Kreator / Sepultura / Soilwork / Aborted
Raising the flag of hate
(par Inquisitor)
|
Moment : 25/02/17.
Lieu : Le Bikini (Ramonville-Saint-Agne, 31).
Un mois après la
superbe performance de Gojira et Nostromo, le Bikini va trembler à
nouveau pour une date extrêmement solide ne réunissant que des pointures de la
scène metal extrême. Quand c’est Aborted
qui ouvre le bal, on sait que la soirée s’annonce bien.
Une belle grosse tournée européenne de 22 dates en un mois (qui
s’étendait du 2 février au 4 mars 2017) dont seulement 3 dates en France, et
j’ai eu la chance d’assister à ce spectacle. Merci beaucoup à Garmonbozia pour l’accréditation, et merci également
au webzine.
Quatre groupes
célébrissimes pour cette belle affiche : les Belges d’Aborted, suivis par le combo suédois Soilwork pionnier du Death mélodique, avant d’enchaîner sur le
monstre brésilien Sepultura, et de
terminer la soirée par les maîtres du thrash Teuton Kreator. Que des formations affichant au moins vingt ans de bouteille,
voire même plus de trente pour les deux têtes d’affiche. Des hommes rompus à
l’art de la scène, mais pas fatigués le moins du monde comme vous allez le
découvrir.
C’est toujours un
plaisir pour moi de retrouver le quintet Aborted,
mené par le très charismatique Sven. Je ne sais plus combien de fois j’ai
assisté à un concert d’Aborted : ils
tournent tellement souvent qu’on les retrouve à tous les festivals, et ils
s’incrustent un peu partout. Non pas que cela me dérange, ceci dit.
Début du concert
à 17h30 : oui c’est très tôt. Mais cela n’a pas empêché le Bikini d’être plein à ras-bord de
metalleux joviaux. Le public s’est déplacé en masse : merci à lui de faire
vivre la scène metal. Une chance tout de même que le 25 février était un samedi
: je doute qu’Aborted eut autant de
public à 17h30 en semaine !
Le Death metal d’Aborted a résonné pendant trente
minutes dans le Bikini, une demi-heure qui a paru bien trop courte tant le show
assuré par la bande était excellent. Un groupe en pleine forme, dont la set-list
a tourné majoritairement avec “Retrogore”
qui est leur dernier album en date. Les compos sont extrêmement efficaces,
mêlant influences DM old school avec des touches hardcore et un son moderne à
la fois lourd et précis. Le succès est immédiat : le premier titre à peine
terminé que la salle est déjà en effervescence. Il n’aura pas fallu quinze
minutes avant que Sven réclame un circle pit, qu’il a obtenu sans la moindre
difficulté.
“Retrogore” à l’honneur donc, mais on a
aussi pu profiter de morceaux extraits de “The
Archaic abattoir” et du très solide “Goremaggedon”.
Portés par un son absolument parfait (comme ça a été le cas tout le long de la
soirée), Aborted ont méthodiquement
sectionné les nuques des spectateurs mesure après mesure, titre après titre.
Les Belges ne prennent pas le sujet à la légère et nous offrent un concert
remarquable sans aucun temps mort ni faux pas. Et même si ce n’était pas la
première fois que je les voyais, j’ai encore été impressionné par la puissance
et la vitesse du jeu de Ken Bedene, batteur tentaculaire faisant partie de
l’élite du milieu pourtant peuplée de brutasses semblant venir d’autres
planètes.
Accompagnés sur
la scène par deux cercueils ouverts contenant un cadavre en putréfaction, Aborted ont évolué sur des effets de
lumière bien sentis. Dynamiques et variés bien qu’un peu classiques, le travail
du régisseur lumière a prouvé que même dans le Death metal, avoir un bon light show
n’apporte que du positif.
Un sans-faute
encore une fois pour Aborted qui
sont fidèles à leur réputation de monstres de scène. Un très, très gros niveau
de prestation par la bande de Sven qui est sans doute en train de nous préparer
le dixième album ou un énième EP qui sortira sans doute à la fin de l’année.
Trente minutes de pur bonheur !
On continue la
soirée dans un style un peu moins direct que les bûcherons d’Aborted avec les Suédois de Soilwork, fers de lance de la scène
Death mélodique scandinave des années 1990. Si je ne me trompe pas, je ne les
avais vus qu’une seule fois au Hellfest 2014 et je ne retiens que la chute de
leur bassiste à travers la scène, la faute à une pièce soutenant le plancher
qui s’était brisée. Un souvenir assez anecdotique.
Premier constat :
le tueur Dirk Verbeuren n’est plus derrière les fûts ! J’ai appris peu après
qu’il était parti chez Megadeth à la
mi-2016 et a été remplacé par Bastian Thusgaard, ancien élève de Verbeuren. Et
c’est bien dommage car l’apprenti n’égale pas le maître selon moi ! Le show a
été mené par une frappe un peu légère et manquant clairement de style. Certes,
passer après une telle référence est difficile, et Thusgaard est loin de se
ridiculiser ; mais à mon sens, Soilwork
perdent là un très bel atout.
