Mfest 2015
(par Inquisitor et en partenariat
avec Throne Of Thanatos) |
Moment : 04/09 & 05/09/15.
Lieu : Espace culturel des Quatre Vents (Rouziers-de-Touraine, 37).
Lieu : Espace culturel des Quatre Vents (Rouziers-de-Touraine, 37).
Avant de commencer, je tiens à m'excuser envers
le webzine et ses lecteurs car je n'ai pas pu être présent pour toute la
journée du samedi. Vous n'aurez droit qu'aux têtes d'affiche, à savoir Anaal
Nathrakh, HateSphere et Belphegor.
Un petit historique avant toute chose : le Mfest est un festival indoor de metal,
créé par la Mfest asso, originaire de Touraine. À la base, un groupe d'amis
passionnés de musique extrême qui décident de faire jouer les groupes locaux.
Puis finalement la volonté de voir un peu plus grand pousse les joyeux lurons à
donner naissance au Mfest en septembre
2011. Alors que les deux premières éditions se contentaient de booker des
groupes français sur une seule journée, les éditions suivantes se sont payé le
luxe de s'étirer sur deux jours et de présenter de grands noms de la scène
metal : Kronos, Gorod, Napalm Death, Aborted, Dagoba...
et cette année, Belphegor et Fleshgod Apocalypse. Le tout dans un
cadre encore intimiste et agréable, à une quinzaine de kilomètres de Tours.
Pour faire rapidement le tour du fest, je n'ai
remarqué aucun problème d'organisation : la nourriture était présente en
quantité suffisante et était de qualité correcte, pas de file d'attente interminable
aux stands. Le service des boissons comme de la nourriture était assuré par des
personnes sympathiques et efficaces. Côté merchandising, rien
d'exceptionnel : des CD/DVD, quelques artistes locaux. Notons la présence
d'une télé avec Super Mario Kart, et d'une autre avec Guitar Hero, histoire de
faire passer le temps entre deux groupes, la salle des Quatre Vents ne
possédant qu'une seule scène. Je ne peux pas me prononcer sur le camping,
puisque j'ai passé la nuit chez moi, loin du froid et des metalleux en état
d'ébriété plus ou moins avancé.
Groupes :
Ao | Verbal Razors | Nesseria |
Crisix | Melechesh | Fleshgod Apocalypse |
Pitbulls in The Nursery | Orphaned Land | |
Anaal Nathrakh | Hatesphere | Belphegor |
Vendredi…
© Throne Of Thanatos
On commence tranquillement la journée du vendredi
avec les Tourangeaux d’Ao, gagnants du tremplin Mfest parmi d'autres
groupes. Sorte de « all-star band » local, Ao regroupe des
musiciens de formations ayant déjà un peu de bouteille telles que Beyond the
Styx, Dysmorphic ou Aboroth. Un détail : le batteur du
groupe, Quentin Regnault, officie avec Kronos.
Le quintet propose un metal progressif teinté de
thrash moderne aux relents death. Les riffs sont clairement influencés Lamb
of God et Devildriver, alors que le chant lorgne du côté de
Gojira. C'est avec une énergie très communicative qu’Ao échauffera
le public encore assez peu nombreux. Le set – déployant l'intégralité de leur
EP "Mahara" sorti
récemment – est de plus agrémenté d'une cover de The Heaviest Matter of the
Universe (Gojira) et de Foie Grind, petite plaisanterie
dédiée à la grand-mère de Florent, un des deux guitaristes.
© Throne Of Thanatos
Chose peu évidente que d'ouvrir un fest, les
larrons s'en sont toutefois très bien sortis et ont conquis assez rapidement le
public. Quelques EP ont d'ailleurs changé de main après le concert.
© Throne Of Thanatos
Etant tourangeau depuis maintenant un petit
moment, je n'ai cependant jamais eu l'occasion de voir sur scène cette
formation locale déjà bien connue dans le coin. C'était donc le moment idéal
pour moi de découvrir le groupe de Thrash-Crossover dans de bonnes conditions.
Les gars de Verbal Razors pratiquent une
musique très énergique et explosive : parfait en live. Malheureusement
pour eux, les spectateurs du Mfest n'étaient pas vraiment prêts à foutre le
bordel malgré une prestation de qualité, délivrée par des musiciens motivés. Il
était assez difficile de profiter du spectacle au départ, la faute à un son
très brouillon qui s'est nettement amélioré par la suite. La seconde moitié de
la performance des thrasheurs a donc été bien plus plaisante !
