Fatum Elisum / Marche Funèbre
Funeral Fate…
(par Vlad Tepes)
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A post Doom’s day eve
Moment : 22/12/12.
Lieu : Emporium Galorium (Rouen, 76).
Moment : 22/12/12.
Lieu : Emporium Galorium (Rouen, 76).
Groupes :
Marche Funèbre | Fatum Elisum |
La Terre n’est plus… l’air est putride… les
corps se décomposent lentement… la vie en est à son ultime effort… Et
bien c’est ce scénario qui aurait pu (aurait dû ?) se produire si la fin
du monde avait réellement eu lieu la veille. Mais nous sommes le 22 décembre 2012
en terre rouennaise et manifestement tout le monde aura survécu. Ce qui nous
importe aujourd’hui, moi et ma Fée de Sang (après deux errances filthiennes
absolument délectables cette même semaine…), c’est le constat que les doomeux
ont eux bel et bien survécus, cherchant à dépeindre une fin du monde tant
désirée. A défaut d’être réalisée, ce soir elle promet d’être incarnée !
En effet, deux noms du
doom/death se produisirent à l’Emporium Galorium : les belges de Marche Funèbre et les rouennais de Fatum Elisum. Il fallait bien rattraper
la négligence prophétique et enfin faire trembler les entrailles de cette terre…
Je me
réjouissais de retrouver Marche Funèbre
ce soir-là, étant resté sur ma faim lors de leur prestation au Doom Over Paris
VI (le 25 novembre dernier). Le changement d’environnement et d’ambiance fut
flagrant par rapport à la date parisienne, ne serait-ce qu’au niveau des
lumières : ici, elles furent quasi éteintes (soit le grand cauchemar des
photographes !), permettant de donner un aspect… funèbre. Ce climat était
pleinement en accord avec le style pratiqué. Dans l’obscurité, la Marche Funèbre débuta…
C’est
par le biais de Lethe que la marche
commença, soit le plus long morceau issu de leur premier opus "To drown" (2011, Shiver Records).
Cette remarque à priori anodine est le signe selon moi d’une volonté de se
faire plaisir et de ne pas se mettre de barrière. J’ai vraiment ressenti cela
ce soir-là.
Après
un son plutôt lourd arriva le premier break où le chant clair pu s’exprimer
pleinement, porté par des notes de guitare subtiles… avant une intense reprise.
La suite du morceau se poursuivit dans un jeu de contrastes, entre lenteur et
accélération rageuse. Mais c’est bien la lenteur qui sortira victorieuse, avec
un chant clair particulièrement juste, scandant la désespérance continuelle…
avant de laisser place à une ultime accélération, en guise de dernier souffle
de vie visant à faire oublier tant de tristesse… en vain.
Marche Funèbre revint
en arrière avec On wings of Azrael (dont
le texte est issu de Ligeia d’Edgar
Allan Poe), seul morceau joué ce soir-là issu de leur tout premier EP "Norizon" (2009).
Ce
titre m’avait laissé partagé lors de la prestation parisienne, et je pus en
profiter bien plus en ce 22 décembre. En effet, j’arriva ce soir-là à articuler
les divers chapitres du titre. Un frisson émergea même lors du hurlement d’Arne
clôturant la toute première accélération…
Le
rythme se mit à ralentir de nouveau pour le titre suivant : The well that drowns me…
A la
fois lourd et efficace, c’est bien malgré tout la lourdeur qui guida l’ensemble,
où deux chants clairs s’entremêlèrent avec aisance. Mais plus le morceau avança
et plus la noirceur s’installa, le chant black supplantant le chant clair. Comme
vous pouvez le constater, il se passa beaucoup de choses au sein de ce seul
morceau, jouant une fois de plus avec les contrastes, ces derniers servant
encore et toujours le désespoir…
Le
moment vint pour Marche Funèbre de dignement
dire au-revoir à son bassiste Zoran, effectuant ici son tout dernier concert
avec le groupe. Ainsi, ce fut avec son titre préféré que le chapitre se
clôtura : The dark corner.
