvrons d’abord la pochette très « toonesque » réalisée par l’illustrateur Crab Scrambly montrant des enfants s’enfuyant d’un tas de feuilles de papier en feu. Un petit coté Tim Burtonien que l’on retrouve sur le dos du disque et dans le livret ou d’autres silhouettes enfantines ou monstrueuses se pavanent entre les textes.
Entrons dans ce chapiteau et laissons le faisceau laser faire un premier tour de la première piste.
Spill !
Une cloche, la tranquillité… puis un orgue monte progressivement ses tubuleuses lenteurs. L’on sent que le calme ne va pas durer. La tension monte et la batterie se met à marteler. Le ton est enfin donné par l’arrivée en scène d’un death screaming féminin, nerveux, moins grave que d’habitude, lorgnant vers l’invective et presque horrifique aux entournures. Les poumons se contractent, remontent les tripes, mais… proprement. Cette débauche vocale soudaine fera place, et ce sur la plupart des plages à venir, à d’autres timbres, dans une alternance de cette voix hurlée avec sa pendante chantée naturelle, claire et délicieusement hautaine de Dominique. Et comme dans tous les groupes que j’affectionne de près, c’est dans ces contrastes de voix qui fait un part importante de l’intérêt du groupe.
Sous les flots et saccades jouissives de ce premier morceau particulièrement énervé, les paroles nous évoquent une expérience ratée, des bouches sanglantes ne retenant pas l’eau bue, des enfants s’arrachant les taches sur la peau jusqu’à la chair et surtout elles questionnent notre société dans cette augure de catastrophe biochimique. De qui était-ce l’idée ? Vous l’aurez compris les Stolen Babies ne sont pas de vrais clowns, leur message est dur et ils ont une douleur artistique à délivrer.
Awful fall
Une profusion d’instruments dans un désordre plus ou moins organisé ébouriffe cette deuxième plage, moins violente, mais pas moins folle ni entrainante. L’univers y est de plus en plus étrange. Des êtres enfermés, contraints, une respiration difficile, la lumière se fait rare, des asticots libérés,… L’interprète à la fois victime et rebelle s’immerge dans ce tableau à la fois complètement surréaliste et aux détails troublants de vérité, comme un cauchemar intensément vécu, la vie peut-être. Il y a du génie là dessous. La musique dégantée dont les claviers et guitares partent dans tous les sens, n’illustre pas vraiment le texte aux sèmes claustrophobes. Elle apporte par contre une sorte de distorsion permanente, comme un philtre donnant le moyen à notre imaginaire de reproduire tout le style décalé de l’univers du groupe. Ce très bon morceau se termine sur une ponctuation vocalement percutée qui fait du bien.
Filistata
C’est le grand guignol qui débarque sur les premières notes du titre, mettant un peu en doute le sérieux de cette équipée. Heureusement c’est encore le chant qui, entre les bouffées de folie de la trompette, rétablit la confiance, remarquablement d’ailleurs par ses changements de couleurs. Dans cette histoire la narratrice voit son corps et sa raison envahis de la présence d’une araignée. Les images de fils, de toiles, de pulsations en ces contrées cadavéreuses où la raison n’est plus sont horriblement…. esthétiques.
A year of Juges
L’on nous guide tranquillement entre guitares, claviers et carillons, vers un jugement qui en lui-même ressemble déjà à un enfermement. Le morceau plus pop, bien agencé, est agréable et se termine par une jolie petite gueulante bien sentie.
So close
Ca devenait tout de même trop sage pour le groupe alors, tiens, ils nous proposent en guise de suite au spectacle une plage plus électro. Mais les patterns s’enchainent mécaniquement sans vraiment convaincre cette fois. Le style se désagrège dans cette expérience bon marché. Et comme pour rendre la chose parfaitement ratée, le texte reste trop vague sur l’imminence d’une mystérieuse attaque. L’album aurait pu s’en passer. Première fausse note pour nos saltimbanques. Mais on n’arrête pas le show pour si peu. Musique sans filet.
Tablescap
"Tablescap" tantôt patauge sans complexes dans des sonorités kitchs, tantôt flotte sur une mélodie doucereuse, le tout reste plaisant. Les rythmes simples se poussent les uns les autres. Les musiciens maitrisent l’entrecroisement des fils de leurs portées pour filer une texture bizarre mais finalement assez enveloppante.
Swint ? or Slude ?
Instrumental anecdotique où accordéon, cuivres et violon s’enroulent lourdement. Rani, Ben et Gil et leurs invités Dan, Michael et Cala, laissent leurs myriades d’instruments exprimer leur douce folie. De temps à autre des guitares électriques nous rappellent dieu merci que nous ne sommes pas dans un disque de musique du monde.