© Throne Of Thanatos
Bien que très classiques, les compositions sont
efficaces et finalement assez peu redondantes. Les tchouka-tchouka
s'enchaînent, la guitare crache du gros palm-mute et le chanteur hurle dans son
micro avec une sauvagerie à peine contenue. Verbal Razors quitte la
scène, laissant l'assistance d'humeur un peu plus bagarreuse.
En parlant de bagarre, les petits gars de Nesseria
en ont ramené une bonne plâtrée depuis Orléans. Forts de deux albums dont un
sorti en 2014 ("Fractures",
que je vous recommande vivement), le combo exécute un metal extrêmement
violent, condensé de hardcore, de grind et d'influences black metal. Le
cocktail est explosif et ils m'avaient laissé une sacrée impression en première
partie de Gojira, en 2010 (très, très mauvaise idée d'ailleurs que
d'avoir choisi une formation aussi extrême pour jouer avant Gojira) et
j'étais très déçu de les avoir raté au Motocultor Festival. J'étais ravi de
pouvoir me rattraper et, même si leur musique est loin d'avoir fait l'unanimité
– la salle s'étant rapidement vidée au bout de deux chansons – les Orléanais de
Nesseria ont envoyé la purée sans concession.
Un maelström de dissonances et de breaks furieux
ont eu raison de mes cervicales assez rapidement. La tâche rendue compliquée
par un mix brouillon, je n'ai pas pu me retenir d'aller dans le pit clairsemé
mais jamais au repos. On sent que le groupe est content d'être sur scène et en
profite pour communiquer quelques idées politiques, les paroles abordant le
thème de la société, de la misanthropie. Un bon moment pour ma part, qui
m'encourage à garder un œil sur les futures sorties de Nesseria.
© Throne Of Thanatos
N'étant pas vraiment fan de hardcore (quel doux
euphémisme que celui-ci), le remplacement de Rise of the Northstar par Crisix
n'a suscité chez moi qu'un haussement d'épaules. Ayant déjà vu les Espagnols à
peine un mois plus tôt, je n'ai pas profité de l'intégralité de leur set, car
c'était l'heure de manger et j'avais faim. De ce que j'en ai vu, le Thrash
survitaminé fait mouche, la température
de la salle ayant bien augmentée après leur passage. Le tout fut très carré et
joué dans la bonne humeur.
© Throne Of Thanatos
© Throne Of Thanatos
Mélécheche ? Méléqueche ? Alors que je
me posais des questions sur la prononciation du nom du groupe, le quatuor a
débarqué sur scène à grands renforts de samples aux sonorités orientales avant
de balancer son black metal. La salle était pour une fois bien pleine et le
public clairement en forme, applaudissant chaleureusement les gars venus
défendre leur 6ème album "Enki" sorti en février
2015. Et le constat est qu'ils s'en sortent plutôt bien. Enfin, ça joue bien,
et le son est bon, ce qui est déjà pas mal.
© Throne Of Thanatos
Pour la musique, je dois avouer ne pas être
vraiment envoûté par les compositions. Le riffing oriental est bien réalisé et
trouve sa place dans les compositions, et quelques passages particulièrement
épiques m'auront fait sourire, mais globalement le constat est mitigé. Sans
doute pas pour les nombreuses personnes présentes qui arborent un t-shirt à
l'effigie du logo du groupe et qui semblent être aux anges : tant mieux
pour eux. Pas grand-chose à redire sur la prestation offerte ici, ça roule sans
problème et le chanteur échange bien avec son public. Histoire de noircir le
tableau, je vais tout de même parler du sample diffusé entre les morceaux...
Trop difficile d'en faire 3 ou 4 différents ? Mais bon, je pinaille, et je
vais prendre une bière avant la TA du vendredi.
© Throne Of Thanatos
Je partais avec un gros a priori sur le groupe.
En effet, ma copine les avait vus il y a quelques années de cela et elle avait
qualifié le concert de « nul à en
crever ». Un pâté sonore qui ne ressemblait à rien et, venant de la
part d'une femme qui adule les débuts d'Immortal ou de Mayhem, ce
n'est pas peu dire. J'ai donc prié pour que les ritals aient progressé depuis,
et force est de constater que c'est le cas.
