Once upon atrocity… in Paris – Une conversation avec
Dani Filth
(par Vlad Tepes)
Dani Filth
(par Vlad Tepes)
Cradle of Filth s’apprêtait à sortir son tout nouvel opus lorsqu’a été réalisée cette interview, le très efficace "The Manticore and Other Horrors". Or toute nouvelle œuvre de nos vampires anglais ne peut qu’attiser notre curiosité et provoquer une myriade de questions en notre esprit. Puisque nous sommes curieux et avides chez Psychopathia Melomania, il nous fallait comprendre et sentir ce nouvel opus en allant à la rencontre d’un des plus illustres et impressionnants acteurs de la scène musicale sombrement extrême, le mythique Dani Filth.
Armés de quelques dizaines de questions, je me dirige vers un sobre hôtel parisien accompagné de mon compère Metallic et sa caméra. Sommes-nous déjà sidérés juste avant une telle rencontre ? Oui, je le crois bien…
Vlad Tepes : J’ai une proposition, effectuer l’interview en trois parties : la première concernant le nouvel album ; la seconde concernant Cradle sur scène ; et une troisième partie avec des questions diverses. Nous commençons par le nouvel album ?
Dani Filth : Pourquoi pas.
V.T. : Il se nomme “The Manticore and Other Horrors” et sort pour Halloween, comme à l’accoutumée. Nous pouvons dire qu’il s’agit de votre dixième album. Pour certains groupes, le chiffre 10 est symbolique, comme une sorte de bilan. Est-il symbolique pour vous ?
D.F. : Je pense que chaque album est symbolique d’une manière ou d’une autre. Certains rétorqueraient qu’il ne s’agit pas de notre dixième album, car certains comptent "Bitter suites to Succubi" ou "Vempire" ou "From the Cradle to Enslave". En effet, pour "Midnight in the Labyrinth" certains journalistes malavisés... car "Midnight in the Labyrinth" a été conçu pour nos fans, et il n’a jamais été question de le publier aussi tardivement qu’il le fut. Nous y avons travaillé entre différents projets et la raison pour laquelle il est sorti cette année est parce que nous avions un peu de temps du fait d’écrire pour le présent album. Profondément enfoui en leur esprit, les gens ont mal interprété et comptent ceci ou cela : "Live bait for the Dead" est un album pour certains. J’ai ainsi oublié qu’il s’agit de notre dixième album, car chaque album est important. Car chaque album a sa propre saveur et sa propre couleur.
V.T. : La manticore, cette bête qui dévore l’Homme, est la muse symbolique de votre nouvel album. Que se cache-t-il derrière cette figure mythologique pour vous ?
D.F. : Lorsque nous écrivions, la chanson s’est présentée elle-même comme un titre-phare. Je ne sais pas pourquoi, c’est un petit peu la même chose que lorsque nous avons fait "Dusk and her Embrace". Avant même d’intituler la chanson ou même savoir ce qui apparaitrait sur le nouvel album, je savais simplement qu’il s’agirait de la chanson principale. Je ne sais pourquoi, et ne sais même pourquoi cela est resté. Mais j’ai passé beaucoup de temps en Inde, et un des aspects de la manticore était que durant l’occupation des provinces indiennes par l’empire britannique, la majorité de la population, la population asiatique était si fervente à être impolie qu’elle l’a perçue comme le lion héraldique, représentant l’empire britannique. Ils ont plus perçu la manticore comme une bête empoisonnante dans le bon sens du terme. Nous avons donc utilisé des aspects qui en sont issus, et c’est pourquoi la chanson elle-même comporte du sitar ainsi que d’autres instruments d’inspiration indienne. Mais cela est métaphorique pour… nous la percevons comme une déesse de la mort. Il existe plusieurs variantes de la manticore, certains la considérant comme un métamorphe, d’autres pensent qu’elle a un visage masculin ou bien une continence féminine ; d’autres disent qu’elle possède trente pieds ou de grandes ailes, et toute sorte de représentations. Mais il semble approprié, si l’on considère l’album comme une collection d’histoires courtes ou de titres vaguement reliés les uns aux autres – plutôt que comme un concept complet – aboutit au titre "The Manticore and Other Horrors" tout comme nous pourrions avoir "The raven and other stories".
V.T. : Pour vous, la manticore est une représentation féminine, ou pourrait-elle être tant féminine que masculine ?
D.F. : Je préfère qu’elle soit féminine. Je préfère les femmes aux hommes ! J’aime les femmes.
V.T. : Car dans la discographie de Cradle of Filth la femme est capitale. Je l’y perçois comme un symbole de cruauté et de pouvoir. Quelle est la différence entre la manticore et par exemple Lilith, Elisabeth Báthory ainsi que toutes les femmes qui hantent votre discographie ?
D.F. : Je pense qu’elles partagent toutes le même maquillage de base ; je ne parle pas de maquillage en tant que tel, mais bien d’essence. Elles constituent toutes de puissants archétypes, des figures de déesses en directe rivalité avec Dieu – Dieu étant toujours associé à une imagerie masculine – et l’aversion/perversion. Mais il y a ici cette idée de faire croitre, très proche de l’idée de la Mère-Nature, donc un aspect destructif et en même temps une métaphore de création et de renaissance. Et si vous le regardez de manière assez basique, un archétype féminin est bien plus beau à regarder, une plus belle chose qu’un homme chevelu.
V.T. : Peut-être s’agit-il d’une question trop ouverte, mais pourquoi dans la discographie filthienne trouvons-nous cette obsession de la femme ? Comment l’expliquez-vous ?
D.F. : Et bien je viens de l’expliquer. Je pense juste que cet archétype au départ avec Lilith… Nous avons offert à Lilith tout un concept-album uniquement récemment. Mais si l’on regarde en arrière jusqu’à nos démos, jusqu’à "The principle of evil made flesh", Lilith y a constitué un puissant personnage. S’il ne s’agit pas de Lilith, c’est Hecate ; si ce n’est pas Hecate, il s’agit de Cybèle. Toutes les religions ont eu ses propres aspects féminins en relation directe avec le poids masculin du nombre, et les deux interagissent réciproquement. Donc je le perçois comme une métaphore ainsi qu’un archétype de la Voie de la Main Gauche. C’est quelque chose que je peux mettre en relation avec la moralité normale consistant à représenter la tête de Dieu au travers d’une entité masculine – Buddha, Krishna ou bien le Christ ou Mahomet. Il me semble que cela a toujours à voir avec une certaine anarchie, une sorte d’anti-ordre établi. Je suppose que cela a à voir avec la rébellion.
