Motocultor 2017 - Jour 1
« On n’a pas prévu d'eau, et la bière est plus chère »
(par Inquisitor & Guillaume Guyot)
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Motocultor Festival Open Air 2017.
Moment : 18/08/17.
Lieu : Kerboulard (Saint-Nolff, 56).
Moment : 18/08/17.
Lieu : Kerboulard (Saint-Nolff, 56).
Auteurs :
Inquisitor : textes.
Guillaume Guyot : photos.
Dixième anniversaire pour le Motocultor, et cinquième édition pour
ma part. Malgré un festival qui m'épuise chaque année (on vieillit, ma bonne
dame) je décide d'y revenir, attiré par une affiche toujours de très bonne
qualité. Cette année, c'était bien le Death qui était à l'honneur avec nombre
de formations légendaires telles que Possessed, Obituary, Suffocation, Bloodbath et j'en
oublie. Mais personne n'est laissé pour compte, et c'est aussi pour cela que
j'apprécie le Motocultor : la
programmation est plutôt éclectique, ce qui permet de faire de belles
découvertes dans des styles qu'on ne connaît pas toujours très bien.
Rien à dire donc sur le côté musical de
l'événement qui était au top. Idem pour la technique puisqu'on avait 3 belles
scènes très bien éclairées et sonorisées. Là où le Motocultor doit revoir sa copie, c'est dans l'organisation et la
gestion du site. C'est marrant, je crois en avoir déjà parlé chaque année.
Alors, c'est vrai que des efforts sont faits : plus d'agents de sécurité
donc moins d'attente pour entrer sur le fest, des toilettes toujours propres
(coucou le Hellfest), des douches gratuites au camping... Mais au détriment de
grosses aberrations. A commencer par l'absence TOTALE de point d'eau sur le
site. Vous avez bien lu. Une petite soif ? Direction le fond du camping
pour des robinets, ou déboursez 2 euros pour une bouteille de 50 cl. Là, le Motocultor a fait très fort. Devant la
grogne générale (et sans doute l'absurdité de la situation), l'eau était
gratuite le 3ème jour. Tous les prix ont d'ailleurs augmenté,
boissons comme restauration, et finalement les sandwichs et autres galettes
étaient bradées en fin de festival. Très peu d'alternatives végétariennes cette
année par rapport aux autres éditions (pourquoi avoir changé cela ?) mais un
réapprovisionnement mieux pensé que l'an dernier. Enfin, il y avait comme tous
les ans un évident manque de communication entre l'équipe de Motocultor et leurs valeureux
bénévoles, qui n'étaient jamais mis au courant de rien. Comme quoi, y'a encore
des efforts à faire pour la prochaine édition, d'autant plus qu'elle a
d'ores-et-déjà été annoncée. Au travail !
Mais bien sûr, un festival c'est surtout
l'occasion de voir une tonne de super groupes en un temps record. C'est
pourquoi votre serviteur a mis un point d'honneur à voir le plus d'artistes
possibles malgré la fatigue, l'éventuel manque de motivation et les séances de
dédicaces par ailleurs très nombreuses. Le Motocultor
2017, c'est parti !
DAVE MUSTAGE |
SUPOSITOR STAGE |
MASSEY FERGUSCENE |
Aluk Todolo | Cadaveric Fumes | Greyfell |
Evil Invaders | Deserted Fear | Glowsun |
Hatesphere | Zornheym | 7 Weeks |
AcoD | The Real McKenzies | Mantar |
Blues Pills | Dust Bolt | The New Roses |
Ensiferum | Benighted | Candlemass |
Bloodbath | The Great Old Ones | Atari Teenage Riot |
Opeth |
Désolé pour les fans d'Aluk Todolo,
mais je suis arrivé sur le site alors que le groupe quittait la scène. Ce live
report commence donc avec Cadaveric Fumes, petit quatuor Death metal
français dont le dernier EP, "Dimensions Obscure", a fait pas
mal de bruit dans le milieu. Bien ancré dans la scène Death suédoise des années
90, les petits gars ont bien chauffé la Supositor
avec des riffs groovy et une motivation communicative.
