(Par Vlad Tepes)
Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
Avril 2010 | LP | Yap Records | Electro malicieuse et imprévisible… | Norvège |
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Line-up de l'album :
Lindy-Fay Hella : Vocaux / Orgue électrique / Synthétiseur / Programmation (excepté Sola Di). Ragnhild Storsletten Åse : Vocaux / Boite à musique (sur Intro). Marita Moe Sandven : Vocaux / Orgue électrique additionnel (sur Dr. Tilrem). |
Membres additionnels :
Anders Hanna : Guitare / Batterie. Kjetil Möster : Saxophone (sur Dr. Tilrem). Björn Torske : Programmation (sur Chicks for Free). Pontus Jobst Peter Tilrem : Narration (sur Dr. Tilrem). |
Paroles :
Lindy-Fay Hella, Ragnhild Storsletten Åse & Marita Moe Sandven (sauf Cirkus Vulcano, par Ragnhild Storsletten Åse & Marita Moe Sandven). |
Eléments généraux :
Produit par : Lindy-Fay Hella, sauf Sola Di par Björn Torske. Enregistré et arrangé par : Sound of Sotra. Mixé par : Sound of Sotra & Kjetil Björeid Aabø. Masterisé par : John Hegre. |
Aujourd’hui je viens inaugurer la toute
première chronique électro de Psychopathia Melomania, vous ayant bien plus
habitués à des sonorités métalliques. Mais vous savez à présent que
l’éclectisme demeure chez nous une notion-clé, et il est tout à fait hors de
propos de s’imposer de futiles barrières stylistiques. Ainsi, vous vous doutez
bien que cette inauguration ne se fait pas par hasard, et laissez-moi vous
introduire ici à un projet profondément atypique : Sound of Sotra.
Sound
of Sotra est une
entité électro en provenance de Norvège (de Bergen plus précisément), à
laquelle je suis arrivé par un sinueux chemin. En effet, étant depuis plusieurs
années grand amateur du riche projet néo-folk Wardruna, j’ai eu l’occasion de me pencher sur les projets annexes
de chacun de ses trois membres. Je me suis donc entre autres intéressé aux
multiples projets de Lindy-Fay Hella,
chanteuse au timbre de voix surréaliste. C’est ainsi que j’en suis venu à Sound of Sotra, où la dame est réunie en
trio avec Ragnhild Storsletten Åse
et Marita Moe Sandven. En apparence,
le seul lien demeurant entre Sound of
Sotra et Wardruna s’incarne en Lindy-Fay Hella, car les deux entités sont
clairement aux antipodes. Ainsi, si vous ne lisez ces lignes que par strict
intérêt pour Wardruna, je vous conseille vivement de vaquer à d’autres
occupations ! Par contre, si comme moi vous êtes de grands curieux et appréciez
les chocs culturels et stylistiques, plongez avec moi dans ce projet atypique
qu’est Sound of Sotra…
Sound
of Sotra est un
projet à présent défunt (idée qui sera
nuancée par l’interview prochaine à paraitre…) et qui n’aura sorti qu’un seul
et unique album en 2010, intitulé "Potpourri".
A travers cette chronique, je cherche donc à faire revivre quelque peu un album
qui selon moi ne devrait pas tomber aux oubliettes. Ne cherchez d’ailleurs pas
à acquérir cet objet en support physique, car malheureusement "Potpourri" n’est disponible qu’en
format digital.
Comment pourrais-je vous présenter de
manière synthétique Sound of Sotra ?
C’est un exercice extrêmement difficile car nous avons ici à faire à un
véritable ovni musical comme jamais vous n’en aurez entendu de votre vie. Un
ensemble de qualificatifs peut tenter de circonscrire cet opus : décalé,
imprévisible, surprenant, déboussolant… Comme vous pouvez le constater, "Potpourri" vous invite en terrain
mouvant (émouvant…), et l’effet de surprise sera votre fil conducteur !
Avant de démarrer dans le vif du sujet, faisons un petit détour par le
nom du groupe : Sotra est un
ensemble de deux îles au nord de Bergen, où le relief y est très découpé (comme
toute la côte ouest de la Norvège d’ailleurs). Pour être allé à Sotra même en
2010, je vous invite à découvrir ce rivage découpé à l’extrême mais d’une
grande beauté. Ce relief que l’observateur a grand peine à circonscrire semble
justement nous renvoyer à l’identité musicale de cet opus de Sound of Sotra…
Une courte introduction nous plonge
immédiatement dans l’ambiance délurée de Sound
of Sotra avec un entremêlement de sons électro et enfantin, où la boite à
musique fusionne avec des voix débridées (jazzy et à la fois lyriques… puis tout
à la fois !). Tous ces sons nous arrivent d’un seul coup, dans une sorte
d’urgence calme : Etrange ?? Assurément !!! « Come on ! Come on !! ».
