REDEMPTION FESTIVAL 2014 (part 1)
(Primordial / Dead Congregation / Drowned / Malthusian)
An army from the grave !
(par Vlad Tepes)
|
Concert de présentation de "Where Greater Men Have Fallen".
Moment : 28/11/14.
Lieu : The Academy (Dublin, Irlande).
Moment : 28/11/14.
Lieu : The Academy (Dublin, Irlande).
Seulement
quelques jours après la sortie du nouvel et huitième album de Primordial – "Where Greater Men Have Fallen" – il m’apparaissait évident
d’assister à son concert de présentation dans leur ville natale, Dublin. Comme
vous le savez déjà, moi-même et Psychopathia Melomania avons eu l’immense
privilège de collaborer massivement à l’édition limitée de cet album, en
apportant trois vidéos à son DVD bonus. Dans tel contexte, vous comprendrez aisément
à quel point cette première venue en terre irlandaise demeurait symbolique pour
votre serviteur…
Accompagné
de ma Fée de Sang et de Bloodhound, il ne fut pas difficile de trouver
l’Academy, qui s’apprêtait à accueillir de nombreux et talentueux groupes,
comme nous allons vous l’exposer ici…
Groupes :
Malthusian | Drowned | Dead Congregation |
Primordial |
Le tout
premier groupe à investir le festival furent les Dublinois de Malthusian. Je restais très attentif à
ce nom car un certain Alan Averill me les avait déjà évoqué dans quelque
funeste échange, et je ne pouvais penser un seul instant qu’il s’agissait d’un simple
hasard. Dès les premières notes, je compris pourquoi cette entité m’avait alors
été recommandée par l’artiste…
Malthusian m’a
immédiatement possédé (au sens propre comme au sens figuré…) grâce à un son
massif et sombrissime à souhait. En effet, la prestation aura été marquée par 4
seuls morceaux, 4 hymnes telluriques à l’impact terrassant. Vous aurez ainsi
compris qu’une doomesque perspective transparut de leur musique, mais il serait
très réducteur de ne retenir que cette stricte dimension. En effet, des aspects
black et death semblent évidents dans cette musique à triple polarité.
Toutefois, ces trois dimensions se trouvent tellement intriquées qu’elles
semblent fondues les unes dans les autres, offrant 4 blocs d’une incroyable
cohérence. L’aspect indestructible m’a frappé, mettant en valeur une atmosphère
cérémoniale captivante, finalement assez rare dans le métal sombre (les
connaisseurs se souviendront sûrement d’Akercocke,
malgré tout…).
Malthusian aura
su offrir une musique d’une incroyable maturité alors que le groupe n’avait
alors sorti qu’une seule démo, "MMXIII",
dont voici un extrait avec The Mother’s
Blade :
Et nous
aurons eu l’immense privilège d’entendre en avant-première de leur EP "Below the Hengiform" deux nouveaux
titres, à savoir Forms Become Vapor
ainsi que The Gasless Billows que
voici :
Au
final ce set m’aura franchement impressionné, m’offrant ni plus ni moins un de
mes tous meilleurs concerts de 2014, constituant ainsi LA découverte de cette
année. Croyez-en votre serviteur, Malthusian
est un groupe promis à un prolifique avenir, risquant de révolutionner le métal
sombre et extrême dans les années à venir…
Il
demeure très difficile de passer après Malthusian et ce sera aux Allemands de Drowned d’en subir les frais. Ces
derniers ont remplacé Necros Christos
prévus initialement. Toutefois, les deux groupes ont de fait un membre en
commun en la qualité de Tlmnn, ce qui nous aura permis de ne pas être totalement
"dépaysés". En tous les cas c’est ce que je pensais au départ…
En
effet, alors que Necros Christos
demeure une machine irrésistible sur scène, j’avoue ne pas pouvoir en dire
autant de Drowned, pratiquant pourtant
un death/doom de qualité. Malgré cela je n’ai pas été transporté lors de leur
prestation, trouvant leurs compositions trop prévisibles et manquant quelque
peu de folie. Pourtant nous avons ici à faire à un death métal teinté de doom,
comme c’est le cas de Cast into Negative
Form (issu de leur premier opus "Idola
Specus") :
… sans
oublier des titres bien plus death old-school, comme ce fut le cas avec Abyssic Dead, They Sing for Me :
Pourtant
l’audience présente semble avoir été conquise par leur prestation, à côté de
laquelle je suis complètement passé. Je persiste à penser que l’après-coup de
Malthusian y est fortement pour quelque chose. Toutefois, je ne ferme pas la
porte à revoir Drowned dans des
conditions plus neutres et avec bien moins d’attentes de ma part.