Un son très old-school et hélas parfois
un peu brouillon pour un groupe assez jeune mais prometteur. Avec une petite
vibe Tribulation pour le côté rock 80's et des racines plus sombres pour
le growl profond, Cadaveric Fumes ont leur patte et on en aurait bien
repris un peu.
Hélas pas grand chose à dire sur les
Rouennais à part qu'ils remplaçaient Nocturnal Depression suite à une
annulation de dernière minute communiquée absolument nulle part. Je vous laisse
chercher sur toutes les pages Facebook du monde, ou même sur tout
Internet : aucune communication là-dessus. Greyfell c'est lourd, un
peu suintant et mélancolique avec des nappes de claviers. Du stoner capable de
faire penser à la fête, et aussi la gueule de bois du lendemain. J'en ai
profité pour acheter les tickets boisson et nourriture, désolé.
Aaaaah, que serait un festival de Metal
sans quelques groupes de Thrash pour secouer tout le monde ? Les Belges d’Evil
invaders ont retourné la Dave Mustage
en cet après-midi ensoleillé. Du thrash/speed old-school à la sauce teutonne
avec tout ce qui va bien : des moustaches, des coupes de cheveux improbables
et des guitares pointues. Ah et puis aussi du tchouka-tchouka à la pelle, des
riffs qui sentent bon la bière et un chant qui va titiller le heavy.
Portés par un guitariste lead des plus
énervés (avec des solos hyper techniques balancés sans la moindre goutte de
sueur) et un chanteur remonté à bloc, les très sympathiques Evil Invaders
ont déchiré le pit en moins de 5 minutes. Jouissant de plus d'une très bonne
présence scénique, tous les ingrédients étaient réunis pour passer un bon
moment. Et la sauce a pris très vite, tant l'énergie du groupe était explosive.
De quoi mettre de très bonne humeur pour la suite du festival !
De retour devant la Supositor Stage pour quelques minutes avec Deserted Fear,
groupe de Death et même Thrash/Death découvert grâce au Motocultor pour ma
part. Arrivés et repartis de la scène avec un immense sourire, les membres de Deserted
Fear auront offert à cette journée un bon concert de Death aux influences
variées, tantôt old-school tantôt modernes. Très en forme et à l'aise sur
scène, les Allemands ont pris beaucoup de plaisir à nous faire découvrir leurs
compositions. Malgré une efficacité certaine, Deserted Fear manquait de
ce petit quelque chose pour nous faire passer un moment d'exception. Une
impression globale positive cependant, qui m'encourage à retourner les voir.
C'est un petit peu triste ce que je vais
écrire, mais je crains que ce concert de Hatesphere ne m'ait laissé
que trop peu de souvenirs. Très belle ambiance et bonne communication, pas de
problème là-dessus. Des musiciens au niveau très honnête, et quand même des
refrains et autres riffs qui cassent bien la nuque (Resurrect with a Vengeance
a dû être responsable d'un gros paquet de bleus). Mais au-delà de ça, pas grand
chose à retenir de la musique un peu insipide du combo. Souvent le cul entre
deux chaises avec un Thrash trop mou ou un Death trop rapide, Hatesphere ont
tout de même donné tout ce qu'ils avaient, et cela s'est ressenti.
Oui ! La voici, enfin ! La
première bonne surprise de ce Motocultor 2017 en l'entité Zornheym !
Projet plutôt récent car n'ayant qu'un seul album à son actif, dont la sortie
est prévue le 15 septembre 2017.
Comptant dans ses rangs l'ex-bassiste de Dark Funeral, le chanteur de Scar
Symmetry et le batteur de Diabolical (dont je vous recommande très
chaudement l'écoute si vous êtes passés à côté de leur album "Neogenesis"),
le quatuor officie dans un style qui se fait assez rare ces temps-ci : le
Black mélodique et symphonique.
Cherchant à remplir le trou béant laissé
par Dimmu Borgir après leur mystérieuse disparition (et la disparition
de leur talent avec les départs de ICS Vortex et Mustis...), Zornheym a
aussi la prétention de s'inspirer de Dissection et King Diamond.
Après tout, pourquoi pas. Si j'en crois les dires du chanteur, il s'agissait du
tout premier live du groupe ! Et il faut reconnaître que pour un premier
concert, Zornheym s'en sort très bien, sans doute grâce à l'expérience
des différents membres du groupe. Alors certes, on sent encore que le groupe
est assez concentré dans sa musique et manque un peu de jeu de scène, mais
c'est tout à fait excusable.
