Gaahl's Wyrd / The Great Old Ones / Auðn
Carving the Eye of a God...
(par Inquisitor)
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Moment : 04/12/17.
Lieu : Le Metronum (Toulouse).
Avant-dernière soirée de l'année pour ma part
enchaînée le lendemain de cette belle date thrash dont vous trouverez le live-report
sur le webzine. Mais alors qu'hier soir le Bikini était presque sold-out, le
constat est plus amer en ce lundi où la Music Box a été réquisitionnée. Oui, la
Music Box du Metronum, soit 180 places environ. Et je trouve ça honteux. On
peut mettre ça sur le compte de la date : organiser un concert le
lendemain d'un gros événement n'était peut-être pas judicieux, encore moins un
lundi. Et puis l'engouement du public toulousain pour le Black m'a toujours
semblé assez limité, en témoignent les concerts de Wolves in the Throne Room
ou Regarde Les Hommes Tomber où on ne se bousculait pas vraiment. Mais
le principal, c'est que j'y étais, et que le moins que je puisse dire est que
je n'y ai pas perdu mon temps.
Ouverture des hostilités avec Auðn,
formation Iilandaise officiant dans un Black metal atmosphérique. Ensuite, ce
sera à The Great Old Ones de nous ravir avec son univers lovecraftien et
sa musique de toute beauté, avant de finir la soirée avec Gaahl’s Wyrd qui reprendra quelques "tubes" de Gorgoroth
en plus de jouer des titres de Trelldom et God Seed, ses autres
projets. Cette prestation de la légende norvégienne du Black saura-t-elle me
faire oublier la triste prestation de God Seed au Motocultor 2015 ?
Arrivé en catastrophe et presque en
retard à cause d'une énième panne de métro toulousain, je craignais de rater le
début de The Great Old Ones tout comme j'ai raté une bonne partie de la
prestation de Death Angel la veille. Heureusement, l'heure indiquée sur
l'évènement Facebook était bien l'ouverture des portes, ce qui m'a permis de ne
rien rater du show des Islandais Auðn ouvrant la soirée, et non pas TGOO.
On regrettera un choix musical bien trop décalé avant le début du
concert : je n'ai rien contre le rap U.S., mais avant trois groupes de BM
c'est tout de même déconseillé. Bref, les lumières de la salle s'éteignent et
les cinq hommes d’Auðn arrivent sur la petite scène de la Music Box,
saisissent leurs instruments, et débutent la leçon.
Bien qu'encore jeune avec seulement
deux albums à son actif dont "Farvegir Fyrndar", dernier né,
le groupe s'en sort honorablement bien tant dans la restitution des morceaux
que dans l'écriture de ceux-ci. On remarque d'ailleurs une réelle différence
entre les anciens et nouveaux titres : même si le premier album des
Islandais n'est pas honteux, il est largement dépassé par leur récent effort susnommé.
Des paysages glacés, des étendues désolées, de longues journées sans soleil, un
désespoir grandissant : voilà ce qu'inspire le Black majestueux d’Auðn.
Mené par un chanteur à la performance vocale saisissante, le quintet se
montre très timide entre les compositions mais bien plus à l'aise lorsque les
mesures défilent entre leurs doigts. On voit sur leur visage une grande
concentration et parfois une sorte de transe dans les passages les plus
atmosphériques.
Entre Sólstafir, Zhrine
ou encore Sinmara, la scène islandaise n'a plus rien à prouver et Auðn
ne détonne pas un instant. Même si leurs titres n'inventent rien, Auðn
a su piocher parmi les meilleures influences du DSBM et écrire des chansons
magnifiques, déroulant des plages sonores d'une superbe mélancolie. Ne semblant
pas faiblir de tout le set, les membres ont réussi à nous jouer leur musique
avec une intensité grandissante. Je retenais parfois mon souffle durant
certaines parties où le temps semblait s'étirer, s'épaissir. La passion d’Auðn
était palpable, et elle aura joué un rôle certain ce soir.
Hélas, ce très beau moment a été bien
gâché par une basse écrasante qui a couvert tous les instruments durant presque
toute la durée de set d’Auðn. Même en me déplaçant, rien à faire :
un vrombissement monstrueux dans les oreilles en tout point de la salle. Mais
cela n'aura pas tout gâché, et ces quelques courtes minutes passées devant les
Islandais ont été précieuses et délicieuses. J'espère les revoir au plus vite,
dans de meilleures conditions sonores.
