Septicflesh / Inquisition / Odious
Quand la TA ne fait pas le taf
(par Inquisitor)
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"Europe 2018" tour.
Moment : 18/01/18.
Lieu : Le Metronum (Toulouse).
Ahhhh, le premier concert de l'année ! Celui
qui vous remet dans le bain, qui vous secoue un peu après les fêtes. Rien de
mieux, en soit, on reprend les bonnes résolutions. Et quelle meilleure
résolution que d'aller voir les incroyables Inquisition en
concert ? Aucune, merci. Mais pour y avoir droit, il va aussi falloir
supporter les poussifs Septicflesh et leur metal sympho fade, introduits
par Odious que je ne connaissais pas avant de les avoir devant moi. Pas
d'a priori sur le petit quartet égyptien qui, pourtant, allait plutôt bien
nous mettre en bouche. Merci encore une fois à SPM d'avoir permis au webzine de
couvrir cette date, c'est toujours un plaisir de collaborer avec une asso aussi
professionnelle et active.
Bonne nouvelle : le public toulousain a fait
l'effort de se déplacer pour cette date, et c'est donc dans la grande salle du
Metronum qu'a lieu le concert. Non pas que l'expérience de la Music Box ait été
mauvaise, mais Inquisition et Septicflesh méritent tout de même
un espace scénique conséquent au vu de leurs carrières respectives. Quid de la
première partie ?
Odious,
venus tout droit d'Egypte, sont au nombre de quatre et sont bien décidés à nous
faire découvrir leur musique. Bonne trouvaille du booker : le Death sympho
d’Odious est assez proche de ce que peuvent produire Septicflesh,
sans pour autant tomber dans la redondance. Un metal symphonique assez moderne
avec quelques touches Black et Death ici et là, le tout soutenu par des samples
riches en instruments traditionnels bien de chez eux et autres orchestrations
pompeuses. Peu assuré lors des premières minutes, le groupe réussira pourtant à
faire scander le public avec quelques refrains efficaces.
Basem, compositeur et chanteur d’Odious,
ne cache pas son bonheur d'être ici et fournit son plus beau growl. Un sourire
vissé aux lèvres pendant les trente courtes minutes du set, il ne cesse de
remercier le public et de le haranguer. Bien qu'encore plutôt vide à cette
heure-ci, le Metronum répond timidement mais ne se dégonfle pas et insuffle
donc un peu de confiance à Odious qui enchaine les titres. Guitare bien
épaisse et gros tapis de double : le metal extrême n'est pas bien loin,
mais les passages plus rythmés (presque dansants) ajoutent un cachet aux
compositions du groupe en charriant un vent plein de sable et de mystères.
Une première partie agréable que je réécouterais
à l'occasion. Malgré une évidente timidité sur la scène qui traduit un manque
d'expérience, Odious n'est pourtant jamais ridicule et offre une belle
demi-heure de concert en ouverture de cette soirée.
Allez, on passe la seconde en faisant monter sur
scène le duo américano-colombien Inquisition qui n'est plus à présenter.
A peine un an et demi après leur précédente date dans la ville rose (toujours
au Metronum) en compagnie de Rotting Christ, Dagon et Incubus
investissent de nouveau les planches de leur puissant charisme. Leur non-moins
puissant Black metal old-school alternant mid-tempo mystique et blasts
cosmiques se charge de secouer un public qui se fait de plus en plus nombreux.
Toujours dans la promotion de "Bloodshed
Across the Empyrean Altar Beyond the Celestial Zenith", Inquisition
nous délivre trois chansons de ce bijou mais concentre son set sur le chef-d’œuvre
"Ominous Doctrines of the Perpetual Mystical Macrocosm" pour
notre plus grand plaisir. L'heure de jeu permet d'apercevoir le reste des
albums et ainsi de saisir l'évolution subtile mais réelle qu'a subi la musique
du groupe à travers les années.
Avec un plateau réduit au minimum par de larges
panneaux aux visuels complexes, Dagon trouve parfaitement sa place et irradie
de cette assurance qu'on lui connaît. Un musicien aussi bon avec sa six cordes
qu'avec sa voix qui délivrera, une fois n'est pas coutume, une performance
hypnotisante chargée d'énergie destructrice et malsaine. Derrière lui, le
monstre Incubus massacre sa caisse claire avec une effrayante régularité et
martèle sans relâche ses grosses caisses, délivrant des accélérations que je
n'ai littéralement jamais entendues auparavant, dignes des plus grands maîtres.
Inquisition trouve très vite son rythme de croisière et enchaine les
tubes avec une aisance presque désinvolte.
Limitant la communication avec la plèbe, Dagon
remercie tout de même le public de sa présence ainsi que les groupes qui les
accompagnent sur la tournée, avant de recommencer à tartiner du riff sombre. Inquisition
est au Black ce que Dying Fetus est au Death : un line-up
restreint, un niveau technique hallucinant et une efficacité rare. Et
surtout : on ne ressort jamais déçu de la salle de concert. Jamais.
Une bonne heure de grognements, de riffs fascinants
et de blasts sacrés plus tard, le verdict est sans appel : Inquisition
reste une des meilleures formations que l'on peut voir aujourd'hui. On peut
leur reprocher un show lumière assez bateau qui passe la plupart de son temps à
appuyer les parties rapides avec du stroboscope et qui se contente de contres
rouges et bleus pour les mesures plus lentes ; on peut leur reprocher une
grosse caisse 100% triggée au son qui manque cruellement de naturel. Mais ces
considérations techniques n'entrent pas vraiment en jeu tant les maîtres
semblent en communion avec leur musique. Les suppôts font magnifiquement leur
office, convertissant les spectateurs de la plus vicieuse des façons. De très sérieux concurrents pour le titre de meilleur
groupe de BM en live. A très bientôt, j'espère. Il reste des groupes à annoncer
au Motocultor 2018, on peut toujours y croire !
