Yawning Man / Fatso Jetson / Domadora
« In the desert you can remember your name… »
(par Dökkalfar)
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"Legends of the Desert" tour – Volume II
Moment : 15/02/15.
Lieu : Glaz'Art (Paris 19ème).
Moment : 15/02/15.
Lieu : Glaz'Art (Paris 19ème).
Cela
faisait plus de deux mois que j’avais déserté (le jeu de mots était trop
tentant) le Glazart. La faute à certaines obligations professionnelles qui
m’empêchaient quasiment tout concert, et les rares dates avant la
« trêve » de Noël ont eu lieu dans d’autres salles. Mais ce mois de février
permet enfin de redevenir fidèle à Stoned
Gatherings, orga’ qui a cette capacité à vous faire remarquer que, si vous
pensez relativement vous y connaître en stoner, vous possédez encore toujours
de sacrées lacunes. Une nouvelle preuve ce soir avec la mise en avant d’un
grand espoir du stoner français, Domadora,
et une double tête d'affiche menée par Monsieur Mario Lalli, tête pensante de Fatso Jetson comme de Yawning Man.
Décidément,
le public parisien me surprendra toujours : alors même si le fait qu’on
soit en plein week-end de vacances est un facteur d’affluence, je reste
néanmoins étonné de voir une salle du Glazart très pleine pour des groupes loin
de la notoriété d’un YOB ou d’un John Garcia. Mais vue la rapidité avec
laquelle les pass’ mensuels se sont vendus c’est assez logique au final, et
suis vraiment ravi de voir que la scène stoner se porte très bien. Voilà pour
la petite parenthèse : place aux trois Franciliens de Domadora.
Le
combo originaire d’Ile-de-France a beau n’avoir que 3 ou 4 années d’existence,
il en a déjà sacrément sous le capot. Leur 1er album "Tibetan Monk" a déjà été fortement
salué par la critique internationale, c’est dire.
Pour
être franc, j’ai découvert l’existence du groupe il y a seulement peu de temps,
mais les quelques vidéos disponibles sur Youtube m’avaient déjà plutôt
emballé ; j’étais donc très curieux de voir et d’entendre tout ça en live.
Et force est de constater que j’ai été vraiment impressionné par leur maturité.
Ils connaissent leurs classiques c’est certain, après tout le desert rock (et
ses dérivés) n’est pas le genre où sortir des sentiers battus (normal pour du
desert) est aisé. Et pourtant, là où bon nombre de groupes finissent par être
profondément monotones et par tourner en rond (normal encore pour du desert), Domadora est capable de varier et
d’accélérer son jeu de façon totalement imprévisible, ce qu’il fait qu’à aucun
moment ils ne nous perdent (et on les perd par la même occasion), avec quelques
rares vocaux lâchés çà-et-là pour contribuer à l’ambiance qu’ils sont parvenus
à créer. Du super boulot donc, et une excellente mise en bouche en attendant la
venue de Monsieur Mario Lalli.
Il y a
des albums que vous découvrez totalement par hasard, en parcourant Youtube par
exemple ; vous écoutez un morceau puis un autre, puis un autre, jusqu’à ce
que vous vous rendiez compte qu’en réalité vous avez tout écouté, et que vous
avez sacrément pris votre pied. C’est ce qui s’est passé lorsque j’ai découvert
tardivement, il y a 4 ou 5 ans, l’album "Flames for All", en même temps – si je me souviens bien –
qu’un album de Five Horse Johnson (si
je ne m’abuse), mais ce n’est pas ce dernier qui nous intéresse ce soir.
Ce soir
le groupe se présente en power trio et non en quatuor (Larry, cousin de Mario
étant indisponible pour cause d’heureux évènement), c’est son fils Dino qui se
chargera de la basse (et que l’on reverra plus tard avec Yawning Man pour quelques morceaux), Tony Tornay assurera
classiquement son rôle de batteur. Ce qui surprend d’emblée, c’est cette espèce
d’aura que possède quelqu’un comme Mario ; on pense à Chris Goss (Masters of Reality), et également à
toutes ces légendes du desert/stoner qu’on a déjà eu la chance de voir fouler
la scène du Glazart.
Me
voilà déjà ravi car c’est le tube instrumental Graffiti in Space, de "Flames
for All", qui ouvre le bal, annonçant une set-list groovy à souhait.
Mario, sans être virevoltant, s’agite beaucoup, multiplie les mimiques et c’est
un régal de pouvoir le voir et le shooter. Les titres suivants nous permettront
de voir à l’œuvre le maître au chant, et également d’entendre cette basse
ronflante sur le titre Phil the Hole.