Si vous êtes un lecteur régulier de
Psychopathia, vous commencez à en avoir lu des live reports de The Great Old
Ones. Mais au cas où vous auriez manqué les précédents, je ne vais pas
bâcler celui-ci, car un tel groupe mérite tout le soin du monde. Difficile de
passer après une première partie aussi réussie... Heureusement, un des
meilleurs groupes de l'hexagone est là pour faire la transition avec le grand
Gaahl. Oui, pour moi The Great Old Ones fait partie des meilleures
formations que l'on peut écouter en ce moment en France, ni plus ni moins. Avec
un parcours musical sans faute constitué de trois excellents albums et une
réputation prestigieuse en live, les Bordelais sont devenus une référence dans
le genre.
On installe les backdrops, on change
la batterie. Encore quelques minutes de Rap U.S., décidément. Je vais m'acheter
une bière ainsi que du merch. Je n'avais pas encore de t-shirt, quel terrible
fan je fais. Cela va être la 4ème fois que je vois The Great Old
Ones cette année, il faut dire que les bougres ont bien tourné pour la
promo de "EOD: A Tale of Dark Legacy". Je commence à connaître
la set-list et le show, mais qu'importe. C'était très bon les trois premières
fois, qu'est-ce qui pourrait mal se passer à la quatrième ? Ah, les premières
notes de l'introduction The Shadow Over Innsmouth retentissent, je
m'installe bien comme il faut et profite du spectacle.
Capuches noires et médaillons à
l'effigie de Cthulhu, des costumes de scène simplistes mais parfaitement en
adéquation avec la musique de The Great Old Ones. Mystique et sombre,
puissant et véloce, l'univers sonore du groupe n'a plus besoin de me séduire.
Je plonge dans le périple d’Olmstead en quelques mesures et me laisse
transporter par les blasts, cris et tremolos qui forment cette montagne
vivante. Comme à chaque fois, le groupe est impeccable techniquement, en
particulier le batteur qui reste très carré malgré la violence de certains
titres. Les trois guitares marchent toujours aussi bien et ces 6 cordes bonus
sont LE grain de sel de The Great Old Ones. Grinçante, aérienne ou
carrément dissonante (voire les 3 à la fois), cette piste supplémentaire
apporte énormément de fraîcheur au Black Metal lovecraftien des Frenchies.
Avec une set-list encore largement
tournée vers "EOD: A Tale of Dark Legacy", le groupe continue
de cracher au visage du monde son talent et de répandre la parole du grand
Ctulhu. TGOO dégage une véritable aura fanatique, d'une noirceur
abyssale. Je regrette cependant que cette fois-ci, leur lighteux n'ait pas été
de la partie : la configuration réduite de la salle n'a pas trop joué à la
faveur du groupe, qui se débrouille très bien sur les grandes scènes avec un
plan de feux adapté. Mais la musique fait le gros du travail et de ce côté-là
il n'y avait rien à redire. La Music Box est maintenant bien échauffée et
headbangue au rythme infernal de la caisse claire, respire avec les Grands
Anciens. The Great Old Ones quitte la scène après une excellente
prestation, laissant le public à point pour le clou du spectacle, Gaahl's
Wyrd.
Après deux shows aussi réussis, je
pensais m'ennuyer ferme devant Gaahl’s Wyrd. La dernière fois que j'avais
vu Gaahl avec un groupe, c'était en 2015 et c'était médiocre. D'ailleurs,
c'était la toute dernière date de God Seed, et je comprends bien
pourquoi : gros manque d'énergie et de cohésion, un Gaahl fatigué qui
peinait à éructer ses lignes et un concert brouillon au possible. J'avais tenu
20 minutes avant d'aller me coucher, las d'un tel gâchis de tête d'affiche. Mon
état d'esprit n'était donc pas optimal pour cette fin de soirée. Mais j'ai décidé
de lui offrir une seconde chance, histoire de voir si le suppôt de Satan était
effectivement fini, ou s'il était encore capable d'allumer la flamme dans le
cœur des fans.
