(Par Vivine Lilith)
Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
19 septembre 2015 | LP | Les Acteurs de l’Ombre Productions |
Ambient black metal & post hardcore |
France |
Line-up de l'album :
Frédéric Franczak : Basse. Benjamin Marchal : Batterie. François-Thibault Hordé : Guitare. Richard de Mello : Guitare. Maxime Febvet : Chant. |
Membre additionnel :
Neige : Chant (sur Mélas|Khōlé). |
«... Le naufrage de ton âme, est
venu
Lorsque tu as caressé les boulets
Qui transperçaient la coque de ton navire. »
C’est toujours dans un état de mal-être
et sous cette forte tempête, qui dure depuis plusieurs jours, que je me plonge
à nouveau dans le son impressionnant de cet énigmatique et puissant "Æther", que nous offre
l’incontournable et prometteur groupe Déluge.
Observant d’abord la pochette très originale de cet opus qu’il me tarde
d’écouter une seconde fois, je la trouve mystérieuse et spirituelle.
Représentant idéalement le groupe, les traits sont presque apocalyptiques
évidemment. D’ailleurs, vous remarquerez au centre les deux premières lettres
du nom de leur premier album "Æther".
J’adore l’ensemble, simplement.
Mais que signifie ce nom "Æther" me demanderez-vous ?
C’est tout simplement un dieu primordial de la mythologie grecque, qui veut
dire brûler. Nous voilà mis au courant d’une partie de la thématique générale. De
plus, les neuf titres parlent d’eux-mêmes. Les éléments naturels de l’eau
colérique et du vent violent seront apaisés par des silences pesants. Mais ne
vous inquiétez pas, même si cet opus secouera tout votre être et transpercera
votre âme, il y aura peu de chance que vous deveniez bleus d’hypoxie. Quoique...
Et Déluge se définit
ainsi sur bandcamp : « At the
gates of hell or heaven depending on the listener’s philosophy ». Pour moi, cette phrase résume à elle
seule l’entité de ce groupe exceptionnel, ainsi que l’atmosphère unique
d’"Æther". Et ils le disent si bien : « Incredibly modern, visceral and atmospheric
result ». Pour couronner le tout, précisons que leur excellent travail
a été enregistré par Monsieur Chris Edrisch, mixé et masterisé par le grand
Monsieur Joey Sturgis, producteur de la scène metalcore américaine, et la
participation surprenante et excellente de Monsieur Neige du groupe Alcest, entre autres !
Avalanche. Dès la première seconde, je me suis
sentie ébranlée par leurs blasts ! Voici que le remous rythmé et vif
m’emporte. Soudain, il y a ce moment où l’accalmie s’invite vers les deux
premières minutes. Mais ceci n’est qu’un leurre sombre pour reprendre mon
souffle. Leur jeu musical est si intense et soutenu que j’en suis
surprise ! Peut-être ne vais-je pas tenir bon, mais il faut tenter
l’écoute musicale, contre vents et marées... D’emblée, le chant est crié et
perceptible, pas assez inaudible pour moi. Alors, il faut lire les paroles. Et
quelles paroles, nom de Zeus !!! Juste sublimement poétiques et bien
franches...
Appât. Toujours dans ce gouffre harmonieux,
l’écoute devient addictive, voire hypnotique. Les sons rapides et claquants s’offrent
à moi, tels des bourrasques qui me fouettent la peau et semblent destructifs.
Le chant post hardcore hurlé et presque maladif se reconnaît tellement bien,
malgré le fait qu’il semble si loin et presque étouffé. Puis cette rémission
qui apaise doucement sur la fin, comme le calme après une tempête. Je me suis
sentie écrasée, comme un poids inévitable sur les épaules...
Mélas|Khōlé. Ce titre est le plus court de l’album.
Il est plus doux avec ce début de batterie, plus lent et les riffs paraissent
doux. Mais là encore, c’est un leurre ! Rapidement, le chant de
Monsieur Neige s’invite pour transpercer mes ouïes et rendre sanglant mon cœur !
Ces mots francs encore hurlés résonnent fort, avant la douceur finale, telle
une plongée abyssale... « Bafouées les
valeurs, perdue l’humanité. Ils sont beaux ces espoirs, émouvants de clarté.
Adorer s’en nourrir pour finalement les chier ».
Naufrage. Ma préférée... Mélodieux riffs et
envoûtante batterie qui s’annoncent... Le début est enivrant. Le tempo est
donné et il est à nouveau bien rythmé. Sa voix est encore une fois douloureuse
et pénétrante. Une embellie fait place vers la moitié du morceau pour nous
emporter au plus profond du gouffre, très lentement, presque de façon
minimaliste musicalement. Parfait.
Houle. L’une de mes préférées... Des cris dès le départ et toujours ces
blasts écrasants et très rapides. J’adore ce texte encore une fois, oui !!
Leurs pensées collent parfaitement à leur musique si tranchante et si
douloureuse. Ecoutez... « Du gâchis, tant
pis, plus d’état d’âme, Plus froide sera la lame. Abreuve-toi, à plus forte
raison, De ce déluge d’illusion ». A la moitié du morceau, le rythme semble
s’arrêter mais repart avec un cri hurlant et désespérant. A me donner la chair
de poule, voire la nausée car la batterie insistante et répétitive me crève la peau. Cette houle est incessante
et chavire les âmes, c’est sûr... Et l’orage résonne pour finir, comme le glas
de ces marins intrépides...
