(Par Inquisitor)
Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
3 mars 2017 | LP | Century Media Records | Black/Death metal | France |
Line-up de l'album :
JB Le Bail : Voix, guitare. Ludovic Veyssière : Basse. Kévin Paradis : Batterie. Kévin Verlay : Guitare. |
Membres additionnels :
Aucun. |
Après un crochet par l'Australie, retour en France
avec la vilaine bande de Svart Crown. Cinquième sortie et quatrième
album, "Abreaction" sort quatre ans après le superbe "Profane"
qui était lui-même dans la continuité de "Witnessing the Fall".
Les deux précédents albums de nos chers Français étant, pour ma part, de
franches réussites, j'attendais beaucoup de cette nouvelle galette. Svart
Crown fait partie de la prestigieuse scène Black Metal, mais aussi de la
solide mouvance Death Metal. La recette fonctionnant bien dans leurs dernières
sorties, le quatuor n'a pas dévié de sa route. Mais alors, "Abreaction"
est-il un simple patchwork de la musique déjà écrite par le groupe ?
J'ai
quand même un peu envie de répondre « oui ».
Mais ce n'est pas aussi simple, vous vous en doutez. On imagine déjà à la
pochette réalisée par Stefan Thanneur
(responsable de l'artwork de "Profane") que quelques
saloperies vaudou sont venues s'incruster sur l'album. Crânes, os et masques
font office d'avertissement. Vous qui ouvrez ce boîtier, c'est à vos risques et
périls...
Svart Crown, en bon groupe de BM qui se respecte, a toujours instauré des
ambiances. Dans une certaine mesure bien sûr, la musique du groupe restant
majoritairement véloce et directe. Sur "Abreaction", on sent
que les musiciens ont voulu accentuer cet aspect de leur univers musical. Cela
s'appuie sur plusieurs points, à commencer par la durée de l'album :
presque cinquante-cinq minutes ! Soit dix bonnes minutes de plus que leur
moyenne. Les compositions sont généralement plus longues, avec des riffs
répétés pendant plus longtemps pour créer une ébauche de rituel malsain. On
compte aussi plus de mid-tempos (Khimba Rites, Orgasmic Spiritual Ecstasy)
et quelques percussions tribales (Khimba Rites encore une fois, Tentacion).
J'ai bien l'impression que Svart Crown a puisé plus profondément dans
les racines du Black Metal que lors de ses opus antérieurs.
Tout le concept de "Abreaction"
tourne donc autour de la culture vaudou, comme en témoignent les sonorités de
certains titres (Khimba Rites, Lwas – qui sont les esprits dans
la religion vaudou – Nganda). Svart Crown continue donc le
travail effectué sur "Profane" avec ce qui n'est pas
réellement un concept-album, mais un univers bien défini dans lequel évoluent
les musiciens. Le résultat est une cohérence entre les titres, qui ne jurent
jamais les uns par rapport aux autres. Ni en sonorités, ni en qualité. Du début
à la fin, Svart Crown nous transportent dans leur album, un voyage
initiatique assez glauque mais tout de même très plaisant.
« Mais
alors si y'a des mid-tempos et pis des trucs avec des ambiances, Svart Crown
c'est devenu chiant ? »,
me demanderez-vous. Hé bien non ! Même s’il est vrai que "Abreaction"
prend plus son temps que ses grands frères, on a toujours droit à des riffs
brutaux et des blasts épileptiques délivrés par M. Paradis. On entend aussi
très bien un peu de Morbid Angel sur certains titres (l'intro de The
Pact: To the Devil His Due tout particulièrement), signe que Svart Crown
reste encore attaché à ses influences Death Metal. Ces instants-là sont d'ailleurs
efficaces mais souffrent d'un léger manque d'inspiration.
Je vais aborder l'aspect technique sans trop
m'éterniser dessus. Car c'est propre, carré, nickel. Les guitares, la batterie,
la basse, rien ne dépasse. Je n'ai volontairement pas cité la voix, car je
voulais parler de la variété du registre de JB Le Bail. Bien que le bonhomme
utilise majoritairement un chant très écorché typiquement Death, il nous
gratifie aussi d'un chant crié du plus bel effet sur Transsubstantiation
et de quelques chœurs sur Khimba Rites. Le tout sonne très bien dans une
production tout à fait adaptée à la musique de Svart Crown, assez
organique et dynamique tout en restant moderne. Rien à redire là-dessus.
Maîtrisé de bout en bout, "Abreaction"
est une franche réussite. Et pourtant, j'ai eu beaucoup de difficultés à parler
de cet album. Il ne me plaisait pas, au départ. Mais ça m'embêtait franchement
d'en dire du mal, je ne sais pas pourquoi. J'ai insisté, je l'ai écouté un bon
paquet de fois. Cependant, je pense que malgré les apports que j'ai mentionnés
plus haut, "Abreaction" est un peu trop similaire à "Profane"
à mon sens. Alors certes, c'est un très bon album, mais ça ressemble vraiment
trop à du Svart Crown comme on l'a déjà entendu. Et puis, mais ça c'est
tout à fait personnel, "Abreaction" souffre de l'inévitable
comparaison avec "Verses of Fire", album parfait de Temple
of Baal et qui fait office pour moi de mètre étalon en matière de
Black/Death.
Svart
Crown s'en sortent tout de même vraiment bien avec ce "Abreaction"
qui va résonner dans quelques salles en France en février et mars, le groupe
partant en tournée avec Benighted pour que chacun fasse la promotion de
son nouvel album. Bien sûr, il est interdit de rater une date pareille. Et il
serait aussi dommage de passer à côté de "Abreaction", bien
belle sortie en ce début d'année 2017.
Février 2017,
Rédigée par Inquisitor.
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