Gaahl’s Wyrd la joue brut : pas de backdrop,
rien sur la scène à part les instruments et les musiciens. Pour du BM, c'est
audacieux et j'espérais que les gars allaient assurer, sans quoi allait s'en
suivre une bonne heure d'ennui. Et justement, le concert débute sans le
frontman. Juste un riff qui charrie le blizzard. 100% made in Norway.
Répétitif, aliénant. Puis, l'homme monte sur scène, attrape son micro, balaie
la salle du regard et commence la messe. Et nous avons bu les paroles du
prêtre.
On se souvient tous de cette
interview et du fameux « Satan » lâché par l'ex-leader de Gorgoroth.
Plutôt gênant. Mais après l'avoir vu d'aussi près dans cette minuscule salle,
je peux affirmer que j'ai rarement vu un musicien aussi possédé que cet homme
par sa musique. Une vibrante sincérité habitait son regard, une lueur mystique
que je n'ai vu que chez Erik Danielsson de Watain. Gaahl n'est pas là
pour jouer. Il semble être guidé par une force plus grande que lui, n'être
qu'un vaisseau. Quelle intensité, quel charisme. Lorsque j'ai croisé son
regard, mon sang s'est glacé. Et cette voix... comme un scalpel, elle traçait
son chemin entre les guitares pour aller droit à l'âme. Une performance
difficile à décrire tant elle était éclatante d'authenticité.
Une belle grosse set-list de 18
morceaux composée des précédents projets de Gaahl : Trelldom, God
Seed et bien sûr Gorgoroth. Un best-of à l'efficacité
dévastatrice joué par des musiciens eux aussi profondément impliqués dans leur
besogne : le bassiste n'avait pas besoin de corpse paint pour être
effrayant. Ses yeux écarquillés de dément opprimait la petite foule rassemblée
devant Gaahl’s Wyrd. Le public n'a pas été avare d'applaudissements et de
cris, en particulier après les chefs-d'œuvre Carving a Giant et Wound
upon Wound dont la violence m'a surpris. Le niveau technique des acolytes
de Gaahl était impressionnant, avec un batteur (oui, y'en a que pour eux ce
soir) époustouflant tant dans la vitesse que dans le groove.
Des lumières toujours un peu à la
ramasse, mais un son plus qu'à la hauteur qui laissait sa place à chaque
instrument sans jamais surmixer le chant. Configuration parfaite, les petites
scènes siéent bien mieux à Gaahl que les 10 mètres d'ouverture des gros
festivals. Cette intimité convenait à merveille à l'ambiance du groupe, qui
nous a ravis pendant presque une heure et demie. Carton plein, à quand un EP ou
un album avec l'actuel line-up ?
Set-list Gaahl's Wyrd :
1) Sted (Trelldom cover)
2) Slave til en kommende natt (Trelldom cover)
3) Til Minne... (Trelldom cover)
4) Sannhet, Smerte og Dod (Trelldom cover)
5) Sign of an Open Eye (Gorgoroth cover)
6) Awake (God Seed cover)
7) Aldrande Tre (God Seed cover)
8) Hoyt opp i dypet (Trelldom cover)
9) Carving a Giant (Gorgoroth cover)
10) From the Running of Blood (God Seed cover)
11) Lit (God Seed cover)
12) Alt Liv (God Seed cover)
13) This from the Past (God Seed cover)
14) Incipit Satan (Gorgoroth cover)
15) Til et Annet... (Trelldom cover)
16) Exit – Through carved Stones (Gorgoroth cover)
17) Wound upon Wound (Gorgoroth cover)
18) Prosperity and Beauty (Gorgoroth cover)
Je ne m'attendais pas à passer un si beau moment
en compagnie de Gaahl's Wyrd, qui fut une très grosse claque pour moi.
Assurément un des meilleurs concerts de cette année 2017. J'espère que SPM n'a pas perdu trop d'argent
sur cette date étant donné la faible affluence en ce lundi. En tout cas, merci
à SPM Prod, Garmonbozia Inc. et au webzine de m'avoir
permis de couvrir cet événement exceptionnel qui restera longtemps gravé dans
ma mémoire. Et cela m'aura aussi un peu rabiboché avec Gaahl, qui a confirmé
son statut de mythe ce soir.
Janvier 2018,
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