Starofash - "Ulterior" (original motion picture soundtrack)
(2009)
(par Vlad Tepes)
|
Parution : 2009
Format : LP
Label : Mnemosyne
Productions
Univers : Intimisme en
clair/obscur…
Pays : Norvège
Click here for English Version :
Line-up :
Heidi S. Tveitan :
Voix/Tous instruments/Paroles.
Chapitrage :
Epilogue : Interview de Jason Mehlhorn.
Le premier pas est important, unique,
intemporel. Jason Mehlhorn le sait
bien car "Ulterior" est son
tout premier film, tout comme je prends ma plume pour écrire mes tous premiers
mots au sujet de Starofash…
Je viens ici me plonger dans
l’entremêlement des confidentialités, où la discrétion musicale s’invite à la
discrétion cinématographique. En effet, "Ulterior" est qualifié par son auteur de film à micro-budget,
à tel point qu’il ne sera jamais divulgué sur format DVD. (1)
Par ailleurs, Starofash est toujours apparu comme un projet confidentiel, et cette
bande originale de film en sera probablement le secret le mieux gardé (2), comme une boite à musique poussiéreuse
que l’on a un jour la chance de découvrir dans quelque grenier porteur
d’infinis et discrets souvenirs.
Il me faut me contenir pour ne pas être
d’emblée dithyrambique concernant Starofash,
projet ambitieux et inclassable derrière lequel se cache un seul être, dont
l’atypisme côtoie avec élégance une audace que tant d’artistes pourraient lui
envier : Heidi S. Tveitan. Ma "discrète"
passion à l’égard de son art musical me porte à vous parler à cœur ouvert de
cette bande originale de film dont le mélomane averti devrait se rendre
hautement curieux.
Laissez votre âme venir nager en eaux
troubles avec Sophie (incarnée par Maria
Marleaux), où le courant jouera à vous faire frissonner et/ou frémir…
I. Errances subjectives…
The dream
– Ear – Un triste piano livre quelques notes,
sobres et mélancoliques…
–
Eye – Insoumis à la
gravité, le corps de Sophie flotte, mais retombe peu à peu alors que les
vapeurs oniriques se meurent : ses deux petits yeux s’ouvrent.
Yellow light / He waits
– Ear – Reprenant quelque entrain, ce piano
nous guide en un terrain inconnu, où chaque pas s’identifie à chaque note.
–
Eye – Une maigre chaleur
descend des nuages pour irradier le bitume de peau. Mais d’étranges cliquetis
échappent à Sophie. Un œil se diffusant dans l’air… une enveloppe sous les
paumes de pied…
Alone at last
– Ear – Sortant du cercle, le violon prend
notre main comme pour nous inviter à une douce valse…
–
Eye – Un jeu de fermetures
semble tenir Sophie entre deux espaces. Puis, les pieds sévèrement ancrés dans
le sol, survient la rupture de deux êtres-monde(s)…
The letter
– Ear – Tournoiement de courte durée, la
perplexité prend la suite du chemin…
–
Eye – Bruissement de
papier : l’œil dévoile ses perceptions en trois feuillets découpés ;
Sophie au corps clivé, au regard nié.
Girls on benches
– Ear – … avant qu’un climat d’effroi nous
guette subitement, s’entremêlant à la douce mélancolie. Le piano entre alors en
légère dissonance, les touches s’appuyant avec abruptesse.
Ici se
crée une sorte de clivage, laissant l’auditeur perplexe et perdu. Que peut-on
se représenter à cet instant, alors que le présent fait preuve d’une si grande
ambivalence ?
–
Eye – Tous ces corps qui
ne sont pas les tiens, que cachent-ils ? Qui sont-ils ? As-tu peur
Sophie ?
In love
– Ear – La mélancolie semble se propager, se
diluant dans l’air…
–
Eye – La rose sur papier
échoue à entrer en un monde neutralisé, désaffecté pour ses dernières secondes.
Que ressens-tu Sophie ?
Sleeping spy
– Ear – … devant fin brouillard, devenant
mystère galopant. Quelque chose se met en marche, mais dans une direction qui
nous est pour l’instant inconnue.