Malgré mon
enthousiasme assez mitigé quant à leur musique, Soilwork m’ont fait passer un bon moment. L’énergie déployée par un
duo de guitaristes - eux très au point techniquement - et renforcée par un
chanteur très à l’aise sur scène est communicative. Le Bikini semble encore une
fois ravi par le groupe et n’hésite pas un instant à le montrer : le groupe est
largement applaudi et remercié.
Le set proposé
par Soilwork contenait, d’après ce
que m’a dit un ami qui m’accompagnait, des morceaux de toutes les époques du
groupe. Certains m’ont plu : un très bon niveau de composition, des solos et
leads pertinents et une performance vocale impressionnante de la part de Börn Strid,
ultime membre fondateur du groupe. A l’inverse, d’autres passages ont été plus
pénibles avec des claviers mièvres et génériques, un chant metalcore
franchement moyen et des refrains à la limite du supportable.
J’ai serré un peu
les dents lors des passages
“pouet-pouet” (désolé) mais tout comme pour Aborted, le groupe était parfaitement sonorisé et mis en lumière.
Les breaks calés, de belles images, rien à jeter. Idem pour le son,
irréprochable. J’aime de plus en plus cette salle.
Environ
quarante-cinq minutes de set pour les Suédois qui laissent place au premier
gros morceau de la soirée, Sepultura.
Je ne me
précipiterais pas pour aller les revoir, mais c’est objectivement un concert de
très bon niveau qu’ont envoyé Soilwork
au Bikini ce soir.
Suite de cette
superbe soirée au Bikini avec le titan Sepultura,
quatuor Brésilien qui n’est plus à présenter. Monté entre autres par les frères
Cavalera qui ont quitté le groupe à 10 ans d’écart pour raisons personnelles,
la formation ne compte aujourd’hui plus de membre fondateur dans son line-up.
Le combo guitare-basse fait cependant partie du groupe depuis 30 ans, ce qui
permet aux fans de retrouver des visages familiers en live.
On a tous écouté
un peu Sepultura quand on a commencé
à écouter du metal. J’ai eu ma période il y a bien dix ans de cela, et je suis
passé à autre chose. Bien que le groupe se soit produit au Motocultor en 2015,
je ne garde pas le moindre souvenir de leur prestation. Il est même possible
que j’ai profité de leur passage pour aller me restaurer. Hé oui, Sepultura c’est plus vraiment ma tasse
de thé…
Mais ce soir, de
bonne humeur, j’ai décidé de rester pour l’intégralité de la set-list de la
bande. Tout comme la totalité du Bikini, qui ne désemplissait toujours pas. Il
faut dire qu’il était encore tôt, et que les Brésiliens auraient convaincu
n’importe qui en dix minutes.
J’ai
personnellement beaucoup de mal à comprendre l’engouement pour ce groupe tant
leurs compositions sont basiques. Les riffs primaires, les rythmes simplistes et
le manque de variété dans leur discographie me déplaît au plus haut point. Je
trouve ça chiant comme la mort, en résumé. Mais, une fois sur scène, la musique
de Sepultura prend tout son sens.
Les refrains haineux sont scandés par la foule qui réchauffe la salle de 5
degrés en moins d’un quart d’heure. La présence imposante de Derrick Green au
chant suffit à remplir tout l’espace scénique, tandis que les frappes
supersoniques d’Eloy Casagrande soutiennent la guitare tranchante et la basse
écrasante.
Le niveau est là,
il s’impose. Le poids des années n’est pas un fardeau pour Sepultura mais bien un lourd fléau que les sud-américains utilisent
pour nous exploser la tronche sans sommation. Et à chaque fois on se relève, et
on en redemande. Alors que la première moitié du set présentait le nouvel opus,
“Machine Messiah”, la seconde a
ressorti du placard tous les titres qui ont fait de Sepultura ce qu’il est devenu. Refuse/Resist,
Arise, Ratamahatta et finalement Roots Bloody Roots ont su clore ce
concert de la façon la plus brutale qui soit. Je suis forcé de le reconnaître :
ces titres-là sont excellents.
Une véritable
machine de guerre a détruit le Bikini, qui va devoir supporter encore un autre
set avant de pouvoir souffler. J’ai, depuis cette soirée, un profond respect
pour Sepultura qui m’ont prouvé
qu’ils n’étaient pas en tête d’affiche de tournées et festivals par hasard.
Promis, je ne remettrai plus la parole du messie en question.