Le
groupe suivant semblait très attendu par l’audience de cette soirée : Dead Congregation. Leur nom tourne de
plus en plus dans les esprits extrêmes et tend aujourd’hui à sortir de
l’underground, me laissant donc assez curieux d’entendre le résultat…
Dead Congregation ne fit
pas dans la dentelle et présenta un death métal assez brutal, avec des accents
rappelant parfois Morbid Angel.
Contrairement aux groupes précédents, ici point d’élément doomesque et la
machine se lança à toute vitesse, sans aucune pitié. Après la surprise des
premiers morceaux, je finis peu à peu par décrocher du set, me donnant un
sentiment d’étrangeté. En effet, il manquait ce petit quelque chose qui
m’aurait permis de me plonger comme il se doit dans ce concert. Mais le tout
m’est apparu trop clinique, ce qui m’aura été éclairé bien plus tard. Car ce
soir-là Dead Congregation aura eu
quelques difficultés avec leur compagnie aérienne qui les aura empêchés de
transporter leur matériel scénique. Ainsi, la prestation de Dublin aura été
réalisée avec des instruments qui ne sont pas les leurs, ce qui est particulièrement
handicapant pour un groupe d’envergure professionnelle. Je pense donc que c’est
pour cela que le set aura manqué de suffisamment d’organicité, si-je puis dire.
Ainsi –
et tout comme pour Drowned –
j’attends maintenant d’avoir l’opportunité de les revoir dans d’autres
conditions pour me faire une idée plus profonde de la musique de Dead Congregation.
L’horloge
effectua son œuvre et bientôt il fut l’heure d’accueillir les légendaires Primordial, me laissant tiraillé entre
deux sentiments distincts. D’une part je demeurais inquiet quant au rendu de ce
soir, ce qui était motivé par les précédentes prestations plutôt mornes de
Drowned et Dead Congregation, et souhaitait de tout cœur que Primordial exprime toute autre chose.
D’autre part – et il s’agit bien là du sentiment largement majoritaire – je
demeurais extatique à l’idée de voir le groupe dans sa ville de Dublin, avec le
privilège d’assister à un concert de présentation du nouvel album du groupe intitulé
"Where Greater Men Have Fallen"
(entre autres pour la raison mentionnée dans notre propos introductif !).
La
prestation démarra dans l’électricité ambiante, alors que résonna rapidement le
titre éponyme du dernier opus ! Après une longue introduction où la
batterie martela l’hymne en devenir, l’euphorie gagnait mon âme et ma gorge. Toutefois,
le son – et malgré une volonté manifeste de ma part de tout donner – je ne fus
pas immédiatement immergé dans le titre du fait de la qualité du son. En effet,
il aura fallu de longues minutes avant que celui-ci ne soit ajusté comme il se
doit. Ainsi, Where Greater Men Have
Fallen fut quelque peu entaché par ce paramètre, du fait d’un son assez
"cartonné" et aussi quelque peu étouffé. Toutefois, la détermination
du sieur Alan et de ses sbires fut présente de la manière que nous connaissons,
à savoir avec fougue !
Puis le
second titre de ce soir nous plongea dans un climat de tragédie avec le superbe
Gods to the Godless, où le son
commença déjà à s’affiner. Avec des guitares magnifiques, les notes
s’éparpillèrent dans l’air pour nous donner une furieuse envie de verser
quelques larmes immortelles, sans omettre une rage en-deçà… avant que le climat
s’assombrisse par le biais de Babel’s
Tower. Constituant la toute première vidéo officielle du groupe, Primordial livra ici une interprétation
assez fidèle à la version studio et Alan aura pu donner de la voix comme il se
doit !
Dédicacé
à l’ensemble des groupes de première partie, le morceau suivant s’annonça comme
ravageur dès son introduction : je veux bien entendu parler de No Grave Deep Enough !