L’étrange débute au plus fort avec Cirkus
Vulcano, où les beats soutiennent des sons expérimentaux. Assez
paradoxalement, la ligne vocale initiale apparait stable, avant de dévier
lentement… pour se maintenir malgré tout. Il nous est ici dépeint une ambiance
de club des plus étranges, où des entités féminines viennent semer la
confusion. Trouble… le DJ aurait-il été séduit par mégarde par nos trois dames ?
Et pourtant, dans cette étrangeté manifeste il se dégage une profonde
sensualité issue de ces voix chaudes et emplies de mystère… Cette sensualité,
nous la rencontrons d’ailleurs sur le clip réalisé par Madame Pixel :
S’y entremêlent des robots en manque de
chair, ainsi qu’un carrousel bien fantomatique… et au final une retranscription
assez personnelle des contrastes de la musique seule de Cirkus vulcano.
L’ambiance s’industrialise sensiblement
avec le titre suivant, 35 (Pojkorna).
Des voix parfois en colère et assez dans l’esprit "indie rock" se
mêlent à des sons expérimentaux. Le refrain (qui n’en est pas un, puisque ne se
répétant pas) est absolument irrésistible, avec ses consonances nordiques. Assez
difficile à apprivoiser au départ, j’avoue avoir une forte sensibilité pour ce
titre-ci.
Aurions-nous ensuite droit au "tube"
de Sound of Sotra ? Avec un
beat assez léger, il semblerait que oui… Chicks
for Free. Faisant explicitement référence à Money for nothing de Dire
Straits, Chicks for Free n’est
pourtant nullement une cover, demeurant beaucoup plus hasardeuse que cela.
D’ailleurs, les vocaux partent dans une direction très particulière, étant
quand même très barrés ! Donc à ceux qui le qualifierait de "tube",
mieux vaudrait revenir sur telle qualification, car Chicks for Free demeure sacrément atypique..
Sur fond de clavier minimaliste,
l’alliance des trois voix prend tout son sens sur le titre suivant, Bigelow. Entre nonchalance et allure
débridée, le chemin vocal se veut sinueux et profondément joueur. Cette petite
balade en terrain inconnu est vraiment très agréable !
For
my Shirt fait
ensuite l’éloge du contraste, et ce dès les premières secondes. En effet,
l’instrumentation aérienne côtoie des voix aux paroles futiles : « I’m too sexy for my shirt ».
Cela ne vous rappelle rien ? Car il s’agit de paroles reprises de I’m too sexy de Right Said Fred ! Puis la rythmique s’accélère pour un moment
typiquement barré de chez Sound of Sotra :
parodie absolue de la chanson du titre de Right Said Fred, avec des vocaux très
bas. Cela va peut-être vous paraitre idiot, mais il est littéralement jouissif
de sentir que nos chères dames s’amusent à ce point !
Retour à une dimension plus
expérimentale avec Dr. Tilrem… Après
une narration en Allemand, des sons étranges s’installent pour laisser place à
des voix complètement barrées !! Ce titre semble être une mise en musique
de la prise de drogue (comme évoqué dans les paroles d’ailleurs), non pas à
titre d’encouragement mais plutôt dans une vision clairement parodique. Se
greffera ensuite un saxophone, pour entériner l’aspect totalement décalé de la
chose, ce qui n’était plus à prouver ! Soulignons d’ailleurs que Dr.
Tilrem est un véritable médecin, qui fut tout spécialement convié pour placer
cette narration particulièrement clinique.
Poursuivant dans une veine expérimentale, se présente à nous le
relativement long Yes stud, I can voodoo.
Etrange et insaisissable, nous voguons en territoire curieux, ne sachant vers
quelle direction progresser. Une rythmique assez sobre s’installe en fin de
morceau, alors que résonne une référence au Poison
de The Prodigy. D’ailleurs, le titre
lui-même ne serait-il pas une référence dissimulée au Voodoo people de ces mêmes Prodigy ? En tous les cas, et malgré
cette maigre référence, le climat et l’instrumentation n’ont strictement rien à
voir avec ce que pratique les Anglais. Car ici l’opacité est vraiment lunaire,
avec des êtres venus de très très loin !
Le clip va d’ailleurs en ce sens, à la
limite de l’hermétisme. Yes stud, I can
voodoo est peut-être le titre le plus étrange et le plus énigmatique de ce
"Potpourri"…
Nous en arrivons déjà à l’épilogue… et quel épilogue !! En effet, Sola Di est absolument irrésistible,
avec des chœurs débridés au possible et montant sacrément dans les
hauteurs ! Assez lumineux dans son atmosphère, nous pourrions presque
sortir l’ukulélé, mais le synthétiseur s’en charge en lieu et place. Loufoque
au possible, c’est à une sorte d’épilogue insensé auquel nous assistons, aux
échos charmeurs. Sola Di est une
véritable perle de folie douce !
