Deafheaven / Myrkur
Lost…
(par Vlad Tepes)
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Moment : 08/03/16.
Lieu : Le Trabendo (Paris 19ème).
Cela
faisait bien longtemps que je n’avais pas arpenté une scène parisienne et je
dois dire que cela me manquait grandement ! Ainsi, l’opportunité de
découvrir Myrkur sur scène se
révélait alléchant et je me décidai donc à faire le déplacement, malgré que l’entité
danoise/américaine ne se trouvait ici qu’en première partie. Car j’avoue ne pas
du tout connaitre Deafheaven jusqu’à
ce 8 mars 2016. Mais n’étant nullement réfractaire aux découvertes en tous genres,
l’occasion d’élargir mon spectre mélomaniaque était toujours bon à saisir.
Ayant
découvert Myrkur avec son EP
éponyme, je restai curieux de me rendre compte par moi-même comment pouvait
prendre vie telle musique, à la fois clairement enracinée dans le black métal
d’obédience (si-je puis dire !) norvégienne, ainsi que dans des univers
plus éthérés proches de ceux d’un Sigur Rós par exemple. Cet équilibre difficile à articuler allait-il tenir à
l’épreuve de la scène ?
Après
une sobre introduction au piano permettant d’installer un climat particulier –
contrastant avec ce qui se fait dans le black métal nord-européen – Myrkur posa ses premières notes et
les soucis techniques débutèrent très rapidement. En effet, Amalie est parée
sur scène de deux micros distincts pour chacune des voix claire et black, mais
celui-ci s’est avéré aux abonnés absents durant tout le show. Ainsi, la
prestation se fit sans aucun chant black et vous pouvez donc aisément imaginer
le handicap que cela constitua ! Nous pouvons prendre comme exemple le
furieux Skaði qui du coup perdit pour
cette raison une part non négligeable de son essence. Vous pouvez vous forgez
votre propre opinion ici :
Nous
nous sommes donc rabattus sur le chant clair, qui malheureusement n’aura pas
été des plus justes sur la première partie de la prestation, comme en témoigne
le gâché Onde børn :
Plus
grave, nous suspectons Amalie d’avoir parfois usé de bandes pour couvrir le
chant clair le plus haut perché, et nous vous renvoyons justement pour cela à Skaði. Je n’ai qu’assez peu de doutes à
ce sujet et regrette que l’entité donne ainsi du grain à moudre à ses plus vils
détracteurs. Pourtant la prestation aura démontré une instrumentation tout à
fait carrée et à laquelle je n’ai quasiment rien à reprocher ; mais les
faiblesses manifestes du chant n’ont pu qu’avoir un impact négatif sur le rendu
global.
Contrairement
à la catégorisation dont Myrkur fait
l’objet sur la toile, je ne vois pas comment l’on pourrait qualifier sa musique
de "hipster" (ce que je rattache à une dimension moderne, totalement
absente ici). Bien au contraire je vois dans ce groupe un hommage hydride au
black métal traditionnel, profondément enraciné dans un métal païen d’excellent
acabit ; d’ailleurs le premier opus "M" est en une manifestation assez claire. Ainsi un morceau
comme Skøgen skulle dø m’aura
particulièrement touché, montrant que Myrkur
possède un réel potentiel :
Pour
résumer cette courte prestation – d’une demi-heure seulement – je dirai que le
pire a côtoyé le meilleur, même si je dois bien avouer qu’un sentiment de grand
gâchis prédominait. Car la voix d’Amalie nécessite d’être bien plus travaillée
qu’à l’heure actuelle, c’est évident. Mon hypothèse est qu’elle apparait très
intimidée par l’audience, ce qui a un impact considérable sur sa capacité à
exprimer ses tripes. Il est évident que l’exercice n’a rien de simple, mais
faire une tournée implique nécessairement telle dimension. Je reste persuadé
que Myrkur a quelque chose de
particulier à dire dans le champ du black métal, avec ce contraste entre fureur
et aspect aérien. Et je ne vais pas du tout dans le sens des critiques dont
elle fait gratuitement l’objet.
Je me
permets ici une petite digression, car en écrivant ce live-report j’ai
découvert le déferlement de haine dont Amalie faisait l’objet sur le net, qui
selon moi a assez peu à voir avec des considérations d’ordre musical. J’invite donc
tous ces sombres imbéciles à y revenir d’urgence, car votre puérile catharsis
n’intéresse que vous. A bon entendeur…
Set-list Myrkur :
1)
2) Hævnen
3)
4)
5)
6)
7)
8)
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Alors
que Deafheaven se préparait, j’avoue que ma perplexité commençait à
grimper en flèche à travers un certain nombre d’aspects visuels. Tout d’abord
l’audience ne semblait pas du tout correspondre à une audience de black métal
"classique" dirons-nous (ce qui ne me dérange pas vraiment en soi),
se présentant plutôt sous ce que certains appelleraient justement "hipsters"
(soit un look résolument moderne). Mais ce qui m’aura véritablement dérangé est
le t-shirt d’un des deux guitaristes de la formation, du groupe de brit pop
Oasis : à un concert de métal extrême, je n’ai jamais vu ça ! Je suis
très ouvert d’esprit car étant loin de me contenter d’écouter du métal, mais
Oasis est bel et bien une entité commerciale sans inspiration plutôt qu’un
projet artistique en tant que tel. Malgré tout cela, la musique est reine donc
je décidai de mettre ces désagréments visuels de côté et m’attacher à la
prestation en tant que telle…
Il ne m’aura pas fallu pas plus d’un seul morceau pour réaliser que Deafheaven n’a absolument rien à voir avec le black métal, contrairement à l’appellation que nous trouvons dans les médias dits spécialisés… ou alors nous pourrions qualifier leur musique de blackcore, ce qui impliquerait d’en inclure bien d’autres. Car le groupe révèle plus de points communs avec Suicide Silence qu’avec Darkthrone, soyons sérieux. Et autant dire que rien ne m’aura touché dans leur musique, car ce mélodisme brutal m’est apparu franchement insipide, à l’image de cette voix stéréotypée et sans nuance. Il ne m’aura donc fallu pas plus de trois morceaux pour que je quitte le Trabendo sans exiger mon reste, car ne voyant pas le moindre intérêt à m’infliger bien plus de répulsion. Nous vous laissons vous forger votre propre opinion avec Luna, extrait de leur opus "New Bermuda" :
Vous
l’aurez compris, cette soirée au Trabendo fut placée sous le signe d’une
intense déception. Déception d’une découverte de Deafheaven qui m’est apparue bien stérile ; déception due à la
prestation en demi-teinte de Myrkur.
Ces derniers ont encore du chemin à parcourir avant de pouvoir offrir des prestations
live à la hauteur de leur ambition studio, et je resterai attentif au processus
de maturation de cette Obscurité…
Mars 2016,
Rédigé par Vlad Tepes.
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