lundi 4 septembre 2017

The Great Old Ones / Déluge / Maïeutiste / Moonreich - Live St-Germain-en-Laye 2017



The Great Old Ones /
Déluge / Maïeutiste / Moonreich

Ombres prolifiques !

(par Vlad Tepes)



Moment : 11/03/17.
Lieu : La Clef (St-Germain-en-Laye, 78).


The Great Old Ones / Déluge / Maïeutiste / Moonreich @La Clef, St-Germain-en-Laye 11/03/2017


Dans le domaine des Arts Noirs es Musique, la France a toujours pu compter sur des labels confidentiels et passionnés. Certains sont aujourd’hui éteints ou en état de demi-sommeil mais le flambeau est toujours repris. Car aujourd’hui nous pouvons compter sur Les Acteurs de l’Ombre, et ce depuis 2009 (le temps passe incroyablement vite n’est-ce pas ?).

En plus de réaliser des disques de qualité, le label sait aussi nous gratifier d’événements scéniques réguliers, et nous devons en premier lieu citer Les Feux de Beltane, qui a fêté sa seconde édition en mai dernier. Mais parallèlement à cela, il y a des soirées à ne surtout pas manquer, ce qui fut le cas du 11 mars dernier : 4 groupes découverts par LADLO, dont un seul a évolué vers d’autres sphères : il s’agit de The Great Old Ones, dont le dernier opus "EOD: A Tale of Dark Legacy" fut signé par Season of Mist.

Mais avant cela, intéressons-nous à trois bêtes de scène, l’investissant chacun à leur manière…




Arrivé en retard à La Clef, nous découvrons avec ma Fée de Sang la dernière moitié du set de Moonreich : lumières très sombres (caractéristiques de cette soirée, du moins sur 3 shows) et son violent. Pas besoin d’échauffement avec le groupe et je fus très rapidement mis dans la noire ambiance. Très convaincante, la prestation m’est apparue aussi noire que risquée, avec leurs fameuses compositions alambiquées : Pillar of Detest-World Shroud en est une excellente preuve, montrant que l’on peut s’amuser avec les genres tout en écrivant des titres solides (et tout ce qu’il y a de plus sérieux).

Bien trop courte à mon goût, j’aurais aimé pouvoir m’abreuver de l’intégralité de la prestation, ce que je rattraperais deux mois plus tard au festival Metal Culture(s) ! Pour revenir à ce 11 mars, je dirais que Moonreich est un excellent groupe de scène, et surtout une entité qui a quelque chose à nous communiquer au sein de l’art musical sombre. N’est-ce pas déjà beaucoup ?







Maïeutiste est un groupe que j’apprécie énormément. D’ailleurs je me suis réécouté aujourd’hui même leur démo "Socratic Black Metal" ; et même si l’exigence était déjà de mise en 2007, elle a su franchir de très nombreux paliers depuis lors. Après les avoir vus pour la première fois l’année passée à la première édition des Feux de Beltane, j’éprouvais le désir ardent de les revoir. Car je fus déjà assez impressionné par ce que j’y avais entendu.

Ainsi commence un show de Maïeutiste : « Nous sommes Maïeutiste. Nous sommes le reflet ! ». C’est ainsi que The Fall assène sa rythmique mouvante à une audience prise d’assaut. Les guitares acérées m’ont saisi d’emblée, comme en mai 2016 aux Feux de Beltane, tout comme l’étrangeté dégagée par l’ensemble, assez insaisissable. Cette entrée en matière fut des plus convaincantes pour moi, et Reflect/Disappear ne fera pas redescendre l’enthousiasme en moi. Car la complexité trouvait là le moyen de se déployer, entre furie épique et trompeuse simplicité.

Peu à peu l’atmosphère devint plus opaque, avec l’arrivée d’un saxophone pour accomplir l’introduction d’Absolution. Quel plaisir d’entendre l’ensemble en live, alors qu’une rythmique tranchante ne tardera pas à venir s’abattre sur nous. Et là, la folie explose ! J’adore la façon dont ce morceau part de manière tonitruante, avant de retomber dans une sorte d’épaisse fumée, là où le saxophone revient nous gratifier de quelques notes parfaitement choisies. Mais cet illusoire apaisement ne tarde pas à se fendre face à la poussée des violents décibels : une nouvelle explosion se manifeste, poursuivant sa détermination à meurtrir ma pauvre nuque hypnotisée.

