(Par Vivine Lilith)
Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
Avril 2007 | LP | Prophecy Productions | Dark Gothic Alternative rock | Angleterre |
Track-list :
1) Redemption 2) Another Face in a Window 3) Ghosts 4) The Freak Show 5) Landlocked 6) Conspire 7) Leaving Eden 8) The Immaculate Misconception 9) Fighting For A Lost Cause Pour écouter l'album dans son intégralité, cliquez ici : YouTube prophecyBC |
Line-up de l'album :
Mick Moss : Voix, guitares acoustique/électrique, synthé additionnel. |
Membres additionnels :
Rachel Brewster : Violons (sur Fighting for a Lost Cause). Danny Cavanagh : Guitare, piano, et synthé additionnel (sur Landlocked). Gavin Attard : Synthé additionnel (sur Another face in a window). |
Here I am... Leaving Eden ...
Très chers, laissez-moi prendre votre
main et vous guider doucement vers cet antre sombre et profond. Vous sentirez
alors en entrant cette chaleur pesante, presque étouffante, émise par ces candélabres,
dont la seule lumière tamisée caresse, telle la douceur du velours, votre peau
petit à petit, en vous laissant la chair de poule.
Installez-vous confortablement car le
rideau tombé, ce sublime opus se dévoile à vos yeux si frêles. “Leaving Eden” des majestueux Antimatter brille tel un joyau dans son
écrin. Il est le quatrième album élaboré si soigneusement par un homme
remarquable, à la voix unique, suave et pénétrante, Mick Moss. Cet opus ne pourrait laisser personne indifférent, il
est juste démentiel de par ses vibrations résonnantes...
1.
Pour introduire Antimatter…
Antimatter est un groupe formé par Duncan Patterson (ancien membre d’Anathema)
et Mick Moss. Ensemble, ils sortent
trois albums : "Saviour" (2001),
"Lights out" (2003) et "Planetary Confinment" (2005).
Les deux premiers albums sont un
mélange de mélodies vocales féminines et de sombres parties électroniques,
formant une sorte de “Dark wave” entre le gothique et la trip-hop. “Planetary Confinment” se démarque par un
son plus acoustique et épuré. Juste après la sortie de ce dernier, Duncan
Patterson quitte le groupe pour un projet solo Íon, tout aussi remarquable.
Mick Moss a récemment supervisé 10 ans
de rétrospective, en sortant en 2010 quatre disques : “Alternative Matter”. Mais bien avant celui-ci, il y a eu deux
albums live : "Live @ K13"
(2003, enregistré à Lille) et "Live
@ An Club" (2009, enregistré à Athènes).
En 2003, Mick Moss décide, par la même
occasion, de sortir un album spécial contenant des concerts, des démos et des
titres acoustiques divers : “Unreleased
(1998-2004)”. De quoi laisser une trace originale et assez complète de cet
artiste aux milles et une facettes. Tout ceci pour le plus grand bonheur de ses
fans...
Mick MOSS, se retrouvant seul, sort enfin
son quatrième album "Leaving Eden".
Le groupe se classe alors dans la catégorie “Dark Gothic acoustic electro
rock”. Composé seul, il abandonne alors encore plus le côté électronique des
premiers albums, et donne aux guitares électriques et acoustiques une place
bien plus importante.
Il me tarde découvrir son dernier opus,
dont la sortie était enfin annoncée le 23 novembre 2012. Une nouvelle inespérée,
et pourtant tant attendue, de son cinquième album “Fear of a Unique Identity”.
2.
Entrer dans l’Eden…
Ecoutez cette première mélopée qu’est Redemption. Ressentez cette lente, mais
si douce montée en puissance. Ces rythmes qui balaient l’air pesant,
poignardant votre cœur si fragile de par ses sons acoustiques. Ces paroles de
doute : «... And I never thought that this
could come back, I failed to do it right...». Ces paroles d’interrogation : «... Who lifts the sin from the man ? From the corner of the ring we gave up,
The optimist had died, leaving the black side to tow the line...». Ces solos de guitare électrique qui
surgissent et qui me glacent les sangs ; ces échos et ces refrains déchirants
me surprennent. «...Who is the
sin from the man, who is the sin ? Looks like it's gonna be another one of
those rainy days again...». Me
voilà pénétrée directement dans le vif du sujet : la mélancolie.
La seconde s’enchaîne, me laissant des
frissons et la gorge serrée... Another
face in a window. La voix bouleversante de Mick Moss ne me laisse pas de
glace. Au contraire, elle m’enveloppe de façon si saisissante. Impossible de me
lever, de bouger... « They're all
the same, assimilated. And here am I born of a lost cause... » ; «... I tried to save my inner sanctum...». Ces violons mélancoliques entendus
après les deux premières minutes surgissent, telle une caresse. Et d’un seul
coup, les rythmes accélèrent doucement, encore cette puissance qui fait accentuer
les battements de mon cœur, telle une claque qui vous réveille enfin, et vous
ouvre les yeux sur ce monde ô combien virtuel... « I don’t wanna be another face in a window. Seeing life through a
screen, bathed in a warm glow. Fade like so ...». Etre unique, avoir sa propre
identité, là est le sentiment que j’ai éprouvé. Les solos du synthé de Gavin
Attard m’enivrent doucement et résonnent en moi... Les drums s’activent et les guitares
électriques me saisissent tels des échos sombres et puissants qui résonnent
encore plus... Mon cœur a tenu bon mais son rythme se fait de plus en plus
rapide, aussi répétitif et froid que ce refrain : «... Fade like so ...».
Ghosts s’ensuit soudain, tourmentant mon
esprit. Pénétrant mon âme, remuant mes tripes, je me sens apaisée si doucement
par cette délicate mélodie. Telle une berceuse, Antimatter a électrisé ma
matière par ses sublimes solos de guitares acoustiques et électriques. «... Should I wait or let the past just fall ?...». «... Should you try
to realign some day. You may find that there was nothing anyway. Is it me or
did we all get bored insane ?...». Entendez-vous
ces suaves chuchotements acoustiques... «Whispers
are veiled...». Seule, face au monde, je me sens flotter, la sensation de douce
et noire solitude est présente. «... I'm
peering through the holes. Been digging through the dirt...». Et d’un seul coup encore, la voix puissante
et profonde de Mick Moss prend place, m’emporte loin et je laisse derrière moi
le passé pour mieux avancer : «... Trying
to save the small yesterdays...». Et puis sa magnifique voix s’efface aussi
vite...
Le quatrième titre s’offre à moi tel un
précieux présent qui me bouleverse encore davantage... The freak show continue à bercer mes ouïes...
Je me sens toujours flotter entre
différents mondes, totalement perdue mais tellement bien. Peu importe ce qui se
passe autour de moi, cette voix emplie mon être et résonne dans mon esprit
telle une prière d’espoir. Comprenez ces mots : «... Don't retreat
but don't be seen, Let nothing come between, No more lazy days...». Cette tension, encore plus palpable,
n’en est que plus saisissante. C’est un condensé d’atmosphère, de sensibilité
profonde. «...They're nailing up the
coffin but you're smiling as you go Coining in to nothing, it's all part of the
freak show, Walk in my shadow, Ritual exclusion is just a part of everything, And
tolerance depends upon the song you sing, Who's poison arrow ? ...». Ce
cri de désespoir, ou plutôt d’espoir, accompagné de solos majestueusement
électriques remuent mes tripes. Laissez-vous aller, laissez perler cette larmoyante
rosée sur vos joues... La mienne est distincte. «... Now we'll have to find some other way to keep the children safe,
Eve's been at the drawing board to segregate the human race, Falling from an
altercation, you're put in a situation, Denied access to the one thing bound to
stop you going under, Now you'll have to face tomorrow with no hope to beg or
borrow ...». Ma gorge est serrée, tandis que les
sons s’éloignent dans le lointain. Je reprends à peine mon souffle sur cette
fin dantesque, tellement cette beauté mélodieuse m’a parue trop courte.
Presque sans coupure, arrive soudain Landlocked... Fermez les yeux, car ils
sont la fenêtre ouverte sur l’âme...
Le son est encore pesant, mais la
mélodie est tellement agréable que vous vous sentez bien. Je suis séduite par
cette première instrumentale, me laissant voguer tel un vaisseau fantôme sur
des eaux sombres et paisibles. De par ses sons de guitares et de cymbales, je
ressens cette légèreté, cette liberté. Remarquons l’intervention de Danny
Cavanagh (Anathema) sur ce titre ô
combien obscur. Le ton est presque funèbre sur ces dernières notes lentes et
graves. Certes court, ce titre nous fait voyager à travers notre subconscient,
attiré vers d’autres contrées encore inexplorées.
La respiration régulière et lente, je
continue sur le bouleversant titre Conspire.
Mon sang se fige car les mots chantés par Mick Moss prennent tout leur sens. « It's no wonder I'm so cold, A terrible thing I'm
learning as tears are turned to ice...». La
trahison est bien là le thème principal de cette beauté triste... Ces histoires
noires et banales, mais qui touchent au plus profond d’un être quel qui soit.
Chacun y verra son propre vécu : « Have I
wasted a dream ? » ... « These four
walls will be my dreaded foes As I rot here in this hole...». Diantre, ce goût amer me pénètre encore
plus à chaque note jouée. Cette balade acoustique fait place à la déception et
la désillusion. « There'll
be no silent empathy inside, No colour or shades of hope ». En
une seconde, plus aucun bruit. Mes yeux s’ouvrent et mon cœur est poignardé de
plein fouet...