À peine une note jouée que les types crachent la
classe : jouer en smoking, ça en impose pas mal. Autre point
positif : la présence d'un piano sur scène, ce qui veut dire moins de
samples. Car j'ai horreur des samples (oui, Messieurs de Septicflesh,
c'est à vous que je m'adresse). En trois secondes de déluge musical, la salle
est sans dessus-dessous : déjà parce qu'une bonne partie des festivaliers
attendaient les Italiens, et aussi car le plafond a commencé à tomber sur la
tête des agents de sécurité. Les buses qui projetaient de la fumée envoyaient
tellement de pression que cela soulevait les dalles de faux plafond de la salle,
en faisant tomber certaines. J'espère que l'orga ne s'est pas trop faite taper
sur les doigts pour les morceaux qui n'ont pas été remis...
Alors oui, ça sonne, c'est carré, le Brutal Death
sympho de Fleshgod Apocalypse envoie sec. Les tempi sont rapides et tout
est joué à la perfection. Le groupe a la bonne idée d'incorporer une chanteuse
d'opéra, qui apporte une vraie valeur ajoutée aux orchestrations. En revanche,
je ferai l'impasse sur les tentatives de chant clair du bassiste, complètement
à la ramasse et foutant en l'air certaines harmonies avec la chanteuse.
D'ailleurs, l'ingé-son a dû s'en rendre compte puisque après 3 ou 4 morceaux,
on ne l'entendait plus vraiment. Tout comme le piano d'ailleurs, qu'on n'a pas
beaucoup discerné.
J'ai eu de très bons retours sur la performance
des Italiens, y compris de la part de l'orga qui les ont qualifiés de « personnes adorables ». Mais
pour ma part, je me suis fait chier. J'ai globalement eu l'impression d'écouter
10 fois le même morceau, joué au même tempo, avec les mêmes breaks et les mêmes
orchestrations insipides. Mais le show était costaud, on ne peut pas leur
enlever ça.
Ah et puis, j'oubliais. Vendre du merch', c'est
une bonne idée. T-shirts, CD, même des vinyles, pas de problème. Mais les pâtes
et le vin estampillés Fleshgod Apocalypse... À quand le foie gras Trust ?
Une journée avec des hauts et des bas, qui m'a
un peu laissé sur ma faim. Mais ce n'est pas grave, car je savais que le
lendemain, les Autrichiens de Belphegor allaient m'en mettre plein les
oreilles avec leur black death impérial.
Je voudrais pouvoir revenir dans le passé, poser
une main sur ma propre épaule, et dire à mon moi du vendredi soir :
« assassine le sondier de Belphegor. Fais-le pour ton bien, et pour
celui de tous ceux présents dans la salle ». Comme dirait George
Abitbol : « monde de merde ».
Samedi…
© Throne Of Thanatos
© Throne Of Thanatos
© Throne Of Thanatos
© Throne Of Thanatos
© Throne Of Thanatos
Arrivé donc quelques heures après le début des
hostilités, j'attrape une pinte de Kapitel au bar et me dirige vers l'intérieur
de la salle, où le public s'était déjà entassé en attendant Anaal Nathrakh.
Je connaissais vaguement le groupe après une ou deux écoutes rapides et pas
très intéressées, les sons produits par les bougres me laissant de marbre. Et,
je vais le dire tout de suite, ce fut pour moi le meilleur concert du fest.
Les Anglais ont fourni une prestation du
tonnerre, mettant la honte à une bonne partie des autres groupes invités à
cette 5ème édition du Mfest. Alors, certes, sur album, je trouve ça
quelconque, mais sur scène, messieurs-dames... Une mandale taille XXL. Je me
suis fait tailler un short sur-mesure. Un son lourd et incisif, une énergie
incroyable, et un Dave Hunt déchaîné ont fait des 45 minutes de set un vrai
bonheur.
© Throne Of Thanatos
Deux compositions ont suffies pour chauffer les
spectateurs à blancs, qui se mettaient bien joyeusement sur la gueule dans le
pit. Présentant chaque morceau et communiquant son bonheur d'être présent à la
foule, le frontman n'a pas hésité à réprimander un festivalier qui utilisait un
selfie stick : « Stick it up
your ass ! This is not Facebook, this is real life ! Get rid
of this shit ! ». Avant,
bien sûr, d'enchaîner sur un autre brûlot aux forts relents de Black Metal.