Musicalement, le travail est là et sans
atteindre les chefs-d’œuvre des groupes sus-mentionnés, on prend quand même du
plaisir à écouter les arrangements de Zorn et Scucca, compositeurs principaux
du groupe. Chacun offrira une belle performance au sérieux désamorcé par le
flegme du chanteur et frontman très charismatique. N'hésitant pas à plaisanter
avec le public ou à le remercier de sa présence, Bendler de son pseudonyme
apporte à Zornheym un capital
sympathie non négligeable. Histoire de râler un peu, on notera quand même
l'absence de claviers qui seraient bienvenus pour enlever une petite couche de
samples qui sont particulièrement abondants, BM Sympho oblige.
Où étais-je avant la bonne surprise Zornheym ? Ah, oui, la déception 7 Weeks !
Enfin, bon, déception, j'y vais un peu fort. 7 Weeks c'est un peu de
Stoner, un peu de rock progressif et en album c'est beaucoup de bonheur. Des
compositions intelligentes, bien construites et plutôt originales qui pouvaient
laisser présager pas mal de folie sur scène : des envolées furieuses de
claviers lourds et saturés, des solos de guitare blindés de reverb et de wah...
Hé bin non.
Les petits Français se sont contentés
d'arriver sur scène et de jouer un peu trop gentiment leurs morceaux. Certes,
les compos ont fait mouche et les musiciens ont largement fait leur job ;
mais c'était trop calme, trop scolaire. Où est passé l'esprit Rock chez 7
Weeks ? Dans un festival de Metal, il est difficile de laisser passer
une prestation aussi statique, peu importe sa qualité. C'est d'ailleurs un
reproche que je referai à un groupe plus tard dans le live report, mais je ne
vous dis pas à qui. Patience.
En bref, bonne musique, bon groupe, concert
moyen.
Premiers gagnants du tremplin Motocultor
de cette année, les Marseillais d’AcoD ne sont pas là pour faire dans la
dentelle. Avec des compositions carrées
et violentes piochant dans le Thrash, le Death et le Hardcore, on peut
difficilement faire plus agressif. Le festival ne s'y est pas trompé et en 5
minutes le chapiteau qui recouvre la Dave
Mustage n'était que poussière.
Porté par un chanteur à la voix très
puissante et à l'énergie débordante, AcoD ne m'a pourtant pas ému plus
que ça. Ok ça jouait bien, l'échange avec le public était bon, mais c'était la
troisième fois qu'on entendait ça avec Deserted Fear puis Hatesphere...
La lassitude m'envahissait un peu, et je suis allé me prendre une bière pour me
préparer à la fête avec les Real McKenzies.
Place à la formation de Punk celtique The
Real McKenzies ! Existe-t-il de faux McKenzies, des imposteurs ?
Toujours est-il que ceux-là sont les fers de lances de la scène punk festive,
et qu'à ce titre ils se devaient de mettre l'ambiance au Motocultor. Et bien
sûr, ils l'ont fait. A 6 ou 7 sur la petite Supositor
stage, les guitares et cornemuses des
Real McKenzies ont fait danser les festivaliers pendant une cinquantaine
de minutes.
L'Ecosse et la Bretagne n'ont jamais été
aussi proches qu'en ce jour (bien que le groupe soit canadien...). Dirigés par
un Paul McKenzie très en forme et extrêmement sympathique, les larrons nous ont
fait passer un bon moment mais très vite répétitif. Je décide de rester le
temps de boire ma pinte, puis de filer voir Mantar qui m'intriguait.
La Supositor
à quelques mètres derrière moi, j'entends un curieux bourdonnement qui
semble venir des entrailles de la terre bretonne. Le bruit s'intensifie à
mesure que je me rapproche de la Massey.
Ah, ce n'est pas un problème de larsen, c'est bien Mantar. Etrange duo
officiant dans un Doom qui s'inspire aussi bien du Black et même du Drone, je
dois avouer avoir été conquis par Mantar.
