My Dying Bride / Oceans of Slumber
Forever feeling misery…
(par Vlad Tepes)
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"Feel the Misery" tour 2016
Moment : 06/04/16.
Lieu : Nouveau Casino (Paris 11ème).
Il y a
des groupes qui prennent certes des rides mais semblent intemporels : My Dying Bride fait partie de ceux-là. Pour
les avoir vu à de nombreuses reprises sur planches – et malgré une certaine
déception à l’écoute de leur 13ème opus "Feel the Misery" – il m’apparaissait hors de propos de bouder
leur passage parisien (d’autant plus que le groupe se fait volontairement plus
rare sur les planches ces dernières années). Car mon expérience les concernant
m’aura montré que leurs prestations scéniques sont d’une qualité à la fois
élevée et très régulière.
Et il
m’aura fallu bien de la patience et du courage pour arriver au Nouveau Casino
en ce 6 avril 2016, me trouvant confronté à un bouchon routier ainsi qu’à la
survenue d’un colis suspect dans le métro ; autant de désagréments
bassement matériels semblant bloquer ce soir-là l’incursion du rêve !
J’arrivai donc fort tard dans la salle…
Arrivant
en plein milieu de la première partie, Oceans
of Slumber, mon avis ne peut être que fort modeste car je n’aurai entendu
qu’un morceau et quelques. Ce que certains sites nomment du death progressif
m’apparait comme une nomination erronée : je parlerais plus d’une sorte de
métal gothique aux accents progressifs, et pourrait à ce titre être rangé à
côté d’un groupe tel que Ne Obliviscaris (bien que ces derniers développent
bien plus les aspects progressifs et présentent par ailleurs une musique bien plus
hétéroclite).
Présentant
des compositions de bonne facture et assez bien exécutées, je ne fus malgré
tout pas touché par leur prestation et notamment la voix de Cammie Gilbert.
Ceci doit être notamment lié au manque de temps dont j’ai disposé pour me
plonger dans leur show. A
creuser !
Mais
vous l’aurez compris, mon cœur attendait ce soir-là mes mélancoliques Anglais
de My Dying Bride, que je n’avais pas
vu depuis leur prestation au Hellfest 2013, dont je garde un souvenir très
intense…
La
prestation débutait d’exquise manière avec Your
River, alors qu’Aaron investissait la scène avec classe et distinction. Fidèle
à la version de 1993, la rythmique provoqua un certain ravissement fleurant bon
le début des années 90. Je pense que le retour de Calvin Robertshaw au sein de My Dying Bride n’y fut pas pour rien.
Et le titre suivant n’allait pas infléchir la tendance, nous faisant basculer
sur l’autre pièce-maitresse de leur discographie, "The Angel and the Dark River" : From Darkest Skies. Tout fan des premières heures du groupe ne
pouvait qu’être en admiration devant un tel début de concert ! From Darkest Skies constitue le morceau
le plus important de cette soirée à mes yeux, le plus intense, le plus poignant
aussi. Je ne fus pas déçu et ai revécu une émotion aussi envahissante que celle
ressentie lors du Hellfest 2008. D’ailleurs dès les premières notes les larmes
entamèrent une hissée vers mes paupières, et je restai bouleversé. Tout fut
parfait, de la voix plaintive aux guitares larmoyantes, offrant une mélancolie
dense et dévastatrice.
Après
telle submersion émotionnelle, il me fut quelque peu difficile de me plonger
dans And My Father Left Forever. Puissant
et précis, l’interprétation fut d’excellente facture et montra l’authenticité
de ce nouvel opus dans le cœur de nos Anglais, comme vous pouvez le constater
sur cette première vidéo :
Quant
à lui, le titre suivant – My Body, a
Funeral – provoqua beaucoup de surprises auprès de moi. N’en attendant rien
(peut-être en raison de l’album dont il est issu), je fus bluffé par la
justesse avec laquelle le titre fut retranscrit. Aaron m’a vraiment hypnotisé
et j’ai vraiment eu le sentiment que ce titre provoqua une dimension
introspective, voyant dans son regard une mystérieuse réflexion.
En
revanche le titre éponyme Feel the Misery
n’eut pas autant de retentissement, ce qui est plutôt dû au fait que la version
studio me laisse plutôt froid ; la version live n’y aura rien changé
malheureusement. Je trouve que son aspect répétitif ne favorise aucune
introspection justement, aucune progression en termes de ressenti. Et le titre
suivant ne changea pas la donne, bien au contraire : Thy Raven Wings. Issu de ce que je considère être l’album insipide
de la discographie de My Dying Bride,
je ne comprends pas l’entêtement du groupe à la jouer continuellement sur
scène, apportant une émotion bien trop superficielle selon moi. Vous l’aurez
compris, cette partie du show constitua une bien morne atmosphère.