–
Eye – L’émotion émerge en
Sophie, le corps se mouvant peu à peu entre les murs. Mais son visage se fige
quelque peu…
Michael
– Ear – Le piano fait ici preuve de bien moins
de mystère, posant l’effroi dès les premières notes. Une certaine opacité prend
corps, les notes passant d’une fine pose à l’image d’une main s’appuyant toujours
plus sur notre épaule. Le contact devient de plus en plus pressant…
–
Eye – L’intrus est là,
posant ses doigts, marquant son territoire dans le tien Sophie. Il capture
jusqu’à ton odeur…
Run Sophie
– Ear – Ce piano marchant nous revient pour un
court instant…
–
Eye – … Reprendre un
souffle au dehors, reprendre ton souffle Sophie. Puis, une nouvelle coupure,
une entaille.
Bad dreams
– Ear – … pour de tristes rêves.
–
Eye – Il rode…
No pulse
– Ear – Le piano lourd vient incarner une main
intrusive, porteuse de terreur. S’ensuit une fourberie de légèreté, nous
laissant tremblant à l’extrême.
– Eye – L’intrus ne donnant pas son nom
délivre l’Horreur : une seule goutte de sang… tant d’autres à l’intérieur.
Sophie, délivre ta vengeance avec ce
scalpel effilé. Ce cadavre n’est pas le tien.
Wake up
– Ear – Un réveil triste, étrangement dépourvu
de cette terreur pourtant si réelle. Où sommes-nous ? Où sont terrées nos
émotions ?
–
Eye – Ton poignet en
souvenir de l’Horreur, Sophie.
Make up
– Ear – Faire semblant… ô piano, tu sembles
nous narrer une illusion, nous montrant une fine couche de givre, masquant ce
que l’on refuse de re-voir au sein du Réel.
–
Eye – Se faire face à
nouveau. (Se) Mentir. Ruminer. Pâlir.
Someone in the
house
– Ear – Le givre se fragmente doucement, avant
que de fortes notes de piano nous fassent sursauter. Notre paroi d’âme tremble
de tout son poids.
–
Eye – Quelqu’un ?
Sophie… Un brut sourd et ton âme s’affole à nouveau, en une lourde compulsion.
No Jacob’s dream (1)
– Ear – La vision est trouble, rendant le Réel
difficile à percevoir. La pensée se trouble alors, esclave de l’insaisissable.
La réalité… notre réalité semble se muer en cauchemar.
–
Eye – Cauchemar : L’intrusion
provient de toutes parts, ce couteau glissant sans cesse de tes doigts.
L’Horreur.
Still alone
– Ear – Nostalgie de notre tristesse, antique
désormais. Le violon, l’interprète de mots qui nous échappent…
–
Eye – Affronter encore, le
dos enfoncé dans le mur. Ouvrir enfin cette fenêtre, et laisser l’air aspirer
les souvenirs de Mort. Mais ils flottent, et tu pleures…
Dark street
– Ear – La tristesse légère n’est plus. Nos
pas sont lourds, comme absorbés par le sol.
–
Eye – La solitude absolue,
Sophie. Cet enfermement te tue à petit feu, alors que plane le fantôme…
Get out of my life
– Ear – Les pas s’accélèrent, cherchant à
distancier le Réel, ce Réel. Les yeux tournés vers le ciel, cherchant une
lumière vive, nous restons à tournoyer en nous-mêmes.
–
Eye – Un fauteuil en
linceul, et le flot de questions se trouve aspiré par le vide. Tu glisses peu à
peu, toi aussi aspirée…
No Jacob’s dream (2)
– Ear – La terreur cloisonne, nous enferme peu
à peu. Oui piano, nous sommes écrasés. Condamnés à l’errance trouble…
–
Eye – En vapeurs oniriques
(suffocantes), le linceul se déplace alors au-dessus de son visage endormi, ses
poignets en sanglant témoignage. Dissociée, Sophie tu te regardes ne plus être,
et lui fait face pour la toute dernière fois.
« I travel away
But I am stuck
Wherever I go… »
Empty me
– Ear – La tristesse vient à nouveau nous
cueillir, nous enrobant de mains habiles. Apportant contenance, elle nous
montre cet enfermement nôtre. Repliés du monde, à jamais.
– Eye – Partir, Sophie. Scruter le gris
horizon.
6h : Ce ruban clôt ta bouche, enferme
tous les mots en ton âme. Au-revoir Sophie.