V.T. : Il s’agit d’un point de vue intéressant. Concernant le nouvel album, avec quel album passé vous semble-t-il lié ?
D.F. : Je pense qu’il existe en tant que tel mais la maison de disques, dans leur biographie, l’ont relié à "Midian", tout comme certaines personnes l’ayant écouté. Je comprends pourquoi, pas tant musicalement mais plutôt le fait que le thème central est relié à un ensemble de satellites, où chaque chanson est une histoire d’horreur en tant que telle. Et en raison de cela, je pense que cet album peut ou pourrait être rapproché de nos débuts comme "The principle of evil made flesh", du fait de la nature de certains riffs et les structures également.
V.T. : Il est donc frais et nouveau ?
D.F. : Hum hum.
V.T. : Sur les clichés-promo du nouvel album, le groupe apparait au travers de trois personnes : vous, Paul et Marthus. Cela signifie-t-il que cet album a été construit par trois personnes ?
D.F. : Oui c’est exact, il a été écrit par trois personnes, même si nous avons toujours James et Caroline. Et nous avons un nouveau bassiste qui a joué sur l’album.
V.T. : Daniel Firth ?
D.F. : Dani Firth, c’est son nom. En fait, son vrai nom est Daniel mais se fait surnommer Dani. J’ai un autre ami qui s’appelle Dani Finch, et nous avons pensé à démarrer un nouveau groupe qui s’appellerait "Les 3 Danis". Je dois juste changer mon nom en Daniel ou quelque chose comme ça ! (rires) Le cœur structurel de cet album consiste en trois personnes, et Marthus a également fait les orchestrations sur cet album.
V.T. : C’est nouveau ?
D.F. : Oui mais il y a des éléments sur cet album auxquels nous avons tous contribué, notamment en termes de structure, certains effets sonores, l’idéologie et diverses idées. C’est pourquoi nous avons décidé d’uniquement faire apparaître nous trois.
V.T. : Daniel Firth était-il un fan de longue date du groupe avant d’intégrer Cradle of Filth ?
D.F. : Je ne sais pas s’il était un fan absolu du groupe. Il aime le groupe et est dans Man Must Die. Il fait également partie, ce dont j’étais ravi, d’un groupe de covers des Misfits qui s’appelle Devilock. Et la raison pour laquelle il fut invité à jouer sur l’album est parce que le producteur Scott Atkins a travaillé par le passé avec son groupe et nous a dit : « Je connais ce bassiste et son style rappelle celui de Dave ». Jusqu’à présent, Dave n’a plus écrit pour le groupe depuis 3 ou 4 albums, et est plus comme un musicien de session. Avec cela en tête, pendant que nous écrivions l’album, il avait assez de travail avec Prong en allant faire une tournée nord-américaine, en premier lieu une tournée européenne. Et nous devions être en studio durant cette durée-ci. Donc il s’agissait de se dire : « Trouvons quelqu’un d’autre rapidement ».
V.T. : Pourquoi Dave Pybus a quitté le groupe ?
D.F. : Pour cette raison précise, car il s’éloignait progressivement du groupe. Tout est apaisé entre nous, il n’y a eu aucune mise à la porte ou aucun adieu. Car il a toujours été bien plus un musicien de session qu’un membre permanent, même s’il a été dans le groupe durant un long laps de temps. Il a fait du business, était DJ auparavant et jouait également dans d’autres groupes. Donc avec cela en tête, qu’il aille jouer pour Prong a vraiment fait sens. Et je pense qu’injecter du sang frais est une bonne chose par ailleurs.
V.T. : Comment expliquez-vous que l’esprit de Cradle of Filth soit resté le même au fil des années, malgré les changements de line-up ?
D.F. : Car nous possédons une puissante force directrice. Et je pense que si tout le monde quittait le groupe, le logo se verrait probablement pousser des pattes et fuirait pour former son propre groupe. (rires) Il semble que les choses se maintiennent en dépit de qui est dans le groupe. Nous avons été questionnés là-dessus à plusieurs reprises, car d’album en album vous pouvez dire « Ca c’est Cradle of Filth » en dépit de qui est dans le groupe.
V.T. : L’esprit reste donc identique ?
D.F. : Oui.
V.T. : Vous vous apprêtez à débuter une tournée européenne qui ne passe pas par Paris je pense.
D.F. : Il n’y a également qu’une seule date en Angleterre. Il y en a 4 en Espagne. Il y en a 2 en Finlande, une en Biélorussie et en Ukraine, 2 en Pologne. C’est un package promotionnel incluant God Seed et Rotting Christ initialement. Et c’est ainsi que les choses se sont déroulées. Mais cela signifie que l’année prochaine nous serons prêts à revenir et effectuer une seconde tournée européenne. Car il y a plein d’autres villes en dehors de Paris où nous souhaitons jouer : Toulouse, Strasbourg, Marseille, Clermont-Ferrand, Lille… Soit des lieux où nous avons déjà joués et où nous souhaitons vraiment revenir. Tout comme en Angleterre d’ailleurs, nous souhaitons y faire bien plus que Londres. Nous allons bientôt jouer dans un autre endroit en France.
V.T. : Montpellier ?
D.F. : Montpellier oui. Cela va être difficile pour les parisiens d’y venir pour ensuite retourner en train. C’est exactement le même problème qu’en Angleterre où des gens vont venir de Manchester ou d’ailleurs pour venir à Londres pour ensuite rentrer chez eux. Nous étions lundi à Bruxelles et certains nous ont dit « Nous souhaitons que vous jouiez en Ancienne-Belgique » et nous leur répondions « Nous ne savons pas ». Nous allons jouer dans environ 80 lieux par ailleurs. Donc laissez-nous l’opportunité de faire une seconde tournée l’année prochaine.
V.T. : Il n’y a donc pas de problème avec Paris ?
D.F. : Non, mon Dieu non. Excepté le fait que l’Elysée-Montmartre ait été réduit en cendres.
V.T. : Je vous suis depuis la tournée de "Cruelty and the Beast" et à chaque fois vous faites une tournée européenne. Mais pour "Darkly, Darkly, Venus aversa", il n’y en a pas eu.