Avec "Potpourri", nous sommes très loin d’une musique électro que
l’on pourrait entendre dans l’importe quel club standard. Car même si la
musique de Sound of Sotra est
électro dans son expression, elle est bien trop investie d’ambiance(s) pour
être simplement dansée.
Sur cet album, de la première à la dernière note nous ressentons cette
dimension de jeu, cette volonté de ne pas se prendre au sérieux. Structurellement,
le tout peut paraitre assez chaotique, car entremêlant sans cesse foule
d’éléments issus d’horizons multiples. A ce titre, la démarche a je trouve une
allure plutôt expérimentale, mais je ne sais pas si une telle volonté est de
cet acabit en amont. Et dans cet entrecroisement d’univers, il est assez
logique de se trouver décontenancé et complètement perdu.
"Potpourri" m’apparait comme un terrain de jeu pour les
malicieuses et désobéissantes Lindy-Fay,
Ragnhild et Marita. Car l’on sent derrière chaque expression vocale, derrière
chaque son, un plaisir non dissimulé à surprendre l’auditeur et à l’emmener là
où il n’aurait jamais cru aller. Cette dimension de surprise est exaltée et constitue
véritablement le cœur de cet album. En effet, il me semble que sont amplifiés
un ensemble de traits de caractère de nos chères dames… tantôt petites filles
espiègles, tantôt séductrices invétérées. D’apparence décousue, cet album nous
permet en fait de tourner autour d’un même cristal, notre perception changeant
en permanence selon notre angle de vue… mais le cristal restant toujours ce
qu’il est.
D’une durée bien trop courte (environ
30 minutes), "Potpourri"
pose les bases d’une expression unique, et je mets au défi quiconque de trouver
un autre album à l’ambiance similaire ! Ainsi, l’opus semble assez
logiquement le début d’un travail plus approfondi, et je ne peux que regretter
qu’aucune autre pièce ne soit venue compléter "Potpourri".
Le cirque volcanique viendra-il jaillir à nouveau en nos oreilles ?
…
Juin/Août/Septembre 2013,
Rédigée par Vlad Tepes.
Rédigée par Vlad Tepes.
Sound of Sotra - "Potpourri" (2010)
Release : | Format : | Label : | Realm : | Country : |
April 2010 | LP | Yap Records | Impish & unpredictable electro music… | Norway |
Line-up album :
Lindy-Fay Hella : Vocals / Electric organ / Synthesizer / Programming (except Sola Di). Ragnhild Storsletten Åse : Vocals / Music box (on Intro). Marita Moe Sandven : Vocals / Additional electric organ (on Dr. Tilrem). |
Additional members :
Anders Hanna : Guitar / Drums. Kjetil Möster : Saxophone (on Dr. Tilrem). Björn Torske : Programming (on Chicks for Free). Pontus Jobst Peter Tilrem : Spoken words (on Dr. Tilrem). |
Lyrics :
Lindy-Fay Hella, Ragnhild Storsletten Åse & Marita Moe Sandven (except Cirkus Vulcano, by Ragnhild Storsletten Åse & Marita Moe Sandven). |
General elements :
Produced by : Lindy-Fay Hella, except Sola Di by Björn Torske. Recorded and arranged by : Sound of Sotra. Mixed by : Sound of Sotra & Kjetil Björeid Aabø. Mastered by : John Hegre. |
Today I come in
here to break in the very first electro review by Psychopathia Melomania, the
dear readers that you are getting more often used to metallic sounds. But you
know now that eclecticism is a keyword for us, and it is totally out of the
question to establish ourselves some futile stylistic gates. So you can expect
that this inauguration isn’t made by accident, and let me introduce you to an
atypical project : Sound of Sotra.
Sound of Sotra is an electro entity from Norway (more precisely from
Bergen), and I came to it through a tangled path. Indeed, being a huge fan from
years of the rich neo-folk project Wardruna,
I had the opportunity to lean on the side-projects from each member of the
band. So I took interest in the multiple projects of Lindy-Fay Hella, singer who possesses an incredible and
surrealistic tone. That’s how I came to Sound
of Sotra, where our lady is gathered together with Ragnhild Storsletten Åse and Marita
Moe Sandven. By all appearances, the only link between Sound of Sotra and Wardruna is incarnated in the person of
Lindy-Fay Hella, because these two entities are clearly poles apart. So if you
read these lines only because of being interested by Wardruna, you should
attend to other hobbies ! However, if you’re keen on people and like cultural
and stylistic shocks, may you dive with me into this atypical project that is Sound of Sotra…
Sound of Sotra is by now a defunct project (idea that will be shaded
in an imminent interview, which will come pretty soon…) and has released one
and only album in 2010, entitled "Potpourri".