« Do you know me?
Will you find me?
I lost my heart
Somewhere in you »
-
"Sophie, to Sophie"
Sophie’s theme
– Soul – Le piano trace le déracinement du Réel,
nous coupant de lui. L’âme tout autant que le corps accède à la libération,
flottant dans les airs, s’élevant dans les cimes… retrouvant sa légèreté alors
que les derniers questionnements s’évaporent dans le lointain.
–
Soul – Une note, seule,
résonne et se meurt.
II. Une pellicule de piano…
Atypique. Le mot est lâché. En effet,
"Ulterior" constitue une
pièce à part dans la discographie de Starofash,
mais pas seulement. Malgré que cette bande originale de film se détache de
toutes les autres œuvres de l’entité, elle conserve pourtant en son sein tout
ce qui constitue sa musique. Là est tout le paradoxe : "Ulterior" est à la fois externe et
interne au chemin musical de Starofash.
L’élément le plus caractéristique est
peut-être ici le piano, ou du moins le ressenti qui en est issu. Ce distinguo
est essentiel à écrire car Starofash
ne peut être qualifié au travers des instruments qui s’y exprime ci-et-là, mais
bel et bien par le ressenti brut : la finalité prévaut au détriment des
éléments permettant d’y accéder. En est issue cette sensation profondément
intimiste, ici cloisonnée.
Toutefois, l’atypisme que je
mentionnais tout à l’heure provient de la forme de cet intimisme sur "Ulterior", aux parois épurées et
d’une sobriété poussée à l’extrême.
III. Une méthode
Décors : Une aube timide, où le noir
laisse progressivement place au gris. Une noirceur créée de toutes pièces, au
coin du feu, loin du monde.
La voie auditive fut notre porte
d’entrée et notre sanctuaire d’expression, la voie rétinienne venant la
soutenir en second plan. Faire prévaloir l’œuvre de Starofash sur celle de Jason
Mehlhorn dans le présent écrit ne pouvait se faire sans l’accord préalable
et inconditionnel de ce dernier.
Puis se sont entremêlées ces deux
formes, pour fusionner en mon âme, et dont mes mots en sont la tortueuse
synthèse. Faut-il comprendre ce qu’il se passe ? Pas nécessairement :
seul le ressenti – diamant brut – existe et demeure.
Je
tiens à remercier chaleureusement Jason pour sa disponibilité, ainsi que pour
m’avoir offert l’immense privilège de voir "Ulterior".
Notes :
(1) Vous pouvez trouver un "behind the scenes" du film juste ici :
(2)
L’album se présente sous la forme d’un petit digipack limité à 300 exemplaires,
numéroté soigneusement à la main.
Liens officiels
1. Starofash
2. Jason Mehlhorn
Où voir le film ?
(Password : bingo)
Où se procurer l’objet ?
Vlad
Tepes : Salut Jason ! Tu es le réalisateur
de "Ulterior", et je pense
que tu devrais te présenter pour ceux qui ne te connaitraient pas déjà…
Jason Mehlhorn : Salut Vlad et merci de
vouloir m’interviewer. J’ai terminé la réalisation de "Ulterior" il y a de nombreuses
années donc cela me surprend que les gens y portent encore un intérêt. Je me
dois aussi d’ajouter que j’avais l’intention de re-visionner le film pour
re-rafraichir ma mémoire concernant ce processus et cette période mais n’ai pas
réussi à le faire. Quand je termine un travail je ne le regarde jamais de
nouveau et j’essaie juste d’avancer vers la prochaine étape. Mes réponses ne
seront peut-être pas 100% exactes mais peut-être est-ce plus intéressant
ainsi !
Pour revenir à ta
question, je suis un réalisateur d’Irlande. J’ai fait des documentaires, des
films expérimentaux et des fictions dont "Ulterior" fut mon premier long métrage. J’ai récemment achevé
mon second long métrage.
Vlad : Pour
cette bande originale de film, tu as travaillé avec Heidi S. Tveitan/Starofash. Comment cela est
arrivé ? Peux-tu nous narrer l’histoire de cette rencontre
artistique ?
