John Garcia / Steak / Komatsu
Leçon de charisme en 3 actes
(par Dökkalfar)
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Moment : 02/12/14.
Lieu : Glazart (Paris 19ème).
Lieu : Glazart (Paris 19ème).
L’année
2014 semble être la plus grande année pour le stoner depuis un bon moment, du
moins c’est mon impression. Une des preuves les plus marquantes de cet
engouement a été l’affluence de plus en
plus importante sous la tente de la Valley,
scène dédiée au genre et sous-genres du stoner au Hellfest. Il a suffi de voir à quel point la tente débordait lors
des passages de groupes comme Black Tusk
(R.I.P. Jonathan Athon) ou Clutch pour s’en rendre compte.
Parisien depuis peu, je sais néanmoins que les
concerts de desert rock et dérivés font régulièrement le plein, et de plus en
plus, notamment grâce au fabuleux travail de Stoned Gatherings, pleinement impliqué dans la défense d’un style
parfois moqué par une partie de la scène métal, mais qui compte nombre de
passionnés pleinement fidèles. Mais
revenons à ce qui nous préoccupe en ce 2 décembre.
Après Brant Bjork le 2 octobre sur cette même
scène du Glazart, Stoned Gatherings
nous gâte à nouveau avec l’autre âme de Kyuss,
à savoir Monsieur John Garcia, dans
son projet solo et non pas avec Unida ou une autre de ses aventures
« stoneriennes ». Il sera accompagné des anglais de Steak, et des Hollandais de Komatsu qui remplaceront Waxy initialement prévus.
Le
froid pré-hivernal très humide fait que le public décide de rentrer plus tôt
que d’habitude dans la salle, et il est temps pour moi de faire de même si je
veux parvenir à me faire une petite place dans les premiers rangs, et surtout
ne pas rater le début de Komatsu.
C’est
une des rares fois où j’avais fait le choix de ne pas écouter les groupes que
je ne connaissais pas afin de pouvoir apprécier pleinement sans aucun apriori.
Jusqu’alors inconnus, les quatre Hollandais forment un jeune combo crée en 2011
à Eindhoven avec à leur actif un mini album éponyme, puis l’album "Manu Armata" sorti en 2013. Autant
vous le dire tout de suite, le quatuor a un sacré potentiel et semblent être
les nouveaux fers-de-lance de la scène stoner batave, d’ailleurs les médias
spécialisés ne tarissent pas d’éloges sur le groupe, alors écoutons et
regardons.
Un
chanteur-guitariste très charismatique, qui aurait largement sa place à la tête
d’un groupe de grunge des années 90, c’est l’impression première que donnera Mo Truijens, capable d’alterner les types de chant tantôt plus rauque, tantôt plus hurlé, avec des intonations parfois proches d’un Scott
Weiland (Stone Temple Pilots, Velvet Revolver...). Rapidement on se
met à headbanguer et à battre la mesure avec son pied. Pour l’épauler on
retrouve un guitariste plus en retrait en la personne de Stephan Quint – un bassiste bien barré – Martijn Mansvelders, portant un très joli t-shirt de Clutch (et qui n’hésitera pas à aller
venir gratter quelques notes au sein du public), et enfin un batteur précis, Jelle Tømmeleyn.
Dans
les 8 courts titres (et une intro) joués
ce soir, on retrouvera un mélange de grunge, de stoner et de sludge avec des
refrains très efficaces et que l’on retient rapidement. Une très jolie
découverte et un groupe à suivre, en espérant qu’ils parviennent à faire leur
trou dans un genre déjà quasi saturé. En tous les cas, si Steak – que je ne
connaissais pas non plus avant – fait aussi bonne impression, la soirée
s’annonce encore meilleure que prévu.
Set-list Komatsu :
1) Intro
(S4)
2) Rose of Jericho
3) Lockdown
4) New Low
5) Komatsu
6) Hail to the King
7) Nothing Left to Ruin
8) WTF
9) Blackwater
C’est
un autre jeune combo prometteur de la scène desert/stoner qui fait maintenant
son apparition, en l’occurrence les anglais de Steak (et j’éviterai tout jeu de mot avec leur nom, que ce soit
dit).
Quand
j’ai vu leur annonce accompagnant John
Garcia, j’ai immédiatement pensé aux Belges de Steak Number Eight, que j’ai raté à plusieurs reprises et que je
rêve de voir… raté, c’est un autre groupe au nom similaire qui est présent ce
soir. Mais dès les premières notes jouées par le groupe, cette déception s’en
ira rapidement.
Côté
influences, on retrouve évidemment Kyuss,
mais aussi des groupes plus métal comme leurs compatriotes de The Hicks ; et Kippa, leur
frontman est lui aussi extrêmement charismatique, avec ses airs de Mats Leven
et son jeu à la Robert Plant, tenant fermement son micro sur pied et portant un
t-shirt d’Orchid.
