Kings of Black Metal Festival 2014
Le culte du feu
(par Gwenn)
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C’est avec honneur que
nous vous faisons partager pour cette édition 2014, le compte-rendu du Kings of Black Metal. Il s’est déroulé
les 4 et 5 avril, à Astfeld en Allemagne. 19 groupes cette année dont une
« Warm Up Night » peu commune du genre pour la popularité des groupes
présentés et surtout le prix quasi dérisoire des places : 6,50 euros pour
voir défiler Waldschrat, Borgne, Koldbrann, Ondskapt, Endstille et Nargaroth, c’est donné. Le festival a souhaité conserver sa taille
humaine (même salle que les années précédentes sans la faire déborder) et un
prix égal à celui des éditions passées malgré le passage à deux jours.
Je démarre l’aventure en
mettant les voiles mercredi après-midi et au lieu de prendre le train qui
s’avérait être beaucoup plus long et cher, je choisis l’avion en compagnie de
mes amis. J’ai laissé la moitié de mon attirail en métal aux consignes de
Blagnac, la cartouchière ne passant pas pour des raisons « esthétiques »
(ne faites pas l’essai). Ensuite un camping-car de location (dont je remercie
vivement l’adorable propriétaire) nous amènera sains et saufs juste devant la
porte du Stadthalle. J’avoue que d’avoir un mobile-home à disposition est une
solution idéale, ne serait-ce que pour se restaurer et reprendre (ou perdre) des
points de vie entre deux concerts.
Groupes :
Waldschrat | Borgne | Koldbrann |
Ondskapt | Endstille | Nargaroth |
Iskald | Velnias | Svartidauði |
Impiety | Khold | Seth |
Behexen | Kampfar | Mayhem |
Baptism | Merrimack |
Vendredi
matin, nous pouvons entendre le monde qui commence à arriver sur le parking du
Stadthalle. Je lève les yeux par le hublot et me retrouve le regard déambulant
dans un demi-millier de collégiens qui courent dans tous les sens. Durant une
demi-seconde il y a de quoi se demander ce qu’on fait là. Quelques premières
voitures de black metalleux mettent fin au doute. Un peu plus tard, notre camping-car
se lie d’amitié avec d’autres voitures : des bordelais, des parisiens, des
amis. Force est de constater que cette année encore le festival est envahi par
les français.
Après
avoir découvert les magasins allemands uniquement réservés à la bière et fait
des réserves en tous genres, nous nous dirigeons vers la salle où débute sans
plus attendre en milieu d’après-midi, Waldschrat.
Ce groupe autrichien que je connaissais pour les avoir déjà vus en France l’an
dernier à la même période (Forest Fest). Un set qui met le public dans le ton
d’un festival qui somme toute, sera exclusivement réservé au Black Metal le
plus pur.
S’en
suivra l’une de mes formations favorites pour l’avoir décortiquée à travers
l’album "Royaume des Ombres", j’ai nommé Borgne. Une présence musicale et
scénique peu commune pour eux, dont le charismatique leader déchire l’air de sa
voix avec une extraordinaire intensité. Autres projets également issus de sa
créativité, Kawir, Pure, Enoid… cela pourra paraître beaucoup pour un néophyte mais chacun
va au bout d’une idée propre.
Le bus de la tournée Koldbrann/Endstille/Ondskapt s’est garé également juste devant la salle. Cet hôtel roulant avait déjà eu quelques difficultés pour se garer à Toulouse lors de leur dernière date française avant le Kings of Black Metal. Le trio de formations exprime toute son énergie malsaine et puissante encore une fois ce vendredi soir. Koldbrann ne modifie rien à sa désinvolture et à sa musique technique et véloce : un programme sans temps mort ainsi qu’un jeu de scène et une imagerie qui n’a rien n’à envier à leurs prédécesseurs. Ceux qui ne connaissaient pas ont pris une petite claque.
Il en est de même pour Ondskapt qui, tirant en longueur et en qualité des morceaux qui font pâlir le moindre des passionnés de Black Metal, a secoué nos facettes les plus sombres. C’est un groupe qui arbore un jeu de scène très rituel mais sans aller dans les longueurs minimalistes d’un DSBM plus classique, ce qui reste une prouesse d’envergure. Prestation encore une fois très impressionnante.