Jason : J’étais en train de
travailler sur le script et écoute souvent de la musique quand j’écris ou développe
des idées car cela semble m’aider à un certain niveau. Plus tôt dans cette
journée j’ai recherché un album où intervenait Heidi sous le nom de HardingRock, qui était une collaboration
entre Heidi, son mari et un musicien de folk local de leur ville d’origine en
Norvège. Il y avait dessus un titre électronique nommé Nykken qui selon ce que j’en ai compris fut entièrement écrit par
Heidi et immédiatement je savais que c’était l’humeur de la musique dont avait
besoin le film et j’ai envoyé un mail à sa structure de production, Mnemosyne Productions, et les choses ont
démarré de là.
Vlad : C’était
ton premier film. Etait-ce symbolique pour toi que ce soit Starofash qui constitue sa bande originale ?
Jason : Je pense que mon seul intérêt
à essayer d’utiliser les talents d’Heidi résidait dans le fait que sa musique
était idéale pour le film et je souhaitais quelqu’un avec une voix
caractéristique. Il y avait la possibilité que si Heidi n’était pas intéressée
il n’y aurait pas eu de musique dans le film puisque je suis presque convaincu
l’avoir vu ainsi à l’origine. Mais quoiqu’il en soit, je sais de manière
certaine que je n’aurais jamais demandé à un autre compositeur de « sonner
comme ça » en imitant le style d’Heidi, ce qui est extrêmement fréquent
dans le cinéma à petit budget. C’est insultant pour tout le monde je trouve.
Donc même si je ne pense
pas que c’était symbolique de l’utiliser pour mon premier film, le fait qu’elle
n’ait jamais travaillé sur un long métrage auparavant était un peu rassurant
pour que nous puissions trouver notre chemin ensemble. Je me souviens aussi
qu’elle était bien plus tolérante envers moi qu’elle n’aurait dû !
Vlad : Comment
te sens-tu relié à la musique de Starofash
?
Jason : C’est une question
difficile. J’ai suivi le parcours musical d’Heidi depuis Peccatum dans les années 90, ça a dû être, et je pense que la
musique qu’aiment les gens est un reflet de leur être, faute d’un meilleur mot,
donc je suis définitivement relié à sa musique mais c’est très difficile de
traduire ces choses-là en mots.
Vlad : En
parlant plus particulièrement du film, comment le perçois-tu aujourd’hui ?
Jason : J’ai fait ce film à un
moment où j’en savais très peu sur la réalisation et l’écriture de films car la
majeure partie de mon expérience précédente provenait de documentaires, et
j’étais encore relativement jeune et le budget était très modeste. C’était sans
aucun doute le plus grand et abrupt tournant d’apprentissage que je n’ai jamais
eu sur aucun projet de film et par conséquent un des plus importants pour cela.
Il y a beaucoup d’idées dans le film résonnant encore en moi et je les ai
depuis explorées dans d’autres projets et continuerai à le faire.
Vlad : En
parallèle, comment Heidi perçoit "Ulterior"
?
Jason : Je ne suis pas certain
mais j’ai peu de doute sur le fait qu’elle ait beaucoup appris de l’expérience
elle aussi.
Vlad : En
parlant de la chronique ci-dessus, est-ce que mes mots ont rencontré ta
perception de la musique de Starofash ?
Jason : Oui, beaucoup et un
grand merci d’avoir chroniqué le film ! C’était très agréable à lire et c’est
intéressant aussi d’entendre des opinions et plus encore, des interprétations
du travail. Une de mes grandes difficultés à moi – et je pense la plupart des
réalisateurs qui ont réalisé des films – est de savoir comment quelqu’un
d’autre les perçoit puisque c’est si subjectif. Même si je suis rarement à la
recherche d’avis, c’est très plaisant de les entendre quand ils sont offerts et
ce indépendamment qu’ils soient bons ou mauvais. J’avais aussi oublié quelques
scènes du film que tu as commentées dans cette chronique et c’était très intéressant,
d’avoir des souvenirs resurgir.
Vlad : Pour
tes futurs films, peux-tu peut-être nous parler d’autres collaborations
musicales ?
Jason : Oui, je viens
d’achever un long métrage nommé "Drifting"
qui est la première partie d’une trilogie de films. Le film incorpore la
musique d’un gars talentueux du nord de l’Irlande qui est la personne derrière
les groupes Beithíoch et projet ambient appelé
Síol Na Gréine. Ces groupes qui pourraient avoir un intérêt pour tes
lecteurs et il y a quelques albums complets en ligne en téléchargement gratuit.
