Mournful Congregation / Ataraxie / Monads / Charnia
Let there be doom…
(par Vlad Tepes)
|
Moment : 20/04/13.
Lieu : Decadance (Gand, Belgique).
Lieu : Decadance (Gand, Belgique).
Groupes :
Charnia | Monads |
Ataraxie | Mournful Congregation |
Il y a des soirées musicales que l’on
se refuse de manquer tant elles nous allèchent. Et en ce 20 avril, il
paraissait indispensable de rejoindre Gand pour une soirée doomesque des plus
incroyables, réunissant des ténors du doom/death à la fois international et
national : les Australiens de Mournful
Congregation et les Rouennais d’Ataraxie.
Nous nous engouffrâmes avec Bloodhound
dans cette salle exigüe du Decadance…
La mélancolique nuit débuta
avec les jeunes loups de Charnia.
Ils nous offrirent une trop courte prestation, soit trois morceaux seulement,
du fait d’un retard dû à l’un de leurs membres (ou plutôt un ancien membre
devrais-je dire). Une rage manifeste sur le visage, le vocaliste Jelle Pieters
délivra avec ses compères une prestation violente et atmosphérique. Pratiquant
ce que je qualifierais de sludge contemplatif, Charnia nous aura offert une musique assez ultime, me rappelant
avec grand plaisir un certain Neurosis dans les instants les plus apocalyptiques.
A ce titre, voici Galilei à travers
cette archive audio :
Maitrisée et franchement
racée, la musique de Charnia demeure
de haute volée, ce qui est assez étonnant pour un groupe à priori si jeune.
Ainsi, le sentiment avec lequel je fus laissé, c’est une frustration assez
importante. A revoir de toute urgence pour ma part…
Set-list
Charnia :
1) The silent cartographer
2) Galilei
3) Longinus
C’est ensuite au tour des
joyeux drilles de Monads de prendre
la suite des doomesques opérations. Le groupe pratique une musique à la croisée
du doom/death et du dark métal au sens bethlehemien du terme. Ainsi, l’ensemble
retranscrivait un sentiment de torture intérieure, appuyé par des rythmiques
pesantes caractéristiques du doom/death. Malgré une certaine difficulté à
investir la (petite !) scène, l’attitude des musiciens était assez
cohérente avec leur musique, à savoir sobre et froide.
Malheureusement, le son fut
assez catastrophique durant la majeure partie du set, nous infligeant un
grésillement franchement désagréable. Sur cette archive audio, vous entendrez
cette excellente composition qu’est Within
the circle of seraphs, gâchée par ce fameux son :
Monads est un groupe qui a
vraiment des choses à dire, et le son de cette prestation n’aura pas eu raison
de ma volonté de les revoir sur scène…
Après ces deux excellentes mises en
bouche, il était désormais temps d’attaquer le premier plat de résistance avec
la colossale musique d’Ataraxie. Six
mois après leur prestation parisienne au festival Doom Over Paris, il était temps de m’injecter une sérieuse piqûre
de rappel…
Soulignons le temps infini de
sonorisation qu’il fallut au groupe pour se préparer, dû au personnel de la
salle manifestement léthargique. Ce fut Jo qui en subissa directement les
conséquences, ne réussissant que très tardivement à obtenir une réverbération
digne de ce nom !
La prestation débuta par l’indispensable L’ataraxie, sorte de rite de passage pour toute prestation du
groupe. Bénéficiant d’un son manquant de puissance, l’interprétation fut quant
à elle de bonne qualité.
Mais les hostilités
démarrèrent véritablement dès le second morceau avec l’imposant Anhédonie. Avec un son toujours trop peu
puissant, l’interprétation quant à elle poursuivit sur sa lignée, à savoir une
qualité irréprochable.
Cela faisait bien longtemps que je ne
m’étais pas autant démonté la nuque sur ce morceau d’anthologie ! Torturé
et maladif comme il se doit, je fus conquis de bout en bout.
Un concert d’Ataraxie passant
toujours à trop grande vitesse (aussi paradoxal que cette expression puisse
être), nous arrivâmes déjà à la fin du show, avec un nouveau titre issu de
"L’être et la nausée" (qui
n’était pas encore paru au moment de ce concert). Voici ainsi pour la seconde
fois en live le pavé de torture qu’est Face
the loss of your sanity…
Le son fut cette fois-ci relativement
correct (même si manquant toujours de puissance) pour nous offrir un titre
violent et sans compromis. Je continue à le trouver très différent de ce qu’Ataraxie nous a offert sur ses deux
premiers opus, sans pouvoir pour le moment poser de qualificatif précis pour
représenter ce changement. En tous les cas, Face
the loss of your sanity s’imposa comme une pièce de choix, avec un style
très marqué et structurellement complexe.