Fort
heureusement, Aaron annonça la couleur pour la suite des opérations :
alors que la première partie fut qualifiée de « gentille » et de « joyeuse »
– avec force ironie – la seconde fut annoncée comme plus agressive et sombre. Il
tenu ses promesses car vint The Prize of
Beauty, pour mon plus grand plaisir ! Délectez-vous de cette seconde
vidéo :
En
effet, "Songs of Darkness, Words of
Light" reste mon opus favori après les second et troisième albums. Et
je fus littéralement transporté ! Durant une interprétation magistrale,
Aaron s’est déchainé tel un beau diable pour offrir toute la noirceur requise, sans
omettre la mélancolie poignante de la seconde du titre. Je pense qu’après From Darkest Skies, cela reste mon
second meilleur moment de la soirée. Et les décibels ne retombèrent pas avec la
vieillerie du soir (issue du tout premier opus "As the Flower Withers") : Erotic Literature. A ma connaissance ce morceau n’est que très peu
joué sur scène et ce fut un immense plaisir que de laisser ma nuque se laisser
capturer par sa rythmique death métallique fleurant bon le début des années 90.
Et d’ailleurs My Dying Bride réussit
toujours son coup lorsque le groupe réinterprète de vieux titres, à savoir
qu’Aaron et sa bande sont toujours parfaitement en phase avec cet esprit et
savent offrir toute la fougue nécessaire.
Le
groupe en revint à son tout nouvel opus avec le contrasté To Shiver in Empty Halls. Assez fidèle à sa version studio, c’est
bel et bien sa seconde moitié qui ressortit du lot (à partir du break) :
Aaron nous offrit une puissance vocale emplie d’émotion et de conviction,
permettant de donner une dimension bien plus profonde au titre. En toute
honnêteté, voilà un extrait qui mérite d’être entendu sur planches ! Et il
ouvrit la voie à l’incontournable The Cry
of Mankind, durant laquelle une pluie de smartphones furent dégainés :
triste époque que la nôtre ! Je me détachai de tout cela pour profiter
pleinement de cet hymne, qui je dois dire m’a semblé légèrement en-deçà de ce
que j’ai pu entendre durant des prestations antérieures. Non pas que cette
version fut désincarnée, mais elle m’a semblé bien moins vécue par Aaron que
d’autres titres de la prestation. Peut-être est-ce une certaine lassitude qui
vient pointer le bout de son nez, ce qui serait parfaitement légitime au vu du
nombre de fois où The Cry of Mankind
a été joué sur scène ! Malgré cette maigre réserve, je fus bien entendu
séduit par ce titre emblématique de My
Dying Bride.
Une
courte pause à peine perceptible (manifestement le temps était compté ce
soir-là) et nous voici arrivés à la dernière ligne droite. Et c’est Like a Perpetual Funeral qui ouvrit la
voie avec sa langueur mélancolique, morceau qui m’a beaucoup touché. Déjà très
juste en studio, il a su se développer sur scène avec aisance et liberté. D’excellente
facture, nos chers Anglais auront brillé (si-je puis dire) dans ce climat
funéraire de toute beauté, comme vous pouvez l’entendre sur cette troisième et
dernière vidéo :
Puis
l’agressivité et la noirceur vinrent clôturer cette nuit en compagnie de My Dying Bride avec brio (comme à
chaque fois avec She is the Dark) :
fougue et détermination auront eu raison de nos âmes damnées, condamnées à
l’éternelle tristesse…
Vous
l’aurez déjà perçu dans notre propos, My
Dying Bride aura offert une prestation à sa mesure, à la fois généreuse et
éclectique. Piochant dans l’ensemble de sa discographie (même si l’excellent
"The Dreadful Hours"
manquait à l’appel), le groupe a présenté une aisance et une maitrise implorant
respect et admiration.
Quant
à Aaron, notre très cher Aaron, il m’aura impressionné avec sa palette vocale
parfaitement maniée, alternant tous les registres exigés sans la moindre
faille. Et j’ai d’ailleurs remarqué que sa posture a évolué avec le temps,
gagnant en sobriété mais ne perdant pas pour autant la moindre profondeur.
Etant au second rang, j’ai pu longuement scruter son regard, y percevant une
introspection réelle même si par ailleurs théâtralisée. Pour autant, j’y ressens
toujours une authenticité difficile à contredire selon moi.
La
dernière heure de My Dying Bride est
loin d’avoir sonné et j’y ai une fois de plus trouvé une vivacité rassurante
quant aux années à venir !
Set-list My Dying Bride :
1) Your River
2) From Darkest Skies
3) And My Father Left Forever
4) My Body, a Funeral
5) Feel the Misery
6) Thy Raven Wings
7) The Prize of Beauty
8) Erotic Literature
9) To Shiver in Empty Halls
10) The Cry of Mankind
Encore :
11) Like a Perpetual Funeral
12) She is the Dark
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Avril 2016,
Rédigé par Vlad Tepes.
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