De loin, le spectacle le plus jouissif de tout
le festival. J'en suis ressorti couvert de sueur et lessivé, mais ravi.
© Throne Of Thanatos
J'ai un peu hésité à rester dehors à discuter
tant le death metal de Hatesphere m'indiffère, mais j'ai tout de même
décidé d'aller y jeter une oreille, juste pour une ou deux compositions, par
conscience professionnelle. Et ce fut une très bonne idée.
Sans parler d'excellente surprise comme pour le
cas Anaal Nathrakh, j'ai passé un très bon moment avec les Danois
de Hatesphere. Premièrement, le groupe a donné toutes ses tripes ce
soir-là et on l'a très bien ressenti. Deuxièmement, le Thrash-death joué par
les bonhommes (bien que manquant d'originalité) a fait preuve d'une grande
efficacité sur un public qui n'en avait pas eu assez avec la formation
précédente.
© Throne Of Thanatos
Là encore, un son tout à fait décent m'a permis
de profiter des riffs primaires et du chant crié, le tout soutenu par une
batterie infernale. Que demander de plus ? Pas grand-chose, c'est pourquoi
les chevelus dans la salle ont répondu présents à l'appel du pit. Trois quarts
d'heure plaisants, mais le manque de variété dans les compositions commençait à
se faire sentir, malgré tous les efforts du groupe.
© Throne Of Thanatos
Par où commencer, Seigneur. Quelle déception.
Laissé sur ma faim par Fleshgod Apoclyspe et attendant fébrilement le
black death gras de Belphegor, je voulais que ce Mfest se termine en
beauté. J'imaginais déjà les riffs puissants et lubriques de Belphegor résonner
dans mes oreilles avec force, headbanguer sur Sexdictator Lucifer...
Spoiler : ils n'ont pas joué Sexdictator Lucifer. Bon, ce n'est pas
très grave. Enfin, ils auraient pu tout aussi bien la jouer, je crois que
personne n'aurait reconnu l'air, ni même la moindre note.
L'ingé-son responsable de la catastrophe sonore
a en effet jugé bon de mettre « légèrement » en avant la grosse
caisse ainsi que la caisse claire. Le batteur n'étant pas vraiment manchot, il
a passé une bonne partie du set à blaster comme un sagouin, couvrant
allègrement les guitares et la basse. De toute façon, le metalleux de base est
sourd, donc faut envoyer des basses. Heureusement, on a pu profiter un peu du
chant, par ailleurs de qualité. Mais je fais preuve de mauvaise foi : dans le
dernier tiers du concert, le mix s'est un peu aéré, laissant de la place aux
guitares. Ce n'était toujours pas suffisant cependant, et seuls les passages
mid-tempo ont pu être appréciés à leur juste valeur. Et encore.
© Throne Of Thanatos
C'est d'autant plus dommage que Belphegor
ont déployé des efforts pour créer une ambiance bien dégueulasse :
samples, costumes et corpse paint, ainsi qu'un show lumière honnête. Le leader
du groupe, Helmuth, n'a pas hésité à s'adresser régulièrement au public, témoin
d'une messe noire imparfaite.
Encore une fois, malgré une performance très
honnête de la part de tous les musiciens (qui n'ont pas hésité à bouger sur
scène, à prendre la pose, à headbanguer), l'heure était à la tristesse une fois
le show terminé. Mais, vu que je suis un type pas trop rancunier (et vachement
sympa), je vais laisser une seconde chance à Belphegor. Si le son est
encore à la ramasse, je monterai une embuscade pour mettre hors d'état de nuire
le responsable de ce massacre musical.
Le Mfest
est un festival très modeste mais aux rouages bien huilés, et qui n'essaie pas
de grandir plus vite qu'il ne le peut. Ayant trouvé son rythme, la
programmation éclectique permet à tous de prendre son pied et de faire des
découvertes, tout en faisant la part belle à la scène locale et aux groupes
prometteurs. Le site est bien pensé et accueillant, l'équipe et les bénévoles
sont agréables...
À dans un an, Mfest !
Septembre
2015,
Psychopathia Melomania tient particulièrement à remercier C.CHARBONNIER de Throne of Thanatos pour avoir collaboré avec notre webzine et aux organisateurs pour cette cinquième édition du Mfest.
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