Comme à
chaque interprétation sur planches, le public exulta et donna tout ce qu’il
peut, entrainé par la fougue des Irlandais. Avec un son imparfait, Primordial aura su malgré tout
m’emporter dans ce tourbillon mortifère de décibels et d’affects. Mais le
meilleur restait encore à venir…
En
effet, le titre suivant fut un nouvel extrait de "Where Greater Men Have Fallen", le tragique Come the Flood. Alan précisa qu’il
s’agissait d’une pensée pour tous les Irlandais tombés lors de la Grande Guerre,
ainsi que pour son arrière-grand-père les pieds dans « le sang, la merde, l’urine et la poussière ». Autant
vous dire que le cœur se serra dès les premières notes… Superbe comme je
pouvais m’y attendre, la voix se déploya avec beauté tout au long du morceau,
même si j’eus une petite pointe de déception concernant le final, là où cette
dernière se doit d’exploser. Et là elle fut trop contenue à mon sens, ce qui me
laissa quelque peu frustré. Malgré tout, j’en retiens un souvenir des plus émus
et Come the Flood reste définitivement
selon moi la plus belle pièce du dernier opus de Primordial.
Le
temps vint d’aller exhumer quelques vieilles symphonies, avec ici un retour sur
le second album en la qualité d’Autumn’s
Ablaze. Alan lança d’ailleurs un trait d’humour certain, disant peu se
souvenir si ce dernier s’adressait (à l’époque) à une femme. Comme quoi il est
tout à fait possible de pratiquer du métal païen des plus sérieux et avoir par
ailleurs de l’humour ! Mais revenons-en à la musique…
Ayant
une affection toute particulière pour cet album, je me réjouissais de cette
interprétation, donnant le sentiment qu’une nuée de feuilles automnales me
tombaient dessus. L’aspect romantique ne fut pas laissé de côté et s’inséra
parfaitement dans l’ensemble. En effet, cette dimension n’est pas particulièrement
répandue au sein de la riche discographie de Primordial, et peut-être que celle-ci offre à "A Journey’s End" son essence
unique.
"Where Greater Men Have Fallen" ne
fut jamais très loin et un nouvel extrait fut présenté : Ghosts of the Charnel House. A mon sens
assez secondaire, cette interprétation scénique me conforta alors dans mon
ressenti. Mais le changement de climat ainsi que d’époque ne tarda pas à s’amorcer,
avec le tout premier titre pour ce soir extrait du très acclamé "To the Nameless Dead" : Heathen Tribes. Je dois avouer que je
fus surpris par la fougue du public, pourtant plutôt calme jusqu’alors. Mais il
semble qu’il suffit d’avoir recours à cet opus pour mettre le feu aux
poudres ! Le caractère d’hymne de Heathen
Tribes ne laissa évidemment personne indifférent, et moi y compris. Comment
ne pas se laisser porter par cette épopée mise en musique ? A entendre les
personnes autour de moi chanter la plupart des paroles, cela sembla
impossible !
En
hommage à William Blake, l’atmosphère devint bien plus obscure par le biais de The Alchemist’s Head, surprenante pièce
issue du nouvel opus.
Le
début du morceau fut malheureusement entaché par un petit gros problème de
micro qui rendit l’âme alors qu’Alan s’égosilla littéralement dans une sphère
clairement black métallique. Mais cela ne gâcha pas le rendu global,
franchement bon. Car il faut dire que The
Alchemist’s Head révèle une écriture surprenante, car cela faisait bien
longtemps que Primordial n’avait
désiré s’aventurer en terrain si noir. Telle une messe hérétique…
Après
la colère vint la mélancolie… avec Bloodied
yet Unbowed. J’aime beaucoup ce morceau tout comme l’album dont il est
issu, et une fois encore je ne fus pas déçu. La montée en puissance fut menée
de main de maitre par nos Irlandais, maniant les contrastes comme nul autre. Emotionnellement
puissant, Primordial emmena tout le
monde dans son monde, cela est certain.
Poursuivant
dans l’émotion pure, je m’apprêtais à recevoir le titre suivant comme le
« messie » (les guillemets sont gigantesques me concernant, bien
entendu !) : The Coffin Ships.
Ceux qui me connaissent penseront que je capte quasi systématiquement ce
morceau en live, et ils auront parfaitement raison ; car je tiens toujours
à capturer son essence à la fois puissante et subtile. De plus, la captation réalisée
en février 2014 pour ce titre lors du Cernunnos Pagan Festival parisien – qui
fut immortalisée sur le dernier DVD de nos Irlandais, rappelons-le – rendait le
présent acte filmique encore plus symbolique à mes yeux…
Constituant
assurément un des plus beaux morceaux de cette set-list, je fus malgré tout sensiblement
déçu. En effet, il me sembla qu’Alan se trouva quelque peu sur la retenue,
comme s’il avait placé sur ses épaules une pression trop lourde à gérer. En
effet, interpréter The Coffin Ships
en terre irlandaise est également un acte à très haute portée symbolique.