Une fois de plus, Maïeutiste change de cap, nous plongeant dans les méandres d’un doom aspirant, aux accents de désespérance : Lifeless Visions.




Prenant comme à chaque fois, il m’aura suffit me laisser tournoyer en son sein, goûtant à cette mélancolie si chère… avant un final où la colère semble trouver un ultime sursaut, juste avant un titre que j’apprécie beaucoup : Death to Free Thinkers. Rythmiquement irrésistible, le chant n’enlèvera rien à mon plaisir, ce qui me conduit au constat selon lequel je le trouve bien supérieur à celui de l’année passée aux Feux de Beltane, bien plus organique.

L’heure était alors déjà venue de clôturer le set avec un tout nouveau titre à paraitre sur le second opus de Maïeutiste : Veritas.




Nous emmenant dans les sphères d’un black métal mélancolique – non sans rappeler les défunts Hyadningar – j’eus quelque difficulté à entrer dans le morceau ce soir-là. Mais ceci est assez classique pour ce type de musique, où il est nécessaire un temps d’adaptation. Pourtant je ressentis quelque chose de très intéressant en relation à ce nouveau titre, ce qui fut confirmé par mes nombreuses écoutes ultérieures. En effet l’émotion y apparait forte et déployée, montrant une toute nouvelle facette de nos chers Maïeutiste.

Pour conclure, avec un light-show des plus noirs, le spectateur avait donc comme contrainte de se focaliser sur la musique de Maïeutiste. A ce titre cela me rappelle la prestation de Mournful Congregation à laquelle j’avais assisté en 2013 à Gand : une noirceur démotivant n’importe quel photographe, imposant de s’immerger plus que jamais dans la musique et rien que la musique. La comparaison n’est d’ailleurs pas faite au hasard du fait de la filiation à identifier sur les passages doom de la musique de Maïeutiste.

En synthèse, cette prestation m’est apparue comme supérieure à celle vue précédemment, tout en conservant tous les éléments qui font l’identité du groupe. Le nouveau titre Veritas démontre toute la capacité du groupe à proposer quelque chose de nouveau et à surprendre. Je pense d’ailleurs que nous sommes loin d’être à la fin de nos surprises, car le jeu de pistes de genre(s) semble un exercice cher aux membres du groupe, refusant tout enfermement. Ne nous en plaignons jamais…

Set-list Maïeutiste :

1) The Fall
2) Reflect/Disappear
3) Absolution
4) Lifeless Visions
5) Death to Free Thinkers
6) Veritas






Changement radical d’ambiance avec le groupe suivant : Déluge. Dans un genre que je qualifierais de post-hardcore, la thématique diluvienne s’est ressentie à tous les niveaux. Sur ce point je peux dire que tout est resté parfaitement cohérent. Toutefois j’avoue avoir rencontré dès le début du show une sorte d’incompatibilité entre mes goûts et le chant pratiqué par le groupe. J’ai beaucoup de mal à apprécier les chants typés hardcore en général et avec telle musique j’aurai bien volontiers préféré un chant typé BM. Avec ce blocage initial, je n’ai malheureusement pas réussi à entrer dans leur univers. Il m’a semblé que le public est apparu réactif à leur musique, me laissant bien en dehors de l’instant.






 J’attendais la tête d’affiche avec une impatience non dissimulée, du fait d’avoir été très marqué par leur dernier opus "EOD: A Tale of Dark Legacy" : The Great Old Ones. Je les avais vus pour la toute première fois l’année passée aux Feux de Beltane, mais la fatigue d’alors ne m’avait pas permis de totalement m’immerger dans le moment. Mais ce soir du 11 mars 2017, je suis frais comme un gardon, enfin prêt à accueillir comme il se doit les Grands Anciens !

