Tyrant Fest – Jour 1
(Otargos / Phazm / Dunkelnacht)
Circle of the Tyrant
(par Bloodhound)
|
Jadis
débordante d’énergie métallique, l’antique cité de Samarobriva (communément
appelée Amiens de nos jours) se repose depuis déjà quelque temps sur ses
lauriers : ses gloires passées ont complètement disparues des radars
(définitivement ou non), et peu de jeunes loups semblent avoir l’appétit de
reprendre le flambeau (ou alors ils bénéficient d’un chargé de com
particulièrement incompétent, ou les deux à la fois, allez savoir…). Peut-être
est-ce un hasard de calendrier, mais à peine quelques mois après la fusion des
régions Nord-Pas De Calais/Picardie (ne comptez pas sur moi pour user de ce nom
fadasse dont « on » a décidé à notre place), voilà qu’une association
de notre région jumelle (Nao Noïse
pour ne pas la nommer) nous propose un festival ma foi bienvenu et au demeurant
fort sympathique : 2 soirées de
bruit et de fureur réparties en 3 groupes chacune ; du métal, du vrai, du
brutal !
Est-ce
moi qui ai pris un coup de vieux, mais l’absence de bouilles familières (voire
de bouilles tout court d’ailleurs : on était moins nombreux qu’une réunion
du fan club de François Pays Bas) attendant l’ouverture des portes me donne un
léger malaise : beaucoup de jeunots devant se demander si je ne me suis
pas trompé d’endroit (et vérification faite, en effet, Marcel Amont ne jouait
pas ce soir) ; on a beau savoir que ça arrivera fatalement un jour, on
s’imagine que c’est pour bien plus tard et ça fait tout drôle quand ça vous
tombe finalement sur le coin de la gueule… Nonobstant, n’écoutant que l’âge de
mes artères, je fais fi de leurs quolibets silencieux (manquerait plus qu’ils
aient l’impudence de me narguer) et franchis le seuil de notre bonne vieille Lune
des Pirates, où je me fais décidément désormais bien rare…
C’est
donc dans une salle encore clairsemée que les gaillards de Dunkenacht grimpent sur scène… Comme son germanique patronyme ne
l’indique pas, Dunkelnacht est un
groupe lillois officiant depuis 2005. Français me direz-vous ? Mais alors pourquoi
ce grand gaillard blond aux allures de Viking nous cause en Anglais ? Il
se la pète ? Ben non en fait : ce brave garçon, qui fera pourtant
l’effort de glisser quelques maladroits frenchies
mots dans le texte, est en fait hollandais et a intégré la formation en 2014
pour le dernier album en date, « Revelatio »,
sorti la même année. Nous livrant un Black guerrier aux relents Thrash/Death,
le groupe peine à chauffer la salle qui se remplit peu à peu mais reste de
marbre et distante (probablement à cause de la disparition de Prince annoncée la veille). C’est
injuste les 1ères parties, non pas que leur musique soit des plus originales, bien
loin de là, mais c’est toujours un peu triste de voir un groupe s’esquinter
(nul ne peut nier qu’ils mettaient tout ce qu’ils avaient dans chaque riff,
frappe – sacré cogneur au passage – ou hurlement), se donner à fond devant un
public qui ne les connait pas et reconnaitrait sans rougir ne pas être là pour
eux… Mais c’est la dure loi du système, il faut faire avec, et beaucoup de
groupes aujourd’hui incontournables en ont passés par là… Fort heureusement,
ils réussissent à conquérir le cœur de quelques agités (Ah, Amiens : pays
des slammers fous…), que le vocaliste ne manquera pas de pointer du doigt et
remercier à diverses reprises… A ce sujet, je ne doute pas que ce brave garçon
soit le plus gentil du monde, mais nous balancer qu’après différentes dates
européennes nous sommes le meilleur public, faut pas nous prendre pour des
lapins de six semaines non plus (ou alors ils avaient fait la tournée des
morgues…) ! Un groupe efficace à défaut d’être inspiré, qui ne demande
qu’à grandir et avec lequel il faudra sûrement compter à l’avenir.
Set-list
Dunkelnacht :
1) le 1er morceau
2) le 2nd
3) celui qui suit
4) là logiquement ça doit être le 4ème
5) ah oui : y avait celui-là aussi…
6) au temps pour moi : ce morceau là se place avant !
7) Patron, la même chose !
8) là c’est le dernier pour ce soir
9) ah ben non finalement… y avait combien de titres pour finir ?