Set-list Sepultura :
1) I am the Enemy
2) Phantom Self
3) Choke
4) Desperate Cry
5) Alethea
6) Sworn Oath
7) Inner Self
8) Resistant
Parasites
9) Refuse/Resist
10) Arise
11) Ratamahatta
12) Roots Bloody Roots
C’est l’heure
d’aller attraper une bière le temps que Kreator
installent leur impressionnante scénographie, composée de deux rampes qui se
rejoignent en une plate-forme derrière la batterie. On voit aussi quelques
panneaux à LED, que le groupe utilisera pour diffuser un peu de vidéo. Un beau
terrain de jeu pour ces briscards du thrash, dont la discographie a
profondément marqué le paysage du metal extrême. Mené par Milland Petrozza
depuis 1982 (soit trente-cinq ans de carrière !), Kreator se produisait devant mes yeux pour la première fois.
Sans être aussi
intense que le set de Sepultura, la
prestation de Kreator fut grandiose.
Entre ses effets scéniques kitsch mais terriblement funs et le travail
hallucinant de Petrozza au chant, impossible de rester de marbre. La forme du
vocaliste quasi quinquagénaire est incroyable. Ses cris n’ont pas faibli un
seul instant, et le bonhomme a pu assurer les parties guitares sans aucun souci.
Du reste, aucune
surprise pour ma part : Kreator est
une groupe de tueurs. Presque une heure et demie de riffs furieux avec gros
blast thrash classique et efficace à souhait. Tout comme Sepultura, les Allemands tournaient pour faire la promo de leur
bébé “Gods of Violence” sorti deux
semaines après celui des Brésiliens. La recette est la même que pour les
précédentes galettes : de la violence (on s’en doutait), de la haine et encore
un peu de violence derrière. Le titre éponyme ainsi que le très méchant Satan is Real ont tôt fait de redonner
un peu d’énergie au Bikini qui semble un peu éteint suite à l’ouragan Sepultura.
Petite parenthèse
pour parler de l’instant émotion de la soirée (si, si) avec le titre Fallen Brother dédicacé aux artistes de
la scène partis trop tôt. Le public était étrangement calme tandis que sur les
écrans défilaient des portraits de Chuck Schuldiner, Lemmy, Dio, Jeff Hanneman
entre autres ; mais également H.R Giger dont l’imagerie a inspiré de nombreux
groupes, et Michael Trengert qui a monté le label Metal Blade. Un très bel hommage
empreint de respect et d’amitié.
S’accordant
quelques pauses à l’aide de samples pour assurer les dix-huit titres du
concert, Kreator ne laisse cependant pas l’occasion au public
de refroidir en envoyant de beaux jets de flammes en avant-scène, et autres
cotillons. On a vu plus “metal”, mais cela fait son petit effet : le Bikini
scande les hymnes thrash du combo avec une vigueur retrouvée. Dispersant çà et
là ses titres phares Extreme Agression,
Enemy of God et Phantom Antichrist,
la vraie mandale n’est finalement arrivée que pour le rappel avec un 4-hit
combo qui arrache les gencives : Violent
Revolution/Flag of Hate/Under The Guillotine/Pleasure to Kill.
Une fin de
concert plus qu’éprouvante mais extrêmement jouissive tant le groupe se donne à
fond. Je le répète : Milland Petrozza est un frontman exceptionnel doublé d’un
chanteur infatigable. Même lorsqu’il hurle le dernier couplet de Pleasure to Kill, l’homme ne semble pas
faiblir une seconde et achève le set d’une façon impériale. Bravo, Kreator.
Set-list Kreator :
1) Hordes of Chaos (A Necrologue for
The Elite)
2) Phobia
3) Satan
is Real
4) Gods
of Violence
5) People
of the Lie
6) Total
Death
7) Phantom
Antichrist
8) Fallen
Brother
9) Enemy
of God
10) From
Flood into Fire
11) World
War Now
12) Hail to the Hordes
13) Extreme
Aggression
14) Civilization
Collapse
Rappel :
15) Violent
Revolution
16) Flag
of Hate/Under the Guillotine
17) Pleasure to Kill
Avec un niveau
général irréprochable, les quatre groupes de ce soir auront donné au public du
Bikini exactement ce qu’il attendait. Je n’en ai pas parlé sur Sepultura et Kreator, mais ces deux groupes ont également eu droit à un son
exemplaire et un show light soigné. Quatre pointures partent en tournée et
fracassent tout sur leur passage, ne laissant derrière eux qu’une armée de
zombies à la voix éraillée et à la démarche incertaine. Mais des zombies heureux
et sans doute un peu sourds.
Hormis quelques
remarques tout à fait personnelles d’appréciation des compositions des groupes, aucune ombre n’est
venue obscurcir le tableau de cette soirée du 25 février 2017. Des artistes au
top, une orga parfaite et une technique sans faille. Que demander de plus,
hormis d’autres dates comme celle-ci ?
Mars 2017,
Rédigé par Inquisitor.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire