The Sirens
Une soirée avec les trois fées marraines du métal
(par Chryseia)
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Dernier concert de la tournée européenne 2014
Moment : 20/12/15.
Lieu : Divan du Monde (Paris 18ème).
Moment : 20/12/15.
Lieu : Divan du Monde (Paris 18ème).
Que
demander de mieux, quelques jours avant Noël, qu'une soirée avec les trois
pionnières du female fronted metal ? Se voir offrir sur un plateau Liv Kristine (ex-chanteuse de Theatre
of Tragedy), Kari Rueslåtten
(ex-chanteuse de The 3rd and the Mortal) et Anneke Van Giersbergen (ex-chanteuse de The Gathering), c'est
irrésistible. Mais le concert sera-t-il à la hauteur des attentes du
public ?
Lorsque nous arrivons, Dökkalfar et moi, pour faire
l'interview des Sirens (http://www.psychopathia-melomania.com/2015/03/interview-sirens-decembre-2014.html) vers 16 heures, quatre ou cinq personnes
attendent déjà devant les portes closes du Divan du Monde : les
irréductibles, déterminés à être au pied de la scène. Lorsque nous ressortons,
deux heures plus tard, après avoir rencontré ces dames et assisté – derrière
les portes battantes de la salle – aux balances, la file s'étire déjà loin sous
la pluie fine de cette fin de décembre. Le public est assez disparate, même si
le noir des vêtements, majoritaire, constitue un dénominateur commun. Pensez
donc : ce soir, ce sont trois chanteuses aux carrières diverses qui sont
réunies. Leurs fans ne sont pas nécessairement les mêmes. Sans compter qu'entre
les fans des premières heures et ceux des chanteuses dans leurs carrières
actuelles, il peut y avoir de sensibles différences… et une
génération d'écart ! On se regarde un peu, on se jauge. Pour qui viens-tu,
toi ? Certains affichent la couleur en portant les T-shirts et hoodies de
leur groupe fétiche. Une interrogation me taraude : le mélange va-t-il
prendre ? Comment ces trois artistes vont-elles créer un concert
cohérent ?
Vers 19 heures, les portes s'ouvrent. Chacun trouve sa
place, qui devant la scène (mais pourquoi faut-il toujours qu'il y ait un grand
costaud devant moi ?), qui sur le balcon. Sur le côté de la scène, le
familier et emblématique rideau léopard : c'est bon, nous sommes bien au
Divan du Monde.
Il n'y a pas de première partie ce soir, mais l'on attend un
peu quand même. Les Sirens se font
désirer (normal, me direz-vous). Certains – beaucoup – en profitent pour aller
faire un tour au bar. Puis une musique féerique se fait entendre tandis que la
salle plonge dans le noir. Les musiciens se mettent en place, sous les
applaudissements. Trois halos de lumière signalent la prochaine présence des
reines du soir…
Et c'est parti. Les premières notes du très punchy Treat Me Like a Lady
retentissent et les Sirens font leur
apparition. Ce titre, en forme de clin d'œil, donne le ton, et même si les voix
ne sont pas encore parfaitement assurées, la bonne humeur et l'énergie sont
bien là.
Le style des trois chanteuses s'affirme d'emblée :
sourire irradiant et énergie d'Anneke, coquetterie et séduction de Liv
Kristine, grâce et réserve magnétique de Kari. Cela ne se démentira pas.
On enchaîne avec le titre Vervain de Liv, en duo avec
Anneke, qui reste ensuite seule sur scène pour
Saturnine. C'est évidemment un triomphe, cette chanson est
presque un hymne. Anneke s'amuse, et sa voix saisit aux tripes. Entre miss Van
Giersbergen et le public parisien, c'est une longue histoire d'amour, et ce
n'est pas ce soir qu'elle finira.
Après l'exubérante Néerlandaise, c'est l'introvertie Kari
qui apparaît sur scène et présente le prochain titre, avec un accent délicieux.
Ce sera Exile, écrit pendant son séjour à Londres. On sent que certains
dans la salle ne la connaissent pas, surtout pas pour sa carrière solo. Elle va
donc devoir faire ses preuves, si l'on peut dire. Dès qu'elle commence à
chanter, on comprend pourquoi Anneke et Liv Kristine ont vu en elle, à leurs
débuts, un modèle. Sa voix est incroyable, pleine d'âme, et sa présence quasi
magique. Le public apprécie, hypnotisé. Conquis.