D.F. : Nous n’avons eu que peu de temps pour cet album. Nous avons en fait joué autant que nous le faisons d’habitude : nous avons fait 4 tournées sud-américaines ; nous avons effectué une très importante tournée nord-américaine ainsi que le Canada si mes souvenirs sont bons. Nous avons été en Inde. Nous avons fait une tournée de deux semaines en Russie. Oui, nous avons beaucoup joué pour promouvoir cet album. Et nous avons également fait pas mal de festivals européens l’année dernière, ce qui peut interférer avec une autre tournée. Je ne sais pas pourquoi mais les choses sont ainsi faites. Et c’est également pour cela que nous allons tourner massivement pour cet album. Il n’y a pas d’autre raison à cela, car nous avons les festivals estivaux et ne pouvions donc entamer une tournée européenne. C’est donc parti pour un nouvel album. Nous avons pas mal d’idées en plein essor, c’est donc de là que cela provient.
V.T. : Pour la prochaine tournée européenne, y aura-t-il quelques surprises dans la set-list ? Par exemple de vieux titres qui referaient surface ?
D.F. : Nous en parlions avec Marthus et nous disions que nous voulions mélanger quelque peu les choses, soit inclure dans la set-list de vieux titres que nous n’avons pas joué récemment. Jouer par exemple quatre ou cinq morceaux du nouvel album. Quand nous rentrerons en Angleterre, nous allons tourner durant deux jours une vidéo pour Frost on her pillow samedi prochain en revenant de Berlin. Puis notre attention se focalisera, après en avoir terminé avec la presse, nous allons nous mettre au travail pour les concerts à venir. Nous avons des choses de prévues, et nous pouvons bousculer un petit peu les choses, plutôt dans la direction d’une présentation et de certaines idées : des projections, un film, des accessoires et des costumes.
V.T. : Ça va être génial !
D.F. : Ça va être génial.
V.T. : Au sujet de "Midnight in the Labyrinth", j’avoue avoir été surpris par son contenu, car je m’attendais à l’utilisation d’un orchestre comme ce fut le cas pour “Damnation and a Day”. Toutefois, vous avez choisi une approche plus minimaliste. Pourquoi un tel choix ?
D.F. : Car cela aurait coûté une fortune… Lorsque nous avons fait “Damnation and a Day”, c’était bien avant Dimmu Borgir et Moonspell – même si nous les adorons – et tout un tas de groupes usant d’orchestres. Nous avions 100 personnes et nous avons été à Budapest. Le tout a été filmé pour la télévision et cela a coûté très cher. Donc pour un projet d’une telle ampleur, ainsi que pour le peu de temps dont nous disposions, cela aurait été grotesque. A un moment donné, nous avions pour ambition de filmer le tout en noir et blanc, ce qui revient au domaine public, mais même cela est devenu un vrai cauchemar ; car dans certains pays on peut l’utiliser mais pas dans d’autres. Au final, nous avons donc décidé de réserver "Midnight in the Labyrinth" à nos fans exclusivement. C’est une de ces choses, un de ces systèmes – tels que les efforts massifs mis dans "The Gospel of Filth" ou "Cradle of Fear" – que tout groupe ne souhaite pas faire à nouveau, même dans un autre domaine.
V.T. : Il n’y a donc aucune chance de voir un jour le groupe sur scène accompagné d’un orchestre ?
D.F. : Cela n’a jamais été éliminé. Le dernier membre vivant de la lignée des Báthory, qui s’appelle Dennis Báthory-Kitsz et vit au Canada, essaie ou a essayé… Il a construit un opéra sur Elisabeth Báthory et essaie de nous y faire jouer, pour effectuer une sorte d’évènement thématique dans un de ses châteaux, avec lui conduisant l’opéra et nous jouant “Cruelty and the Beast”. Il est le dernier survivant de la famille et a été en République Tchèque, et tente d’obtenir les permissions nécessaires pour le faire. Donc si cela a lieu, ce serait génial.
V.T. : C’est un de mes plus grands rêves je dois bien avouer. J’espère que cela se réalisera.
D.F. : Ce serait cool.
V.T. : Concernant les critiques…
D.F. : Le cricket ? (rires)
V.T. : Les critiques ! Le groupe a toujours concentré des points de vue très extrêmes, idéalisé d’une part et haït d’autre part. Comment l’expliquez-vous ? Est-ce en raison de votre attitude parfois provocatrice ou est-ce une question de succès ?
D.F. : Nous n’avons jamais vraiment cherché à être provocateurs. Mais parfois tu sors parfois de tes gonds verbalement parlant, ce qui est parfois jugé importun et comme tu le dis provocateur. Tu peux par exemple prendre un exemplaire de “Dusk and her Embrace” et t’exclamer « Wow, ce magnifique artwork, ça c’est provocateur ». Cela est en quelque sorte un héritage depuis la création du groupe. Je pense simplement qu’il existe deux faces à une même pièce de monnaie, et c’est parfois ainsi que nous nous sentons. La différence entre “Nymphetamine” et le morceau duquel il est issu en est un parfait exemple.
V.T. : Donc vous ne vous préoccupez pas des critiques ?
D.F. : Plus maintenant, non. J’ai appris après dix albums – je compte donc toutes ces autres sorties – et après me situer sous le regard public qu’il y a bien trop de personnes à devoir contenter et je préfère de loin contenter nos fans et que les détracteurs aillent se faire foutre. Car c’est juste une dépense inutile d’énergie pour le peu de temps que comporte une journée. De plus, je trouve qu’être haï et aimé de manière équivalente n’est pas déplaisant.
V.T. : Retournons à présent en arrière, juste après la sortie de “Dusk and her Embrace”. Vous parliez à l’époque de réaliser un film vampirique autour de l’album. Est-ce quelque chose que vous avez toujours en tête ?
