lundi 8 juin 2015

The Sirens - Live Paris 2014



The Sirens

Une soirée avec les trois fées marraines du métal

(par Chryseia)



Dernier concert de la tournée européenne 2014
Moment : 20/12/15.
Lieu : Divan du Monde (Paris 18ème).


The Sirens @Divan du Monde, Paris 20/12/2014


Que demander de mieux, quelques jours avant Noël, qu'une soirée avec les trois pionnières du female fronted metal ? Se voir offrir sur un plateau Liv Kristine (ex-chanteuse de Theatre of Tragedy), Kari Rueslåtten (ex-chanteuse de The 3rd and the Mortal) et Anneke Van Giersbergen (ex-chanteuse de The Gathering), c'est irrésistible. Mais le concert sera-t-il à la hauteur des attentes du public ?




The Sirens

Lorsque nous arrivons, Dökkalfar et moi, pour faire l'interview des Sirens (http://www.psychopathia-melomania.com/2015/03/interview-sirens-decembre-2014.htmlvers 16 heures, quatre ou cinq personnes attendent déjà devant les portes closes du Divan du Monde : les irréductibles, déterminés à être au pied de la scène. Lorsque nous ressortons, deux heures plus tard, après avoir rencontré ces dames et assisté – derrière les portes battantes de la salle – aux balances, la file s'étire déjà loin sous la pluie fine de cette fin de décembre. Le public est assez disparate, même si le noir des vêtements, majoritaire, constitue un dénominateur commun. Pensez donc : ce soir, ce sont trois chanteuses aux carrières diverses qui sont réunies. Leurs fans ne sont pas nécessairement les mêmes. Sans compter qu'entre les fans des premières heures et ceux des chanteuses dans leurs carrières actuelles, il peut y avoir de sensibles différences et une génération d'écart ! On se regarde un peu, on se jauge. Pour qui viens-tu, toi ? Certains affichent la couleur en portant les T-shirts et hoodies de leur groupe fétiche. Une interrogation me taraude : le mélange va-t-il prendre ? Comment ces trois artistes vont-elles créer un concert cohérent ?

Vers 19 heures, les portes s'ouvrent. Chacun trouve sa place, qui devant la scène (mais pourquoi faut-il toujours qu'il y ait un grand costaud devant moi ?), qui sur le balcon. Sur le côté de la scène, le familier et emblématique rideau léopard : c'est bon, nous sommes bien au Divan du Monde.

Il n'y a pas de première partie ce soir, mais l'on attend un peu quand même. Les Sirens se font désirer (normal, me direz-vous). Certains – beaucoup – en profitent pour aller faire un tour au bar. Puis une musique féerique se fait entendre tandis que la salle plonge dans le noir. Les musiciens se mettent en place, sous les applaudissements. Trois halos de lumière signalent la prochaine présence des reines du soir

Et c'est parti. Les premières notes du très punchy Treat Me Like a Lady retentissent et les Sirens font leur apparition. Ce titre, en forme de clin d'œil, donne le ton, et même si les voix ne sont pas encore parfaitement assurées, la bonne humeur et l'énergie sont bien là.

Le style des trois chanteuses s'affirme d'emblée : sourire irradiant et énergie d'Anneke, coquetterie et séduction de Liv Kristine, grâce et réserve magnétique de Kari. Cela ne se démentira pas.

On enchaîne avec le titre Vervain de Liv, en duo avec Anneke, qui reste ensuite seule sur scène pour  Saturnine. C'est évidemment un triomphe, cette chanson est presque un hymne. Anneke s'amuse, et sa voix saisit aux tripes. Entre miss Van Giersbergen et le public parisien, c'est une longue histoire d'amour, et ce n'est pas ce soir qu'elle finira.

Après l'exubérante Néerlandaise, c'est l'introvertie Kari qui apparaît sur scène et présente le prochain titre, avec un accent délicieux. Ce sera Exile, écrit pendant son séjour à Londres. On sent que certains dans la salle ne la connaissent pas, surtout pas pour sa carrière solo. Elle va donc devoir faire ses preuves, si l'on peut dire. Dès qu'elle commence à chanter, on comprend pourquoi Anneke et Liv Kristine ont vu en elle, à leurs débuts, un modèle. Sa voix est incroyable, pleine d'âme, et sa présence quasi magique. Le public apprécie, hypnotisé. Conquis.

