(Par Vlad Tepes)
Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
19 janvier 2018 | LP | Malpermesita Records | Nordic Heathen Metal | France |
Line-up de l'album :
Eric Tabourier : Batterie. Richard Loudin : Vocaux, guitares (lead/rythmique/acoustique). Nesh : Basse, guitares (lead/rythmique/acoustique), bouzouki. |
Membres additionnels :
Krön : Cris de rameurs. Drak : Cris de rameurs. |
2018 voit l’éclosion du troisième opus
de nos très chers Nydvind – tant
attendu je dois bien l’avouer – huit années après leur dernier effort (sept si
nous nous basons sur le split avec
Bornholm). Car Nydvind fait partie
de ces groupes qui ne cèdent nullement à la pression environnante, se
focalisant strictement sur leur propre rythme de maturation. Ainsi la démarche
est qualitative et se situe bien loin de la production quasi industrielle de
certains groupes, notamment dans le large spectre de ce nous pourrions appeler
"pagan metal". Ceci étant dit, nous ne boudons pas notre plaisir de
découvrir (enfin !) "Seas of
Oblivion", premier volet de la tétralogie consacrée aux 4 éléments,
consacré ici à la thématique de l’eau. Souvenez-vous, nous avions été les
premiers à vous révéler ce très ambitieux projet lors d’une interview-fleuve de
juin 2013 (dont voici la première partie) dans laquelle les Nydvind levaient le voile sur leur
démarche :
Car si certains groupes reviennent
après de longues années par simple opportunisme, les Nydvind, eux, reviennent sur disque (car n’ayant jamais vraiment
quitté la scène) du fait d’avoir quelque chose à nous raconter et à partager
avec le monde. Et autant dire que revenir avec rien de moins qu’une tétralogie,
le fait est assez rare pour être souligné et félicité ! Cette dernière se
nomme "Tetramental",
semblant indiquer le lien fondamental entre extériorité et intériorité. Car
même si ces quatre opus visent à traiter des 4 éléments naturels, ils en diront
implicitement tout autant sur le ressenti humain. En effet, "Seas of Oblivion" se veut être une
exploration des flots au travers le regard d’un navigateur…
"Seas of Oblivion" débute par une intro qui a déjà été entendue
par les connaisseurs du groupe, car Plying
the Oars a introduit les prestations de Nydvind de ces dernières années. Nous pouvons y entendre les cris
d’effort de Krön et Drak, guests de ce troisième opus. Epique à souhait, je ne
peux justement pas dissocier ce titre d’un sentiment live, d’une énergie brute
prête à exploser. Toutefois, si je me déconnecte quelques instants de ces
souvenirs scéniques, je peux dire que Plying
the Oars nous fait sentir le vent froid sur notre visage, l’invitation à un
voyage rude et exploratoire.
S’enchaine rapidement le premier titre,
long et contemplatif comme j’en raffole : Sailing Towards the Unknown. Nous avions déjà eu plusieurs fois le
privilège de l’entendre sur scène, en avant-première au Cernunnos Pagan Fest de 2013 :
… puis au Beermageddon Fest IV de 2014 :
Nous basculons là dans de froides
hostilités, bien loin du pagan métal guilleret que nous retrouvons chez bon
nombre d’entités. Et c’est d’ailleurs pour cela que Nydvind tient une place particulière à mes yeux, sachant offrir une
dimension tragico-épique ; et c’est que nous retrouvons parfaitement sur Sailing Towards the Unknown. D’ailleurs
le break exprime ici toute l’essence du groupe, rappelant même les grandes
heures de l’immortel premier opus "Eternal
Winter Domain" (2003, Sacral Productions). Mais ne nous y trompons pas
pour autant, il n’y a ici point de redite au sens strict, juste la perpétuation
d’une identité forte. Autrement dit, du haut de ses onze minutes le premier
"véritable" titre de ce "Seas
of Oblivion" vient retisser le fil de l’essence profonde de Nydvind, montrant que les années ne
provoquent qu’une bien faible érosion sur l’entité elle-même.
Tout comme Sailing Towards the Unknown le titre suivant est désormais bien connu
par ceux qui suivent Nydvind sur les
païennes planches : Skywrath !