D.F. : C’est le cas. Un de mes meilleurs amis est le petit-fils de Douglas Fairbanks Jr, un de ceux qui ont quasiment fondé Hollywood, et il a récemment obtenu les droits pour porter le nom de la famille. Il a une société de cinéma, appelée Fairbanks Productions, aussi étrange que cela puisse paraitre. Il a trois films en production. Quelques uns sont des films d’horreur, un s’appelant “Decay”, un autre “Kill…”… le nom m’échappe. Un autre est une sorte d’adaptation historique – (long silence) - excuse-moi, j’essayais de me souvenir le nom de cet autre film. Et donc il pourrait y avoir une fracassante collaboration avec lui, mais je ne me suis pas encore rapproché de lui à ce sujet. C’est un bon ami et dirait « Oh génial ! ». Il y a toujours eu en discussion de faire un second "Cradle of Fear", mais le premier film a été fait avec l’aide de seconds couteaux. Principalement, nous avons eu l’aide de personnes qui travaillaient sur "Il faut sauver le soldat Ryan" et ce genre de choses, avec eux travaillant sur différents films et nous les avons embarqués. Ils étaient des amis et ont tous travaillé gratuitement. Ils n’ont été payés que quand le film a rapporté de l’argent, ce qui a été le cas. Mais c’est quelque chose qui ne pourrait pas de nouveau avoir lieu. Et il faudrait, même pour un film bon marché, réunir au moins 2 à 3 millions de dollars. Au minimum, et cela ne vaut que pour un film bon marché.
V.T. : C’est donc très compliqué.
D.F. : C’est excessivement compliqué. Et cela ne pourrait se faire que si nous mettions de côté le groupe une année complète pour s’y consacrer exclusivement, ce qui est absolument hors de question.
V.T. : Certains groupes jouent des albums dans leur intégralité sur scène, comme par exemple Paradise Lost avec “Draconian Times”. Est-ce quelque chose que vous aimeriez faire, pour un album ou un autre ?
D.F. : Si cela peut se produire, ce serait cool oui. L’opportunité ne s’est toutefois pas encore présentée. Mais si quelqu’un souhaite que nous le fassions, qu’il mette de côté les chansons. Mais je dirai que cela est devenu une sorte de mode. Par exemple, Monster Magnet le fait actuellement avec “Spine of God”, et Iron Maiden l’a fait pour “A matter of life and death”. Oui, ce serait possible.
V.T. : Avez-vous des souhaits inexaucés en tant que groupe ?
D.F. : Et bien faire un film de ce type serait manifestement une bonne idée. Et jouer avec un orchestre sur scène serait génial. Nous avons toujours voulu faire comme une sorte de messe noire où des gens, une élite, uniquement quelques centaines de personnes que nous aurions choisies ou les gagnants d’une compétition, seraient emmenés en train sans savoir où ils iraient. Et ce serait un endroit remarquable comme Cormor ou quelque chose comme ça, avec une véritable atmosphère païenne. Avec des torches ainsi qu’un festin, quelque chose comme ça. Quelque chose dans le style de la Hammer, nous avons toujours voulu faire quelque chose comme ça.
V.T. : C’est une excellente idée.
D.F. : Ce serait exceptionnel. Et ces personnes se retrouveraient à un certain endroit et un train serait loué. Et ce serait vraiment génial.
V.T. : Je le pense aussi. Caroline Campbell est toujours dans le groupe ?
D.F. : Caroline ?
V.T. : Oui.
D.F. : Oui, elle l’est.
V.T. : Elle m’a beaucoup impressionné sur scène vocalement parlant ainsi qu’aux claviers.
D.F. : Il s’agit au départ d’une bassiste.
V.T. : Une bassiste ?
D.F. : C’est une bassiste et il s’agit de son premier boulot de cœur. Et elle joue avec les gars de Stranguish. Et elle a également été chanteuse de session pour Devin Townsend.
V.T. : C’est une excellente chanteuse.
D.F. : Oui, elle est excellente.
V.T. : Sur "Nymphetamine", elle est excellente. Et va-t-elle potentiellement intégrer le processus d’écriture un jour ?
D.F. : Peut-être, oui peut-être. La raison pour laquelle elle ne fait pas partie du processus d’écriture est parce qu’elle a un side-project. Et nous avons commencé à écrire lorsqu’elle était en tournée avec diverses personnes. Mais oui, nous verrons bien. Nous la voyons samedi car comme je le disais nous tournons une vidéo pour Frost on her pillow. Et elle fera avec nous les apparitions à la télévision et sera en tournée avec nous, aux Etats-Unis. James, Daniel et Caroline sont bien plus comme des musiciens de session. Ils font partie intégrante de la famille mais ont leurs propres groupes. Et ce serait vraiment rude de leur demander de tout laisser tomber. Donc cela arrange chacune des parties.
V.T. : Vous souvenez-vous d’un concert donné l’année dernière dans l’est de la France ? Ce fut un concert très difficile avec des problèmes de son.
D.F. : Où était-ce ?
V.T. : Dans l’est de la France. Le nom était LézArts Scéniques. Ce fut un concert très difficile avec des techniciens incompétents. J’y étais. Il y avait des problèmes avec votre voix. Vous étiez particulièrement en colère et nous également.
D.F. : J’utilise habituellement une oreillette et… c’était un complet désastre. Personne de notre équipe ne pouvait faire ce concert et j’avais dit « Ne faisons pas le concert, nous n’avons personne de notre équipe, personne ne sait ce que nous faisons ». Mais nous l’avons fait quand même et les personnes des autres groupes qui étaient censés le faire ne se sont pas présentées. Et les gars n’avaient pas la moindre idée… je ne m’entendais pas de tout le concert. C’était un complet désastre et j’étais en colère uniquement du fait que nous… nous l’avons fait malgré le fait d’avoir dit que ce n’était pas une bonne idée. J’y étais poussé par le management et la maison de disques. Mais j’ai dit que si cela se reproduit à l’avenir, nous chercherons une nouvelle maison de disques, car nous avons été particulièrement en colère après ça.
V.T. : Pour moi ce fut un véritable sabotage par les techniciens.
D.F. : Tout était chaotique du début à la fin. Mais cela ne se reproduira pas car nous avons une équipe solide. De toute façon nous n’aurions pas dû faire ce concert car nous y avons été ajoutés à la toute dernière minute. Et à ce moment-là, notre équipe était occupée à d’autres choses. Ils travaillent pour nous puis… lorsque nous arrêtons de travailler ensemble, ils ont besoin de continuer de travailler. Ils partent en tournée avec Opeth ou avec Lacuna Coil. Heureusement, la majorité de notre équipe est revenue et elle est solide, ce sont de grands bosseurs. C’est pourquoi cela ne pourrait pas arriver de nouveau, car nous avons actuellement une seconde équipe par ailleurs. Donc si nous avons besoin d’eux, nous pouvons les contacter rapidement.