La
scène stoner britannique, initiée notamment par Orange Goblin et relativement endormie ces dernières années, tient
cette fois une nouvelle petite perle, au même titre que les jeunes loups de Desert Storm. Et Napalm Records, en
signant de plus en plus de groupes du genre, a bien compris l’émergence de
nouveaux talents en les associant sur des tournées à des maitres du genre comme
Garcia. C’est fort bien joué, et on
en redemande.
Quel plaisir
de voir enfin Maitre Garcia devant
une salle pleine après la semi déception au Hellfest lors de son passage avec Unida. Mais le sieur avait avoué
lui-même qu’en jouant en même temps que Black
Sabbath, il était évident que la Valley
serait un peu vide. Et pourtant quel moment de bonheur, encore plus en revoyant
Arthur Seay qui jouait dans l’après-midi avec House of Broken Promises.
Je ne
parlerai pas du background du bonhomme – vous le connaissez toutes et tous – et
n’étant pas un spécialiste absolu, je risquerais de dire des bêtises. Donc je
vais plutôt me concentrer sur la soirée et mes impressions, en tentant de
rendre ça le plus fidèle possible à la qualité de la soirée.
Il est
donc autour de 21h30, on a un peu perdu la notion du temps et l’attente aura
été longue pour voir arriver d’abord les musiciens : Ehren Groban à la
guitare, Mike Pygmie à la basse, et Greg Saenz derrière les fûts – déjà quand on voit un tel line-up, on sait qu’on va
en prendre plein les oreilles – qui entament la fameuse « marche des
chenilles » de Kyuss, jusqu’à
ce que l’Homme apparaisse face à nous.
L’expression « classe incarnée » a rarement été aussi juste tant la présence
qu’il dégage est forte, vêtu d’une chemise et sans ses lunettes de soleil cette
fois. Ce qui est amusant dès les premiers morceaux – pour ceux qui ont pu voir/écouter des groupes comme
1000 Mods – c’est de se dire que
tout vient de là (à l’image de Black
Sabbath dans le métal). Kyuss et
les autres projets de Garcia/Bjork
ont eu des centaines d’enfants, et c’est un vrai bonheur de pouvoir écouter en
live ces fascinants géniteurs, mais je m’égare un peu ; la musique me fait
digresser, je reviens à ce soir. La salle étant archi pleine, les premiers
rangs sont pris d’assaut et faire des photos correctes relève parfois de
l’exploit.
Garcia, avec sa voix
reconnaissable entre 1000, enchainera les tubes, alternants titres de ses
albums solo (My mind, Saddleback par exemple), de Slo Burn (July), de Kyuss (One Inch Man, El Rodeo) ou de Unida (Flower Girl) etc… pour au final pas
moins de 18 titres. La basse de Pygmie se veut ultra joueuse et
ronronnante. Mais ce qui frappe le plus
finalement c’est la capacité de Garcia
à pondre des refrains les plus accrocheurs du stoner à l’image du titre 5000
Miles (je ne parle pas de My Mind
déjà mentionné mais qui contient aussi son lot d’éléments ultra catchy) ;
c’est parfois presque « pop », mais dans le bon sens du terme. Le
groupe ne nous fait pas non plus oublier qu’on est bien dans un concert de
stoner, avec un paquet de titres du répertoire de Kyuss, notamment grâce à Green
Machine, un des titres offerts en rappel. Et si pour Steak le son n’a pas été toujours optimal, Garcia et sa bande du soir bénéficient d’un son parfait, qui permet
d’apprécier chaque instrument (notamment ce son de batterie qui m’a
littéralement transporté, autant que les subtilités de la voix du bonhomme).
Set-list John
Garcia :
1) Caterpillar
March
2) Rolling
Stoned
3) One Inch Man
4) My Mind
5) 5000 Miles
6) The Blvd
7) Gloria Lewis
8) Flower Girl
9) El Rodeo
10) Argleben
11)
Space Vato
12) Saddleback
13) 800
14) July
15) All These
Walls
Encore :
16) Supa Scoopa
and Mighty Scoop
17) Green
Machine
18) Whitewater
Malheureusement
nous sommes arrivés au bout de ces près de 3 heures de voyage au pays du desert
rock. On pourra retenir 2 formations ouvrant pour Garcia extrêmement intéressantes et prometteuses, qui auront mérité
bien plus que le titre de « premières parties ». A côté de ça, on
pourra se réjouir d’avoir assisté à un grand moment offert par un grand
Monsieur, plutôt bavard et visiblement très content d’être là ; voire
parfois ému devant une salle si pleine, et dont le groupe nous aura permis de
(re)découvrir plus de 20 ans d’histoire d’un genre qu’ils ont su initier et
développer avec passion et intégrité. Merci à eux, à Stoned Gatherings, et au Glazart bien évidemment pour nous donner
l’occasion de vivre de tels moments.
Décembre
2014,
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