samedi 21 juillet 2012

Huntress - "Spell Eater" (2012)


(Par Gabriel Leroy)


Parution : Format : Label : Univers : Pays :
27 avril 2012 LP Napalm Records Heavy Royaume-Uni


Huntress - Spell Eater (2012)
Track-list :

1) Spell eater   YouTube
2) Senicide
3) Sleep and death
4) Snow witch
5) Eight of swords   YouTube
6) Aradia
7) Night rape
8) Children
9) Terror
10) The tower
11) The dark


Line-up :

Jill Janus : Chant.
Ian Alden : Guitare.
Blake Meahl : Guitare.
Eric Harris : Basse.
Carl Wierzbicky : Batterie.
Membres additionnels :

Aucun.






« La musique est une illusion qui rachète toutes les autres » disent certains.

Je soupçonnais le premier single Height of Swords et son ébouriffante surenchère vocale d’être un bien beau coup de bluff. Et ce n’est donc pas sans une certaine méfiance que j’ai attendu du groupe Huntress qu’il révèle ses autres cartes.

Ce clan américain, nouvellement arrivé sous l’aile de Napalm Records, ne fait pas dans la finesse de l’art. Si la promo du groupe, bourrée de clichés, frise le ridicule, qu’en est-il de leur musique ? Disons-le d’emblée elle est surtout totalement convenue. On la classera dans le rayon « heavy » avec une petite étiquette « un brin thrash » sur la tranche.

Au-delà de sa forme sans surprise, elle laisse l’impression d’être servie « crue » , comment dire, d’avoir ce côté ingrat des musiques qu’il faut entendre de nombreuses fois avant d’être vraiment apprivoisé. Pourtant non, même après plusieurs écoutes, la recette ne s’avère pas vraiment révélatrice, en tout cas musicalement parlant. Elle n’est cependant pas écœurante non plus. Et si les partitions sont plutôt faciles et manquent de recherche mélodique, le tout est cohérent et efficace, étrangement on digère plutôt bien cette aridité tant l’investissement vocal et l’énergie du groupe sont bons. Dans ce paysage artistique plutôt désertique, le manque d’originalité et de profondeur est compensé par l’engagement du groupe. Ils y croient à fond, les bougres, et cela leur donne selon moi une sorte de légitimité. Ils se font plaisir et c’est assez communicatif.


Une fois n’est pas coutume, ma chronique s’attardera sur l’aspect vocal de la bête, qui est sans nul doute l’aspect qui mérite le plus de s’y attarder. Jill Janus, la sorcière qui occupe la place de chanteuse, de crieuse devrais-je dire, ne fais pas les choses à moitié. Elle soulève son hystérie largement au dessus des guitares de ses acolytes avec une indéniable puissance. L’album, vocalement, est tout en hargne et en tension, comme le long cri d’une hydre à dix têtes crachant chacune à sa manière sa matière venimeuse et acide. Se superposent souvent dans la voix des vibrations gutturales qui lui donnent un relief remarquable. Soyons clairs, ses harangues multiplient à outrance les effets. Ça frise la caricature mais tout cela est si étrangement bien maitrisé que l’on se prête volontiers au jeu. La tessiture du monstre vocal est impressionnante. Si elle devient presque fausse et un peu aigre dans les aigus les graves sont, eux, particulièrement épais et délectables. L’on regrettera un peu qu’aucun vrai contraste, qu’aucune touche de calme ne vienne mettre en valeur l’intensité du chant. Huntress mise sur la rage pure et dure, qui donne envie de s’arracher les poumons. Dommage, un contrepoint de douceur aurait été un… total… régal… vocal.

En ce qui concerne les paroles, elles accumulent les lieux communs de l’occulte, du paganisme et de la sorcellerie. Mais la plongée n’en est pas désagréable pour autant. Tout reste juste et c’est plutôt bien écrit, étrangement. L’esthétique est bonne, ce qui donne un beau décor, peut-être en carton certes, mais bien peint dans l’esprit « grand spectacle de foire » du groupe. Magie, numérologie, feu et sang, ange de la mort, sombres cavaliers, sorcière des glaces, créatures cornues… pour ma part j’aime beaucoup, je préfère ça à du blabla moderne même si ça reste carrément superficiel.

L’illusion toutefois ne passe pas le cap des clips vidéos trop ambitieux qui font penser à du cinéma fantastique de série Z. L’artwork du CD fait un peu dans le n’importe quoi aussi. Le plus gros défaut de Huntress, est au niveau de ses prétentions et du style qu’il se donne, surtout dans le visuel, primaire, à l’américaine, grandiloquent à en être ridicule. Mais après tout, une fois le disque hors de sa pochette, et les harpies-décibels libérées de leur cage, on s’en fiche.

Sorcellerie? Pas vraiment donc. On ne peut parler de véritable envoutement ici, mais plutôt d’un bon spectacle d’illusion, très typé, qui fait plaisir, prenant les tripes mais pas la tête.

"Spell Eater" m’a fait hésiter, mais je lève le pouce finalement, grâce à sa texture sonore qui passe bien, l’énergie franche qu’il dégage et à une Jill Janus au style douteux mais vraiment surdouée dans son registre. Si le rachitisme artistique et son manque de profondeur ne lui feront pas toucher la part mystique de votre être, l’album vaut franchement le détour parce que, volume à fond, il est un sacré défouloir pour peu qu’on aime ce genre de chants féminins criards.

« Let the witches in !!!!! »


Juillet 2012,
Rédigée par Gabriel Leroy.



Huntress





1 commentaire:

  1. Je suis assez d'accord avec le fond de ta chronique, et on ne peut exiger l'originalité à tout prix. Mais parfois on se rend compte que la limite est maigre entre mauvais goût et efficacité. Huntress a malgré tout réussi à éviter le premier.

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