vendredi 24 février 2017

Gojira / Nostromo - Live Toulouse 2017



Gojira / Nostromo

Now I can see the whales

(par Inquisitor)



"Magma" tour 2017
Moment : 31/01/17.
Lieu : Le Bikini (Toulouse).


Gojira - "Magma" tour 2017


Avant toute chose, j’aimerais remercier le webzine et Warner Music pour m’avoir permis d’assister à cette date. Rater Gojira aurait été une immense déception, car je ne les ai pas vus depuis juillet 2014 au festival Les Courants, à Amboise. Déjà, ça remonte, et puis Gojira c’est quand même une autre expérience en salle qu’en festival !

Arrivé au Bikini vers 20 heures. Premier constat : l’endroit est bondé. Je n’avais jamais vu la salle aussi pleine, même pas pour Behemoth il y a deux mois. Signe que même si “Magma” – dernier album en date des Landais – n’a pas fait l’unanimité, le public français est au rendez-vous et curieux de découvrir les nouveaux morceaux sur scène.

Pour sa courte tournée française (7 dates seulement), Gojira a proposé à Nostromo de les suivre. Formation inconnue pour ma part, il s’agit d’un groupe de grindcore suisse ayant splitté en 2005. Et là, on s’interroge. Du grindcore. Avec Gojira ? J’ai souvenir d’une date à Blois où Nesseria n’avait pas été reçu de la meilleure des façons. Les Toulousains sauront-ils apprécier la musique des Helvètes, leur offriront-ils l’accueil qu’ils méritent ?



Nostromo_logo

Le Bikini, plein à craquer, n’a pas fait le coup de : « je viens pas pour la première partie, ça m’intéresse pas », ce qui est déjà une bonne surprise. L’autre bonne surprise, c’est la qualité de cette première partie. Démarrant sur les chapeaux de roue, Nostromo signe une véritable déclaration de guerre au public. La guitare est puissante, tranchante, véloce. La basse est lourde, rapide elle aussi. Les fûts semblent souffrir sous les assauts incessants du cogneur de la bande, tandis que Javier au chant se donne à fond pour pousser sa voix bien typée hardcore.

Complète découverte pour moi, je remarque rapidement que même si Nostromo passe une bonne moitié du set à envoyer des riffs musclés soutenus par des blasts robustes, la musique du groupe est très technique. Structures alambiquées, ponts mélodiques et syncopes sont légion dans la set-list proposée par les Suisses. On a même droit à quelques petites introductions sombres et atmosphériques, vite rompues par une grosse cargaison de mandales dans la tronche.

Durant les trente petites minutes du set de Nostromo, les spectateurs s’en sont donnés à cœur joie. Le pit, chauffé au rouge dès la deuxième composition, avait à peine le temps de refroidir entre les morceaux et était prompt aux pogos et circle pits. Durant les quelques pauses syndicales offertes par le groupe, les Toulousains n’ont pas hésité à s’époumoner et à exprimer leur avis concernant ce qui se passait devant eux ; et le groupe, ravi, d’en rajouter une couche à la composition suivante. Le concert s’est terminé sur deux reprises : Twist the Knife par les immenses Napalm Death, et Corrosion de Nasum. Aucune surprise dans les choix dans morceaux tant les influences des deux formations sont perceptibles chez Nostromo.

En bref : superbe prestation du quatuor, sans aucun temps mort. On retient aussi leur attitude irréprochable, remerciant abondamment le public, Gojira et toute l’équipe du Bikini. Merci messieurs pour cet amuse-bouche très goûtu bien qu’un peu inattendu. Place au plat principal désormais.





Gojira_logo

Gojira et moi, c’est une très belle histoire d’amour. Premier concert en 2008 au Printemps de Bourges, vus 8 fois depuis dans diverses salles et festivals. Et toujours pas ce sentiment de lassitude. Gojira est certainement mon groupe favori depuis presque 10 ans pour la qualité de leurs albums et l’énergie qu’ils possèdent sur scène. La dernière sortie étant bien plus sage que les précédentes, on pouvait se demander si Gojira n’avait pas envie de raccrocher les gants, de calmer un peu les ardeurs du monstre présent en chacun des membres. Il n’en est rien. Gojira est toujours cette créature titanesque cracheuse de feu, semant le chaos sur son passage.

“Since day one you try your best
To get what you need the most
The solution is you, becoming a god”

Le Bikini tremble. Les quatre membres de Gojira entrent sur scène sous les cris du public. Le fléau s’éveille, s’étire, toise la salle du regard comme pour la mettre au défi. Les premières notes de Only pain résonnent. Joe Duplantier s’approche du microphone et entonne le couplet. Le son est excellent, le fond de la scène est animé par des projections vidéo. Tout va bien. Je suis devant Gojira.