L’atmosphère
se fit bien plus opaque pour ce morceau, plus noire aussi. L’interprétation fut
bien plus sauvage et entière que pour les morceaux précédents, le groupe
cherchant véritablement à parfaire leur hommage. A ce titre, les vocaux d’Arne
furent parfois sauvages, une autre fois arrachés, exprimant avec brio une rage
mêlée de désespérance.
Ce
morceau est probablement celui qui m’aura le plus touché, car possédant une
tonalité de gris particulièrement torturée, fleurant bon l’eau croupie dont
l’on se délecte juste avant de s’assoupir pour l’éternité…
Nous en
arrivâmes déjà au morceau final, introduit par une introduction vocale assez
prenante : voici Valley of tears…
Assez
efficace au demeurant, ce morceau clôtura ce concert rouennais en fleurant néanmoins
le doom/death du début des années 90. Le headbanging pu enfin s’exprimer
librement, permettant de compléter toute la désespérance longuement dépeinte
sur les précédents morceaux du show. Ce Valley
of tears aura en quelque sorte bouclé les émotions véhiculées par la
musique du groupe ce soir-là.
Ce
concert de Marche Funèbre m’aura
cette fois-ci vraiment touché. En effet, le cadre tout comme la set-list ont
contribué à instaurer un climat de tristesse des plus délectables. J’ai ainsi
réussi à véritablement m’approprier leur univers, me permettant de mieux
comprendre et ressentir leurs compositions. Alors que je les trouvais parfois
décousues à Paris, ce 22 décembre je les ai ressenties en véritables unités.
Cela confirme mon intuition préalable, à savoir qu’il est nécessaire de prendre
le temps de découvrir la musique de Marche
Funèbre pour l’apprécier à sa juste valeur.
Perpétuant
la tradition du doom/death, Marche
Funèbre est un groupe sur lequel il faut désormais compter dans nos univers
mélancoliques…
Set-list Marche Funèbre :
1) Lethe
2) On wings of
Azrael
3) The well that
drowns me
4) The dark
corner
5) Valley of tears
Un an
et quelques poussières après leur précédent concert rouennais, voici que je
retrouvais à nouveau avec grand plaisir Fatum
Elisum. Le light-show se sera sensiblement illuminé, mais restant
résolument opaque et dépouillé. L’humain allait à nouveau se perdre dans des
considérations nihilistes…
La soirée débuta dans un long malaise
avec In Vain, issu du premier opus
éponyme du groupe (2008). J’avoue avoir été profondément réjoui d’entendre pour
la première fois ce titre en live :
"Douloureux" est le mot, dans
une interprétation assez instinctive. Il en est ressorti un aspect arraché et
assez abrupt, tranchant avec la version studio. Malheureusement, le seul point
noir fut un son manquant de basse et parfois imprécis. Mais cela ne gâcha en
rien le plaisir d’avoir entendu ce que je considère comme étant le morceau le
plus marquant de ce premier opus.
Poursuivant dans la souffrance, des
notes rachitiques et évocatrices firent leur apparition pour introduire The twilight prophet. Assez cohérent
dans le déroulement du concert, le titre s’inscrivit presque comme une suite
logique d’In Vain :
Avec un son plus entier, je me plongea à corps
perdu dans cette longue complainte, superbe une fois de plus. Rehaussé par une
rythmique doom/death, il m’était impossible de rester insensible face au plus
beau moment de ce concert rouennais. Un mot, un seul : poignant.
Poursuivant dans leur deuxième opus, ce
fut le vindicatif Homo Nihilis qui
prit la suite des hostilités. J’avoue, je ne suis pas trop client du tout début
du morceau, attendant plutôt la longue partie mélancolique.
Et cette attente fut récompensée !
En effet, ce long passage fut magnifique, assez équivalent émotionnellement
parlant à The twilight prophet. Et
cela confirme mon ressenti premier d’un titre d’une certaine manière découpé
(ce que je ne ressens sur aucun titre du second opus). Au final, Homo Nihilis fut pour moi profondément
contrasté, me laissant une certaine frustration en l’âme…
Bouclant la boucle, Fatum Elisum fit un retour au premier
opus avec le désormais classique Dancer
of spirals. Le titre fut plus cathartique pour moi qu’Homo Nihilis, et je dois dire que l’effet reste toujours
intact :
Toutefois, les vocaux me sont apparus
trop instinctifs sur la partie initiale (tout comme sur le début d’Homo Nihilis d’ailleurs) et je ne cache
pas une certaine frustration à ce niveau ! Mais ne soyons pas mauvaise
langue, le rendu global fut assez fidèle à ce morceau bien connu et apprécié
des doomeux extrêmes. A raison.