Liv Kristine prend le relais. Habituée aux tournées internationales, on la sent à l'aise. Elle minaude un peu, parle au public, et annonce Venus. Enthousiasme dans la salle ! Elle chante superbement cette pépite (l'un de mes titres fétiches de Theatre of Tragedy), accompagnée, pour la partie vocale masculine, par Ferry Duijsens, le guitariste claviériste. Elle invite ensuite Kari à ses côtés pour un ensorcelant Silence.

The Sirens in concert 2014

Afin de sortir le public de la légère mélancolie où l'ont plongé ces deux derniers titres, Anneke revient avec le très orientalisant Mental Jungle, dont tout le monde n'est visiblement pas familier, puis c'est à Liv Kristine de réveiller les troupes avec un Image sexy en diable, qui donne envie de délacer son corset et de danser.

Retour à une forme d'intimité pour la partie suivante. C'est d'abord 1000 Miles Away From You, chanté par le duo Anneke-Liv Kristine – incontestablement une des plus belles performances de la soirée. L'émotion est palpable dans la salle. Je jurerais ne pas être la seule à avoir eu les larmes aux yeux

Pour enfoncer le clou, nous sommes ensuite gratifiés d'un duo Kari-Anneke sur le spleenétique Why So Lonely ?  De ce titre de The 3rd and the Mortal, Kari a choisi de jouer la version épurée qu'elle propose sur son album Time to Tell (avec, au piano, Tuomas Holopainen, excusez du peu). C'est trop beau, on voudrait mourir là, en pleine extase auditive, porté par les deux voix angéliques. On n'a pas le temps de se remettre de son émoi que Kari, demeurée seule, annonce le mythique, incomparable Death Hymn. Entendre cette chanson, vingt ans après sa composition, quel privilège ! Kari dit y attacher une importance particulière, et c'est perceptible. Sa performance est presque mystique. Une forme de transe.

Après ce moment extraordinaire, Liv Kristine et Anneke, qui s'est changée, reviennent pour un duo bien léché et presque chorégraphié sur Love Decay, que Liv Kristine chante avec Michelle Darkness (d’End of Green) sur son album. La blonde norvégienne disparaît ensuite et Anneke annonce In Motion #1. Hourras nourris. Un petit raté des musiciens, elle plaisante, détendue, puis c'est reparti, avec Kari en guest. Encore une prestation assez enthousiasmante.

Pendant ce titre, elle présente les membres du groupe :
  • Ferry Duijsens à la guitare et en soutien vocal masculin.
  • Gijs Coolen à la guitare.
  • Viktorija Anselmo au clavier.
  • Joachem Van Rooijen à la batterie.
  •  Joost Van Haaren à la basse.

Puis, une fois le morceau terminé, le silence tombe. Pour célébrer Noël, tout proche, et peut-être parce que c'est la dernière date de leur tournée européenne, les Sirens nous font un cadeau. Trois chants de Noël a cappella : Pie Jesu pour Liv Kristine, Det hev ei rose sprunge pour Kari et Stille Nacht pour Anneke, qui suscite des rires dans la salle, car ce chant-là est familier (c'est l'équivalent de Silent Night). La qualité de leurs voix y apparaît dans sa nudité éblouissante. Le public est sous le charme et apprécie l'instant. Sentiment partagé de participer à un concert vraiment unique. L'interaction entre la scène et la salle est parfaite, et les chanteuses souhaitent à tout le monde un joyeux Noël. On est en famille !

Pour ne pas briser l'atmosphère particulière créée par cet intermède, nos trois fées entonnent ensuite l'un des titres composés spécialement pour The Sirens : Embracing the Seasons, création d'Anneke, pleine d'âme et de douceur.




