mardi 15 décembre 2015

Agnes Obel / French for Rabbits - Live Amiens 2014



Agnes Obel / French for Rabbits

Murmures d’un piano…

(par Vlad Tepes)



"Aventine" tour (seconde partie)
Moment : 06/10/14.
Lieu : Le cirque Jules Verne (Amiens, 80).


Agnes Obel - "Aventine" tour (seconde partie) octobre 2014


Si proche et pourtant totalement méconnu par moi, c’est avec plaisir que je conviai ma Fée de Sang à aller découvrir le cirque Jules Verne, et ce pour une occasion toute particulière. En effet, la mystérieuse Agnes Obel s’apprêtait à fouler à pas félins la belle scène amiénoise pour nous conter les errances de son second album "Aventine", réalisé en 2013.


Je ne savais pas trop à quoi m’attendre car cette artiste à l’art si charmant restait malgré tout assez loin de moi en termes de connaissances musicales plus pointues, et je ne demandais qu’à être surpris. Et quelle fut la surprise ! Laissez-moi vous la raconter…



French for Rabbits_logo

Avant de nous laisser bercer par la talentueuse Agnes, ce fut aux Néo-Zélandais de French for Rabbits d’ouvrir le bal des murmures…

Composé de seulement trois membres, la formation nous aura gratifié d’une musique majoritairement acoustique toute en nuances et délicatesse. Mené par une chanteuse à l’allure extrêmement frêle, l’ambiance se trouvait aux antipodes de l’excès, et la force de l’interprétation résida dans la retenue de la voix aussi bien que des instruments.

Je ne fus pas totalement conquis par cette prestation, car durant sa première partie il me manqua ce petit quelque chose indéfinissable qui permet de réellement s’immerger dans un univers. Toutefois, les derniers titres m’auront touché et je commençai à trouver la porte d’entrée de leur univers. Malheureusement le concert des French for Rabbits fut bien trop court pour que je puisse poursuivre ma découverte.

J’imagine assez bien réécouter leur musique bien au chaud chez moi, car cette musique est une véritable ode à l’intimisme, et de ce fait il est presque étrange de l’entendre dans une salle aussi grande que le cirque Jules Verne. Ainsi, nous pouvons comprendre l’angoisse de la chanteuse en abordant cette seconde étape de tournée. French for Rabbits reste malgré tout à un groupe à découvrir !





Agnes Obel_logo

Dans ce cirque amiénois, l’ambiance commença à devenir étrange et mystérieuse, à mesure que les fumigènes envahissaient l’espace. Improbable semblait ma présence devant une artiste que je connaissais si peu, mais j’attendais ma surprise patiemment…

Je dois bien l’avouer, elle fut au rendez-vous ! Agnes Obel avait d’ailleurs prévenu son public dès le début de la prestation : cette tournée se permettait de réinterpréter les morceaux déjà bien connus par le public. En effet, nous y avons notamment redécouvert les titres issus du premier effort de l’interprète – "Philharmonics" – tel que Riverside par exemple. Reconnaissable dans sa mélodie globale, Agnes y apporta d’importantes modifications concernant sa ligne vocale, choisissant de porter l’accent sur un aspect frêle, comme pour offrir une nouvelle teinte à ce titre connu de tous. Il semble qu’Agnes souhaitait démontrer que ces chansons pouvaient encore apporter de nouveaux éclairages, de nouvelles émotions à l’auditeur. Pari pleinement réussi !


Vous l’aurez compris, Agnes n’a pas souhaité ce soir-là ronronner, même dans les sphères les plus connues de son répertoire. Concernant les titres du second effort "Aventine", mon ressenti s’est avéré fort complexe, à l’image d’une musique qui ne l’est pas moins. En effet, son caractère épuré pourrait faire penser que celle-ci soit simpliste, alors qu’apportant des affects très contrastés. Voici ici son titre éponyme :




En termes d’émotions, la douceur est peut-être celle que j’ai ressentie de manière plus manifeste, même si je pense qu’elle se confronta assez rapidement à bien d’autres émotions. En effet, une fine obscurité a semblé parcourir l’intégralité du set, semblant fusionner avec la douceur pré-citée. Malgré tout, n’oublions pas la mélancolie qui apparait comme constitutionnelle à la musique d’Agnes Obel, comme le superbe Dorian (issu du second opus) :




Agnes a montré d’elle et de sa musique un caractère insaisissable, difficile à circonscrire. Peut-être certains d’entre vous trouveront cela saugrenu, mais je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec Fiona Apple, qui pourtant présente un univers bien différent de celui qui nous intéresse ici. Toutefois, le parallèle me semble pertinent au niveau du caractère pluriel développé par les deux artistes sur scène. En effet, toutes deux flirtent avec des univers à priori incompatibles. Alors que Fiona Apple trace une ligne directe entre douceur et agressivité, Agnes Obel a tenté et réussi à établir une continuité entre douceur et noirceur. Bien entendu, cela échappera à l’auditeur distrait…


En parallèle notre chère Agnes nous aura également fait part d’interprétations superbes en termes de reprises, donnant une toute nouvelle dimension à des titres écrits par d’autres. Sans trop de surprises, Close Watch – du multi-instrumentiste gallois John Cale – fut joué et nous vous permettons de le revivre ici :




Nous avons également eu le droit à Between the Bars, du défunt Américain Elliott Smith, au climat très différent :




D’une grande sobriété, Agnes a su poser sa voix avec deux pianos différents, entourée de deux violoncellistes et d’une violoniste. Toutefois, ces dernières ont su rester à leur juste place et mettre en avant la fragile voix d’Agnes. Techniquement assez simple, elle n’en fut pas moins emplie de moult détails. En effet, elle aura su jouer sur la texture, montrant par-là que la simplicité peut être fort complexe.
D’ailleurs, la musique d’Agnes Obel ne pourrait-elle pas être caractérisée par cette phrase mienne : L’apparente simplicité d’une complexité profonde…

Set-list Agnes Obel :

1) Louretta
2) Pass them by
3) Beast
4) Fuel to fire
5) On powdered ground
6) Aventine
7) Dorian
8) Run cried the crawling
9) (untitled)
10) Brother sparrow
11) Riverside
12) Words are dead
13) The curse
14) Between the bars (Elliott Smith cover)
15) Close watch (John Cale cover)
16) Smoke & mirrors


Comme vous l’aurez deviné, cette soirée fut riche et belle; et ma Fée de Sang et moi-même furent conquis (même si relativement à des émotions différentes).

Agnes Obel – malgré sa modeste discographie – reste une artiste passionnante qui n’a pas fini de nous surprendre…


Octobre 2014 à février 2015,
Rédigé par Vlad Tepes.



Agnes Obel - "Aventine" tour (seconde partie octobre 2014

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