Liv Kristine prend le relais. Habituée aux tournées
internationales, on la sent à l'aise. Elle minaude un peu, parle au public, et
annonce Venus. Enthousiasme dans la salle ! Elle chante superbement
cette pépite (l'un de mes titres fétiches de Theatre of Tragedy), accompagnée, pour la partie vocale masculine,
par Ferry Duijsens, le guitariste claviériste. Elle invite ensuite Kari à ses
côtés pour un ensorcelant Silence.
Afin de sortir le public de la légère mélancolie où l'ont
plongé ces deux derniers titres, Anneke revient avec le très orientalisant Mental
Jungle, dont tout le monde n'est visiblement pas familier, puis c'est à Liv
Kristine de réveiller les troupes avec un Image sexy en diable, qui
donne envie de délacer son corset et de danser.
Retour à une forme d'intimité pour la partie suivante. C'est
d'abord 1000 Miles Away From You, chanté par le duo Anneke-Liv Kristine
– incontestablement une des plus belles performances de la soirée. L'émotion
est palpable dans la salle. Je jurerais ne pas être la seule à avoir eu les
larmes aux yeux…
Pour enfoncer le clou, nous
sommes ensuite gratifiés d'un duo Kari-Anneke sur le spleenétique Why So Lonely ? De ce titre de The 3rd and the Mortal, Kari a choisi de jouer la
version épurée qu'elle propose sur son album “Time to Tell” (avec, au piano, Tuomas Holopainen, excusez du
peu). C'est trop beau, on voudrait mourir là, en pleine extase auditive, porté
par les deux voix angéliques. On n'a pas le temps de se remettre de son émoi
que Kari, demeurée seule, annonce le mythique, incomparable Death Hymn.
Entendre cette chanson, vingt ans après sa composition, quel privilège !
Kari dit y attacher une importance particulière, et c'est perceptible. Sa
performance est presque mystique. Une forme de transe.
Après ce moment extraordinaire,
Liv Kristine et Anneke, qui s'est changée, reviennent pour un duo bien léché et
presque chorégraphié sur Love Decay, que Liv Kristine chante avec
Michelle Darkness (d’End of Green)
sur son album. La blonde norvégienne disparaît ensuite et Anneke annonce In
Motion #1. Hourras nourris. Un petit raté des musiciens, elle plaisante,
détendue, puis c'est reparti, avec Kari en guest. Encore une prestation
assez enthousiasmante.
Pendant ce titre, elle présente
les membres du groupe :
- Ferry Duijsens à la guitare et en soutien vocal masculin.
- Gijs Coolen à la guitare.
- Viktorija Anselmo au clavier.
- Joachem Van Rooijen à la batterie.
- Joost Van Haaren à la basse.
Puis, une fois le morceau
terminé, le silence tombe. Pour célébrer Noël, tout proche, et peut-être parce
que c'est la dernière date de leur tournée européenne, les Sirens nous font un cadeau. Trois chants de Noël a cappella : Pie
Jesu pour Liv Kristine, Det hev ei rose sprunge pour Kari et Stille
Nacht pour Anneke, qui suscite des rires dans la salle, car ce chant-là est
familier (c'est l'équivalent de Silent Night). La qualité de leurs voix
y apparaît dans sa nudité éblouissante. Le public est sous le charme et
apprécie l'instant. Sentiment partagé de participer à un concert vraiment
unique. L'interaction entre la scène et la salle est parfaite, et les
chanteuses souhaitent à tout le monde un joyeux Noël. On est en famille !
Pour ne pas briser l'atmosphère
particulière créée par cet intermède, nos trois fées entonnent ensuite l'un des
titres composés spécialement pour The
Sirens : Embracing the Seasons, création d'Anneke, pleine d'âme
et de douceur.
On craint un peu que ce soit la
fin. On crie, on trépigne, on encourage. Et là, bonheur ! Le concert
continue. C'est Kari qui revient d'abord, pour le sombre et prenant Atupoéma.