La musique que j’utilise de lui était déjà pré-écrite, plutôt que de lui avoir
fait composer quelque chose. Je ne suis pas encore certain de la musique qui
pourrait être ou pas dans les deux autres films mais j’essaie de standardiser
la trilogie donc cela aurait eu plus de sens d’avoir de la musique dans les
trois.
Je viens aussi de
commencer un documentaire sur internet concernant un célèbre musicien dont le
nom devrait être familier pour tes lecteurs mais il y a encore beaucoup de
choses complexes à régler pour s’assurer que cela puisse avoir lieu donc je ne
peux pas trop en dire à ce stade malheureusement. Si tout se passe comme prévu
ce projet de long métrage sera disponible à visionner gratuitement en ligne
dans moins d’un an.
Vlad : S’il
y avait une seule image ou un seul élément dont tu voudrais que nous nous
souvenions au sujet du film "Ulterior",
quel serait-il ?
Jason : Il y a quelques plans que
j’aime encore du film mais parmi mes favoris il y a ce plan du jardin de
derrière où Sophie regarde sa porte du patio arrière alors qu’elle est piégée à
l’intérieur de la maison. Je pense que cela arrive vers les 40 minutes du film
et encapsule peut-être un des thèmes du film. Il s’agit également d’un obscur petit
hommage au film "Playtime"
de Jacques Tati que j’adore.
Vlad : En
parallèle, s’il y avait une note ou un élément dont tu penses que nous devrions
nous souvenir concernant la bande originale de "Ulterior", quel serait-il ?
Jason : Le personnage
principal du film, Sophie, est très internalisé et je voulais que les
compositions d’Heidi reflètent ses pensées et sentiments cachés, ce qu’elle a
fait merveilleusement. Je pense que la plupart de tout ça s’accumule au sein de
la dernière pièce musicale du film, donc je la choisirai pour que les gens
l’expérimentent.
Vlad : Je
me dois de te remercier Jason pour ton temps et ta gentillesse, invitant les
plus fervents lecteurs à découvrir ton univers visuel, à travers "Ulterior" et au-delà…
Jason : Il n’y a aucun
problème Vlad et merci encore pour ton intérêt et ton soutien !
Starofash - "Ulterior" (original motion picture soundtrack)
(2009)
(by Vlad Tepes)
|
Release : 2009
Format : LP
Label : Mnemosyne
Productions
Realm : Intimism in clair/obscur…
Country : Norway
Line-up :
Heidi S. Tveitan : Vocals/All instruments/Lyrics.
Chaptering :
The first step
is important, unique, timeless. Jason
Mehlhorn knows that pretty well because "Ulterior" stands as his first movie, like I take my quill to
write my very first words about Starofash…
Here I dive
into the interspersion of privacies, where musical discretion invites itself to
a cinematic one. Indeed, "Ulterior"
is qualified by its creator as a micro-budget movie, to the extent that it has
been never spread on DVD format. (1)
Besides, Starofash always appeared as an
undisclosed project, and this original soundtrack stands as its most guarded
secret (2), like a dusty music box
which we’re lucky to find one day in some attic carrying infinite and discreet
souvenirs.
I must contain
myself to not be hastily dithyrambic about Starofash
– an ambitious and unclassifiable project, within which is hidden one
single being, whose elegant uniqueness stands alongside an audacity that so
many artists could envy: Heidi S.
Tveitan. My "discreet" passion in regard to her musical art
carries me to talk to you open-heartedly about this original soundtrack that
any aware melomaniac should be highly curious.
Let your soul
come swim in troubled waters with Sophie (incarnated by Maria Marleaux), where the flow will play in making you shiver
and/or tremble…
I. Subjective wanderings…
The dream
– Ear – A gloomy piano
delivers here a few notes, sober and melancholic…
– Eye – Disobedient to gravity, Sophie’s
body floats, but falls again slowly while dreamlike vapours fade away: her two
little eyes open.
Yellow light / He
waits
– Ear – Taking back
some warmth, this piano guides us to an unknown soil, where each step
identifies with each note.