Gagnant sans aucun doute le prix du
concert le plus fort de tout le fest avec des basses d'une puissance
ahurissante et franchement débile, on ne peut pas trop leur en vouloir tant
cela colle bien à leur musique. Enfin, musique... Parlons plutôt d'orgie
bruitiste tant les sons étaient distordus et forts. Placés dans une disposition
assez originale puisque le batteur et le chanteur/guitariste/bassiste se
faisaient face sur scène, cela n'a pas empêché le frontman de beaucoup parler
au public, avec d'ailleurs beaucoup d'humour : « j'en vois dans le public qui ont des T-shirts Mantar...
Franchement applaudissez-les car ils ont du courage de porter ça, ils sont
vraiment moches nos t-shirts ! ».
Avec une seule guitare branchée
simultanément sur 3 amplis dont 1 ampli basse,
Mantar déployait un son d'une lourdeur infinie, avec un chant
crié et désespéré. La musique du groupe était en complet décalage avec leur
attitude désinvolte, mais cela n'a pas dérangé outre mesure tant le spectacle était
bon. Bon, mais éreintant.
Ah, mais que vois-je ! Hérésie,
blasphème, Blues Pills au Motocultor ? Que fait cette bande de
hippies aux cheveux sales (notez le pléonasme) dans cet excellent festival de
musique extrême ? Je me pose vraiment la question. Légitimement. Qu'est-ce
qui a poussé Nuclear Blast à signer ce groupe ? Mystère. Toujours est-il
que le géant allemand a eu le nez fin, tant le quatuor blues casse la baraque
et semble faire l'unanimité partout où il passe. Etant moi-même assez friand de
blues/rock, j'ai décidé de poser ma barquette de frites à 3 euros, mon sandwich
à 5 euros et ma bière à 6 euros devant Blues Pills.
Grand bien m'en a fait ! Au milieu de
tous ces blasts et de toutes ces guitares à la distorsion infernale (et surtout
après l'expérience Mantar) on ne peut pas dire que la petite pause suédoise
ne soit pas la bienvenue. Un show clairement plus orienté rock que metal, mais
tout de même d'une excellente qualité. Je retiens surtout le charisme et la
performance vocale d'Elin Larsson, qui a enchanté la Dave Mustage de sa voix soul. Le public m'a semblé très réceptif à
la musique de Blues Pills et le groupe a reçu l'accueil qu'il méritait.
A revoir au plus vite.
Après un repas chaud et un set de blues,
me voilà reparti pour toute la nuit, direction la Supositor pour le concert de Dust Bolt. Groupe de Thrash
old-school extrêmement classique, Dust Bolt a sorti l'artillerie lourde
pour réveiller le Motocultor en pleine digestion. Du gros riff bien rapide,
avec des solos très « slayeresques » chaotiques au possible. Le
groupe est d'ailleurs très influencé par la bande à Tom Araya, mais aussi par
celle d'un autre Tom qui officie lui chez Sodom...
Les meilleures références du Thrash 80's
associées pour un résultat très énergique et d'une violence rare, mais manquant trop d'originalité. Les
bonhommes ont sué pour la foule, qui semblait d'ailleurs être aux anges ;
mais pour moi, la magie n'a pas opéré. Depuis tout ce temps, non, je ne me suis
pas remis de la claque Vektor. Hé oui, c'est ça le Thrash en 2017, faut
se mettre à la page !
Je ne sais pas si c'est parce que je
vieillis ou juste parce que mes goûts changent, mais je suis à peu près sûr que
The New Roses m'aurait profondément ennuyé il y a un an. Le Hard Rock, ce
n'est pas trop mon truc. Mais là... Je ne saurais dire ce qui a joué. Peut-être
l'alternance entre des compositions énervées et d'autres plus posées ;
peut-être des solos très savoureux joués à la perfection ; peut-être
l'aisance et la justesse du chanteur ; peut-être le quinquagénaire
complètement bourré qui dansait devant moi et ses potes, hilares, qui
l'empêchaient de se vautrer dans la poussière.
Avec une voix empruntée à Bon Scott et
des riffs plus inspirés par Slash, The New Roses possède là le combo
Hard Rock parfait. Malgré une moyenne d'âge plus élevée que la moyenne (me
dites pas que le Hard Rock n'est pas une musique de darons), le public était là
et a apprécié chaque minute de cet excellent concert aux allures de
rassemblement de bikers. Avec un son parfait et un très bon show lumière,
toutes les conditions étaient réunies pour profiter de la musique des New Roses.