Endstille toujours égaux à eux-mêmes. Entre folie, cynisme et décalage terrible la bande à Cruor, B Killed (présent depuis 2012) et Lars s’excitent sur les planches allemandes sous une lumière un peu trop sombre à mon goût mais qui ne retire rien à l’effet produit. Je les adore et je n’ai pas été la seule.
Nargaroth vient clôturer le festival avec un set réglé comme du papier à musique. Débuté par un show pyrotechnique impressionnant (j’ai encore le cuir chevelu qui sent le roussi), sieur Kanwulf jauge l’assemblée de son regard porteur et noir. Seule sa veste en cuir trahit ses deux crédos : « Black Metal » et « Vietnam ». Les titres s’enchaînent sans anicroche. La particularité à noter est ce jeu de mains assez intense, et les postures très particulières adoptées par l’artiste.
L’ensemble est appuyé par un nouveau line-up qui ma foi fonctionne à merveille. La reprise de Freezing Moon (Mayhem) est surprenante mais intense. Superbe clôture pleine de titres cultes que j’attendais depuis longtemps pour les avoir ratés sur leur dernière date parisienne.
(par
EvilFrees)
Set-list Nargaroth :
1)
Black Metal ist Krieg
2)
Karmageddon
3)
Erik, May You Rape the Angels
4)
Herbstleyd
5)
Sommer
6)
The Day Burzum Killed Mayhem
7)
War (Burzum cover)
8)
Freezing Moon (Mayhem cover)
9)
I Burn for you
10)
Abschiedsbrief Des Prometheus
11)
Possessed by Black Fucking Metal
12)
Seven Tears Are Flowing to the River
La
nuit du vendredi à samedi a été riche en rencontres et promenades diverses dans
les rues d’Asfeld, et ce jusqu’à l’aube. Je me souviens avoir eu un pass pour
les loges pour la journée du samedi (merci aux groupes Mayhem, Ondskapt et Endstille). Et vu mon âge avancé pour
jouer à la groupie, je m’en suis servie en très grande partie pour asseoir mon
arrière-train entre les concerts. J’ai dû me réveiller le samedi par la chaleur
du soleil qui tapait sur le camping-car. Le temps de se changer, de manger et
c’est reparti dès le milieu de la journée pour Iskald puis Velnias.
J’ai beaucoup apprécié la froideur dégagée par Iskald, formation que j’ai du coup favorisée à Velnias qui officie dans quelque chose de plus Pagan et Doom (je préfère écouter Velnias en studio). Ceci dit, bien que les deux formations ne soient pas aussi extravagantes en matière de jeu de scène que celles de la veille, elles auraient presque fait office de réveil en douceur pour cette journée qui allait être un marathon. Rien qu’au Hellfest 2014 on ne trouve pas cette concentration de Black Metal sur trois jours. Ici c’est durant 14 heures d’affilée que l’on reçoit la crème des crèmes.
Je suis sortie de Svartidauði avec ma première très bonne surprise de la journée. J’ai beaucoup aimé la musicalité précise et inventive dégagée lors du set et cette sensation d’avoir dans les oreilles des riffs structurés, intelligents et parfaitement agencés le tout encadrés par un son vraiment de belle qualité. Le leader et son look de guerrier statique n’a pas manqué d’impressionner non plus. Beaucoup les attendaient de pied ferme et n’ont pas été déçus, un groupe à suivre de près.
(par
Minavampira)
C’est
à ce moment précis que décision est prise de ralentir l’ingestion de bière
allemande, certes délicieuse mais l’objectif est de tenir la barre jusqu’à la
fin (ou au moins jusqu’à Merrimack).