On craint un peu que ce soit la fin. On crie, on trépigne, on encourage. Et là, bonheur ! Le concert continue. C'est Kari qui revient d'abord, pour le sombre et prenant Atupoéma. Anneke et Liv Kristine la rejoignent ensuite pour une version remarquable de l'entêtant Ride, de Kari, qui célèbre à sa manière le fait que toutes trois sont mères – elles en parlent souvent dans les interviews. On poursuit (à mon plus grand plaisir) l'exploration de la discographie de la rousse norvégienne avec, en duo avec sa compatriote Liv Kristine, le sublime Trollferd. Tiré de l'album folk "Spindelsinn", que Kari composa après son départ de The 3rd and the Mortal, cette chanson, ici jouée de manière acoustique, captive l'assistance. Avec leurs bras levés et leur chant venu d'ailleurs, Liv et Kari se muent en déesses nordiques !

Liv Kristine, demeurée seule, perpétue l'envoûtement avec Siren, de Theatre of Tragedy. Comment aurait-elle pu le laisser de côté ? Puis c'est au tour de l'inévitable Strange Machines, titre phare de The Gathering, pour lequel Anneke, d'abord en solo, appelle finalement ses consœurs sur scène. On sent que cette fois, c'est la fin. On ne veut pas que ce le soit ! Les chanteuses nous procurent un dernier shoot d'énergie avec la seconde chanson composée pour The Sirens, Sisters of the Earth (de Liv Kristine).




Visiblement heureuses, s'étant données sans compter à un public qui les aime passionnément, les trois sirènes saluent leur public, rejointes par les musiciens. Rendez-vous l'année prochaine, dit Liv Kristine. On l'espère !



Ces trois grandes dames ont prouvé ce soir-là qu'elles n'avaient rien perdu de leur talent, au cours de leurs vingt années de carrière. Maîtrise, énergie, charisme, charme dévastateur, tout y est. Cette soirée mémorable a convaincu, et ceux qui n'étaient venus que pour l'une ou l'autre des chanteuses sont à coup sûr repartis séduits par les trois. La singulière communion qui existe de toute évidence entre ces artistes est sans doute pour beaucoup dans ce succès. Certes, les titres de leurs anciens groupes remportent plus de succès que leurs créations ultérieures. Mais l'ensemble est cohérent, varié et d'une qualité réelle. Il suffit de prendre la peine de découvrir leurs albums solo et de les voir en concert pour s'en convaincre.


Set-list The Sirens :

1) Treat Me Like a Lady (album Drive, d'Anneke Van Giersbergen)
2) Vervain (album Vervain, de Liv Kristine Espenæs Krull)
3) Saturnine (album If Then Else, de The Gathering)
4) Exile (album Pilot, de Kari Rueslåtten)
5) Venus (album Aégis, de Theatre of Tragedy)
6) Silence (album Libertine, de Liv Kristine Espenæs Krull)
7) Mental Jungle (album Drive, d'Anneke Van Giersbergen)
8) Image (album Musique, de Theatre of Tragedy)
9) 1000 Miles Away From You (album Everything is Changing, d'Anneke Van Giersbergen)
10) Why So Lonely ? (album Tears Laid in Earth, de The 3rd and the Mortal)
11) Death Hymn (album Tears Laid in Earth, de The 3rd and the Mortal)
12) Love Decay (album Vervain, de Liv Kristine Espenæs Krull)
13) In Motion #1 (album Mandylion, de The Gathering)

Intermède des chants de Noël :
14) Pie Jesu
15) Det hev ei rose sprunge
16) Stille Nacht

Encore :
17) Embracing the Seasons (d’Anneke Van Giersbergen, pour The Sirens)
18) Atupoéma (album Tears Laid in Earth, de The 3rd and the Mortal)
19) Ride (album Other People's Stories, de Kari Rueslåtten)
20) Trollferd (album Spindelsinn, de Kari Rueslåtten)
21) Siren (album Aégis, de Theatre of Tragedy)
22) Strange Machines (album Mandylion, de The Gathering)
23) Sisters of the Earth (de Liv Kristine Espenæs Krull, pour The Sirens)


Mars 2015,
Rédigé par Chryseia.



The Sirens @Divan du Monde, Paris 20/12/2014

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