Mais une galère n’arrivant jamais
seule, le titre fut coupé en deux parties distinctes, Fred ayant eu quelques
soucis avec sa guitare, ce qui fut somme toute peu dommageable concernant le
rendu global.
Cet excellent concert d’Ataraxie l’aura
été par la seule volonté de ses musiciens, car le son une fois de plus n’aura
été nullement un appui. Pourtant, avec une set-list représentant l’ensemble de
la discographie de nos Rouennais, l’impact aurait dû être bien plus intense si
tous les paramètres avaient été plus favorables. Je suis ainsi sorti frustré de
cette prestation, attendant toujours de pied ferme une insensée célébration
rouennaise…
Set-list
Ataraxie :
1) L’ataraxie
2) Anhédonie
3) Face the loss of your sanity
Le second plat de résistance
s’annonçait copieux avec les Australiens de Mournful Congregation. 4 ans après leur tournée Milestones of Misery de 2009, je me
languissais de les revoir, agrémenté du fait qu’aucune date ne nous avait
été offerte suite à la sortie de "The
Book of Kings".
La prestation se déroula dans la quasi
pénombre, avec un light-show quasi inexistant parfaitement adapté à ce style de
musique. En effet, un doom aussi extrême s’apprécie particulièrement les yeux
fermés, en totale introspection…
Ce concert débuta par le superbe Mother,
Water – The great sea wept. Quel ravissement que de retrouver ce titre joué
devant nous, à la subtilité impressionnante.
D’une lenteur conventionnelle à la
version studio, mes yeux se fermèrent et c’est un long et lent head-banging qui
m’empara de moi. Intense et très évocateur, Mother,
Water – The great sea wept me transporta de la première à la dernière note.
Du grand art…
Voguant vers "The Book of
Kings", les larmes montèrent dès les premières notes de The waterless streams. D’une mélancolie
très profonde, il fut impossible de ne pas se laisser envahir par cette vague
de tristesse venue des abysses, dont la profondeur vous happe littéralement.
Rythmiquement, ce titre fut également
particulièrement lourd, nous indiquant que Mournful
Congregation reste bel et bien un groupe de doom/death. Me concernant, je
suis assez satisfait que ce soit The
waterless streams qui fut choisi pour représenter ce soir-là leur quatrième
album.
Revenant en arrière, nos Australiens exhumèrent un titre issu de leur
premier opus, en la qualité de Skyward gaze, earthward
touch.
Ici, je trouve le choix plutôt
maladroit car je considère ce morceau comme assez secondaire sur "Tears from a grieving heart".
Ainsi, j’aurai nettement préféré entendre par exemple le poignant Opal of the stream beneath the hills. Je
resta ainsi assez froid à ce moment précis du show.
Ce titre particulièrement épique (dans
son acception doom bien entendu) provoqua chez moi une sensation d’écrasement,
comme si la mélancolie s’était mutée en pierre. Ainsi l’apaisement que je
ressens bien plus en écoutant la version studio passa ici au second plan. En
effet, cette écoute exigea un investissement émotionnel conséquent, vampirisant
le peu d’énergie qu’il me restait encore. Superbement éprouvant…
Cette prestation de Mournful Congregation n’aura fait
qu’alimenter l’image de pionnier que je me suis construit d’eux depuis quelques
années. Circonscrivant un style qui leur est propre (quasi hermétique pour la
grande majorité des mélomanes dits "normaux"), une prestation live du
groupe est éprouvante tant la lourdeur mélancolique est impressionnante. Au
final, il est presque bien plus fatiguant d’écouter une telle lenteur plutôt
qu’1h30 de blast beats en continu !
Mournful
Congregation aura su s’imposer une fois
de plus, comblant ses plus fervents admirateurs. En attendant une nouvelle
venue dans quatre années…
Set-list
Mournful Congregation :
1) Mother – Water, the great sea wept
2) The waterless
streams
3) Skyward gaze,
earthward touch
4) The monad of creation
Cette soirée fut en demi-teinte, dont
la qualité du son fut seule responsable (concernant Monads et Ataraxie
uniquement). Car pour ma part, les quatre prestations de ce soir-là m’auront
touché, exprimant un univers à part entière, ainsi qu’une identité palpable.
Nous pouvons ainsi dire que la scène doom reste d’une grande vivacité,
que ce soit à travers les groupes qui n’ont plus rien à prouver (Mournful Congregation, Ataraxie), ou bien les jeunes loups
assoiffés (Monads, Charnia).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire