Peter Beste - "True Norwegian Black Metal" (2008)
(par Gwenn)
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Là, si
ça n’est pas une manière forte d’aborder cette série de chroniques littéraires
autour du Black Metal, je ne saurai ce qu’il vous faut ensuite. Qui ne connaît
pas ce bouquin imposant, lourd, grand et dont la couverture fera office de
dissuasif puissant anti-cambriolage… Tout un poème, ce livre. Paru en 2008 chez
Vice, c’est le premier livre
réellement illustré à ma connaissance, qui voit le jour à niveau international.
Le feu
prend rapidement et l’attractivité de la couverture fait grincer les dents ou
provoque une admiration fascinée. En effet, on a ici vêtu de ses plus beaux
accessoires, Nattefrost (leader du
fameux Carpathian Forest)
brandissant avec un tact non dissimulé tout le symbole apparent du Black Metal,
à savoir cette fameuse croix retournée. Evidemment la photo non seulement est
magnifique, mais a le mérite d’être complètement présente, d’une force inégalée
encore alors que la majorité d’entre nous ne connaissaient que les clichés un
peu brumeux de concerts à l’ambiance moite… ou encore les pochettes Old-School
forgées par des visages corpsepaintés contrastés à leur maximum. Et !!
Et !! C’est ici que sieur PeterBeste a du talent. Il saura conserver au fil des pages l’esprit
« ninetees » du Black Metal, c’est-à-dire sans aller dans du
18MPixels trop net ou trop propre. Et ma foi ça a dû être un exercice
fâcheusement délicat.
Né en
1978 au Texas, Peter Beste se
considère comme ayant été un peu en retrait de la culture Black Metal jusqu’à
l’entame du projet photos qui a duré apparemment 7 ans. Il n’est pour autant
autodidacte, un diplôme photos en poche. Des circonstances particulières aidantes
lui ont permis d’aller au bout de son projet qui se présente en deux versions à
ma connaissance, bien qu’il soit possible de le commander également dédicacé.
La version collector éditée à 1000 exemplaires se présente en coffret
comportant des tirages photos ainsi que le livre lui-même. Pour la moitié de
son prix il est possible de se procurer le bouquin qui ma foi (parce que je
n’ai pas l’autre…) se suffit à lui-même. J’ai dû l’avoir pour une quarantaine
d’euros, un truc comme ça. En effet le livre est très complet. Photos grand
format évidemment, sans fioriture, et du texte mais disséminé de part et
d’autre du livre, adroitement mis en page. On peut sentir que l’auteur s’adresse
aussi à des gens qui ne connaissent pas le Black Metal ce qui ma foi n’est pas
idiot. Il refait le point sur son parcours, décrit objectivement l’historique
du courant et appose en fin de livre quelques documents datant des premières
années norvégiennes (le feu aux poudres créé par la médiatisation des incendies
d’églises). Coupures de journaux, affiches de concerts faites à la main ;
des reliques, en somme.
Les
photos, autant dans la chronologie de leur présentation que des
« tronches » choisies, sont il faut l’avouer, représentatives à 100%
du mouvement Black Metal. Même les dit « puristes » se passeront de
remarques sarcastiques quand à ce nouvel aspect « tendance » du Black
Metal. Le choix des musiciens (les plus populaires et norvégiens) n’est pas
innocent au succès du livre. Gaahl, Infernus, Frost, Ravn, Valfar… tous se sont prêtés
généreusement au jeu. « Les black
metalleux ne sont pas si extrêmes dans le vie de tous les jours qu’on peut le penser », dira
l’auteur dans une interview. «… ils sont
même pour la plupart très sympas ».
Les
clichés s’articulent autour du concept même Black Metal à savoir les
oppositions, inversions, jeux de dégradés noirs, blancs, rouges. De nombreuses
photos de paysages norvégiens viennent appuyer ce lien omniprésent, très fort,
entre musique et nature.
Peter Beste sort
son bouquin en même temps que le film "Until
de Light Takes Us" d’Aaron Aites et Audrey Ewell. Ce long métrage
présente déjà un rapport prononcé entre expression artistique et musique dite
« primitive » par l’intervention du peintre Bjarne Melgaard. La seule
chose sur laquelle j’ai quand même envie d’émettre un
avis quelque peu critique, est qu’apparemment, seuls les américains se
« permettent » de regarder, d’interpréter, de reprendre la culture
Black Metal à la manière du dressage d’une bête de cirque. C’est intéressant,
certes, mais aussi rigolo de les entendre dire « haaa, regardez ce très
fort lien avec le déchaînement des éléments… cette façon de se révolter contre
l’envahissement de la société de consommation » (dont les précurseurs sont
où ?).
Je vois
donc ce livre comme une réponse au Black Metal. Peter Beste (inaccessible au possible du moins par mail) dit :
« Ok, vous crachez sur nous, je peux vous prouver que JE vous ai
compris ». Ça prend… et parfois moins si l’on n’accepte pas qu’il reste en
dehors de la communauté Black Metal. Heureusement qu’effectivement le respect,
la solidarité et l’esprit d’entraide y résident.
Actuellement
il travaille sur la culture Rap dans sa ville natale, Houston.
Un
livre évidemment donc d’une grande qualité, validé par la communauté du Metal
extrême car apportant une définition complète et précise du Black Metal dans
son concept.
A avoir absolument, on est d’accord, et… ça fait très bien, dans une bibliothèque *rires*.
A avoir absolument, on est d’accord, et… ça fait très bien, dans une bibliothèque *rires*.
Janvier 2013,
Rédigée par Gwenn.
Rédigée par Gwenn.
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