Nous avons là à faire à une pièce bien plus immédiate et accrocheuse, sans toutefois
tomber dans la banalité. Conquérante dans l’esprit, la composition n’en oublie
pas pour autant une froideur manifeste rendant parfaitement hommage à ce que
constitue Nydvind depuis ses débuts,
avant de se terminer dans un retentissant tonnerre ! Nous vous offrons
d’ailleurs deux interprétations live de Skywrath,
avec d’une part celle du Beermageddon
Fest IV de 2014 :
… ainsi que celle de septembre 2016 à
Paris :
Nydvind n’étant pas un groupe qui s’embourbe
dans quelconque facilité, voilà qu’il nous offre déjà un second titre des plus
épiques (car dépassant une fois de plus les 10 minutes) : Till the Moon Drowns. Ici un feeling
quelque peu différent se développe au sein d’une composition de prime abord lancinante,
où – comme son titre l’indique – une fine noirceur domine l’ensemble. Autant
vous avouer que Till the Moon Drowns
m’a franchement bluffé et son ambiance a su me captiver de bout en bout. D’ailleurs
la partie centrale brille particulièrement par sa beauté directement inspirée
par notre chère Lune, avec des guitares acoustiques franchement prenantes…
avant que la rage ne reprenne ses droits dans une montée dont seuls les Nydvind ont le secret ! Et en
arrivant au bout de cette brillante composition, je me plais désormais à
imaginer ce que l’interprétation de Till
the Moon Drowns donnerait sur scène, car cela promet une intensité assez
exceptionnelle, d’après ce que me susurre mon instinct…
Le climat change de manière manifeste
avec Sea of Thalardh, présentant un
aspect "pagan" bien plus prononcé que précédemment. Avant toute chose
il faut noter la qualité des vocaux clairs sur la première partie, à la fois
puissants et d’une grande justesse. Malgré tout j’ai été bien moins emporté par
cette première partie de titre que tout ce que j’ai pu entendre jusqu’alors de
"Seas of Oblivion". Fort
heureusement la seconde partie de Sea of
Thalardh m’est apparue comme bien plus variée et ambitieuse, se faisant se
côtoyer un certain nombre d’émotions différentes, entre mélancolie et rage
épiques. Toutefois, je pense que la forte montée que m’avait fait vivre Till the Moon Drowns ne pouvait provoquer
qu’une descente certaine sur Sea of
Thalardh.
La rage se devait de reprendre ses
droits, ce qui est chose faite sur The Dweller
of the Deep, avec un feeling black métallique immédiat. Je ne peux
m’empêcher en écoutant ce morceau d’avoir devant moi des images de mer
déchainée, une lutte acharnée face aux éléments. J’y ressens une urgence et un
aspect charnel prononcé (pas au sens érotique du terme, entendons-nous
bien !), soit une véritable incarnation de l’homme luttant pour sa survie.
Je trouve que The Dweller of the Deep
contribue à la diversité de ce troisième opus, ouvrant la voie à une
composition certes plus directe mais très bien sentie, qui de plus est
parfaitement cohérente avec l’ensemble des autres titres.
Parce que Nydvind voit la musique de manière ample, voici que l’opus s’achève
par deux morceaux des plus longs, pour laisser l’auditeur prisonnier du
caractère épique de "Seas of
Oblivion". Et c’est bien ce qu’il se passe avec le captivant Through Primeval Waters, dont les vocaux
saisissent d’emblée l’auditeur. Un souffle épique incarnant le vent vif semble
s’incarner dans ce morceau où notre très cher Richard s’est littéralement
lâché, ayant probablement exécuté ses plus belles parties vocales. Et que dire
du très long solo faisant la jonction entre les deux parties du morceau ?
Superbement inspiré lui aussi. N’y allons pas par quatre chemins : Nydvind semble avoir franchi un nouveau
palier dans sa païenne créativité, se réinventant sans jamais se renier. Et
comme si Through Primeval Waters ne
devait jamais se terminer, le final nous offre un nouveau solo d’une fluidité
impeccable. Nous tenons là mes amis un titre qui marquera lui aussi les
esprits, croyez-moi sur parole.
Puis c’est à la complexe charge de Unveiling a New Earth de clôturer "Seas of Oblivion", et votre
serviteur aurait tendance à en demander toujours plus à ce stade de
l’exploration. Il s’agit d’un titre avoisinant les 13 minutes, ce qui est un
record absolu pour Nydvind. Je dois
bien vous avouer que j’ai grand peine à vous le décrire car il s’agit là en
réalité de se laisser porter, l’aspect atmosphérique dominant le tableau de cet
ultime titre, la réflexion se trouvant annihilée par une contemplation
toute-puissante. Et c’est bien dans un horizon cherchant notre perte que le
voyage s’arrête, ou du moins retrouvant son fil initial ; car Unveiling a New Earth s’achève avec le
thème de Plying the Oars, ce qui
immanquablement symbolise la circularité de notre monde… où début et fin se
confondent dans l’horizon.
Quel passionnant voyage je viens de
vivre chers amis ! Certains auraient tendance à râler de devoir attendre 8
ans pour écouter un nouvel album, mais à la découverte de "Seas of Oblivion" ces bouches-ci
resteront désormais closes. Car les Nydvind
démontrent une fois de plus que la patience et la détermination forment une
alliance créatrice, nous faisant oublier toutes ces années d’attente en une
seule écoute. Dois-je être encore plus clair en vous disant que l’identité du
groupe se porte extrêmement bien, en réussissant comme sur "Eternal Winter Domain" à mettre en
musique et incarner les éléments naturels avec brio. Dans "Seas of Oblivion", l’auditeur prend
vraiment la mer, se faisant littéralement fouetter le visage… et en
redemande assurément ! Car en plus de l’élément Eau, le vent prend
une place importante dans cet opus, offrant un aspect dynamique manifeste. Il
m’apparait évident que l’exercice ambitionné par les Nydvind est totalement réussi, nous embarquant dans un film sonore
des plus saisissants.
Oui, "Seas of Oblivion" marquera durablement les esprits, et le
moins que l’on puisse dire c’est que cela me met sérieusement en appétit pour
les trois autres volets de ce "Tetramental".
Le fameux vent nouveau que Nydvind incarne depuis ses débuts souffle
toujours avec autant de vigueur…
Hail Nordic Heathen Metal !
Janvier 2018,
Rédigée par Vlad Tepes.
Rédigée par Vlad Tepes.
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