Objectivement pourtant superbe, je constatai et sais par ailleurs pertinemment
que telle interprétation peut être bien supérieure (et je ne peux que vous
renvoyer au DVD bonus de "Where
Greater Men Have Fallen" mentionné plus haut…). Frustration
(exigence ?) quand tu me tiens…
Après
morceau si intense malgré tout, une certaine légèreté sous forme atmosphérique
apparut en la qualité de Wield Lightning
to Split the Sun, présenté par Alan comme un hymne aux éléments naturels
ainsi qu’à notre part animale. Clôture du nouvel opus, ce sera également le
dernier titre issu de celui-ci à être présenté ce soir. Assez conforme à
l’interprétation studio, j’y ai ressenti une sorte d’ouverture lumineuse, ce
qui d’ailleurs contrasta très nettement avec la vidéo officielle réalisée
quelques mois après cette prestation dublinoise ! Bien entendu, l’hommage
au sieur Quorthon demeure plutôt évident et je ne boudai pas mon plaisir…
Comme
je vous l’avais mentionné, interpréter "To the Nameless Dead" sembla particulièrement
significatif pour le public irlandais (et il n’est point le seul…), et le titre
suivant allait être comme un test de ce sentiment : As Rome burns ! Et bien le test fut validé si-je puis dire,
notamment à en entendre la salle reprendre en chœur : « Sing, sing, sing to the slaves, sing to the slaves that Rome
burns ». Rien à dire de plus, si ce n’est que le feu s’est répandu en
nos âmes une nouvelle fois…
La fin
du set approchant, nous étions les deux pieds dans l’interprétation des grands
classiques de Primordial, qui se
poursuivit donc avec Sons of the Morrigan.
Très efficace, je ne demeure pas un amateur transi de ce titre-ci. Quant à lui,
le public n’aura pas fait redescendre la pression !
Puis vint
l’ultime titre pour ce soir, ce qui donna l’occasion pour un faux départ de la
part du groupe ; Alan et sa bande ne partirent que quelques secondes avant
de revenir en ironisant sur le fait de ne pas percevoir l’intérêt de faire
croire à un rappel non prévu ! En toute logique, Empire Falls clôtura avec rage cette longue prestation… Ai-je
besoin de vous dépeindre le feu qui se répandit au sein de l’Academy ? Je
ne le pense pas car la ferveur – aussi bien sur scène que dans la fosse – fut
des plus manifestes, offerte à une musique presque post-incarnée de ceux qui
l’ont crée le temps d’un instant. Autrement dit, nous avons assisté à un final
en apothéose, à l’image d’un groupe gigantesque…
Vous
l’aurez compris, ce concert fut des plus denses, offrant la part belle au
dernier album de Primordial. Malgré
une set-list équilibrée, le son ne fut pas toujours à la hauteur malgré une
prestation excellente. Toutefois, je ne cache une légère déception face à un
concert que j’attendais peut-être trop. En effet, j’ai déjà vu Alan encore plus
investi dans sa mission de front-man que ce soir-là, comme si une certaine
pression pesait ses épaules. Il n’est peut-être pas aisé de se produire à
domicile, et j’avoue avoir trouvé la prestation au Cernunnos Pagan Fest plus
intense, malgré un temps de jeu plus court à Paris. Je ne dénigre pas non plus
ce concert dublinois, car il serait de très mauvaise foi de ne pas considérer
cette nuit-là comme étant de très haute volée musicalement parlant. Mais je
sais par ailleurs Primordial capable
de donner encore plus que ce 28 novembre 2014…
Set-list Primordial :
1) Where Greater
Men Have Fallen
2) Gods to the
Godless
3) Babel’s Tower
4) No Grave Deep
Enough
5) Come the
Flood
6) Autumn’s
Ablaze
7) Ghosts of the
Charnel House
8) Heathen
Tribes
9) The
Alchemist’s Head
10) Bloodied yet
Unbowed
11) The Coffin
Ships
12) Wield
Lightning to Split the Sun
13) As Rome burns
14) Sons of the
Morrigan
15) Empire Falls
Vous
aurez bien compris que cette première nuit du Redemption Festival 2014 aura réservé aussi bien de marquantes
prestations – à savoir Primordial
(malgré mais quelques maigres frustrations…) et Malthusian – aussi bien que des découvertes appelant à des temps
plus propices (Drowned, Dead Congregation).
Je ne
saurais donc que trop conseiller aux sombres mélomanes de se rendre à Dublin
pour la prochaine édition du festival, qui vous offrira de grands moments
scéniques à coup sûr !
Janvier-octobre 2015,
Rédigé par Vlad Tepes.
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