(Par Lucy Dayrone)
Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
Février 2010 | LP | Maddening Media | Hantise | Pays-Bas |
Line-up :
Seregor : Guitares, vocaux. Ardek : Orchestration et claviers. Namtar : Batterie et percussion. |
Membres additionnels :
Patrick Damiani : Basse et guitares additionnelles. Nikos Mavridis : Violon. Trystys : Guitares live. |
Cet album est l'une de mes plus belles découvertes, sur tous les plans musicaux, tant et tellement qu'il peut tourner des heures en boucle sans que je ne puisse en ressentir la moindre lassitude.
Après un très bon Lammendam en 2008, où la personnalité du groupe n'est pas encore assez présente, Carach Angren offre au black metal un terrifiant opus...
Death Came Through A Phantom Ship reste dans l'idée de base du groupe : une légende, un mystère non résolu, de l'horreur, le tout en vers s'il vous plaît, dans la langue de Shakespeare, sur une musique brillamment orchestrée par Ardek.
Ici, le héros se nomme Van Der Decken, capitaine du vaisseau nommé Hollandais Volant, qui devint un effroyable pirate sans pitié. Il n'avait cure de tout hormis de la richesse, du pouvoir et des drogues.
Un jour qu'il souhaitait passer le cap de Bonne-Espérance, ses marins s'insurgèrent, ne souhaitant pas lever l'ancre le dimanche de Pâques, car cela était défendu par Dieu. Cruel, méprisant et pleinement hérétique, Van Der Decken fait un exemple du meurtre de l'un d'eux et oblige l'équipage à mettre les voiles tandis qu'un furieux orage gronde. Le capitaine défie Christ depuis son bateau, n'ayant que faire de la mort, obnubilé par sa soif de conquête. Mais la foudre frappe le bateau, ruine ses voiles, ses ponts, maudissant le vaisseau devenu noir... Alors plus jamais les hommes ne virent la terre, la boussole n'indiquait plus de nord, et sous le nombre croissant de suicides, le capitaine décida de massacrer le restant de l'équipage, jurant à nouveau contre ce Dieu qu'il répudiait. Empalé par le mât qui se brisa sous une foudre nouvelle, il devient un fantôme, aussi mauvais que son être le fut de son vivant, et sur une mer sans eau, poussé par un vent sans souffle, le Hollandais Volant sema folie et mort à quiconque l'apercevait.
C'est ainsi que la légende est retranscrite par Carach Angren. Mais il en existe plusieurs versions, dont deux plus connues : celle que Wagner en fait dans son œuvre musicale et celle du roman de Marryat.
Notons également que Disney s'est un peu approprié l'histoire en transformant pas mal d'éléments à son tour, dans les volets 2 et 3 de Pirates des Caraïbes, offrant au pirate Davy Jones une réplique grandeur nature du navire...
Les membres seront sincères en expliquant qu'ils n'ont fait qu'une brève recherche sur la légende, se contentant de rassembler les versions pour n'en faire qu'une, souhaitant s'inspirer de la base de l'histoire, non du travail des autres. Ils avouent même ne pas avoir lu le livre de Marryat et seulement écouter l'opéra de Wagner qu'une fois le travail bien avancé, sans que cela ne modifie leur but.
Personnellement, je trouve que c'est tout à leur honneur, car rien n'a pu entacher leur inspiration, leur manière de voir les choses, souhaitant offrir tout simplement leur propre ressenti de la légende, relativement cruel.
Et c'est réussi.
L’ambiance n’est pas que musicale. Carach Angren soigne la plastique de ses albums avec - un peu trop - d’effets. Ainsi, certains diront que ce sont des poseurs, alors que pour ma part il n'en est rien.
La couverture est une des plus belles pochettes d'albums, toujours en avis purement personnel. En triangle, de gauche à droite, se trouve Ardek, Seregor et Namtar. Le leader est plus en avant, un genou au sol, dans l’eau d’une mer à marée basse. Sous un ciel chargé de nuages aux allures de cendres, la mer embrasse l’horizon qui porte sur un fil inatteignable le Hollandais Volant… Le vent y est comme enfermé, l’iode sale la narine derrière le papier, et ces sombres couleurs donnent déjà froid dans le dos.
L’édition est en digipack, un triptyque reprenant la couleur de la texture d’une coque de navire en bois. Les images qui parcourent le livret sont directement liées aux chansons, comme par exemple cette femme ensanglantée sur un lit, à peine visible, pour le titre « …And The Consequence Macabre », ou encore ce journal de bord tâché de sang pour « Bloodstains On The Captain’s Log ».
Il y a également trois photos des membres, en portrait, sur lesquels on peut admirer le superbe maquillage.