V.T. : Vous sentez-vous proche de la scène britannique des années 90 : Paradise Lost, My Dying Bride, Anathema ?
D.F. : Nous l’étions à l’époque oui. Nous étions très proches. C’est pour cette raison que nous avons été enregistrer à l’Academy Studio ou chez Dan Sprigg. Car nous aimions “Gothic” de Paradise Lost, et nous aimons toujours cet album. Nous étions bons amis avec Anathema. Quand nous avons tourné avec Emperor, nous sommes restés à plusieurs reprises dans la maison de Darren d’Anathema, leur ancien chanteur. Il s’agit vraiment de la scène de laquelle nous avons émergés. Et je me souviens de ce qui s’appelait le Day of Death, concert où il y avait My Dying Bride, Anathema, nous, Chorus of Ruin. Il s’agissait véritablement de la scène underground britannique, et nous en sommes issus.
V.T. : Je trouve que Cradle est plus proche de cette scène doom/death que du black métal norvégien par exemple.
D.F. : Oui c’est vrai. Je ne sais pas si tu es au courant mais je suis en plein side-project, Temple of the Black Moon. J’ai été en Norvège à plusieurs reprises et je suis très ami avec les gars d’Immortal, God Seed, Taake ou Ihsahn. Et nous travaillions avec Emperor à l’époque et des groupes comme Necromantia. Nous avons tourné avec Moonspell je ne sais combien de fois et nous sommes très proches d’eux. Mais ils ne sont pas britanniques et il n’y a jamais vraiment eu de scène black métallique. Nous avons toujours été isolés. A l’époque des gens tels qu’Ihsahn nous ont d’une certaine manière attaqués en nous disant « Vous n’êtes un vrai groupe de black métal » et ce genre de choses, car nous étions divisés.
V.T. : Pour moi ce n’est pas du black métal, c’est trop complexe pour être du black métal. Il y a trop d’éléments pour nommer votre musique comme du black métal. Il me reste encore deux questions. Quelle est la chose la plus stupide que vous ayez entendu sur Cradle of Filth depuis vos débuts ?
D.F. : Crois-le ou non, mais il y avait cette rumeur d’une vidéo gay qui circulait sur le groupe. C’était assez effrayant, j’étais assez inquiet car des personnes clamaient l’avoir déjà vu. Un soir où nous étions saouls ou est-ce que quelqu’un nous a attaqués ? (rires) Il y a des rumeurs vraiment ridicules selon lesquelles j’étais mort, que je me droguais, que j’étais en fait une femme, que j’étais né dans le sud, que j’étais en fait noir, ou que j’étais juif. Il s’agissait juste de choses stupides dites à mon sujet.
V.T. : Et la chose la plus stupide dite à votre sujet est le contenu soi-disant politique de Cradle of Filth. C’est vraiment stupide.
D.F. : Oui.
V.T. : Et quel est le meilleur compliment que vous ayez entendu sur Cradle of Filth ?
D.F. : Je pense que le meilleur compliment est quand les gens ne nous décrivent pas en référence à quoi que ce soit, disant juste « Ca c’est Cradle of Filth » comme les gens diraient « Ca c’est Iron Maiden » ou bien « Nouvelle vague de heavy métal britannique qui se nomme Iron Maiden ». Ils ne disent pas, en référence à Metallica, « East bay, San Francisco bay, groupe de thrash, rock de stade »… ils disent simplement « C’est Metallica ». Quelques personnes nous ont qualifiés ainsi, et c’est le meilleur compliment qui existe selon moi. Car cela signifie que nous sommes arrivés à un niveau où tu as su forger ta propre identité, par contraste avec des groupes ainsi que des scènes et genres similaires.
V.T. : Pour moi, Cradle fait uniquement du Cradle.
D.F. : Et bien, je l’espère. (rires)
V.T. : C’est donc la fin. Je n’ai qu’une seule chose à dire : Que perdure longtemps Cradle of Filth !
D.F. : Merci !
A présent, si vous souhaitez vous plonger dans cette interview de manière plus directe, je vous donne rendez-vous sur cette vidéo retraçant l’intégralité du propos de Dani Filth, agrémenté de quelques anecdotes et imprévisibilités !
Cette vidéo est le fruit d’une collaboration entre les membres de la Horde, qui a travaillé d’arrache-pied pour vous réaliser la meilleure vidéo possible. En voici les détails :
Cette interview est la seconde à être réalisée par la Horde, mais demeure la première qui aura demandé tant d’efforts de notre part. Ce fut un véritable défi qui aura exigé un travail de passionné(s), dans le but de demeurer le plus complet possible, en attestent les trop nombreuses questions préparées pour l’occasion. Car sachez que moins d’un tiers de celles-ci ont été posées lors de cet entretien, et je possédais suffisamment de questions pour que celui-ci dure quelques heures !
Le stress fut très intense à l’approche de cet événement, autant dire la plus importante interview que je puisse réaliser tous artistes confondus. J’y ai donc mis toutes mes tripes de mélomane filthien, en écho au vieux t-shirt sorti pour l’occasion (le Black goddess rises de 1996), ce que Dani Filth remarquera, clamant un « C’est un très vieux t-shirt ! ».
La longueur de l’entretien fut assez atypique, dépassant allègrement ce qui était convenu au départ. Cela aura été permis du fait que Dani Filth semble avoir apprécié cet échange, sentant bien à qui il avait à faire… soit un pur acharné de l’Art Filthien ! D’ailleurs, le sieur nous aura salués à plusieurs reprises en quittant cet hôtel parisien, en signe de reconnaissance me semble-t-il.
Le contenu est tout aussi atypique, car prenant le parti de se focaliser certes sur le nouvel opus, mais surtout sur tout un ensemble de points relatifs à l’histoire du groupe. Car il ne demeure pas juste de ne pas inclure le dernier opus dans l’œuvre cradelienne dans toute sa diversité et sa complexité.
I. Filthy words…
Armés de quelques dizaines de questions, je me dirige vers un sobre hôtel parisien accompagné de mon compère Metallic et sa caméra. Sommes-nous déjà sidérés juste avant une telle rencontre ? Oui, je le crois bien…
1. La manticore et autres entités féminines…
Vlad Tepes : J’ai une proposition, effectuer l’interview en trois parties : la première concernant le nouvel album ; la seconde concernant Cradle sur scène ; et une troisième partie avec des questions diverses. Nous commençons par le nouvel album ?
