(Par Bloodhound)
Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
Janvier 1999 | LP | War On Majors / Equilibre Music (re-issue 2005) | Disco Grind Metal déjanté | France |
Bonus-track (re-issue) :
I Sramik II Urine Facewash III Yeah, Oystaz IV Daaahhh V Cinque (The Parrot Stuff) VI She-Male Whoregasm VII Dressed Like Pazuzu VII Turn Everything Upside Down Twice |
Line-up :
Alan Thursday Morning (aka Arno Strobl) : The Whole Stuff (but music). Karl Zengerls (aka Axel Wursthorn) : Everything (except vocals). |
Membres additionnels :
Chris Greven (6 & 9), Tony Smartcop (4, 10 & 12), Perdurabo (9), Elodie Chevalier (12) : Guest Vocals. Christophe Ambry (7) : Acoustic Guitar ECZEMA (Clovis & Romain Caron) & Benoît Farcy (Hidden Track) : Everything exept Lead Vocals. Mistress Satanya (I) : Female Voice & Corporal Punishment. |
« Si j’avais été Mozart, j’aurais écrit La Truite de Schubert ! »
(Daniel Prévost, Pensée n°74, Les Pensées / 2003)
« And Now, For Something Completely Different ! »
« Alors tu aimes Metallica, hein ? » Selon la légende, c’est ainsi que tout aurait commencé. Un jeune étudiant Amiénois, plus intéressé par le T-shirt de son voisin que par le cours qu’il était censé suivre, venait de sceller son destin et, par là même, celui du Métal Français. Nul ne sait ce qu’il serait advenu si ce même T-Shirt avait représenté un Husky ou venté les mérites d’une quelconque marque de peinture. Toujours est-il qu’une fois la conversation engagée, nos deux jeunes garnements (Arno & Axel, pour ne pas les nommer) vont vite se trouver moult goûts communs et décider de monter leur propre groupe, dans un style fusion très en vogue en ce début des années 90 : House Of Wax est né. Après quatre démos (Savage Dances (1990), Walkin’ With A Gnu (1990), Darktown Monsters Ball (1991) & Wax Strikes Back (And Each Attack Shocks) (1992) et quelques remaniements de line-up, le groupe devient Extravaganza et nous offre sous ce patronyme deux nouveaux enregistrements: Four-Headed Beat Factory (1993) & Isolation (1994). C’est malheureusement en vain qu’ils tenteront de défendre leur répertoire sur scène et, lassés de courir les bars pour une bière et un sandwich : ils décideront finalement de raccrocher les gants, du moins dans cette perspective musicale. Car une idée démente venait de germer dans le cerveau malade d’Arno, qui en parle aussitôt à Axel (lequel devient malade également) : créer un genre inédit et totalement novateur, un style hybride issu des amours contre-nature de groupes d’Earache avec ceux de Motown. Ils adoptent alors les pseudos d’Alan Thursday Morning & Karl Zengerls, et baptisent cette nouvelle union sacrée Carnival In Coal, lui donnant pour seul et unique commandement : « Pas de limites ! ». « Impossible ? Pas Français ! » Preuve en est la démo qui va s’ensuivre : Sramik (1997), qui va interpeller, captiver puis créer une dépendance frénétique chez quiconque a alors l’inconscience suprême d’y prêter l’oreille. Parmi les 1ers conquis, Hard Rock Magazine, très clairvoyant, propulse le titre "She-Male Whoregasm" sur l’un de ses samplers. Ce petit caillou lancé dans la mare va créer des cercles concentriques de plus en plus larges, jusqu’à s’étendre sur tout le territoire national. Mais la véritable onde de choc reste à venir…
Les Freaks… c’est chic !
Cette onde choc a pour nom Vivalavida. 1ère signature du jeune label War On Majors, nos deux complices s’attèlent donc à un véritable album, laissant de côté la 2nde démo annoncée, BRTNH. Bien évidemment enregistré au Walnut Groove, le studio d’Axel, l’objet a décidément tout pour surprendre. A commencer par la pochette, représentant l’intérieur d’une jolie fleur rose. Notons toutefois qu’il ne s’agit pas là de l’artwork original, que bien peu de personnes (dont votre serviteur) auront la chance de contempler : un fœtus pendu à un bonzaï… Illustration on ne peut plus parfaite de l’ironie du titre me direz-vous, mais aussi curée donnée à ces messieurs de la censure… Une fleur, au moins, c’est inattaquable… mais par excès de prudence on y adjoint un Parental Advisory (et puis, il paraît qu’on en vend plus quand on met ça sur la pochette !). Malgré nos secrets espoirs, la réédition en 2005 chez Equilibre Music (qui comprendra en bonus les titres de Sramik), ne nous offrira pas ce plaisir non plus mais, signée Le Poing Komh (Novasodomia), elle sera agrémentée de magnifiques gravures apportant un style « Dickens » du plus bel effet. Mais n’anticipons pas… Et la musique dans tout ça ? Et bien comme Sramik, dont il reprend certains titres retravaillés, Vivalavida part dans tous les sens. Un peu comme l’œuvre d’un super groupe, mais qui ne serait composé que de deux membres. Une gigantesque et improbable partouze musicale où se « croiseraient » (restons corrects) Franck Zappa, Mike Patton, Dan Swanö, Michael Jackson, Trey Azagthoth, Ihsahn, Barney Greenway ou encore Claude François, Simon Le Bon et Lalo Schriffin… (Et j’en passe). Et le plus fantastique est que le fruit de ces unions illégitimes se révèle d’une incroyable cohérence fusionnelle. Point ici de succession de genres collés bout à bout : les styles s‘entrecroisent, se mêlent pour ne faire qu’un ; ce qui, il faut le souligner, nécessite une maîtrise parfaitement contrôlée de chacun d’entre eux. Maîtrise musicale à laquelle s’incorpore au millimètre celle du chant : surnommé à juste titre le Couteau Suisse Vocal, Arno nous livre ici une performance(s) prodigieuse(s) de justesse, aussi bien dans le chant clair que dans les growls les plus extrêmes, chapeau bas l’artiste ! A ce savant patchwork sonore s’ajoute enfin un humour sarcastique que n’auraient pas renié Pierre Desproges ou les Monty Pythons : toute la dépravation humaine, tous les parias semblent s’être donnés rendez-vous ici ; de l’homme objet aux fétichistes de tout bord et de toute orientation sexuelle, du transsexuel à l’hermaphrodite, consentants et victimes… il y en a pour tous les goûts, ou tous les dégoûts (rayez la mention inutile). Un album noir comme un boulet de charbon, et pourtant aussi lumineux qu’une boule à facettes… Quand le moshpit rencontre le dancefloor, quand la marginalité devient normalité et que la déprime devient festive… Tout simplement brillant. Puristes les plus hermétiques, puisque vous n’avez de toute façon pas prit la peine de lire cette chronique jusqu’ici, il est inutile de vous inviter à passer votre chemin. Vous qui, en revanche, avez l’esprit ouvert et soif d’originalité au point d’être en train de saliver sur votre clavier, alors plus d’hésitation : « Entrez le carnaval, joignez vous la fête… ».
Tubes de Coal
Question majeure : je suis chanteur dans un groupe Norvégien de Fashion Black Metal et j’ai déclaré « Les Carnival In Coal m’ont impressionné par leur façon unique de créer une musique bizarre. Carnival In Coal est l’un des groupes les plus originaux qui existe. » Je suis… je suis… oui !!! Je suis Shagrath !! Ahlala.. Question pour un super champion !!! Hum… je m’égare… Pourtant, cette (authentique) citation nous démontre que le génie de nos deux compères avait dépassé les frontières hexagonales et était reconnu par ses pairs internationaux : nous pourrions ajouter Xy (Samael) ou encore Devin Townsend… Dans la foulée sortira French Cancan (1999), un album de reprises (+ deux inédits) délirantes où les influences hétéroclites du groupe semblent sympathiser entre elles au point d’échanger leur style les unes avec les autres. L’une d’entre-elles ("Maniac") se démarquera du lot au point d’en devenir un de leurs « classiques » (il n’est pas rare qu’une reprise remporte autant, sinon plus, de succès que l’original, quitte parfois à en faire oublier ce dernier : qui se souvient encore que "Am I Evil ?" est un titre de Diamond Head et non de Metallica ?). En 2001 sort Fear Not Carnival In Coal, véritable 2nd album du groupe, que l’on qualifiera de moins inspiré que son prédécesseur, même si on y trouve quelques perles délectables. Il faudra attendre alors quatre longues années pour que l’infernal duo Picard sorte son 4ème (et ultime) chef d’œuvre : Collection Prestige (2005), petite merveille de diversité et signé chez… Earache (rien que ça !). Il sera également temps pour le groupe de repartir à la rencontre de son public et de fouler à nouveau les planches, après douze ans d’absence ; mais nous y reviendrons, si vous le permettez, dans un autre chapitre.
« On a tout déchenillé, c’est ainsi avec nous : quand on est contrarié, on rigole pas des genoux. Et aujourd’hui encore, et ce n’est vraiment pas de bol, tout le monde se souvient de Carnival In Coal. »
(Carnival In Coal, Yeah, Oystaz, Vivalavida / 1999)
Mai 2011,
Rédigée par Bloodhound.
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www.myspace.com/carnivalincoal
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