La voici, la voilà ! Après la
première bonne surprise du fest, il fallait bien la première déception,
apportée par le groupe de Folk Metal Ensiferum.
J'attendais les Finlandais depuis assez longtemps. J'avais toujours eu de très
bons retours de leurs concerts et j'aime une bonne partie de leur discographie,
hormis "One Man Army", dernier album en date. Et, devinez
quoi, ce concert était le tout dernier de leur tournée dédiée à la promo de ce
fameux "One Man Army".
Le tout dernier.
La toute dernière date. Hé bin du coup, on en a bouffé de cet album
insipide ! Une bonne moitié de la set-list lui a été consacré. Comment
prendre son pied devant des compositions aussi moyennes ? Le choix des
morceaux était pour moi le plus gros défaut de ce set. Hormis un In my Sword
I Trust qui aura mis tout le monde d'accord, le set manquait de classiques.
Où était Victory Song ? Vous osez venir en festival sans jouer Victory
Song ? Mais vous êtes complètement fous ! Je n'attendais que
ça !
Mais bref,
passons, s'il n'y avait que ça. Sonorisés d'une piètre façon, Ensiferum
avaient beau y mettre tous les efforts du monde, on n'y comprenait rien. Les
guitares étaient trop fortes et pas assez en même temps, le chant complètement
absent, la batterie surcompressée... Il a fallu attendre une bonne demi-heure
avant que la bouillie sonore ne s'éclaircisse. Et même là, impossible de
profiter à cause de celui qui va devenir le comic
relief de cette édition du Motocultor, le gage de médiocrité, j'ai nommé...
le régisseur lumières fou de la Dave
Mustage. Pendant une heure, j'ai eu l'impression que le gars découvrait
comment fonctionnait la GrandMa 2 en oubliant toute notion de rythme. Des
couleurs complètement aléatoires, des flashes dans tous les sens, des
mouvements de projecteurs automatiques sans queue ni tête... Et bien sûr, ce
n'est pas le seul concert que cet homme gâchera durant ce festival.
Outre toutes ces déconvenues, il faut
reconnaître que Ensiferum ont très bien joué et sont très sympathiques.
La fosse, quant à elle, était au bord de l'explosion et est restée en
effervescence depuis la première jusqu'à la dernière note. Notons aussi que la
nouvelle membre du groupe, à l'accordéon, s'occupe des parties en chant clair
féminin de la plus belle des façons. Il est donc d'autant plus dommage que le
travail du groupe ait été gâché par une technique à la ramasse et une set-list
médiocre. Un petit pincement au cœur, mais j'essaierais tout de même de les
revoir lors d'une future tournée pour ne pas rester sur une note aussi amère.
Ce passage sera court, car je n'ai pas
trop de souvenir du set de Benighted. Ayant passé une heure dans la
fosse, je n'ai que des flashes de wall of death, de pogos, de cris sauvages et
de circle pits. Je me souviens de la bonne humeur de Julien Truchand. Je me
souviens de beaucoup de morceaux du dernier album, ce qui tombe très bien (ceux
qui ont lu ma chronique de "Necrobreed" savent de quoi je
parle. Ceux qui ne l'ont pas lue, qu'est-ce que vous attendez ?). Je me
souviens de Slut, de Collapse et de Let the Blood Spill
Between my Broken Teeth.
Je ne sais plus combien de fois j'ai vu Benighted,
peut-être 5, 6 ou même 7 fois. Et pourtant, j'y retourne à chaque fois. Comme
pour un set de Dying Fetus, la quantité de violence déployée dans 50
minutes de Benighted suffit à me vider de tout ce qu'il y a de mauvais
en moi. C'est la catharsis ultime. Je dois avoir l'air d'un imbécile avec ma
langue pendante et mes yeux exorbités, à crier de tous mes poumons le
refrain : « NEEEE-CROOOO-BREEEEED !
J'AI BESOIN DE TES GERMES ! » mais je m'en fous. Benighted,
ça fait un bien fou, avec d'excellents riffs et le retour de Kevin Foley
derrière les fûts. Jamais déçu, toujours sorti du pit avec le sourire et la
nuque douloureuse.