Dani Filth : Pourquoi pas.
V.T. : Il se nomme “The Manticore and Other Horrors” et sort pour Halloween, comme à l’accoutumée. Nous pouvons dire qu’il s’agit de votre dixième album. Pour certains groupes, le chiffre 10 est symbolique, comme une sorte de bilan. Est-il symbolique pour vous ?
D.F. : Je pense que chaque album est symbolique d’une manière ou d’une autre. Certains rétorqueraient qu’il ne s’agit pas de notre dixième album, car certains comptent "Bitter suites to Succubi" ou "Vempire" ou "From the Cradle to Enslave". En effet, pour "Midnight in the Labyrinth" certains journalistes malavisés... car "Midnight in the Labyrinth" a été conçu pour nos fans, et il n’a jamais été question de le publier aussi tardivement qu’il le fut. Nous y avons travaillé entre différents projets et la raison pour laquelle il est sorti cette année est parce que nous avions un peu de temps du fait d’écrire pour le présent album. Profondément enfoui en leur esprit, les gens ont mal interprété et comptent ceci ou cela : "Live bait for the Dead" est un album pour certains. J’ai ainsi oublié qu’il s’agit de notre dixième album, car chaque album est important. Car chaque album a sa propre saveur et sa propre couleur.
V.T. : La manticore, cette bête qui dévore l’Homme, est la muse symbolique de votre nouvel album. Que se cache-t-il derrière cette figure mythologique pour vous ?
D.F. : Lorsque nous écrivions, la chanson s’est présentée elle-même comme un titre-phare. Je ne sais pas pourquoi, c’est un petit peu la même chose que lorsque nous avons fait "Dusk and her Embrace". Avant même d’intituler la chanson ou même savoir ce qui apparaitrait sur le nouvel album, je savais simplement qu’il s’agirait de la chanson principale. Je ne sais pourquoi, et ne sais même pourquoi cela est resté. Mais j’ai passé beaucoup de temps en Inde, et un des aspects de la manticore était que durant l’occupation des provinces indiennes par l’empire britannique, la majorité de la population, la population asiatique était si fervente à être impolie qu’elle l’a perçue comme le lion héraldique, représentant l’empire britannique. Ils ont plus perçu la manticore comme une bête empoisonnante dans le bon sens du terme. Nous avons donc utilisé des aspects qui en sont issus, et c’est pourquoi la chanson elle-même comporte du sitar ainsi que d’autres instruments d’inspiration indienne. Mais cela est métaphorique pour… nous la percevons comme une déesse de la mort. Il existe plusieurs variantes de la manticore, certains la considérant comme un métamorphe, d’autres pensent qu’elle a un visage masculin ou bien une continence féminine ; d’autres disent qu’elle possède trente pieds ou de grandes ailes, et toute sorte de représentations. Mais il semble approprié, si l’on considère l’album comme une collection d’histoires courtes ou de titres vaguement reliés les uns aux autres – plutôt que comme un concept complet – aboutit au titre "The Manticore and Other Horrors" tout comme nous pourrions avoir "The raven and other stories".
V.T. : Pour vous, la manticore est une représentation féminine, ou pourrait-elle être tant féminine que masculine ?
D.F. : Je préfère qu’elle soit féminine. Je préfère les femmes aux hommes ! J’aime les femmes.
V.T. : Car dans la discographie de Cradle of Filth la femme est capitale. Je l’y perçois comme un symbole de cruauté et de pouvoir. Quelle est la différence entre la manticore et par exemple Lilith, Elisabeth Báthory ainsi que toutes les femmes qui hantent votre discographie ?
D.F. : Je pense qu’elles partagent toutes le même maquillage de base ; je ne parle pas de maquillage en tant que tel, mais bien d’essence. Elles constituent toutes de puissants archétypes, des figures de déesses en directe rivalité avec Dieu – Dieu étant toujours associé à une imagerie masculine – et l’aversion/perversion. Mais il y a ici cette idée de faire croitre, très proche de l’idée de la Mère-Nature, donc un aspect destructif et en même temps une métaphore de création et de renaissance. Et si vous le regardez de manière assez basique, un archétype féminin est bien plus beau à regarder, une plus belle chose qu’un homme chevelu.
V.T. : Peut-être s’agit-il d’une question trop ouverte, mais pourquoi dans la discographie filthienne trouvons-nous cette obsession de la femme ? Comment l’expliquez-vous ?
D.F. : Et bien je viens de l’expliquer. Je pense juste que cet archétype au départ avec Lilith… Nous avons offert à Lilith tout un concept-album uniquement récemment. Mais si l’on regarde en arrière jusqu’à nos démos, jusqu’à "The principle of evil made flesh", Lilith y a constitué un puissant personnage. S’il ne s’agit pas de Lilith, c’est Hecate ; si ce n’est pas Hecate, il s’agit de Cybèle. Toutes les religions ont eu ses propres aspects féminins en relation directe avec le poids masculin du nombre, et les deux interagissent réciproquement. Donc je le perçois comme une métaphore ainsi qu’un archétype de la Voie de la Main Gauche. C’est quelque chose que je peux mettre en relation avec la moralité normale consistant à représenter la tête de Dieu au travers d’une entité masculine – Buddha, Krishna ou bien le Christ ou Mahomet. Il me semble que cela a toujours à voir avec une certaine anarchie, une sorte d’anti-ordre établi. Je suppose que cela a à voir avec la rébellion.
V.T. : Il s’agit d’un point de vue intéressant. Concernant le nouvel album, avec quel album passé vous semble-t-il lié ?
D.F. : Je pense qu’il existe en tant que tel mais la maison de disques, dans leur biographie, l’ont relié à "Midian", tout comme certaines personnes l’ayant écouté. Je comprends pourquoi, pas tant musicalement mais plutôt le fait que le thème central est relié à un ensemble de satellites, où chaque chanson est une histoire d’horreur en tant que telle. Et en raison de cela, je pense que cet album peut ou pourrait être rapproché de nos débuts comme "The principle of evil made flesh", du fait de la nature de certains riffs et les structures également.
V.T. : Il est donc frais et nouveau ?
D.F. : Hum hum.