Viennent ensuite les Nancéens de Phazm. Dire que je les attends
impatiemment est un doux euphémisme tant leur retour était inespéré, et en plus
avec une perle rare comme "Scornful
of Icons", là c’est Noël avant l’heure, le petit Jésus en culotte de
velours (ça c’est juste pour faire
bisquer Pierrick, qui ne manquera pas durant le concert de tancer vertement les
monothéistes et leur fanatisme à la con)… Car, disons-le, cet album fera date
dans les sorties hexagonales de 2016. Arrachant d’outre-tombe son Death’n’Roll
si caractéristique, Phazm le fait
forniquer avec un Black luxuriant et hypnotique que n’aurait pas renié un certain
Comte Norvégien au sommet de Son art, le tout saupoudré d’une pincée de ces vocaux
« shamaniques » si caractéristiques – que n’auraient pas reniés
certains moines tibétains en frappant le gong traditionnel avec leurs parties
génitales (un petit clin d’œil à Brassens
ne fait jamais de mal) – donnant à l’ensemble une notion de sombre quête
spirituelle intérieure dont beaucoup pourraient ne pas revenir pour peu qu’ils
n’y prennent garde… De la belle ouvrage donc dirait un frère (et confrère), et
comme je le disais moi-même à Pierrick en fin de soirée : « Peu de groupes peuvent se targuer de faire
leur retour avec une pareille offrande ». En même temps, fallait bien
qu’ils se fassent pardonner de nous avoir laissés plantés là…
Un Phazm cuvée 2016 donc, avec un line-up
tout neuf (une fois encore Pierrick a su s’entourer de sacrés mercenaires (non,
y en avait pas 7) : Joss Dréau (guitares), Fabien W. Furter (basse) &
Pierre « Gorgor » Schaffner (batterie) seul rescapé du line-up "Cornerstone of the Macabre" de 2008.
Il nous livre une prestation riche et intense, faisant la part belle au nouvel
album (interprété en quasi-totalité), ainsi qu’à "Antebellum Death’n’Roll", le « classique » du groupe
fêtant (déjà !) ses 10 ans. Un décor résolument tribal et païen, tiré de
l’artwork du dernier album et que l’on doit à l’incontournable et talentueux
Metastazis (coucou l’ami ! entends-tu
toujours l’écho nostalgique d’une soirée amiénoise bien arrosée ?),
remplace les squelettes purulents d’antan : fini le 2nd degré
« comics », place à une obédience scandinave plus assumée que par le
passé, plus rageuse et destructrice aussi. « Y-a-t-il des guerriers dans la salle ? » lance Pierrick avant
une martiale et envoutante Conquerors
March, ne manquant pas – comme je le soulignais plus haut – de remercier
notre présence tout en louant l’absence de fanatiques bas du front, de l’espèce
de ceux qui endeuillèrent le pays il y a quelques mois. Le groupe nous revient
avec une volonté d’en découdre avec le monothéisme (quel qu’il soit d’ailleurs),
faisant appel autant à notre rage intérieure qu’à cette fibre ancestrale qui
subsiste en nous, vestige de nos fiers ancêtres combattants. Une prestation
tribale et guerrière qui laissera sur le cul un public sorti enfin de sa
léthargie (sans doute à cause de la disparition de Prince annoncée la veille). Y a pas à dire, cette reformation
relève du PHAntaZM ! A très bientôt j’espère les gars !
Set-list Phazm :
1) Ginnungagap
2) The Bright
Side of Death
3) Damnation
4) Howling for
You
5) Ubiquitous
Almighty
6) Never to
Return
7) Conquerors
March
8) The Godless
Pope
9) Scornful of
Icons
10) So White, So
Blue, So Cold
A peine
le temps de s’en remettre que déjà les joyeux drilles d’Otargos investissent la scène. On ne le soulignera jamais
assez : le métal ne paie pas son homme, et force est de constater que nos
Bordelais ont dû prendre un job à mi-temps dans une mine de charbon et qu’ils
n’ont même pas eu le temps de se décrasser avant de venir… (ah, on me murmure à l’oreillette qu’en fait
ça n’a rien à voir et qu’il s’agit là d’un corpse paint un tantinet plus étudié
et inspiré que tous ceux qui se bornent à plagier les pandas scandinaves…).
Otargos sur scène, ça envoie du bois
(non : ils ne sont pas bucherons non
plus…), tout en technique et violence maitrisée, un professionnalisme
incontesté acquis au fil des tournées. Et ce soir ne fera pas exception : il
n’y aura pas de quartiers et les survivants du show précédent vont s’en prendre
plein la gueule ! Une set-list essentiellement axée sur "Xeno Kaos" (2015) et sur ses deux
prédécesseurs (période à partir de laquelle le groupe a pris une orientation
que l’on qualifiera d’obédience «Death ») sur laquelle se glisse un
anachronique Kinetic Zero (extrait de
l’album éponyme de 2007, que l’on qualifiera quant à lui d’obédience résolument
« Black ») et ce avec une fluidité naturelle et déconcertante. Tout
ce beau répertoire s’enchaine à une vitesse supersonique, le public a la rage
(très certainement à cause de la disparition de Prince annoncée la veille) et remue autant qu’une mer démontée.
Mais déjà Cloning the Divine clôture cette
intense 1ère soirée. Et c’est donc fourbu mais rassasié et le
sourire aux lèvres que je me houblonne une dernière fois les neurones avant d’entamer
un tribute à Morphée, car demain soir
on remet ça, et ça s’annonce tout aussi jouissif !
Set-list Otargos :
1) Dominatrix -
Apex
2) Kinetic Zero
3) The Ruinous Powers
4) Origin
5) Fleshless -
Deathless
6) Infernal
Legions Strike A.E.
7) Human
Terminate
8) Xeno Kaos
9) Remnant from
a Long-Dead Star
10) Cloning the
Divine
« Now I lay
me down to sleep, Pray The Lord my soul to keep,
If I die before I wake, Pray The Lord my soul to
take… »
Mai 2016,
Rédigé par Bloodhound.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire