Testament / Annihilator / Death Angel
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(par Inquisitor)
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"Brotherhood of the Snake" European campaign 2017
Moment : 03/12/17.
Lieu : Le Bikini (Ramonville-Saint-Agne, 31).
De retour au Bikini en cette glaciale soirée
d'automne pour une très belle affiche Thrash nord-américaine avec en première
partie les Californiens de Death Angel, suivis des Canadiens Annihilator
avant de finir en beauté devant Testament qui font encore la promotion
de leur bébé sorti il y a plus d'un an, "Brotherhood of the Snake".
Merci beaucoup au webzine, Valérie Reux de Nuclear Blast et à Live Nationpoure
m'avoir donné la possibilité de couvrir cette date.
Mais, comme tout chroniqueur qui se respecte (et
français de surcroit), je me dois de grogner. Ayant vu sur l'événement Facebook
et sur les billets que le début du concert était à 20h, j'ai ramené mes fesses
vers 19h50 histoire de ne rien rater. Quelle surprise j'ai eu de trouver Death
Angel en plein milieu de leur set ! Il apparaît d'ailleurs que je n'ai
pas été le seul à avoir été mal informé, puisque j'ai trouvé pas mal de
messages de la part de spectateurs mécontents. Enfin bref.
J'ai hélas pris le set aux deux tiers, la faute à
une mauvaise communication. J'entre donc dans un Bikini déjà bien plein malgré
le fait que la date n'était pas sold out, et je me glisse près de la régie pour
profiter du show. Première fois avec Death Angel, et bien que je ne sois
pas très connaisseur du Thrash des gugusses, j'ai tout de même poncé "The
Ultra-Violence" dans ma jeunesse. Un album sur presque une dizaine, ce
n’est certes pas grand-chose mais je savais à quoi m'attendre. Du bon gros
Thrash old-school aux influences punk ! Servi par un son excellent (comme
d'habitude au Bikini), le quintet a tenté de chauffer la salle pendant le quart
d'heure de ma présence : sans succès. Mark Osegueda a eu beau éructer,
gueuler comme un putois entre les morceaux pour inciter le public à faire un
peu de bruit et se bouger, rien à faire. A part un petit noyau dans la fosse,
le Bikini restera stoïque face à l'appel du Thrash.
Une belle énergie déployée sur scène par des
musiciens avec un bon niveau, dynamiques et souriants. Techniquement c'est
irréprochable et Death Angel fait tous les efforts du monde pour offrir
une bonne expérience à son public, alors pourquoi la sauce ne prend-elle
pas ? Mystère. J'ai l'impression que le groupe quitte la scène un peu
amer, déçu de l'accueil reçu qui était bien trop timide par rapport à la
qualité du jeu des Californiens. J'espère que ça a plus bougé à Lyon, mais à voir
la moyenne d'âge du public fallait pas trop en demander non plus.
Je ne vais pas faire semblant : je
n'attendais pas vraiment Annihilator. Je possède "Waking the Fury"
que j'ai acheté au hasard un jour à la FNAC, et dire qu'il ne tourne pas
souvent est un euphémisme, la faute à une prod horrible et des riffs pas
folichons. Et en plus, je déteste Jeff Waters. Je ne sais même pas pourquoi,
mais je ne l'aime pas. Le plus étrange dans tout ça, c'est que le groupe était
passé au Motocultor en 2013 et j'avais trouvé ça très honnête. Je ne m'explique
pas ce dédain pour Waters. Mais bref, tout ça c'est du passé ! Avec un
sourire vissé aux lèvres et un charisme presque aussi magnétique que celui de
son compatriote Devin Townsend, Jeff Waters a porté le concert d’Annihilator
sur ses grandes épaules presque seul. Sans dénigrer le travail des autres
musiciens (tous très bons au demeurant), la sympathie du frontman canadien n'a
d'égale que sa virtuosité.