V.T. : Sur les clichés-promo du nouvel album, le groupe apparait au travers de trois personnes : vous, Paul et Marthus. Cela signifie-t-il que cet album a été construit par trois personnes ?
D.F. : Oui c’est exact, il a été écrit par trois personnes, même si nous avons toujours James et Caroline. Et nous avons un nouveau bassiste qui a joué sur l’album.
V.T. : Daniel Firth ?
D.F. : Dani Firth, c’est son nom. En fait, son vrai nom est Daniel mais se fait surnommer Dani. J’ai un autre ami qui s’appelle Dani Finch, et nous avons pensé à démarrer un nouveau groupe qui s’appellerait "Les 3 Danis". Je dois juste changer mon nom en Daniel ou quelque chose comme ça ! (rires) Le cœur structurel de cet album consiste en trois personnes, et Marthus a également fait les orchestrations sur cet album.
V.T. : C’est nouveau ?
D.F. : Oui mais il y a des éléments sur cet album auxquels nous avons tous contribué, notamment en termes de structure, certains effets sonores, l’idéologie et diverses idées. C’est pourquoi nous avons décidé d’uniquement faire apparaître nous trois.
V.T. : Daniel Firth était-il un fan de longue date du groupe avant d’intégrer Cradle of Filth ?
D.F. : Je ne sais pas s’il était un fan absolu du groupe. Il aime le groupe et est dans Man Must Die. Il fait également partie, ce dont j’étais ravi, d’un groupe de covers des Misfits qui s’appelle Devilock. Et la raison pour laquelle il fut invité à jouer sur l’album est parce que le producteur Scott Atkins a travaillé par le passé avec son groupe et nous a dit : « Je connais ce bassiste et son style rappelle celui de Dave ». Jusqu’à présent, Dave n’a plus écrit pour le groupe depuis 3 ou 4 albums, et est plus comme un musicien de session. Avec cela en tête, pendant que nous écrivions l’album, il avait assez de travail avec Prong en allant faire une tournée nord-américaine, en premier lieu une tournée européenne. Et nous devions être en studio durant cette durée-ci. Donc il s’agissait de se dire : « Trouvons quelqu’un d’autre rapidement ».
V.T. : Pourquoi Dave Pybus a quitté le groupe ?
D.F. : Pour cette raison précise, car il s’éloignait progressivement du groupe. Tout est apaisé entre nous, il n’y a eu aucune mise à la porte ou aucun adieu. Car il a toujours été bien plus un musicien de session qu’un membre permanent, même s’il a été dans le groupe durant un long laps de temps. Il a fait du business, était DJ auparavant et jouait également dans d’autres groupes. Donc avec cela en tête, qu’il aille jouer pour Prong a vraiment fait sens. Et je pense qu’injecter du sang frais est une bonne chose par ailleurs.
V.T. : Comment expliquez-vous que l’esprit de Cradle of Filth soit resté le même au fil des années, malgré les changements de line-up ?
D.F. : Car nous possédons une puissante force directrice. Et je pense que si tout le monde quittait le groupe, le logo se verrait probablement pousser des pattes et fuirait pour former son propre groupe. (rires) Il semble que les choses se maintiennent en dépit de qui est dans le groupe. Nous avons été questionnés là-dessus à plusieurs reprises, car d’album en album vous pouvez dire « Ca c’est Cradle of Filth » en dépit de qui est dans le groupe.
V.T. : L’esprit reste donc identique ?
D.F. : Oui.
2. Blood on stage…
V.T. : Vous vous apprêtez à débuter une tournée européenne qui ne passe pas par Paris je pense.
D.F. : Il n’y a également qu’une seule date en Angleterre. Il y en a 4 en Espagne. Il y en a 2 en Finlande, une en Biélorussie et en Ukraine, 2 en Pologne. C’est un package promotionnel incluant God Seed et Rotting Christ initialement. Et c’est ainsi que les choses se sont déroulées. Mais cela signifie que l’année prochaine nous serons prêts à revenir et effectuer une seconde tournée européenne. Car il y a plein d’autres villes en dehors de Paris où nous souhaitons jouer : Toulouse, Strasbourg, Marseille, Clermont-Ferrand, Lille… Soit des lieux où nous avons déjà joués et où nous souhaitons vraiment revenir. Tout comme en Angleterre d’ailleurs, nous souhaitons y faire bien plus que Londres. Nous allons bientôt jouer dans un autre endroit en France.
V.T. : Montpellier ?
D.F. : Montpellier oui. Cela va être difficile pour les parisiens d’y venir pour ensuite retourner en train. C’est exactement le même problème qu’en Angleterre où des gens vont venir de Manchester ou d’ailleurs pour venir à Londres pour ensuite rentrer chez eux. Nous étions lundi à Bruxelles et certains nous ont dit « Nous souhaitons que vous jouiez en Ancienne-Belgique » et nous leur répondions « Nous ne savons pas ». Nous allons jouer dans environ 80 lieux par ailleurs. Donc laissez-nous l’opportunité de faire une seconde tournée l’année prochaine.
V.T. : Il n’y a donc pas de problème avec Paris ?
D.F. : Non, mon Dieu non. Excepté le fait que l’Elysée-Montmartre ait été réduit en cendres.
V.T. : Je vous suis depuis la tournée de "Cruelty and the Beast" et à chaque fois vous faites une tournée européenne. Mais pour "Darkly, Darkly, Venus aversa", il n’y en a pas eu.
D.F. : Nous n’avons eu que peu de temps pour cet album. Nous avons en fait joué autant que nous le faisons d’habitude : nous avons fait 4 tournées sud-américaines ; nous avons effectué une très importante tournée nord-américaine ainsi que le Canada si mes souvenirs sont bons. Nous avons été en Inde. Nous avons fait une tournée de deux semaines en Russie. Oui, nous avons beaucoup joué pour promouvoir cet album. Et nous avons également fait pas mal de festivals européens l’année dernière, ce qui peut interférer avec une autre tournée. Je ne sais pas pourquoi mais les choses sont ainsi faites. Et c’est également pour cela que nous allons tourner massivement pour cet album. Il n’y a pas d’autre raison à cela, car nous avons les festivals estivaux et ne pouvions donc entamer une tournée européenne. C’est donc parti pour un nouvel album. Nous avons pas mal d’idées en plein essor, c’est donc de là que cela provient.
V.T. : Pour la prochaine tournée européenne, y aura-t-il quelques surprises dans la set-list ? Par exemple de vieux titres qui referaient surface ?