Set-list Inquisition :
1)
From Chaos They Came
2)
Hymn for a Dead Star
3)
Dark Mutilation Rites
4)
Ancient Monumental War Hymn
5)
Command of the Dark Crown
6)
The Realm of Shadows Shall Forever Reign
7)
Vortex from the Celestial Flying Throne of Storms
8)
Embraced by the Unholy Powers of Death and Destruction
9)
Astral Path to Supreme Majesties
10)
Desolate Funeral Chant
11)
Infinite Interstellar Genocide
12)
A Magnificent Crypt of Stars
Après une première partie plutôt alléchante et
une messe noire d'une excellence certaine, la soirée se termine avec les Grecs
de Septicflesh. Malgré un dernier album - dénommé "Codex Omega"
- d'une banalité rare et en dépit de l'appréciation modérée que j'ai eue devant
le groupe en live les fois antérieures, je décidais de leur donner une chance.
Le premier contact au Motocultor 2012 était très décevant, avec beaucoup de
guitares samplées et un jeu de scène très mou. Le suivant, au même festival en
2015, était plus encourageant. Il m'avait semblait que l'arrivée du petit génie
Krimh dans le groupe avait redonné un second souffle à Septicflesh.
Hélas, je suis principalement friand du vieux
Septicflesh, celui datant d'avant le split du groupe en 2003 suite au
superbe "Sumerian Daemons".
Et, évidemment, la set-list actuelle des Hellènes ne commence qu'à "Communion",
album pourtant très correct qui date de l'époque où le quatuor écrivait de
vrais riffs et ne se reposait pas intégralement sur des orchestrations aussi
pompeuses qu'insipides. Ayé, je l'ai dit, j'ai mis les pieds dedans. Vous la
sentez venir, l'amertume ?
Une heure durant, on a bouffé une montagne de
tremolos en palm mute et nombre d'accords fainéants. Et, par-dessus tout ça, du
sample, du sample, du sample. Du sample en entrée, du sample en plat, du sample
au dessert. Du sample avec le café, et encore une petite dose de sample avec le
digestif. Je n'en peux plus. Alors qu’Odious utilisent les
orchestrations pour étayer leurs mélodies, Septicflesh développe les dites
mélodies et brode avec les guitares derrière, qui deviennent donc parfaitement
accessoires. L'incompréhension est d'autant plus grande que la bande a récupéré
un très bon cogneur, mais ne lui laisse pas l'occasion de développer son talent
avec toutes ces trompettes et ces cordes
qui recouvrent l'intégralité du mix.
Que c'est quelconque, que c'est ennuyeux. Seth,
charismatique à souhait (il faut bien lui accorder cela) éructe pendant une
heure et chauffe remarquablement bien le public. Il tripote mollement sa basse
de temps à autres, complètement noyée sous l'orchestre absent de la scène.
Demandant expressément aux Toulousains de « tout casser » à de
nombreuses reprises, Septicflesh n'aura pourtant réussi qu'à me casser
les couilles.
Affublé d'un son qui ne faisait la part belle
qu'aux samples mais d'un show lumière assez correct, les compères vont jusqu'à
sampler le chant clair sur Anubis (un de mes titres favoris, en plus) et
même – et là je l'ai vraiment mauvaise – les parties de guitares clean
sur le même morceau. Sérieusement, on en est arrivé à ce point-là dans la
paresse ? Déjà, le manque d'un claviériste se fait vraiment ressentir. Je ne
réclame pas la présence d'un orchestre entier comme on a pu le voir sur la
tournée "Forces of the Northern Night" de Dimmu Borgir, mais au minimum une personne
physique qui jouerait en partie tout ce merdier, qui rendrait la prestation de Septicflesh
VIVANTE.
Car oui, c'est terrible mais j'ai l'impression
d'avoir assisté à un concert en play-back. Pas vraiment d'âme, et pas grand-chose
à sauver de ce set insipide au possible que nous ont servi les adorateurs de
diverses divinités païennes. Rien ne reste gravé dans ma mémoire, aucun point d'orgue,
l'intensité de ce concert est restée réglée sur « pépère ». Plat,
d'une homogénéité honteuse. Bref, j'arrête de m'acharner : c'est la
dernière fois que je me déplace pour Septicflesh qui ne fait aucun
effort pour leurs fans, pas même celui de jouer de la musique.
Set-list Septicflesh :
1)
Portrait of a Headless Man
2)
The Vampire from Nazareth
3)
Martyr
4)
Prototype
5)
Pyramid God
6)
Enemy of Truth
7)
Communion
8)
Prometheus
9)
Dante's Inferno
10)
Anubis
11)
Dark Art
Encore une charmante soirée organisée par SPM
(merci à eux encore une fois) dans une très belle salle qui, si elle n'a pas le
charme du Bikini, permet d'accueillir groupe et artistes dans d'excellentes
conditions. Quatre jours plus tard, j'allai voir Jinjer + Tribulation +
Wintersun + Arch Enemy. Vous aurez par ailleurs une interview des Suédois
de Tribulation sur le webzine à suivre. A très bientôt pour plus de
lynchage de groupes à samples.
Janvier 2018,
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