Mind your eyes
Retour aux rythmes nerveux, aux électricités et au death screaming. Le contraste entre la musique très speed et l’angoisse présente dans texte est déroutante. La composition nous pousse et nous tire en tous sens dans cet excellent morceau, particulièrement défoulant. Le chant y est comme en fuite. Sa jumelle hurlant elle fait face, aveugle, saccadée. De la peur nait l’agression. De la proie, le prédateur. Quoi suit qui ?
Lifeless
Superbe moment que ce "Lifeless", malgré une surface musicale plutôt accessible, il y a là une lancinance vocale qui sait comment hanter l’esprit. Je trouve l’interprétation somptueuse. Sans trop en faire elle distille l’amertume comme une larme sur les lèvres. Entre les percussions teintantes, l’accordéon, instrument souvent ingrat, fait ici merveilles. Dans cette ballade spectrale la voix, froide, douce comme la peau d’une fraiche défunte, est pure mélancolie. Elle évoque comme deux êtres de solitude superposés. On imagine la grisaille d’une maison fantôme, une chambre dépouillée, abandonnée, une silhouette diaphane, une main impalpable qui appelle. Un chant qu’elle devrait être seule à entendre, la supplique d’un silence. De toute beauté.
I can fell a heartbeat slowing into nothing…
Tall tales
Contraste avec la plage précédente ! Le détachement, le dégoût et l’avanie dans les phrases hurlées reprennent les rênes vocales. Devant une instrumentation un poil plus industrielle, le texte peint le délire incompréhensible, de mots et de chairs.
Push Button
C’est le single de l’album. Le clou de la parade. L’on sent qu’il a bénéficié d’un soin tout particulier pour flatter l’oreille. Et le résultat est moelleux, coloré, plutôt convaincant, accessible, avec juste ce qu’il faut de contrastes sur quelques sublimes « Come on. Come out ! ». C’est dédaigneusement que l’on dénonce ici le stratagème du monde. Plus vous croyez, moins vous pensez. Moins vous pensez, plus vous parlez. Plus vous parlez, moins vous voyez. Moins vous voyez, plus vous croyez. Un bon moment.
Gathering Fingers
Ce titre s’avance, calme. La voix se voile. Une sonorité vespérale. Comme un reste pantelant de conscience avant la nuit. Les musiciens ajoutent au spleen le grave de leurs cœurs. Le brouillard tombe sur les derniers promeneurs. L’accordéon souffle tristement. Lentement le spleen se consume. Puis tout à coup, fausses notes d’une trompette perdue, suivies d’une déferlante de chant rugi, de suite reprise par une nouvelle couche de doux délire, elle-même re-interrompue par le chant crié qui mourra dans un grand n’importe quoi sous une dernière nappe de spleen. Suavement fou.
The button Has Been Pushed
La plaquette se termine sur une farandole carnavalesque, faussement joyeuse, des « houhouhou » comme un pied-de-nez, comme pour nous dire que oui finalement le monde en fait c’était vraiment une blague.
L’on sort du spectacle un peu abasourdi, mais avec la sensation de ne pas avoir été trompé, que le look c’est pour attirer l’attention, que le futile dans tout cela ce ne sont pas les grimages et les fanfreluches mais c’est surtout la belle rébellion artistique, belle mais futile car impuissante, avec ses salives sanguines qui s’écrasent vainement sur les murs pierreux du matérialisme, incapable d’enrayer les prémices de la grande expérience du désastre. Mais soit ! Dans le grand cirque de la catastrophe humaine, ces orphelins vitriolés jouant de leurs traumatismes au moins vous auront divertis… et avertis.
L’album est bon, vraiment bon, original et franchement agréable musicalement, avec certes ses limites et des risques pris dans la fantaisie qui débouchent parfois sur des moments de n’importe quoi heureusement courts. Les textes sont je trouve assez inégaux, non pas dans l’écriture qui est toujours intelligente et léchée, mais dans leur puissance évocatrice, certains étant géniaux par le baroque de leurs détails, d’autres trop flous que pour labourer profondément nos imaginaires, juste des griffures d’origine inconnue dans le bois lisse de notre esprit.
Je termine cette impression générale sur la pierre de voûte de mes rares coups de cœur, l’interprétation. Demoiselle Persi est absolument irréprochable d’intelligence et sa voix investie reste sûre dans toutes ses formes et déclinaisons même les plus extrêmes.
Come out !
Janvier 2012,
Rédigée par Gabriel Leroy.
Rédigée par Gabriel Leroy.
Myspace
www.myspace.com/stolenbabies
Où se procurer l’objet ?
The End Records
Ascendence Records
Priceminister
Amazon
www.myspace.com/stolenbabies
Où se procurer l’objet ?
The End Records
Ascendence Records
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