Des morceaux efficaces relativement courts, à l’image des 2 minutes et quelques
de I’ve Got The Shame,
s’entremêleront avec des pièces plus longues et confirmeront la facilité avec
laquelle le groupe puise dans toutes ses influences, du punk au surf, en
passant par tous leurs dérivés. Bon,
j’ai tout de même un regret (deux en fait) : j’espérais le titre Died in California de l’album "Cruel & Delicious", et c’est
une nouvelle fois l’album "Toasted"
qui sera mis à l’honneur avec le culte Too
Many Skulls puis Rail Job. Mario
a une sacrée patate et son fils est véritablement incroyable de précision, tous
deux épaulés par un putain de batteur complètement fou. On en prend plein les
oreilles, et le groupe ira même jusqu’à grandement satisfaire l’amateur de
symétrie que je suis en concluant leur set par un autre titre de "Flames for All", The
Untimely Death of the Keyboard Player.
Et même
si on regrettera l’absence de Vince Meghrouni pour assurer les parties de saxo
et d’harmonica, on aura droit à un grand moment d’histoire du stoner/desert,
sans pour autant encore réaliser que la seconde salve se prépare, tout en se
demandant comment Mario & co vont être capables d’enchaîner un second set.
Set-list Fatso
Jetson :
1) Graffiti in
Space
2) New Age
Android
3) Phil the Hole
4) I’ve Got the
Shame
5) Vincent’s
Letter
6) Flesh Trap
Blues
7) Magma
8) Too Many
Skulls
9) Rail Job
10) Nervous
Eaters
11) The Untimely
Death of the Keyboard Player
Une
pause somme toute rapide pour Mario, qui cette fois troquera sa guitare contre
la basse, avant de retrouver ses camarades de Yawning Man que sont Gary Arce (guitare) et Bill Stinson (batterie), et également son fiston
pour les premiers morceaux et la conclusion du set.
Venir
écouter Yawning Man c’est un peu
comme aller voir le préquel d’une saga : vous connaissez des éléments
anciens du desert rock, vaguement ses origines, l’époque actuelle, voire un peu
son futur, mais vous ignorez le fameux « ce-par-quoi-tout-a-commencé ».
Alors on ne va pas remonter aux origines, pas ici pour donner un cours
d’histoire je n’en suis pas capable, donc je ne remonterai pas à Blue Cheer ou à Black Sabbath, groupes éminemment influents, pour me concentrer sur
le groupe qui nous intéresse ce soir, faisant partie, avec Master of Reality, de ceux qui ont véritablement développé et
propagé ce son si particulier que nous aimons tant.
Le
cours d’histoire, ce sont les quatre Américains qui vont (continuer à) s’en
charger, et de la plus belle des manières, alors qu’ils doivent faire partie de
ces rares groupes à attendre 20 ans d’existence avant de sortir leur premier
album. C’est pour ça que la plupart d’entre nous ont dû écouter Fatso (plus productif et facile à
trouver) bien avant d’entendre du Yawning
Man. Certains groupes, très frontaux, se contenterait de nous balancer une
avalanche de riffs rapides afin de montrer ce qu’ils savent faire. Le truc des
Californiens c’est plutôt cette brise qui vous caresse les cheveux et vous berce,
avec de temps en temps une vitesse qui augmente, mais sans jamais vous heurter
ni vous brusquer. Vous savourez les 13 titres idéalement un verre à la main –
de la simple pinte jusqu’au cocktail si vous êtes plus ambitieux –
contemplatifs si vous adhérez au truc, avec quelques bâillements (Yawning Man, normal) non pas de
déplaisir mais par le côté hypnotique du son des Américains. Vous serez
réveillé à un moment en raison de problèmes techniques au niveau du pédalier de
Gary, puis vous retomberez à nouveau. J’avoue, j’aurais surement préféré
assister à cette prestation dans un canapé confortable, ou tranquillement sur
un transat en extérieur ; mais ce serait chipoter, les conditions étaient
des plus agréables, avec un public détendu, connaisseur et visiblement sous le
charme…
Set-list Yawning
Man :
1) Daisy Cutter
2) Draculito
3) Dark Meet
4) Dizzy With Da
Beach
5) Underwater Noise
6) Far-off
Adventure
7) Ground Swell
8) The Wind
Cries Linn
9) Perpetual
Oyster
10) Memorial
Patters
11) Rock Form
12) Sand Whip
13) Catamaran
En
résumé de cette soirée, un (français) futur grand du stoner, on l’espère, et ce
malgré des diffusions assez confidentielles. Egalement la confirmation d’un
groupe que j’adorai en album et qui déploie toute sa magie sur scène, et enfin
la chance d’avoir vu un groupe majeur que j’aurai dû connaitre depuis
longtemps. C’est au final tout ce que j’attends quand je me rends à un
concert : découvrir de jeunes talents, voir des groupes que je connais et
aime, et aussi voir des artistes majeurs et qui ont influencé leurs pairs. Une
nouvelle fois ce soir, l’équipe de Stoned
Gatherings et du Glazart m’a
comblé, mission plus que réussie. Merci à vous toutes et tous, et pensée
spéciale pour Christina Bishop,
manager de Fatso Jetson & Yawning Man, pour sa gentillesse.
Février
2015,
Rédigé
par Dökkalfar.
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