J'ai donc un peu (re)découvert Annihilator ce
soir-là : compositions récentes de l'album "For the Demented"
sorti cette année dont l'artwork orne par ailleurs la scène, mais surtout des
vieux tubes de l'époque "Alice in Hell" et "Never,
Neverland" qui ont remarquablement bien vieilli. Surtout lorsqu'ils
sont joués avec une telle maestria ! Waters présente tous les morceaux, remercie
le public et l'orga avant de balancer ses gros riffs parfois bien groovy
entrecoupés de solos et leads déballés très proprement. Je vais quand même
râler sur une grosse caisse trop présente qui a gâché bien 10 minutes de la set-list
d'Annihilator, couvrant tout le reste.
Ambiance très détendue pour ce show de qualité
qui m'aura permis de découvrir les premiers albums des Canadiens de fort belle
façon. De la bagarre bien sûr, thrash oblige, mais aussi beaucoup de mélodies
avec aussi quelques parties guitares et chant clean. Sur ce dernier point, Jeff
ne semblait pas des plus à l'aise mais le résultat n'était pas à rougir pour
autant. Et en plus de compositions bien construites, une belle cohésion de
groupe avec des petits échanges entre les deux guitares : déjà vus,
certes, mais toujours sympathiques.
Une belle surprise donc, qui rattrape un peu ma
déception d'avoir raté une bonne partie du set de Death Angel qui avait
l'air vraiment bon. Et puis, ça m'aura fait découvrir deux excellents albums
que j'ai eu le temps de découvrir plus
en détails depuis le concert.
Set-list Annihilator :
1)
One to Kill
2)
King of the Kill
3)
No Way Out
4)
Set the World on Fire
5)
W.T.Y.D.
6)
Twisted Lobotomy
7)
Alison Hell
8)
Phantasmogoria
Nous y voilà, la tête d'affiche de cette
formidable soirée à la gloire du Thrash américain. Après deux mises en bouche
bien savoureuses, je ne demandais qu'à en prendre plein la tronche. Ayant déjà
vu Testament en août 2016 au Motocultor, je savais à quoi m'attendre,
même si les yankees n'étaient pas encore sur la tournée promo de leur album
sorti en novembre 2016, "Brotherhood of the Snake". A des
années-lumière de la déception qu'avait été "Relentless" des
vétérans Slayer, le dernier Testament s'est révélé être un disque
presque aussi solide que leur précédent opus, "Dark Roots of Earth"
qui a tourné un paquet de fois chez moi.
Avec un décor de scène aussi somptueux que démesuré,
le quintet a pris place sur les planches du Bikini avec une aisance propre aux
groupes dont les trente ans de bouteille ont façonné cette fascinante
assurance. Annihilator ayant réussi tant bien que mal à chauffer les
sacs à bière que nous sommes, Testament sont entrés sous les voix des
fans. Il était temps. Chuck Billy aura à peine le temps d'esquisser un sourire
que les choses sérieuses commencent avec le titre éponyme de "Brotherhood
of the Snake", et on sait tout de suite où on est : au beau
milieu du royaume du Thrash, dont les rois se tiennent devant nous. Et le
voyage sera moins dirigiste que prévu : sur 14 morceaux, seulement trois
titres du dernier album en date. Le reste, rien de moins qu'un charmant best-of
de la carrière de Testament avec 10 galettes représentées ! Practice What You Preach, Rise Up, More
Than Meets the Eye, The New Order... Une set-list très variée qui nous fait traverser tout le royaume
construit par ces bûcherons, le cinquième nom du Big 4.
