lundi 6 février 2017

Vipassi - "Śūnyatā" (EP 2017)


(Par Inquisitor)


Parution : Format : Label : Univers : Pays :
8 février 2016 (digipack édition limitée, version digitale)
20 janvier 2017 (digipack, vinyle)
EP Auto-production (08/02/2016)
Season of mist (20/01/2017)
Metal Progressif extrême Australie


Track-list :

1) Gaia YouTube
2) Benzaiten
3) Jove
4) Sum
5) Elpis
6) Paradise
7) Samsara



Line-up de l'EP :

Daniel Presland : Batterie.
Ben Boyle : Guitare, voix (sur Elpis).
Brendan Brown : Basse.
Benjamin Baret : Guitare lead.

Membres additionnels :

Chantelle Clancy : Chœurs.





L'Australie. Une destination qui en fait sans doute rêver quelques-uns, alors que j'émets mes propres réserves. Je n'ai aucun problème avec la population locale, ni le climat, ou la langue. Mais il faut bien reconnaître que la scène metal australienne n'est pas des plus prolifiques. Alors quand on a un album australien à se mettre sous la dent, on lui donne une chance, surtout quand c'est produit par l'excellent label Season of Mist, qui lui est bien de chez nous.

Vipassi est le projet d'un homme, Ben Boyle. Il a ainsi recruté des copains de Ne Obliviscaris et a commencé à bosser sur l'écriture de "Śūnyatā" en 2009. Après presque 8 ans de boulot, la galette voit le jour. J'imagine que c'est un très grand aboutissement pour M. Boyle, qui a également soigné l'aspect visuel de son bébé. "Śūnyatā" est illustré par Mike Winkler, un artiste contemporain qui travaille beaucoup dans les formes et les couleurs, en essayant d'exprimer des mots ou des concepts à partir de formes géométriques simples. Je pense qu'il est important d'en parler, car tous les titres des compositions de "Śūnyatā" sont des concepts en différentes langues, issus de diverses religions et civilisations. L'EP est donc très ancré dans la spiritualité, la religion et la philosophie.




À partir de ces abstractions ô combien régulières dans la musique, Vipassi a écrit sept morceaux quasi-instrumentaux (on y reviendra) pour une durée totale d'à peine trente-et-une minutes, ce qui fait un peu léger à mon sens pour un album de metal progressif, extrême ou pas. Vipassi se place dans cette mouvance des groupes inspirés par Cynic et Atheist : on pense bien sûr à Beyond Creation et à Virvum dont j'ai fait la chronique il n'y a pas si longtemps (http://www.psychopathia-melomania.com/2016/12/virvum-illuminance-2016.html). Et là, ça commence déjà à coincer.

Vipassi

Car à l'inverse des groupes susnommés, Vipassi a des difficultés à apporter un vent de fraîcheur dans sa musique. Les leads, les riffs, les ponts... j'ai l'impression d'avoir déjà entendu tout ça. Les solos, cependant, sortent du lot en apportant une saveur bienvenue, petits grains de sel dans un plat manquant d'audace. Et c'est ce qui manque à "Śūnyatā" : de l'audace. Durant trente minutes, la bande australienne se balade et on n'a que trop rarement l'impression que les musiciens sont mis en difficulté, autant techniquement qu'au niveau de la composition.

Ce qui m'avait impressionné chez d'autres formations qui font dans le progressif comme Virvum ou Skeleton King, c'était l'entrelacement des mélodies. Les guitares découplées, la basse virevoltante qu'on retrouvait aussi chez Crator dans un style plus extrême : ces moments sont présents avec Vipassi évidemment, mais sont moins grandioses. Lorsqu'un riff commence à se développer, on ouvre les oreilles, on attend, et hop, ça passe à autre chose quand ça devenait intéressant. Frustrant.

Dernier écueil de l'EP, sans doute vraiment personnel : j'ai du mal à percevoir les émotions ou les idées que tentent de nous exprimer la musique du quatuor. La musique me semble un peu trop homogène et ne dégage aucune réelle émotion. On sent cependant assez bien l'idée de paix et de spiritualité exposées par "Śūnyatā".

Vipassi

Malgré les griefs que j'ai contre "Śūnyatā", l'EP s'en sort très honorablement. Je pense que je suis un peu trop virulent car les derniers albums que j'ai chroniqués étaient bien au-dessus de la moyenne : rendons à Vipassi ce qui est à Vipassi. Manque d'originalité certes, mais les riffs proposés sont tout de même vraiment bons. Les solos quant à eux, j'en ai déjà parlé, ne rentrent jamais dans la démonstration technique et ne s'étirent pas pendant des douzaines de mesures. De ce fait, ils gagnent en efficacité.

Autre bon point pour "Śūnyatā", quelques licks de basse très « lapointesques »  savoureux notamment sur Samsara et Benzaiten, qui sont sans doute les meilleurs titres de la galette. Et, le meilleur pour la fin, les chœurs féminins. Je ne sais pas si je vous l'ai déjà dit, mais bordel j'adore les chœurs et ça tombe très bien parce qu'il y en a pas mal de Chantelle Clancy, disséminés sur toutes les pistes. C'est d'ailleurs la petite marque de fabrique de Vipassi. Avec la courte intervention gutturale de Boyle sur Elpis, ce seront les seules voix que nous entendrons sur "Śūnyatā".

Une première production encourageante pour Vipassi, mais j'espère qu'à l'avenir les musiciens sauront trouver de nouvelles influences pour apporter à leurs ballades de plus grands moments de bravoure, des breaks surprenants... En gros, il m'en faudrait vraiment plus pour être tout à fait conquis par "Śūnyatā". Gageons que les Australiens digéreront leur EP et reviendront gorgés de nouvelles idées pour le prochain.


Janvier 2017,
Rédigée par Inquisitor.


Vipassi


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