– Eye – A skinny heat descends from the
clouds to irradiate the skin’s asphalt. But strange inklings escape from
Sophie. An eye releases itself into air… an envelope under feet’s palm…
Alone at last
– Ear – Outgoing
from the circle, the violin took our hand, like inviting us to a sweet waltz…
– Eye – Some play of shuttings seems
holding Sophie between two spaces. Then, with feet harshly anchored into the
ground, occurs the split of two beings-world(s)…
The letter
– Ear – A short
whirling, perplexity follows the way…
– Eye – Paper’s swishing: the eye unveils
its perception in three jagged layers; Sophie in a splitted body, with a denied
look.
Girls on
benches
– Ear – … before dread
climate spy abruptly on us, mixing up with sweet melancholy. Then the piano
enters into subtle disharmony, keys leaning on with severity.
Here setting up some sort of a cleavage, leaving the
listener puzzled and lost. What can we represent in ourselves at that instant,
while the present displayed such a massive ambivalence?
– Eye – All these bodies that aren’t yours,
what are they hiding? Who are they? Are you afraid Sophie?
In love
– Ear – Melancholy
seems to spread, watering down into air…
– Eye – The paper’s
rose fails entering into a neutralised world, closed down for its last seconds.
What do you feel Sophie?
Sleeping spy
– Ear – … in front of a thin fog, becoming a galloping
mystery. Something is put in motion, but yet in an unknown direction.
– Eye – Emotion is growing inside Sophie, the
body moving little by little between the walls. But my face clots somewhat…
Michael
– Ear – Here the piano
reveals less mystery, putting some dread from the first notes. Some opacity
comes to life, notes moving from a thin pose to the image of a hand leaning on
our shoulder forever more. The contact becomes more and more insistent…
– Eye – The intruder is here, leaning on
his fingers, like marking his territory in yours Sophie. He even catches your
smell…
Run Sophie
– Ear – This walking
piano comes back to us for a very short time…
– Eye – … Catching a breath outwardly,
catching your breath Sophie. Then, another break, a cut.
Bad dreams
– Ear – … for sad
dreams.
– Eye – He roams…
No pulse
– Ear – The heavy
piano comes to incarnate an intrusive hand, supporting terror. Follows a guile
of lightness, leaving us trembling in the extreme.
– Eye – The intruder
not giving his name delivers Horror: one only drop of blood… so many on the
inside.
Sophie, release
your vengeance with this sharp scalpel. This cadaver isn’t yours.
Wake up
– Ear – A sad
awakening, strangely devoid of a terror however so real. Where are we? Where
are earthed up our emotions?
– Eye – Your wrist as a souvenir of Horror,
Sophie.
Make up
– Ear – Pretending… o
piano, you seem to narrate us some illusion, showing us a thin frost’s layer,
covering what we refuse to see again inside reality.
– Eye – Facing up to him. Fooling yourself.
Brewing over. Fading.
Someone in the
house
– Ear – Frost is
slowly breaking up itself, before loud notes of piano making us jump. Our
soul’s wall trembles with all the weight.
– Eye – Someone? Sophie… Some raw sound and
your soul goes into panic again, like a heavy compulsion.
No Jacob’s
dream (1)
– Ear – Vision is blurry,
making harder to perceive reality. Thoughts become cloudy then, enslaved by the
elusive. Reality… our reality seems to turn into nightmare.
– Eye – Nightmare: The intrusion comes from
all quarters, this knife sliding continuously from your fingers. Horror.
Still alone
– Ear – Nostalgia from
our sadness, henceforth ancient. The violin, performer of words slipping from
us…
– Eye – Confronting once again, the back knocked
into the wall. Finally opening this window, and letting air breathing in Death souvenirs.
But they’re floating, and you cry…
Dark street
– Ear – Light sadness doesn’t
exist anymore. Footsteps are heavy, like being absorbed by ground.
– Eye – Absolute solitude, Sophie. This
imprisonment is killing you slowly, while the ghost is soaring…
Get out of my
life
– Ear – Footsteps are
accelerating, searching to outrun reality. Eyes turned to the sky, looking for
a bright light, we remain whirling inside ourselves.
– Eye – An armchair like a shroud, and the
torrent of questions happens to be sucked up by the void. You slip slowly,
aspirated you too…
No Jacob’s
dream (2)
– Ear – Terror
divides, enslaving us little by little. Yes piano, we’re being crushed.