Outre la pertinence du choix des morceaux, la
bande à Peterson nous a régalés avec une performance irréprochable. Dur de
foirer quoi que ce soit quand le groupe compte dans ses rangs Hoglan, Skolnick
et DiGiorgio dont le CV n'est plus à présenter. On aura d'ailleurs droit à un
solo de chacun des guitaristes, mais rien de la part de l'horloge atomique ni
de la légende derrière la basse de "Symbolic". Seule réelle
déception du show de Testament tant le reste était excellent. Toujours loquace,
Chuck B. a été presque aussi adorable que son homologue canadien de chez Annihilator
mais a fourni une prestation vocale plus impressionnante encore. Les solos de
Skolnick ont été restitués avec tout le talent dont dispose le bonhomme, c'est
peu dire. Inutile d'aborder à nouveau la partie rythmique. Finalement, le seul
« maillon faible » du groupe pourrait être Eric Peterson, éclipsé par
ses collègues ; mais le dernier membre fondateur de Testament s'en
sort tout de même très bien, merci pour lui.
« Excellent », « mémorable »,
« énergique » sont des adjectifs qui conviendraient à cette heure
passée avec les Américains. Mais « parfait » ne conviendrait pas, à
commencer par une relative immobilité des membres du groupe qui n'ont, me
semble-t-il, pas beaucoup profité de l'immense espace scénique mis à leur
disposition. On aurait pu avoir de très belles images et du mouvement,
peut-être plus d'effets pyrotechniques... Inspirez-vous de Kreator, les
gars ! Là, c'était quand même un peu trop statique. Je ne suis pas non
plus convaincu par la pertinence des lumières, souvent bien trop
conventionnelles pour être mémorables. Enfin, je me souviens précisément du
light show à cause de son manque d'originalité. Plutôt triste quand on voit les
moyens mis à disposition. Du côté du son, le constat est moins amer : bon
équilibre entre les instruments, pas de larsen et assez cohérent avec ce qu'on
connaît sur disque. En revanche, le niveau sonore trop élevé m'a ravagé la
tronche, en plus d'une compression trop perceptible sur la batterie et la voix.
Mais on reste tout de même sur du positif avec
une belle grosse mandale thrash. Très solide sur scène, Testament a
ancré ce concert dans mes souvenirs avec une petite note « belle grosse
bagarre ». Pas de surprise cependant puisque le groupe m'a donné
exactement ce que j'attendais (hormis pour la set-list pas trop « brotherhood-esque ») :
un live propre sans trop de prise de risque. Très peu de différences avec la
date du Motocultor, et c'est très bien comme ça puisque Testament ça
déchire quand même pas mal.
Set-list Testament :
1) Brotherhood of the Snake
2) Rise Up
3) The Pale King
4) More Than Meets the Eye
5) Electric Crown
(solo d’Alex Skolnick)
6)
Into the Pit
7)
Low
8)
Stronghold
9)
Eyes of Wrath
(solo d’Eric Peterson)
10)
Practice What You Preach
11)
The New Order
12)
Souls of Black
13)
Over the Wall
Encore :
14)
Disciples of the Watch
Beaucoup de plaisir pris ce soir pour ma pomme,
et je l'espère pour les musiciens malgré un accueil vraiment tiède du public.
Secouez-vous un peu, bordel ! Y'a des groupes qui traversent l'Atlantique
pour venir jouer une heure pour vous, ce n’est quand même pas rien ! On
n'est pas au café-concert du coin devant un groupe local qui a vendu 30 EP’s et
vendu 2 t-shirts, faut leur donner envie de revenir ! Sans parler de
balancer des pogos dès la deuxième mesure du concert ou de faire péter le wall
of death à chaque morceau, un peu de bruit c'est le minimum syndical. Gueuler
un bon coup, applaudir, répondre aux questions posées par les frontmen... Un
peu de savoir-vivre, bordel. Le public toulousain serait-il blasé de ce déluge
d'excellentes dates à longueur d'années ? Possible. J'espère ne pas finir
comme ça. A peine le temps de nettoyer mes bouchons d'oreille que je remettais
le couvert le lendemain pour Auðn, The Great Old Ones et Gaahl's
Wyrd au Metronum. Mais ça, ce sera dans un prochain live-report !
Décembre 2017,
Rédigé par Inquisitor.
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