Alestorm / Aether Realm / Troldhaugen
La soirée la moins trve de l'année
(par Inquisitor)
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"No Grave But the Sea" European Tour 2017
Moment : 09/10/17.
Lieu : Le Bikini (Ramonville-Saint-Agne, 31).
Première
date au Bikini de la saison 2017/2018 pour moi avec une année qui s'annonce
très mouvementée, puisque dans les mois à venir nous aurons également droit à Testament,
Death Angel, Annihilator, Textures, Cannibal Corpse, The Black Dahlia Murder,
Inquisition, Septic Flesh, Ulcerate, Tribulation et j'en passe... De la
violence à ne plus savoir quoi en faire, alors débutons tranquillement. Enfin
musicalement parlant, car en ce lundi soir l'ambiance au Bikini était
explosive ! Avec une affiche largement axée sur le metal festif, menée par
les Ecossais d’Alestorm dont la réputation a explosé ces dernières
années. Avec leur univers qui mêle pirates, bière et rhum (vous me direz que
les trois sont quand même étroitement liés), Alestorm a su séduire le
public grâce à ses clips déjantés et des albums de très bonne facture, aux
compositions moins simplistes qu'elles le paraissent, l'univers de la piraterie
n'étant pas un prétexte pour jouer comme des manches.
Accompagnés
d’Aether realm et Troldhaugen, Alestorm écument les scènes
de l'Europe pour une trentaine de dates. Première date française de la tournée,
l'équipage n'a pas dû être déçu de l'accueil !
Et
pourtant cette soirée ne s'annonçait pas si bien que ça. Arrivé un poil à la
bourre, j'ai quand même pu profiter d'un bon tiers du set de Troldhaugen,
groupe australien de pouet-pouet metal. Je ne trouve pas d'autres mots pour
décrire ce que produisent ces quatre personnes sur les planches du
Bikini : habillés comme des adolescents se rendant en boîte de nuit au Cap
d'Agde, ils jouent. Enfin, le guitariste tartine quelques riffs et beat downs
en palm mute, le bassiste égraine paresseusement les notes sur son instrument,
tandis que le chanteur, dont l'accoutrement est des plus singuliers, nous fait
profiter de ses performances vocales plutôt variées, il faut bien le
reconnaître.
Le
gros, gros problème de Troldhaugen c'est l'utilisation plus qu'abusive
de samples électro d'un goût au mieux douteux, au pire vomitif, pour produire
une mélasse musicale à mi-chemin entre le hardcore dancefloor débile type Dancefloor
Disaster et le dubstep insipide façon Skrillex. Sous prétexte de
faire la fête et de ne pas se prendre au sérieux, le groupe produit de la
musique sans intérêt. Sur scène, je peux éventuellement le comprendre et le
public semble curieusement réceptif à cette horreur, mais j'ai beaucoup de mal
à saisir le quelconque intérêt d'une telle chose sur album. Les influences EDM
sont grossières et peu inspirées, ne jouant que sur les bassdrops et rythmes
trap dégueulasses.
Et
malgré ça le Bikini applaudit et hurle, le public est déjà ravi. Je ne
comprends pas mais soit, au moins les Australiens n'auront pas fait le
déplacement pour rien.
Après
être allé m'acheter un demi au bar pour me remettre de mes émotions et de cette
agression auditive, les lumières s'éteignent et Aether Realm entre en
scène. Un quatuor américain dont je n'avais jamais entendu parler et qui s'est
révélé être une jolie surprise relèvant bien le niveau après Troldhaugen.
Officiant
dans un Death mélodique plutôt à la mode inspiré par Insomnium, Aether
Realm est tout de même notablement plus technique que les cousins finlandais.
Soutenues notamment par une paire d'excellents guitaristes délivrant des solos
sidérants de maîtrise, les compositions sont épiques, rythmées et souvent très
belles. On peut aussi noter Wintersun et Ensiferum comme étant
des groupes qui ont sans doute beaucoup contribué à l'univers musical d’Aether
Realm. Ayant sorti un album cet été, les ’ricains en font la promo d'une
très belle façon.
La
musique est bonne donc, et le groupe assure sur scène. Beaucoup de charisme
chez tous les musiciens qui semblent très à l'aise sur scène, n'hésitent jamais
à s'avancer pendant les solos et communiquent très bien avec les spectateurs
qui ne tarderont pas à lancer pogos et slams sans interruption.
Des
passages mid-tempos plus posés avec des claviers (samplés, hélas), quelques
accélérations avec une double-pédale bien sévère et des refrains à trois
chanteurs : pas besoin de plus pour faire du bon Death mélodique. Aether
Realm conquiert le public sans trop d'efforts à coups de riffs made in
Finland et un show lumière très bien fichu, dynamique et classe sans jamais
trop en faire. On regrettera un son tout de même assez brouillon : j'ai
rarement entendu le Bikini sonner aussi mal, j'ai dû tendre l'oreille pour
profiter des riffs noyés dans les orchestrations. Heureusement, les solos et
leads ressortaient du mix sans trop de souci.
Merci à
Aether Realm d'avoir justifié mon déplacement jusqu'au Bikini, car avec
le premier groupe ce n'était pas gagné. Sympathique combo de melodeath, les
Américains n'inventent cependant pas grand chose et se contentent de
réinterpréter leur passion pour la scène finlandaise post-2010.