Nous devons l’artwork et les photos, ainsi que le clip « The Sighting Was A Portent Of Doom » à Erik Wijnands, qui a également contribué aux paroles de l’album.
Ont alimenté la qualité de cet opus marin Nikos Mavridis, de Rome, ainsi que Patrick Damiani, du même groupe mais aussi de Le Grand Guignol. Ce dernier a même prêté sa voix aux vocaux arrières du morceau « Al Betekent Ht Mijn Dood ».
Musicalement, Death Came Through A Phantom Ship est un vivier de petits sons, posés ça et là sur la partition pour agrémenter la musique de base guitare/basse/batterie. Ces claviers dont les nappes sont la colonne vertébrale de chaque morceau sont dédiés à l’ambiance. Ainsi par exemple, sur le titre « Van Der Decken’s Triumph », on a l’impression d’embarquer, de lever la voile avec les marins chantants, d’être sous le commandement de cet infâme capitaine, de piller et tuer à ses côtés, amassant les richesses de pays en pays…
Après un très bon Lammendam en 2008, où la personnalité du groupe n'est pas encore assez présente, Carach Angren offre au black metal un terrifiant opus...
Death Came Through A Phantom Ship reste dans l'idée de base du groupe : une légende, un mystère non résolu, de l'horreur, le tout en vers s'il vous plaît, dans la langue de Shakespeare, sur une musique brillamment orchestrée par Ardek.
Ici, le héros se nomme Van Der Decken, capitaine du vaisseau nommé Hollandais Volant, qui devint un effroyable pirate sans pitié. Il n'avait cure de tout hormis de la richesse, du pouvoir et des drogues.
Un jour qu'il souhaitait passer le cap de Bonne-Espérance, ses marins s'insurgèrent, ne souhaitant pas lever l'ancre le dimanche de Pâques, car cela était défendu par Dieu. Cruel, méprisant et pleinement hérétique, Van Der Decken fait un exemple du meurtre de l'un d'eux et oblige l'équipage à mettre les voiles tandis qu'un furieux orage gronde. Le capitaine défie Christ depuis son bateau, n'ayant que faire de la mort, obnubilé par sa soif de conquête. Mais la foudre frappe le bateau, ruine ses voiles, ses ponts, maudissant le vaisseau devenu noir... Alors plus jamais les hommes ne virent la terre, la boussole n'indiquait plus de nord, et sous le nombre croissant de suicides, le capitaine décida de massacrer le restant de l'équipage, jurant à nouveau contre ce Dieu qu'il répudiait. Empalé par le mât qui se brisa sous une foudre nouvelle, il devient un fantôme, aussi mauvais que son être le fut de son vivant, et sur une mer sans eau, poussé par un vent sans souffle, le Hollandais Volant sema folie et mort à quiconque l'apercevait.
C'est ainsi que la légende est retranscrite par Carach Angren. Mais il en existe plusieurs versions, dont deux plus connues : celle que Wagner en fait dans son œuvre musicale et celle du roman de Marryat.
Notons également que Disney s'est un peu approprié l'histoire en transformant pas mal d'éléments à son tour, dans les volets 2 et 3 de Pirates des Caraïbes, offrant au pirate Davy Jones une réplique grandeur nature du navire...
Les membres seront sincères en expliquant qu'ils n'ont fait qu'une brève recherche sur la légende, se contentant de rassembler les versions pour n'en faire qu'une, souhaitant s'inspirer de la base de l'histoire, non du travail des autres. Ils avouent même ne pas avoir lu le livre de Marryat et seulement écouter l'opéra de Wagner qu'une fois le travail bien avancé, sans que cela ne modifie leur but.
Personnellement, je trouve que c'est tout à leur honneur, car rien n'a pu entacher leur inspiration, leur manière de voir les choses, souhaitant offrir tout simplement leur propre ressenti de la légende, relativement cruel.
Et c'est réussi.
L’ambiance n’est pas que musicale. Carach Angren soigne la plastique de ses albums avec - un peu trop - d’effets. Ainsi, certains diront que ce sont des poseurs, alors que pour ma part il n'en est rien.
La couverture est une des plus belles pochettes d'albums, toujours en avis purement personnel. En triangle, de gauche à droite, se trouve Ardek, Seregor et Namtar. Le leader est plus en avant, un genou au sol, dans l’eau d’une mer à marée basse. Sous un ciel chargé de nuages aux allures de cendres, la mer embrasse l’horizon qui porte sur un fil inatteignable le Hollandais Volant… Le vent y est comme enfermé, l’iode sale la narine derrière le papier, et ces sombres couleurs donnent déjà froid dans le dos.
L’édition est en digipack, un triptyque reprenant la couleur de la texture d’une coque de navire en bois. Les images qui parcourent le livret sont directement liées aux chansons, comme par exemple cette femme ensanglantée sur un lit, à peine visible, pour le titre « …And The Consequence Macabre », ou encore ce journal de bord tâché de sang pour « Bloodstains On The Captain’s Log ».