La prestation va débuter ni plus ni moins par les quatre premières pistes du nouvel opus, montrant que The Great Old Ones vient ici fièrement le défendre et l’exprimer. Après sa courte introduction Searching for R. Olmstead démarre en trombe l’excellent The Shadow over Innsmouth, qui m’aura immédiatement scotché. En effet, sa violence initiale embarque l’auditeur avec fulgurance dans un monde étrange et hostile. Mais surtout la première impression qui me fut donnée est la conviction puissante placée par le groupe dans sa musique, permettant de retranscrire avec justesse ce qui avait déjà été immortalisé en studio. J’ai donc retrouvé là avec fidélité le titre studio, agrémenté de bien plus de chair encore. L’équilibre m’a semblé tout à fait approprié et même jouissif, ce qui ne sera nullement démenti avec le titre suivant, When the Stars Align :




Aussi stellaire que sa version studio, j’ai trouvé que les guitares sont particulièrement bien ressorties lors de cette interprétation, que ce soit sur les passages rapides ou plus lents.

Je ne boudais pas mon plaisir à l’idée d’entendre ensuite The Ritual, titre-fleuve très ambiancé. Je ne fus pas déçu, The Great Old Ones modelant le climat avec maitrise et talent.




Totalement dans le ton, le groupe a su alterner entre passages lents et rapides sans la moindre difficulté, démontrant là toutes ses habiletés techniques. A ce sujet, la batterie m’est apparue solide et très régulière, dont la sobriété n’a d’égale que la précision. Au final The Ritual s’est placé à la hauteur de mes attentes !

Je ne suis pas fou signait le moment de quitter temporairement le nouvel opus pour aller explorer les deux premiers opus du groupe. Sans surprise (mais avec régal…) Antarctica s’est abattu sur l’audience, avec sa lourdeur si caractéristique. Et c’est bien ma nuque qui souffrit à ce moment particulier ! A chaque fois ce titre fait mouche me concernant, le trouvant d’une dimension épique qui parle à mon âme. Et ce n’est pas forcément le cas pour Visions of R’lyeh, qui lui succédait, mais peut-être est-ce dû à ma connaissance assez lointaine du tout premier album de The Great Old Ones ? Je pense que cela est le cas car cette petite baisse de régime me concernant s’est éteinte dès qu’aura résonné l’instrumental The Ascend. Assez hypnotique, je me suis laissé emporter par sa fougue, naturellement.

Approchant du final, le groupe revint nous développer "EOD: A Tale of Dark Legacy" avec deux titres absolument exquis. Etrangement Mare Infinitum ne fut pas le dernier titre joué mais bien avant-dernier. Je pinaille mais je pense que The Great Old Ones ne voulait peut-être pas clôturer son show par quelque chose de trop lumineux, ce qui est vraiment très relatif quand on parle de ce type de musique.




Mais j’ai quand même trouvé que Mare Infinitum comportait une sorte d’ouverture vers la lumière, ce qui est bien apparu en live. Son final fut absolument brillant, avec cet aspect céleste que j’évoque régulièrement au sujet de ce troisième opus. J’ai ressenti une sorte de plénitude durant ce morceau, une quasi sérénité… ce qui contrastait avec une brûlante conclusion : In Screams and Flames. Aussi énergique que sa version studio, The Great Old Ones nous a offert là un final digne d’eux, digne de leur art musical tout simplement.

Comme vous l’aurez déjà deviné, cette prestation m’est apparue à la fois très fidèle au rendu studio mais aussi d’une rare intensité. The Great Old Ones est une entité qui ne triche pas, délivrant une essence intacte aussi bien en live qu’en studio. Ils ont réussi à m’emmener dans leur univers à l’inquiétante étrangeté, où la noirceur se couple souvent à une forme de lumière  et de quasi quiétude. Un grand concert tout simplement, exécuté par des musiciens maitrisant leurs instruments mais sachant avant tout faire passer l’émotion avec assurance et sobriété. Je ne me ferai pas prier pour revoir The Great Old Ones sur scène…

Set-list The Great Old Ones :

Searching for R. Olmstead
1) The Shadow over Innsmouth
2) When the Stars Align
3) The Ritual
Je ne suis pas fou
4) Antarctica
5) Visions of R’lyeh
6) The Ascend
7) Mare Infinitum
8) In Screams and Flames



Juillet/août 2017,
Rédigé par Vlad Tepes.



Les Acteurs de l'Ombre Productions

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