Klarträumer. Clairement ma préférée... Les notes
sombres et lourdes de cet instrumental m’interpellent d’emblée ! Prêtez
l’oreille aux sons du piano et des guitares très pesantes, pendant ces moments
d’accalmie. Vous sentirez la bruine et le vent frais vous caresser, oyant
alentours des notes d’orage et de pluie fine, ci-et-là. C’est glauque,
parfaitement noir et angoissant. J’adore ! Ce rythme morbide et très bien mené,
nous happe de façon surprenante. Nous entraînant dans un maelström incessant
aux sons insatiables ! Soudainement, des notes très claires et harmonieuses au
piano, puis presque douces mais tellement noires, pour ce final, rendu si
poétique et triste. On se sent mourir... Avez-vous entendu comme moi, que ces
notes claires nous attiraient irrésistiblement vers les fonds marins ?
Telles des harpies ou des nures-onnas... Dévastées par ces bourrasques
violentes, tels des démons, elles nous ont entraînés parmi les flots. Pour moi,
cette mélopée délectable est un tableau sombre et massif, qui s’accorde
parfaitement à ma noirceur intérieure. Cet instrumental est hypnotique,
envoûtant et inquiétant. Le seul vent qui pouvait les chasser était le souffle
de l’esprit, le spiritus...
Vide. Dans la continuité parfaite de la
précédente : elle commence doucement et délicatement. Rythmée par la
batterie à nouveau lourde, et les riffs enivrants pendant plus de deux minutes.
On distingue le vent léger, les vagues se laissant mourir sur le sable.
Entendez-vous pauvres fous ? Les paroles sont accablantes et misérables,
toutes comme ces âmes en éternelle perdition. C’est encore parfaitement sombre
et écrasant. Je pense enfin avoir trouvé LE groupe qui me correspond, entre
sonorités noires et textes français poignants. « Je me sens vivant dans ce lieu inerte, Tandis que je dépéris là
où le monde crépite. J’épouserai ce vide. J’épouserai ce froid ». J’adhère
totalement !
Hypoxie. De la douceur glauque... Et bim !
Leurs fameux blasts et riffs endiablés qui me perturbent et me saisissent de
plein fouet ! Comme si bien écrit, c’est un « tumulte éphémère », « tiré vers le fond par un cœur
trop lourd ». Tout est dit, ces mots résument la magnificence de ce
piano si troublant et si triste... Encore le cœur au bord des lèvres... j’embrasse
la noirceur idéale et l’accablante lourdeur, jouée par cette jolie mélodie
mélancolique qui séduit mon cœur de marbre... Soudain, ce chant hurlé réveille
même la plus funeste des âmes, dont la sinistre douleur jouée à la guitare,
envoûte mon esprit maussade !
Bruine. On termine ce merveilleux opus brillamment
et de manière créative, même si ce n’est pas un concept-album à la base, pour
moi c’est inéluctable ! On pourrait croire à ce simple mot que ce dernier
titre serait doux et lent. Il n’en est rien même si la rémission est toujours
présente ! C’est en beauté que ce groupe de génie termine son excursion
chaotique. Le navire a accosté dans un sale état, il a été battu par les flots
salés, il a failli sombrer dans les vents violents et les vagues submersibles.
Et pourtant, il sillonne encore ça-et-là, mais jusqu’à quand ? Ces chants
hurlants, essayant de sortir de cette houle musicale fracassante est terrible. Ces
blasts sont étourdissants et écrasants. Ça gronde, ça tonne au loin, c’est une
déferlante de sonorités accablantes qui vous inonde pour finir cette virée
orageuse et ô combien dantesque !
Laissez-vous guider par ce voyage célestiel
et maritime que l’on nomme "Æther",
car il semblerait que les éléments de
l’air et de l’eau se déchaînent à n’en plus finir ! Vous serez entraînés
dans ce tourbillon magistral à tout va, mais peut-être vous faudra-t-il tanguer
de tous bords, et que plusieurs écoutes de cet excellent album vous seront
nécessaires, pour reconnaître le talent de ces cinq grandioses
musiciens !!
On aime ou pas, car certains diront que
c’est trop monotone ou trop répétitif, ou que c’est du déjà-entendu. Il
suffirait pourtant, et surtout simplement, de se laisser naviguer sur des eaux
noires et tumultueuses... J’y vois là une épopée mystérieuse, une odyssée homérique, telle une fresque picturale musicale houleuse, dont on ne se lasse pas d’admirer
et de découvrir... Mais soyez vigilants lors de votre périple marin, car les
montagnes enneigées ne sont pas loin, et le vent glacial y souffle
majestueusement, pour se mêler aux tempêtes déchaînées de l’océan... En
ressortirez-vous vivant ?
Un sublissime Déluge à écouter en boucle et très fort, en lisant leurs paroles, écrites
entièrement dans la langue de Molière, sans cesse. C’est oppressant, pour les
longues nuits de solitude. C’est pour s’enivrer, se laisser voguer vers nulle
part, sentir la tempête, puis le calme, ne plus souffrir et ne plus revenir...
Liens officiels
Où se procurer l’objet ?
Les Acteurs de l'Ombre Productions (Site officiel / versions physiques)
Les Acteurs de l'Ombre Productions (Bandcamp / version digitale)
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