Encore
un peu malade de la semaine dernière, je réussis tout de même à tenir le coup
pour Alestorm. J'étais quand même venu pour eux à la base ! Bien
que n'étant pas un vrai fan du groupe, j'apprécie l'ambiance des compositions
et l'univers pirate qui est, je trouve, plutôt bien intégré à un metal joliment ficelé. Le groupe étant le
fer-de-lance de la mouvance pirate metal qui commence à trouver quelques nouveaux
représentants (dont les très bons Toter Fisch vus au Motocultor cette
année), je m'attendais à ce que la scénographie soit à fond portée
là-dessus : un bateau ou une tête de mort géante, une bouteille de rhum,
des costumes... Les possibilités étaient infinies. Quelle déception.
Car
pour seul décor Alestorm a installé un grand canard en plastique jaune.
Reconnaissez que c'est un peu décevant ! Et c'est le gros reproche que
j'ai à faire à Alestorm pour ce concert : où était la
piraterie ? Même pas l'ombre d'un seul perroquet en plastique, pas un
sabre, pas de tonneau, rien. Le groupe a préféré capitaliser sur le côté festif
du groupe un peu à la façon de Troldhaugen. Quelle tristesse. Et puis,
quelque chose me chagrine : je suis le premier à aimer les groupes qui se
comportent en professionnels et qui arrivent sur scène frais et motivés. Mais
quand même, quand on joue une chanson dont le refrain est : « We
are here to drink your beer / And steal your rhum at a point of a gun »
on s'attend à ce que ça picole au moins un peu sur scène ! Descendre un
tiers de bouteille de Corona en 15 secondes, je n’appelle pas ça être un
pirate, messieurs.
Hormis
cela, je dois reconnaître que le show des Ecossais était très propre et solide.
Leur musique, plus technique qu'il n'y paraît avec des solos tout de même bien
véloces et quelques passages qui ont dû mettre à l'épreuve les doigts du
claviériste, prend tout son sens sur scène où le public peut chanter les
refrains et scander les couplets. La tournée "No Grave but the Sea"
fait la promotion de l'album du même nom sorti en mai 2017 mais cela n'a pas
empêché Alestorm de jouer tous leurs tubes : Keelhauled, Shipwreck,
l'inévitable Drink et l'excellente Battle of Cartagena et ses
relents Pagan bien sentis. Osant même ralentir un peu le tempo, on a eu droit à
une très jolie interprétation de Nancy the Tavern Wench qui a permis au
Bikini de se reposer un peu et à la température de redescendre à une valeur
plus acceptable.
Gros
point fort pour les pirates fêtards : très très peu de samples durant le
concert. Alors c'est vrai, on n'a pas eu d'accordéoniste sur scène (et encore
moins de nains) mais toutes les parties étaient jouées au clavier ou au keytar,
donnant un aspect vraiment authentique au groupe qui ne se repose pas sur ses
lauriers et ne donne jamais l'impression de faire dans la facilité (hormis pour
cette histoire de décor de scène). Tous les membres bougent, sourient, y
mettent vraiment de leur personne et contribuent tous autant à la réussite du
concert. Mention spéciale à Christopher Bowes, frontman du groupe qui a
vraiment fait un excellent travail en tant que musicien et leader. Comme quoi,
derrière ces refrains festifs et ces odes à la piraterie qui peuvent sembler
bas-du-front, il y a une très grosse quantité de travail et on comprend
pourquoi Alestorm en est
arrivé là, malgré la condescendance qu'ont certains membres de la communauté
metal envers le groupe. Nombre de formations plus extrêmes devraient prendre
exemple sur Alestorm qui a vraiment fait preuve d'une maîtrise et d'une
aisance impeccables au Bikini ce soir. A bon entendeur.
Set-list
Alestorm:
1) Keelhauled
2) Alestorm
3) Magnetic North
4) Mexico
5) That Famous Ol'spiced
6) The Sunk'n Norwegian
7) No Grave but
the Sea
8) Nancy the
Tavern Wench
9) Rumpelkombo
10) 1741 (The
Battle of Cartagena)
11) Hangover
12) Pegleg Potion
13) Bar ünd
imbiss
14) Captain
Morgan's Revenge
15) Shipwrecked
Encore :
16) Drink
17) Wenches and
Mead
18) Fuck you with an Anchor
Encore
une date complète au Bikini un lundi soir, signe que SPM prod commence à
vraiment savoir ce qu'ils font et que le public répond présent. J'ai pris
beaucoup de plaisir à voir Alestorm sur la magnifique scène du Bikini
avec un son parfait et des lumières excellentes. Je n'avais pas réalisé à quel
point cette salle m'avait manqué durant tout cet été qui fut bien trop long
sans concert à me mettre sous la dent !
Malgré
un début qui n'était pas des plus encourageants, la soirée a décollé sans
problème pour atteindre un niveau très élevé avec les pirates écossais qui
n'ont définitivement pas volé leur place ici en ce neuf octobre. Retour au
Bikini le trois décembre pour la superbe date Testament/Annihilator/Death
Angel !
Octobre 2017,
Rédigé par Inquisitor.
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