J’ai pris énormément de plaisir à retrouver le groupe sur scène qui ne m’a paru nullement fatigué, ou blasé. Toujours cette même envie de partager avec le public, de se donner à fond et de proposer plus qu’un concert, mais bien un véritable voyage dans l’univers ésotérique et éclectique du quatuor. La playlist de la tournée balayait la quasi-intégralité de la discographie des Français, avec juste “L’Enfant sauvage” mis de côté pour une obscure raison. Mais bien sûr, tournée promotionnelle oblige, c’est bien “Magma” qui était à l’honneur ce soir avec 6 des 10 morceaux de l’album. Le groupe n’a évidemment pas joué mes favorites (les superbes Magma et Low lands) mais force est de constater que ce sixième album a tout à fait sa place dans la carrière des Landais, et ce encore plus en live. On ressent la force émotionnelle de chaque morceau, et l’utilisation de pédales whammy et octaver apporte une fraîcheur dans le set. Le chant clair n’est toutefois pas le point fort de Joseph et cela a pu se ressentir sur certaines compositions, notamment Pray où le vocaliste semblait lutter pour fournir un niveau sonore suffisant.

“So much told with no words at all
Powerful presence for only speech
Breath”

Le groupe a également fait plaisir aux fans de leur troisième et meilleur album, “From Mars to Sirius” qui reste selon moi le meilleur album de metal jamais enregistré. Les inévitables Backbone et The Heaviest Matters of the Universe étaient de la partie, et bien sûr la géniale Flying Whales jouée (avec l’intro, s’il vous plait). Un véritable régal pour les oreilles, mais aussi pour les yeux : la musique de Gojira était illustrée magnifiquement par un show lumière orchestré à la perfection, sans oublier la vidéo qui cependant n’était pas toujours indispensable. Mais qu’importe, tant l’exécution des morceaux était irréprochable.

“He who learns must suffer
And even in our sleep
Pain that cannot forget
Falls drop by drop upon the heart”

Retour au début des années 2000 avec la très brutale Wisdom Comes, de l’album “The Link”. On se rappelle alors que jadis, Gojira puisait ses riffs Death metal auprès de Morbid Angel et ça fait du bien de se prendre une bonne raclée made in France de temps en temps. Le changement est d’autant plus radical que juste avant, on a eu droit à Terra Incognita, morceau instrumental sublime et d’une simplicité déconcertante. Pour quelques minutes, je suis au paradis. Le groupe déroule la set-list et la fin du concert approche. Je dois savourer ces dernières précieuses minutes avec cette formation que j’admire tant.

“We pray, pray for the light to reign
We call, we call the day
No faith in your world
Create my own to thrive”

Pray sera le dernier morceau de “Magma” joué ce soir, avec en prime une fin alternative digne du jam de Blow me Away you(niverse) sur “The Link Alive”. On voyage encore un peu, on ferme les yeux pour se laisser porter quelques minutes par les rythmes organiques de Gojira. Ici encore, les lumières feront la différence et soutiendront à merveille l’immersion dans l’univers musical du quatuor. Trois des membres finissent par quitter la scène, laissant seul Joe Duplantier qui nous offre un petit solo de guitare très bluesy. Assez peu de technique : on laisse ça à l’inévitable solo de batterie par l’autre frère Duplantier. Pas de shred donc, mais un bon feeling blues/rock progressif qui n’en fait pas des caisses. On n’est pas là pour ça. Le chanteur quitte la scène et laisse le public hors d’haleine, encore plus assoiffé de musique qu’il ne l’était avant le début du concert.

“Extended wings I'm flying
Over the valleys and planes
The curve of space I'm leaving
Death is just an illusion”

Le rappel est assuré par deux morceaux extraits de “The Way of All Flesh”, les célébrissimes Oroborus et Vacuity. Le premier d’entre eux a d’ailleurs vu ses dernières mesures revisitées pour permettre un superbe enchaînement. Le Bikini sue, crie, vit ses derniers instants à fond avec ce groupe qui a donné le meilleur de lui-même pendant près d’une heure trente. Mais le show touche à sa fin. Vacuity sonne le bout de la set-list malgré un public avide de guitares et de blasts.

Toujours adorables, les gars de Gojira ont partagé une bouteille de champagne avec Nostromo sur scène et ont passé dix bonnes minutes à remercier toutes les personnes qui ont eu quelque chose à voir avec cette date, de près ou de loin. Des musiciens d’exception, des hommes généreux et humbles. Nombre d’acteurs de la scène metal actuelle devraient prendre exemple sur Gojira, dans bien des domaines.

Dixième concert de Gojira pour moi. Bien sûr je n’ai qu’une hâte : les revoir le plus tôt possible. Nul doute qu’avec l’accueil qu’ils ont reçu, les quatre Landais reviendront faire un tour dans le Midi. Et je serai là, bien sagement au rendez-vous. Car l’excellence n’entraîne pas la moindre forme de lassitude.


Février 2017,
Rédigé par Inquisitor.



Gojira

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