Je parviens à faire recharger une batterie au stand Merchandising (je remercie
le couple de Hollandais venus pour tenir la boutique), et mes allers-retours au
camping-car sont mémorables, il y règne une ambiance relativement difficile à
vous décrire à laquelle je me montre bon public et participante. Grand bonjour
à mon ami de terrain Aragorn, personnage éphémère, et ivre de bière et de
romantisme noir…
Bref. Impiety démarre sans plus attendre et ici aussi, j’assiste à la moitié du set des loges mais m’approche pour les photos. Très agressifs, leur musique est moins intérieure de par de nombreuses influences Thrash et Death, les titres se suivent avec une homogénéité sale et délicieuse pour les avides de gros riffs qui crachent cendres et caillasse. Malgré une attirance limitée pour ce style j’ai toutefois été agréablement secouée par ce concert. Grand bonjour à mon ami de terrain Aragorn, personnage éphémère, et ivre de bière et de romantisme noir…
Khold est l’une des attentes majeures du public cette année. Une imagerie d’un noir de jais, un corpse paint coupé en deux à l’horizontale, une lumière qui leur va comme un gant, un Black Metal absolument parfait, oscillant entre crescendos interminables et passages contrastés, de la précision d’un métronome. Autant il est rare de les voir sur une affiche, autant de les découvrir en live est un délice. Ce paradoxe entre une imagerie fantomatique rappelant quelques films des années 50 (je pense à Murnau) et le Black Metal conforte encore une fois que le lien entre courant romantique et Black Metal existe bien. Cela donne un concert d’une extrême qualité.
(par
Nosferatwo156)
Seth et son charismatique chanteur
font preuve de leur générosité habituelle. Connus pour "Les Blessures de l’âme",
leur dernier opus "The Howling Spirit"
est excellent, et en chair et en son c’est tout aussi prenant. Postures,
couleurs, jeu cavalier et titres magnifiques, le drapeau du Black Metal
français se hisse ainsi dans l’atmosphère allemande sous les yeux et les
oreilles médusés des gens présents. Une réussite !
Je
vais me faire écraser menue par les fans, mais le set de Cult of Fire, bien que défini ensuite comme étant l’un des
meilleurs de la journée, je l’ai raté volontairement pour reprendre mon souffle
et partir à peu près dans de bonnes conditions pour la salve finale offerte par
le running order. Quand bien même, je retiens les remarques de mes
connaissances qui ont adoré ce groupe de République Tchèque et leur prestation
décrite comme incroyable. Et oui, le Kings of Black Metal, l’idéal est de ne
rien rater du tout.
(par
Nosferatwo156)
Se
détachent ensuite comme des icônes sur du vieux bois, les membres du groupe Behexen. Gros rappel sur l’année dernière
avec les yeux fous de Hoath Torog, chanteur de Sargeist. Behexen est
l’apogée, l’apothéose, le paroxysme de la violence ritualisée. Bien qu’il soit
impossible de faire une confusion avec Sargeist,
on retrouvera dans le jeu de scène quelques similitudes. Les titres et
notamment du dernier excellent album "Nightside Emanations" se suivent comme des
tableaux dans une exposition d’Art ancien. Une puissance charnelle qui vous
décompose sur place. Personnellement j’irai les revoir à Lyon après l’été.
(par EvilFrees)
J’assiste
avec plaisir au show de Kampfar dont
je deviens peu à peu coutumière. Mes photos sont une somme de poses
sculpturales dont il est possible de détailler le système musculaire de Dolk,
tant son jeu de scène est toujours si énergique et terrifiant. Encore un
concert qui mérite que l’on s’en souvienne, tout s’est bien passé pour eux
également en pleine tournée (présentation du nouvel album "Djevelmakt").
(par EvilFrees)
Longue
attente ensuite, « interminable » me diront beaucoup avec le recul.
Il a fallu patienter afin que Mayhem
mette en place tout son attirail dans le but de rendre plus prenant ce fameux
show des trente ans. Cela démarre avec un Attila emmitouflé dans un gros drap grisâtre
et une avalanche de feux allumés dans tous les sens. Comme quoi il est possible
de tirer des feux dans une salle des fêtes, bienvenue en Allemagne. Il n’a pas
été aisé de prendre des clichés, le temps imparti était très court entre deux
morceaux sans pyrotechnie.