Set-list
Benighted :
1) Reptilian
2) Reeks of Darknened Zoopsia
3) Let the Blood Spill
Between my Broken Teeth
4) Collapse
5) Slut
6) X2Y
7) Noise
8) Necrobreed
9) Forgive me Father
10) Hostile
11) Asylum Cave
12) Experience your Flesh
AVERTISSEMENT ! Si vous êtes fan de
Nick Holmes, passez tout de suite au groupe suivant. Si vous décidez de lire ce
qui suit malgré tout, je vous demanderai d'être sympa et de ne pas m'envoyer
trop de lettres piégées car le syndic de mon immeuble en a marre de changer ma
boîte aux lettres.
Bloodbath c'est un de mes gros coups de cœur en
matière de Death revival. Je trouve les compositions formidables, pleines de
groove et de crasse, et le chant de Mikael Akerfeldt complètant parfaitement le
tableau. Même "Nightmares made Flesh" où Tägtgren remplace
Akerfeldt est excellent. J'écoute souvent Bloodbath et je chante, je
connais les morceaux par cœur. Et puis, 2012, l'annonce du départ de
Mikael : argh, quelle tristesse dans mon petit cœur de vingtenaire. Bloodbath
tombe à l'abandon. Et en 2014, l'annonce d'un nouveau chanteur. Le groupe
fait mariner quelques temps avant de révéler le nom de Nick Holmes, que je ne
connaissais pas à l'époque. Puis sort "Grand Morbid Funeral"
enregistré avec le nouveau vocaliste. Je n'ai pas de mots pour décrire ma
déception. Holmes réussissait l'exploit d'être constamment à bout de souffle
même en studio. Là où Tägtgren explosait le micro sur "Nightmares made
Flesh", Holmes souffre d'un manque de puissance qui fait peine à
entendre. Et sur scène, c'est encore pire.
Alors que je ne supportais pas les
chansons sur "Grand Morbid Funeral" il faut reconnaître
qu'elles passent bien en live. Le groupe déploie une superbe puissance et une
classe sans pareille. Gros, gros coup de cœur pour la performance d’Axenrot
dont le jeu de batterie m'impressionne énormément, tant dans le groove que dans
la précision. Les guitares étaient réglées sur le gros son suédois, d'ailleurs
pas tout à fait adapté aux concerts, mais ça fait partie du jeu. Bref,
instrumentalement c'était parfait et on a eu droit à tous les albums sauf "The
Fathomless Mastery", et même une compo de l'excellent EP "Unblessing
the Purity" avec Weak Aside. Mais Nick Holmes Aucun charisme,
aucun souffle. L'horrible tableau que la musique de Bloodbath peint, le
chanteur l'efface en 2 phrases de sa voix anémique. Une frustration
grandissante alimentée par une nouvelle prestation de cet affreux régisseur
lumière qui s'est dit : « tiens, un peu de vert et de rose sur Bloodbath,
ça va le faire ».
Très mitigé donc pour les Suédois dont
j'ai adoré la musique et je reconnais le talent, mais un concert foutu en l'air
par un seul homme en soutane.
Minuit, le 18 août 2017. La nuit est
noire, le ciel dégagé. La petite scène du Motocultor est sous les étoiles qui
semblent briller plus que de raison. Les astres brûlent et témoignent de la
présence divine des Grands Anciens. Voir The Great Old Ones à cette
heure-ci était inespéré. Alors que l'année passée, Regarde les Hommes Tomber
avaient dû se contenter d'un passage de 40 minutes à 13h30, les nouveaux
protégés de Season of Mist ont droit à un vrai créneau. Tant mieux pour eux,
tant mieux pour nous.
Deuxième concert des Bordelais pour ma
part, deuxième grosse claque. Quelques petits éléments scéniques ont agrémenté
le concert (comme une tête de Cthulhu en acier, parfois éclairée pour un effet
des plus réussis) en plus d'une conduite lumière excellente. Le son quant à lui
a mis un peu de temps à se mettre en place, mais a finalement permis de
profiter pleinement de l'univers sombre de The Great Old Ones. Avec un
set largement axé sur "EOD: A Tale of Dark Legacy", dernier
album en date dont vous trouverez la chronique sur le webzine, le quintet a pu
étaler largement son talent pendant soixante magnifique minutes passées bien
trop vite.