Il y a également trois photos des membres, en portrait, sur lesquels on peut admirer le superbe maquillage.
Nous devons l’artwork et les photos, ainsi que le clip « The Sighting Was A Portent Of Doom » à Erik Wijnands, qui a également contribué aux paroles de l’album.
Ont alimenté la qualité de cet opus marin Nikos Mavridis, de Rome, ainsi que Patrick Damiani, du même groupe mais aussi de Le Grand Guignol. Ce dernier a même prêté sa voix aux vocaux arrières du morceau « Al Betekent Ht Mijn Dood ».
Musicalement, Death Came Through A Phantom Ship est un vivier de petits sons, posés ça et là sur la partition pour agrémenter la musique de base guitare/basse/batterie. Ces claviers dont les nappes sont la colonne vertébrale de chaque morceau sont dédiés à l’ambiance. Ainsi par exemple, sur le titre « Van Der Decken’s Triumph », on a l’impression d’embarquer, de lever la voile avec les marins chantants, d’être sous le commandement de cet infâme capitaine, de piller et tuer à ses côtés, amassant les richesses de pays en pays…
« Weigh the anchor and boist the sails !
Work harder ye drunken snails !
Hey ! Oh ! For tresury like pepper as gold.
Let this nautical voyage begin.
We are powered by strong European winds. »
Work harder ye drunken snails !
Hey ! Oh ! For tresury like pepper as gold.
Let this nautical voyage begin.
We are powered by strong European winds. »
Le titre « Al Betekent Het Mijn Dood » est tout aussi spectaculaire. Un interlude au milieu de l’album, typique de Carach Angren, où la mutinerie prend forme mais est vite abrégée par la lame tranchante du capitaine fou. Il n’y a que du clavier, que des orchestrations de nappes d’ambiances, très lourdes, qui rappellent les embruns précédents les violents orages, une mer déchaînée, un désastre à venir.
« I beg you my captain !
Christ has forbidden to set sail on Easter Sunday !
- What ?! Your God ?! May he suffocate ! May he rot ! »
Christ has forbidden to set sail on Easter Sunday !
- What ?! Your God ?! May he suffocate ! May he rot ! »
La musique s’allie à la voix de Seregor, plus-value du groupe. Une voix pas si grave mais infiniment profonde et unique. Le timbre est superbe, les intonations digne d’un théâtre macabre, le souffle long et l’articulation parfaite.
Dans le morceau « Departure Towards A Nautical Curse » la voix est intense et les claviers donnent aux guitares un rythme soutenu, comme un galop de cheval, des notes volontaires, des envolées sombres. Derrière, la batterie maintient l’effroi avec des pulsations glacées d’horreur, usant des cymbales avec savoir-faire.
« Van Der Decken lashes himself to the wheel,
swearing to Christ : « I shall not yield !”
All at once a new storm rose and lightning struck. »
swearing to Christ : « I shall not yield !”
All at once a new storm rose and lightning struck. »
Comme je l’ai fait pour Lammendam, j’ai traduit les paroles de cet album, que vous pourrez retrouver sur le site Lumière sur les mots.
Death Came Through A phantom Ship est donc un album excellent de part en part, tant au niveau musical que pour la qualité des paroles, la version de l’histoire et la production.
Ce concept-album conte une légende qui, piste après piste, s’enchaîne dans un mix parfait réalisé par Patrick Damiani.
A chaque écoute, on découvre un nouveau son, de nouvelles notes, on s’émerveille face à la qualité et au soin que Carach Angren a mis dans cet opus, mais avant tout, on frissonne de l’histoire aux macabres conséquences, digne des plus sordides destins que l’on se conte au coin du feu sur la plage, tandis que sur la mer obscure flotte le Hollandais Volant, venu écouter l’histoire de son éternel crépuscule.
Death Came Through A phantom Ship est donc un album excellent de part en part, tant au niveau musical que pour la qualité des paroles, la version de l’histoire et la production.
Ce concept-album conte une légende qui, piste après piste, s’enchaîne dans un mix parfait réalisé par Patrick Damiani.
A chaque écoute, on découvre un nouveau son, de nouvelles notes, on s’émerveille face à la qualité et au soin que Carach Angren a mis dans cet opus, mais avant tout, on frissonne de l’histoire aux macabres conséquences, digne des plus sordides destins que l’on se conte au coin du feu sur la plage, tandis que sur la mer obscure flotte le Hollandais Volant, venu écouter l’histoire de son éternel crépuscule.
Juillet 2011,
Rédigée par Lucy Dayrone.
Rédigée par Lucy Dayrone.
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