Le
concert se termina par la même et jouissive cover de novembre 2011, avec The hordes of Nebulah de Darkthrone. A vrai dire, le son de ce
soir fut parfait pour accueillir cette norvégienne offrande, très largement
doomisée pour l’occasion :
Le son
crade de la version d’origine fut hautement respecté. De plus, un certain
Nocturno Culto n’aurait sûrement d’ailleurs pas renié les vocaux d’EndE,
s’inscrivant dans la plus pure tradition par moments. Ce fut d’ailleurs à s’y
méprendre notamment sur les premières éructations. Soulignons par là-même le
talent certain d’EndE à venir rendre hommage aux plus illustres vocalistes
norvégiens, allant de Nocturno Culto à Attila Csihar (je vous renvoie à
l’’interprétation de The pursuit of
sadness en novembre 2011 en ce même lieu).
Cette
cover (malgré que ce soit la seconde fois que
je l’entende), je pense l’avoir encore plus apprécié que lors de ce
dernier concert… sombre délectation…
Ce show
de Fatum Elisum nous aura offert une
set-list plus variée qu’en novembre 2011, n’offrant pour autant mieux ou moins
bien, mais bien quelque chose de différent. Ainsi, l’ensemble a eu une allure
moins monolithique ("Homo Nihilis"
constituant une offrande douloureuse et souffrante), ce qui aura permis
d’osciller entre les deux opus. Bien entendu, certains titres manquent à
l’appel selon moi, comme le superbe The
pursuit of sadness ou East of Eden.
Mais l’interprétation d’In Vain permit
d’atténuer cette frustration. Toutefois, je regrette qu’aucune nouvelle pièce
n’ait été proposée, car là était une de mes attentes. Ce sera ainsi pour une
fois prochaine !
Malheureusement
le son ne fut pas idéal et manquant de plus de basses. A ce niveau, Marche Funèbre fut plus massif. Quant à
elle, l’exécution technique demeure assez similaire à celle de novembre 2011, à
savoir parfois instinctive/impulsive. A la réserve des musiciens vient en
contraste un désespoir qui s’expulse littéralement d’EndE. L’aspect cathartique
de la performance fut évident, se complétant à merveille avec l’aspect
théâtral. Et c’est bien cette alliance qui fait la particularité de chaque performance
d’EndE…
Set-list Fatum Elisum :
1) In vain
2) The twilight
prophet
3) Homo Nihilis
4) Dancer of
spirals
5) The hordes of
Nebulah (Darkthrone cover)
Après
cette soirée riche en émotions, nous eûmes la possibilité d’échanger longuement
avec un Mr riche de contrastes, un certain EndE… Et je ne me lasserai jamais
d’exalter l’atmosphère particulière des concerts à l’Emporium Galorium. En
effet, le climat est quasiment familial et véritablement confidentiel,
permettant un contact privilégié avec les artistes. De plus, le fait d’être au
milieu d’une audience aussi restreinte donne de l’espace à une musique aussi
introspective que le doom/death. Et il est intéressant de faire coexister la
chaleur humaine du climat crée en ce lieu au froid désespoir de ce type de
musique. Voilà quelque chose à vivre pour tout mélomane qui se respecte.
Moi et ma Fée de Sang gardons un
souvenir exquis de cette soirée, avec deux prestations bien distinctes,
exprimant chacune leur vision du doom/death. Et je dois dire que ce fut exécuté
avec talent et surtout avec force sincérité.
Pour conclure, je me permettrais de reprendre les propres mots de notre
cher EndE, à savoir que nous implorons une nouvelle fin du monde pour venir la
célébrer à nouveau… doomesquement parlant bien entendu.
Février/Mai/Juin 2013,
Rédigé par Vlad Tepes.
Rédigé par Vlad Tepes.
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