La
totalité du show était vraiment à voir surtout pour les gens qui ne connaissent
pas le groupe en live. Ceci dit et plutôt pour les connaisseurs, il manquait ce
petit mais indispensable esprit « The True Mayhem », le petit truc
donc Maniac faisait partie dans les vieilles années, le détail qui rend Mayhem si unique dans son intention. Ce
soir, c’était beaucoup plus statique, il n’y a pas eu de chichis et le
principal ami d’Attila s’est révélé être un sympathique et inoffensif crâne qui
lui a servi de doublure dans les jeux de lumières. J’avoue quand même, rien que
pour les morceaux que j’aime beaucoup et le sourire constant de Necrobutcher,
avoir apprécié le concert.
(par René Malfeitor)
Set-list Mayhem :
1)
Pagan Fears
2)
Deathcrush
3)
Buried by Time and Dust
4)
To Daimonion
5)
Symbols of Bloodswords
6)
My Death
7)
A Time to Die
8)
Psywar
9)
Illuminate Eliminate
10)
De Mysteriis Dom Sathanas
11)
Chainsaw Gutsfuck
12)
Freezing Moon
13) Carnage
La majorité en ressort
lessivée par cette suite infinie de Black Metal puissant, et sachant qu’il
reste Baptism, Merrimack et Hate, il
fallait rester debout et de marbre.
Baptism, je les attendais également et je me suis surprise à avoir été totalement prise par leur musique. Un set incroyable, qui remet tout le monde d’accord surtout les personnes qui avaient été un peu déçues par le set un peu édulcoré de Mayhem. Avec les Finlandais de Baptism (actifs depuis 1998) menés par Lord Sargofagian on entre à nouveau dans l’imagerie Black Metal la plus pure et un gros retour à des ingrédients crus qui vous tabassent les organes internes, surtout ceux situés près des centres émotionnels les plus actifs.
Un concert d’une qualité de haute volée même placé après Mayhem. Sans compter les musiciens d’Horna bel et bien présents que l’on dégustera à la fois au chant pour le guitariste, à la fois à la guitare pour le chanteur… (précision de mon ami Mike).
(par
EvilFrees)
Merrimack a été ensuite victime d’un
petit problème d’instruments, ce qui a écourté leur set (à ce qu’on m’a dit car
je suis aussi observatrice qu’une tombe quand il s’agit de ces problèmes techniques)
mais visiblement mis à part le manque d’effusions de lave rouge sombre éructées
habituellement par Vestal, rien n’a empêché le groupe de délivrer leur musique
et jeu de scène incisifs. Egaux à eux-mêmes et excellents. Leur tournée est
amochée par une tendinite du guitariste A.K., et de nouvelles informations
disponibles sur leur page Facebook ici :
Je rate Hate car en pleine discussion, et ils
ont été décrits comme excellents et « meilleurs que Behemoth » par beaucoup, ce que je veux bien croire. Ceci dit
ils ne m’avaient pas fortement marquée au Hellfest 2013 (trop Death Metal pour
moi) et ce sont eux qui remplaçaient Enthroned
à cette occasion, peut-être que je leur en veux toujours un peu.
La nuit se termine je ne
sais comment mais à sept heures du matin j’étais toujours sur le parking avec
quelques-uns/unes et heureusement, j’aurai probablement raté plein de choses
informelles sans cela. Retour dans le sud-ouest de la France, long et sans
encombre (sauf aux contrôles à l’aéroport).
Remerciements
particuliers à Mike, Arnaud, Franck, à CONI, tous mes voisins de camping-car,
Olli, le tour-bus entier Enstille/Koldbrann/Ondskapt, les groupes Mayhem et
Ondskapt (pour les parties censurées), Merrimack pour leur disponibilité et
leur folie intérieure, Seth cela va sans dire. J’aurais voulu échanger bien
plus avec mes amis, connaissances et collègues et prendre plus de temps avec
chacun. Aussi, mes sorties sont si rares qu’elles s’en trouvent démultipliées
émotionnellement à chaque fois, je sors de cette édition ravie mais frustrée d’en
vouloir encore plus.
Le meilleur festival de
l’année vient de se dérouler, sachez que Burningstage organise le Norwegian Hellcamp en octobre… toutes
les informations ici !
Avril/Mai 2014,
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