Condemned to a muddled wandering…
– Eye – Like oneiric vapours (stifling),
the shroud moves above her asleep face, her wrists as a bloody testimony.
Dissociated, you’re looking at you un-living Sophie, and cope with her for the
last time.
« I travel away
But I am stuck
Wherever I go… »
Empty me
– Ear – Melancholy
comes again gather us, wrapping up with deft hands. Bringing some composure,
she shows us an enslavement now ours. Withdrawn from the world, forever.
– Eye – Leaving,
Sophie. Examining the grey horizon.
6h o’clock: This
ribbon closes your mouth, imprisoning all words within your soul. Goodbye
Sophie.
« Do
you know me?
Will you find me?
I lost my heart
Somewhere in you »
-
"Sophie, to Sophie"
Sophie’s theme
– Soul – The piano
draws the reality’s uprooting, cutting us from it. The soul as well as the body
reaches liberation, floating into air, rising into heights… finding again its
lightness while the last questionings evaporate inside the distance.
– Soul – One note, lonely, resonates and
fades away.
II. Some piano reel…
Atypical. The
word is set on. Indeed, "Ulterior"
constitutes a piece apart from Starofash’s
discography. Despite this the original motion picture soundtrack stands out
from all other works from the entity, but it retains at its heart the same
essence that makes up the other music. Here we can find some paradox: "Ulterior" is at the same time external
and internal to Starofash’s musical
path.
The most
distinctive element is maybe the piano, or at least the experience which comes
from it. This distinction is essential to the writing because Starofash can’t be qualified through
its instrumentation which is expressed here and there, but definitely through
the crude experience: the purpose prevails over at the cost of elements that
leads to it. It all stems from a deeply intimist sensation, here walled up.
However, the atypical
nature that I mentioned earlier comes from this intimism’s shape inside "Ulterior", with its uncluttered
sides and a sobriety pushed to the extreme.
III. A method
Settings: A shy dawn,
where black gives slow way to grey. Darkness entirely fabricated, around the
fire, far away from the world.
The auditive
way was our front door and our expression’s sanctuary, the retinal way giving
support in the middle ground. Let Starofash’s
work prevail on the one from Jason
Mehlhorn inside the present writing couldn’t be done without the
preliminary consent and unconditionality of him.
Then two forms
intertwined, to merge into one soul, and my words stands as a tortuous
synthesis. Must we understand what is happening? Not necessarily: only the experience
of feelings – raw diamond – exists and remains.
I must warmly thank Jason for his availability, along
with offering me
the huge privilege to see "Ulterior".
From April to August 2013 –
From February to November 2014,
Written by Vlad Tepes &
proofread by Jason Mehlhorn.
From February to November 2014,
Written by Vlad Tepes &
proofread by Jason Mehlhorn.
Notes:
(1) You can find a "behind the scenes" from the movie right here:
(2) The album looks
like a small digipack limited to 300 copies, carefully hand-numbered.
Official links
1. Starofash
2. Jason Mehlhorn
Where to see the movie?
(Password:
bingo)
Where to buy the soundtrack?
Vlad Tepes: Hi Jason ! You’re the director of "Ulterior", and I think you should present yourself for people
that don’t know you yet…
Jason
Mehlhorn: Hi Vlad and thanks for wanting to
interview me. I finished making "Ulterior"
a number of years ago so it’s surprising to me that people still have an
interest in it. I should also add that I meant to re-watch the film to re-jog
my memory of that process and period but couldn’t bring myself to do so. When I
finish a work I never watch it again and just try to move forward to the next
thing. My answers may not be 100% correct but maybe it’s more interesting this
way!
Going
back to your question, I’m a filmmaker from Ireland. I’ve made documentaries,
experimental films and fiction films of which "Ulterior" was my
first feature length film. I’ve just recently completed my second feature film.
Vlad: For this motion-picture soundtrack, you worked with Heidi S. Tveitan/Starofash. How did this happen? Could
you narrate us the story of this artistic gathering?
Jason:
I was working on the script and often listen to music when I write or generate
ideas as it seems to help me on some level. Earlier that day I had purchased an
album featuring Heidi under the moniker of HardingRock,
which was a collaboration between Heidi, her husband and a local folk musician
from their hometown in Norway. There was an electronica track on it called Nykken that I understand was solely
written by Heidi and I knew immediately that was the mood of the music the film
needed and I sent an email to her production company, Mnemosyne Productions, and things went from there.