With this review, I’m trying to get relive this album in a way, which mustn’t
be forgotten. But don’t try to buy this item in physical format, because "Potpourri" is only available in
digital.
How could I
describe Sound of Sotra in a
synoptic way ? This is a very difficult drill because we stand in front of a
musical UFO piece like no other. Some qualifying terms can describe this album
: offbeat, unpredictable, surprising, confusing… As you can read it, "Potpourri" is inviting you to an
unstable ground, and the novelty effect will be your common thread !
A brief
introduction makes us dive straightaway into the brazen atmosphere of Sound of Sotra with an intertwined
world of electro and childish sounds, where the music box merges with unbridled
voices (jazzy and lyrical too… then all at the same time !). All these sounds
come in one go, like a calm emergency : Strange ?? Yes, for sure !!! « Come on ! Come
on !! ».
Robots needing
some flesh and a ghostly equestrian display appear in it… and in the end this
is a personal re-transcription of all the contrasts of the music alone of Cirkus vulcano.
The atmosphere
seems to mechanize itself in the following track, 35 (Pojkorna). Some voices sometimes angry and pretty in an "indie
rock” feeling are meddling in experimental sounds. The chorus (which isn’t
really a chorus, because appearing only once) is simply irresistible, with its
Nordic consonance. Pretty difficult to domesticate initially, I must admit that
I’ve a big sensitiveness for this particular track.
Is it a sort of
« hit single » that is coming to our ears ? With a light beat,
it seems that it is the case… Chicks for
Free. It refers to the song Money for
nothing from Dire Straits, but Chicks for Free isn’t a cover at all of
it, being much more risky than that. In fact, the vocals go in a particular
direction, being totally crazy ! So for the one that would just qualify it as a
“hit single”, you should erase such qualification, because Chicks for Free is an atypical track.
To a background
of minimalistic keyboard, the alliance of the three voices is fully realized on
the following track, Bigelow. Between
indolence and unbridled look, the vocal ground seems sinuous and deeply
playful. This little ride in an unknown land is truly enjoyable !
Then For my Shirt sings the praises of
contrast, from the very first seconds. Indeed, the aerial instrumentation
stands alongside of futile words : « I’m
too sexy for my shirt ». Don’t you remember some old song ? Because
you could recognize the ones from I’m too
sexy by Right Said Fred !
Then the rhythmic section speeds for a crazy moment so typical of Sound of Sotra : absolute parody of the
song from Right Said Fred, with very low vocals. Maybe it’s going to seem silly
for you, but it is totally ecstatic to feel that our dear ladies have a whale
of a time !
Let’s return to
a more experimental dimension with Dr.
Tilrem… After a German narration, some weird sounds settles down to leave
room for the craziest voices !! This track seems to be a musical representation
of drug abuse (as we can hear in the lyrics), not to support it but more like a
parodic vision. Then a saxophone will attach itself to the track, like to
approve the staggered aspect of Dr.
Tilrem, which was already clear ! Let’s just mention that Dr. Tilrem is a
real doctor, who was invited to do this clinical narration on the song.
The video
appears exactly like this, so pretty sealed-off. Maybe Yes stud, I can voodoo is the most strange and enigmatic track from
"Potpourri"…
With "Potpourri", we stand far from a
simple electro music that we could hear in every nightclub. Because if the
music of Sound of Sotra is in fact
electro in its expression, it has too much atmospheres to just be danced.
On this album,
from the first to the last note we can feel this dimension of playing, this
desire to not take themselves seriously. In its structure, the whole album can
appears chaotic, because mixing constantly lots of elements coming from
different horizons. That’s why I think the approach is pretty experimental, but
I don’t know if there was such a will upstream. But in this intertwining of
universes, it is pretty logical to feel disconcerted and completely lost.
"Potpourri" appears to me like a big
playground for the malicious and disobedient Lindy-Fay, Ragnhild and Marita. Because we can feel behind
every vocal expression, behind every note, an obvious pleasure to surprise the
listener and take him to a place where he never would have gone by himself. This
dimension of surprise is elated and constitutes the core of this album. Indeed,
it seems to me that an ensemble of characteristics of our ladies is expanded…
sometimes mischievous little girls, other times inveterate seductive woman. In
a casual appearance, this album allows us to turn around a same crystal, our
perception changing constantly depending on our view angle… but the crystal
always stays what it is.
Too short (over
approximately 30 minutes), "Potpourri"
builds the basis from a unique expression, and I challenge everyone to find
another album with a similar atmosphere ! So the album appears logically as the
beginning of a more in-depth work, and I can only regret that there wasn’t
another piece to complete "Potpourri".
Will the volcanic circus burst out again to our
ears ? …
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