Anneke et Liv Kristine la rejoignent ensuite pour une version remarquable de
l'entêtant Ride, de Kari, qui célèbre à sa manière le fait que toutes
trois sont mères – elles en parlent souvent dans les interviews. On poursuit (à
mon plus grand plaisir) l'exploration de la discographie de la rousse
norvégienne avec, en duo avec sa compatriote Liv Kristine, le sublime Trollferd.
Tiré de l'album folk "Spindelsinn", que Kari composa après son départ de The 3rd and the Mortal,
cette chanson, ici jouée de manière acoustique, captive l'assistance. Avec
leurs bras levés et leur chant venu d'ailleurs, Liv et Kari se muent en déesses
nordiques !
Liv Kristine, demeurée seule,
perpétue l'envoûtement avec Siren, de Theatre of Tragedy. Comment aurait-elle pu le laisser de
côté ? Puis c'est au tour de l'inévitable Strange Machines, titre
phare de The Gathering, pour lequel
Anneke, d'abord en solo, appelle finalement ses consœurs sur scène. On sent que
cette fois, c'est la fin. On ne veut pas que ce le soit ! Les chanteuses
nous procurent un dernier shoot d'énergie avec la seconde chanson composée pour
The Sirens, Sisters of the Earth
(de Liv Kristine).
Visiblement heureuses, s'étant
données sans compter à un public qui les aime passionnément, les trois sirènes
saluent leur public, rejointes par les musiciens. Rendez-vous l'année
prochaine, dit Liv Kristine. On l'espère !
Ces trois grandes dames ont prouvé ce soir-là qu'elles
n'avaient rien perdu de leur talent, au cours de leurs vingt années de
carrière. Maîtrise, énergie, charisme, charme dévastateur, tout y est. Cette
soirée mémorable a convaincu, et ceux qui n'étaient venus que pour l'une ou
l'autre des chanteuses sont à coup sûr repartis séduits par les trois. La
singulière communion qui existe de toute évidence entre ces artistes est sans
doute pour beaucoup dans ce succès. Certes, les titres de leurs anciens groupes
remportent plus de succès que leurs créations ultérieures. Mais l'ensemble est
cohérent, varié et d'une qualité réelle. Il suffit de prendre la peine de
découvrir leurs albums solo et de les voir en concert pour s'en convaincre.
Set-list The Sirens :
1) Treat Me Like a Lady (album “Drive”, d'Anneke Van
Giersbergen)
2) Vervain (album “Vervain”, de Liv
Kristine Espenæs Krull)
3) Saturnine (album “If Then Else”, de The
Gathering)
4) Exile (album “Pilot”, de Kari
Rueslåtten)
5) Venus (album “Aégis”, de Theatre
of Tragedy)
6) Silence (album “Libertine”, de Liv
Kristine Espenæs Krull)
7) Mental Jungle (album “Drive”, d'Anneke
Van Giersbergen)
8) Image (album “Musique”, de Theatre of
Tragedy)
9) 1000 Miles Away From
You (album “Everything is Changing”, d'Anneke Van Giersbergen)
10) Why So Lonely ? (album “Tears Laid in Earth”, de The 3rd
and the Mortal)
11) Death Hymn (album “Tears Laid in Earth”, de The 3rd
and the Mortal)
12) Love Decay (album “Vervain”, de Liv
Kristine Espenæs Krull)
13) In Motion #1 (album “Mandylion”, de The
Gathering)
Intermède des chants de Noël :
14) Pie Jesu
15) Det hev ei rose sprunge
16) Stille Nacht
Encore :
17) Embracing the
Seasons (d’Anneke Van Giersbergen,
pour The Sirens)
18) Atupoéma (album “Tears Laid in Earth”, de The 3rd
and the Mortal)
19) Ride (album “Other People's Stories”, de Kari
Rueslåtten)
20) Trollferd (album “Spindelsinn”, de Kari
Rueslåtten)
21) Siren (album “Aégis”, de Theatre of
Tragedy)
22) Strange Machines (album “Mandylion”, de The
Gathering)
23) Sisters of the Earth
(de Liv Kristine Espenæs
Krull, pour The Sirens)
Mars 2015,
Rédigé par Chryseia.
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