Vlad: This was your first movie. Is it symbolic to you to have Starofash being its soundtrack?
Jason:
I think my only focus in trying to utilise Heidi’s talents was the fact her
music was right for the film and I wanted someone with a distinctive voice.
There was the possibility that if Heidi wasn’t interested there would be no
music in the film as I‘m pretty sure I had originally seen it like that. But
regardless, I do know for sure that I would never have asked another composer
to “sound like this” in imitating Heidi’s style, which is extremely common in
low budget filmmaking. It’s insulting to everyone I think.
So
although I don't think it was symbolic that I used her for my first film, the
fact she hadn’t worked on a feature film before was a bit comforting as we
could find our way together. I also recall her being far more tolerant of me
than she really should have!
Vlad: How do you feel linked to the music of Starofash?
Jason:
That’s a difficult question. I have been following Heidi musical journey since Peccatum in the 1990’s, it must have
been, and I think the music people like is a reflection of their being, for
want of a better word, so I’m definitely linked to her music but it’s very hard
translating these things into words.
Vlad: Speaking about your movie in particular, how do you look at it today?
Jason:
I made the film at a time when I knew very little about directing and writing fiction
films because most of my previous experience was in documentaries, and I was
still relatively young and the budget was very small. It was definitely the
biggest and steepest learning curve I’ve ever had on any film project and
therefore one of the most important for it. There are many ideas in the film
that still resonant with me and I’ve since explored them in other projects and
will continue to do so.
Vlad: In parallel, how does Heidi look at "Ulterior"?
Jason:
I’m not sure but I’ve little doubt she learned a lot from the experience too.
Vlad: Speaking about the review above, did my words meet with your vision of
Starofash’s music?
Jason:
Yes, very much so and many thanks for reviewing the film! It was very enjoyable
to read and it’s also interesting to hear opinions and more so, interpretations
of the work. One of the great difficulties I – and I think most filmmakers have
making films – is knowing how anyone else perceives them since it is so
subjective. Although I rarely ask for opinions, it’s very pleasant hearing them
when they are offered and that is irrespective of if they are good or bad. I
had also forgotten some scenes from the film that you commented about in your
review and that was very interesting, having them memories flood back.
Vlad: For future movies of yours, can you speak to us maybe about other
musical collaborations?
Jason:
Yes, I’ve just finished an experimental feature film called "Drifting" that is the first part in
a trilogy of films. The film incorporates the music of a talented guy from the
north of Ireland who is the person behind the bands Beithíoch and an ambient project called Síol Na Gréine.
These bands maybe of interest to your readers and there are some full-length
albums online for free download. The music I used of his was already
pre-written, rather than have him compose something. I'm not sure yet about the
music that may or may not be in the other two films but I am trying to
standardise the trilogy so it may make more sense to have music in all three.
I’ve
also just started a web-based documentary about a prominent musician whose name
should be familiar to your readers but there are still a lot of complex things
to sort out to ensure it goes ahead so I can’t say too much at this stage
unfortunately. If everything goes to plan that feature length project will be
available to see for free online in less than a year.
Vlad: If there would be only one image or one element you would like us to
remember about the movie "Ulterior",
what should it be?
Jason:
There are a few shots I still like from the film but among my favourites is a
shot from Sophie’s back garden looking at her back patio door as she’s trapped
inside the house. I think it happens about 40 minutes into the film and maybe
encapsulates a theme of the film overall. It also is an obscure little homage
to the film "Playtime" by
Jacques Tati that I adore.
Vlad: In parallel, if there would be one note or one element you think we
should remember about the "Ulterior"
soundtrack, what would it be?
Jason:
The main character in the film, Sophie, is very internal and I wanted Heidi’s
compositions to reflect her hidden thoughts and feelings, which she did
wonderfully. I think much of this accumulates into the last piece of music in
the film, so I’d choose that for people to experience.
Vlad: I must thank you for your time and kindness Jason, inviting the
die-hard readers to discover your visual universe, through "Ulterior" and beyond…
Jason:
That’s no problem Vlad and thanks again for your interest and support!
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