Des ambiances pesantes, effrayantes,
distillées par des parties de guitares complexes et vivantes, de l'épaisseur
d'un blizzard arctique. Une batterie très propre et carrée rythmait le tout,
avec des blasts grandioses et un jeu de double-pédale à la hauteur du reste.
Les trois sorties de The Great Old Ones ont été représentées avec un
choix de morceaux des plus pertinents, qui a fait ressortir la cohérence entre
ces albums mais aussi l'évolution qu'a subi la musique des adorateurs de
Lovecraft.
Un très, très beau moment passé en la
compagnie de The Great Old Ones qui se rapproche clairement du titre de
meilleur groupe de Black de l'hexagone.
Et pour clôturer cette première bonne
journée du Motocultor 2017, quoi de mieux que les maîtres du Prog, Opeth ?
Dire que je mourais d'envie de les revoir est un euphémisme : clairement
laissé sur ma faim suite au concert "Heritage" / "Pale Communion"
de l'édition 2015, je ne désirais qu'entendre à nouveau le growl si caractéristique
d’Akerfeldt (que je vénère un peu, vous l'aurez compris). Une grosse heure de
concert, soit 3 morceaux d'Opeth (j'exagère à peine) alors que le groupe
possède une discographie pleine de joyaux qu'il serait tellement dommage
d'oublier !
Début du voyage avec le morceau éponyme
de "Sorceress" sorti il y a presque un an, qui passe très bien
le cap de la scène. Que du chant clair, certes, mais des guitares bien épaisses
et des riffs bien plus metal que ceux de la période Rock Prog chiante d'Opeth.
Bon, le dernier album étant sorti y'a pas si longtemps, on devait s'attendre à
au moins un morceau. Le suivant allait me dire si j'allais me coucher ou pas.
Et les premières notes de Ghost of Perdition résonnent. AH ! Quel
bonheur ! Oui, Opeth qui laisse enfin parler son potentiel !
S'en sont suivis 4 autres excellents morceaux avec une transition exquise entre
Cusp of Eternity et Heir Apparent qui a vraiment failli me faire
mouiller mon pantalon.
L'entité Opeth domine la scène
Metal Prog depuis un moment et on sait pourquoi. Des musiciens on ne peut plus
à l'aise, des morceaux d'une beauté flagrante et ce mélange parfait entre riffs
Death metal et doux arpèges presque Pop. Comme à son habitude, Mikael
monopolise l'attention et laisse parler son ego en faisant référence à Bloodbath
qui jouait juste avant sur la même scène. Bravo d'ailleurs encore une fois à
Axenrot qui a assuré les deux sets sans avoir l'air de fatiguer le moins du
monde. Avec un son parfait et un beau show light, Opeth met toutes les
chances de son côté. Les voix sont justes, y compris les harmonies et les solos
irréprochables.
Avec ses textes et sa musique, Opeth
nous a pris par la main et emmené dans un monde gris et humide, où le soleil ne
perce pas souvent à travers les nuages. Parfois même, la tempête fait rage et
lorsqu'on aperçoit enfin un petit rayon de soleil, c'est pour être sûr que la
pluie nous trempera mieux à la prochaine averse. Mais on sait pourquoi on signe
devant Opeth, et on ferme les yeux pour se laisser porter.
Hélas, il y a une fin à tout, et le set
s'est achevé sur le (trop) long titre Deliverance qui occupa à lui seul
13 minutes. Avec un seul morceau de "Pale Communion" je dois
dire que je ne suis pas déçu le moins du monde par la set-list qui compte 6
albums du groupe sur 15 ans de carrière. Certes, leurs plus vieilles sorties
ont été oubliées ; mais qu'importe, j'ai eu ce que je voulais. Et
c'était formidable.
Set-list
Opeth :
1) Sorceress
2) Ghost of Perdition
3) Cusp of Eternity
4) Heir Apparent
5) The Drapery Falls
6) Deliverance
Psychopathia Melomania tient particulièrement à remercier Guillaume Guyot pour avoir collaboré avec notre webzine et à toute l'équipe du Motocultor Festival pour cette édition 2017.
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