(Par Inquisitor)
Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
17 novembre 2017 | LP | Agonia Records | Black Metal | France |
Line-up de l'album :
MkM : Chant. BST : Guitare. INRVI : Basse. |
Membres additionnels :
Saroth : Guitare. T. : Batterie. |
Paroles :
MkM :Toutes, sauf “Contaminating All Tongues”. The Cuckoo (Terra Tenebrosa) : “Contaminating All Tongues”. |
Enfin. Quatre ans
d’attente. Quatre très, très longues années. Le retour des prodiges de la scène
Black hexagonale. Que le temps fut long, malgré d’autres très belles offrandes
de la part de BST avec les merveilles que sont “De Praestigiis Angelorum” de VI
et le split réalisé avec Order of Orias qui lui aussi était d’une qualité
extraordinaire. On a également eu droit à un petit “Appendixes” qui a superbement fait la transition entre “IV: An Arrow in Heart” et ce tout
nouveau, tout beau “V: The Inside
Scriptures”. L’attente fut longue, mais terriblement justifiée.
Avec le précédent
opus, déjà, Aosoth fit un sans-faute.
“IV: An Arrow in Heart” reste
aujourd’hui un des disques les plus marquants que j’ai eu l’occasion d’écouter
dans son approche de la musique. Glacial, malsain et impie, il marquait une
réelle scission avec les précédents albums d’Aosoth, qui étaient eux dans la veine d’Antaeus en délivrant une brutalité crasse presque gratuite. “IV” a su conceptualiser le péché et
incarner l’apostasie. On remarque d’ailleurs l’utilisation de figures
religieuses de plus en plus récurrentes dans les projets de BST, et ce nouvel Aosoth n’échappe pas à la règle tant
dans l’artwork somptueux de Benjamin A. Vierling que dans les titres des
compositions avec un champ lexical très clérical. Se rapprocher de Dieu pour
mieux lui cracher au visage.
“III”, “IV: An Arrow in Heart” et “V:
The Inside Scriptures” formant un triptyque, les références aux précédents
albums seront nécessaires tant ce nouvel opus est indissociable de ses grands
frères. “V” se veut être une synthèse
de “III” et “IV” : les structures des chansons sont plus proches de “III” avec des titres plus courts et
directs alors que l’atmosphère de ce cinquième album évoque plus l’odeur de la
pourriture que du sang, comme ce fut le cas pour “IV”. Exit également les litanies de “IV” qui laissaient respirer l’auditeur, telles que Broken Dialogue I et II ou certains passages de Arrow in Heart et Temple of Knowledge. “V”
est un album condensé et étouffant à l’image de “III”.
Moins violent que
“III” et moins obscur que “IV”, ce bébé est en réalité plus mesuré
et calculateur que ses aînés. Il s’en dégage une aura de désespoir, comme après
une longue lutte vaine. Les riffs se font d’ailleurs de plus en plus lourds et
le disque a tendance à ralentir le tempo au fur et à mesure que les
compositions défilent : alors que A Heart
to Judge ne s’autorise aucun moment de répit, Her Feet Upon the Earth, Blooming the Fruits of Blood a tout de
même droit à un break. Les mid-tempos sont rares au milieu du disque mais sont
plus nombreux dans Contaminating All
Tongues et Silver Dagger and the
Breathless Smile, dernier titre au riff écrasant et presque groovy.
Toujours dans la
continuité de “III” et “IV”, Aosoth joue dans un registre malsain avec des guitares très
dissonantes et abrasives. Mais derrière ces grincements stridents se cache une
rythmique grasse et solide et qui offre à la musique d’Aosoth des relents de vieux Death Suédois putride. Le tout rend “V” douloureusement concret et impossible
à fuir, comme un tortionnaire qui empêche sa victime de perdre connaissance de
longues minutes durant. Cet aspect est d’ailleurs renforcé par des percussions
claires, directes et modernes alliées aux cordes épaisses et grouillantes dont
on a l’habitude.
Et côté
production, on est en terrain connu puisque le travail de BST est dans la
continuité de ce qu’on peut entendre chez Aosoth
depuis des années : des guitares puissantes et sales, une dynamique très
intéressante et une batterie qui trouve parfaitement sa place. Le chant écorché
de MkM n’a pas changé d’un pouce et se
glisse insidieusement par-dessus les instruments. Le mastering est lui aussi
très réussi et parvient à sublimer l’ensemble sans jamais le dénaturer. Etant
le troisième compositeur du groupe à ce jour et le plus impliqué sur toute la discographie d'Aosoth (BST écrit, enregistre, mixe et masterise),
on trouve une parfaite cohérence dans toutes les étapes de création du disque.
Et cela se ressent puisque rien n’est négligé dans “V: The Inside Scriptures”.
Je suis désormais
extrêmement curieux et inquiet quant à l’avenir d’Aosoth. Curieux car maintenant que cette trilogie “III - IV - V” est terminée, BST et ses comparses dirigeront peut-être leur groupe vers un nouveau concept radicalement différent,
s’affranchissant ainsi du concept débuté en 2011 avec “III”. Et inquiet car “V: The
Inside Scriptures” fut un album très difficile à sortir : l’enregistrement
a duré presque trois ans, et le projet a failli être abandonné. Heureusement
pour nous, certaines personnes terminent ce qu’ils commencent. Je ne crains pas
trop que les quatre années séparant “IV”
de “V” aient refroidi Aosoth pour un sixième opus ; mais
alors qu’une page se tourne dans la discographie du groupe, j’ai peur que le
groupe ait déjà raconté tout ce qu’il avait à dire. Une chose est sûre : si un
sixième album voit le jour, il montrera une facette du groupe que l’on ne
connaît pas encore. Vous l’aurez compris, “V:
The Inside Scriptures” est une œuvre brillante et funeste absolument
indispensable en cette fin d’année.
Août 2017,
Rédigée par Inquisitor.
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