Leaving
Eden, le fabuleux titre éponyme surgit.
Je tremble de frissons entendant cette
voix, si douce et cachée... Ma chanson préférée retentit dans mes veines et
m’électrise aux sons de ces guitares puissantes. Leurs solos électriques me
glacent, mais la chaleur se fait sentir grâce à la voix ardente de Mick Moss.
Ce son couvert me transperce de plein fouet. Les mots me manquent alors, car la
pureté de ses paroles m’emporte encore plus haut vers des cieux incertains. « Put the thorn in my side, the coins on my eyes I'm
not awake, I'm leaving Eden, And all her frozen charms lie cold in my arms...». Totalement
abandonnée sur ce chemin mortuaire, ce mal m’envahit doucement, je ne peux
résister à ce désespoir. «... For in
the back of my mind I always thought I'd find my way to paradise, On I'd walk
to paradise...» ; «... And now there's not much else there
Grace and lies In all how long can you hide, how long ? ...». Comme une fin presque dantesque sur ces
solos de guitares et ces rythmes soutenus. Cette écoute est si puissante
émotionnellement, que vous ne pouvez nier la tristesse qui vous envahit. Ce
titre est comme une suite évidente au précédent Conspire, qui est pourtant déjà tellement bouleversant. Leaving Eden est, pour moi, l’apothéose
de cet opus, c’est une ode à la mélancolie. «...When it
came to my time, oh it took me by surprise. Was it my mistake, or am I born for
giving in ? ...», comme un cri déchirant le crépuscule.
Voilà maintenant que les notes de piano
résonnent sombrement sur le début de The
Immaculate Misconception. Durant pratiquement deux minutes, elles guident mes
pas vers le point de non-retour. Ce second instrumental me paraît indispensable
au précédent titre, puisqu’il mène tout voyageur perdu vers un repaire de
douleurs encore plus profondes, encore plus obituaires. Les notes de piano
s’accélèrent accompagnées de ces chœurs susurrants et envoûtants, telles les
muses des cieux ombragés. Vous n’êtes plus de ce monde de vivants.... La
guitare électrique poursuit ce périple sans nous laisser reprendre notre
souffle. En effet, il s’est envolé à tout jamais, il vagabonde dans ces abysses
que sont nos pauvres âmes, mises à nues et sans défense, tout comme nos cœurs
perdus dans ces gouffres obscurs. Plus de cinq minutes de bonheur pur, les
notes sont certes moins lourdes, et plus aiguës que sur Landlocked, mais ces solos sont superbement époustouflants. Cet
envol est si merveilleux que je préfère ne plus retoucher Terre... Le silence
est d’or…
En quelques secondes, une note de
guitare acoustique s’invite sur le dernier titre. Diantre, je devine la balade
désespérée... Fighting For a Lost Cause s’annonce enfin. Cette voix
suave me parle, les mots sont négatifs. «
And there it is, as pure as snow, I couldn't see it
for my head was too low, And prying eyes, they stoop too low, Poisoning my
soul, as sanity waits in the gallows...» ; «...Some
things never change in the wings, And as it's your war, There'll be no escape
at all...». Mais
écoutez attentivement, laissez-vous guider par cette voix chaleureuse. Son souffle
chaud est accompagné d’échos troublants. «
Defeated I, fighting for a lost cause, Depleted I,
dying for the wrong cause...».
Silence après quatre minutes. Le violon
se fait entendre. Oyez ces notes sublimes jouées par Rachel Brewster. Ne
tremblez pas, soyez forts, car chers lecteurs, vos tripes seront retournées à
tout jamais. Et vous deviendrez accrocs à Antimatter, car cette mélancolique
mélodie est reconnaissable entre toutes... Ce titre est très court évidemment,
mais tellement puissant. L’émotion est encore une fois tellement palpable... Ses
mots sont froids, mais sa mélopée réchauffe nos pauvres âmes meurtries à tout
jamais. Silence... Vous succombez sur ces dernières notes de guitare acoustique,
lentes et pesantes.
Cet album est incroyablement parfait,
reflétant les douleurs les plus abyssales des esprits de chacun d’entre nous.
Il s’en dégage une parfaite harmonie symphoniquement noire et accablante. Mick Moss
a élaboré un chef-d’œuvre unique, dramatique et déconcertant. Ce joyau est d’une
douce noirceur poétique que je ne me lasse d’écouter en boucle. En oyant cette
douceur, notre matière se décompose et Antimatter
prend place à tout jamais.
Sources :
Liens
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