D.F. : Nous en parlions avec Marthus et nous disions que nous voulions mélanger quelque peu les choses, soit inclure dans la set-list de vieux titres que nous n’avons pas joué récemment. Jouer par exemple quatre ou cinq morceaux du nouvel album. Quand nous rentrerons en Angleterre, nous allons tourner durant deux jours une vidéo pour Frost on her pillow samedi prochain en revenant de Berlin. Puis notre attention se focalisera, après en avoir terminé avec la presse, nous allons nous mettre au travail pour les concerts à venir. Nous avons des choses de prévues, et nous pouvons bousculer un petit peu les choses, plutôt dans la direction d’une présentation et de certaines idées : des projections, un film, des accessoires et des costumes.
V.T. : Ça va être génial !
D.F. : Ça va être génial.
V.T. : Au sujet de "Midnight in the Labyrinth", j’avoue avoir été surpris par son contenu, car je m’attendais à l’utilisation d’un orchestre comme ce fut le cas pour “Damnation and a Day”. Toutefois, vous avez choisi une approche plus minimaliste. Pourquoi un tel choix ?
D.F. : Car cela aurait coûté une fortune… Lorsque nous avons fait “Damnation and a Day”, c’était bien avant Dimmu Borgir et Moonspell – même si nous les adorons – et tout un tas de groupes usant d’orchestres. Nous avions 100 personnes et nous avons été à Budapest. Le tout a été filmé pour la télévision et cela a coûté très cher. Donc pour un projet d’une telle ampleur, ainsi que pour le peu de temps dont nous disposions, cela aurait été grotesque. A un moment donné, nous avions pour ambition de filmer le tout en noir et blanc, ce qui revient au domaine public, mais même cela est devenu un vrai cauchemar ; car dans certains pays on peut l’utiliser mais pas dans d’autres. Au final, nous avons donc décidé de réserver "Midnight in the Labyrinth" à nos fans exclusivement. C’est une de ces choses, un de ces systèmes – tels que les efforts massifs mis dans "The Gospel of Filth" ou "Cradle of Fear" – que tout groupe ne souhaite pas faire à nouveau, même dans un autre domaine.
V.T. : Il n’y a donc aucune chance de voir un jour le groupe sur scène accompagné d’un orchestre ?
D.F. : Cela n’a jamais été éliminé. Le dernier membre vivant de la lignée des Báthory, qui s’appelle Dennis Báthory-Kitsz et vit au Canada, essaie ou a essayé… Il a construit un opéra sur Elisabeth Báthory et essaie de nous y faire jouer, pour effectuer une sorte d’évènement thématique dans un de ses châteaux, avec lui conduisant l’opéra et nous jouant “Cruelty and the Beast”. Il est le dernier survivant de la famille et a été en République Tchèque, et tente d’obtenir les permissions nécessaires pour le faire. Donc si cela a lieu, ce serait génial.
V.T. : C’est un de mes plus grands rêves je dois bien avouer. J’espère que cela se réalisera.
D.F. : Ce serait cool.
3. Manticora Diversa…
V.T. : Concernant les critiques…
D.F. : Le cricket ? (rires)
V.T. : Les critiques ! Le groupe a toujours concentré des points de vue très extrêmes, idéalisé d’une part et haït d’autre part. Comment l’expliquez-vous ? Est-ce en raison de votre attitude parfois provocatrice ou est-ce une question de succès ?
D.F. : Nous n’avons jamais vraiment cherché à être provocateurs. Mais parfois tu sors parfois de tes gonds verbalement parlant, ce qui est parfois jugé importun et comme tu le dis provocateur. Tu peux par exemple prendre un exemplaire de “Dusk and her Embrace” et t’exclamer « Wow, ce magnifique artwork, ça c’est provocateur ». Cela est en quelque sorte un héritage depuis la création du groupe. Je pense simplement qu’il existe deux faces à une même pièce de monnaie, et c’est parfois ainsi que nous nous sentons. La différence entre “Nymphetamine” et le morceau duquel il est issu en est un parfait exemple.
V.T. : Donc vous ne vous préoccupez pas des critiques ?
D.F. : Plus maintenant, non. J’ai appris après dix albums – je compte donc toutes ces autres sorties – et après me situer sous le regard public qu’il y a bien trop de personnes à devoir contenter et je préfère de loin contenter nos fans et que les détracteurs aillent se faire foutre. Car c’est juste une dépense inutile d’énergie pour le peu de temps que comporte une journée. De plus, je trouve qu’être haï et aimé de manière équivalente n’est pas déplaisant.
V.T. : Retournons à présent en arrière, juste après la sortie de “Dusk and her Embrace”. Vous parliez à l’époque de réaliser un film vampirique autour de l’album. Est-ce quelque chose que vous avez toujours en tête ?
D.F. : C’est le cas. Un de mes meilleurs amis est le petit-fils de Douglas Fairbanks Jr, un de ceux qui ont quasiment fondé Hollywood, et il a récemment obtenu les droits pour porter le nom de la famille. Il a une société de cinéma, appelée Fairbanks Productions, aussi étrange que cela puisse paraitre. Il a trois films en production. Quelques uns sont des films d’horreur, un s’appelant “Decay”, un autre “Kill…”… le nom m’échappe. Un autre est une sorte d’adaptation historique – (long silence) - excuse-moi, j’essayais de me souvenir le nom de cet autre film. Et donc il pourrait y avoir une fracassante collaboration avec lui, mais je ne me suis pas encore rapproché de lui à ce sujet. C’est un bon ami et dirait « Oh génial ! ». Il y a toujours eu en discussion de faire un second "Cradle of Fear", mais le premier film a été fait avec l’aide de seconds couteaux. Principalement, nous avons eu l’aide de personnes qui travaillaient sur "Il faut sauver le soldat Ryan" et ce genre de choses, avec eux travaillant sur différents films et nous les avons embarqués. Ils étaient des amis et ont tous travaillé gratuitement. Ils n’ont été payés que quand le film a rapporté de l’argent, ce qui a été le cas. Mais c’est quelque chose qui ne pourrait pas de nouveau avoir lieu. Et il faudrait, même pour un film bon marché, réunir au moins 2 à 3 millions de dollars. Au minimum, et cela ne vaut que pour un film bon marché.
V.T. : C’est donc très compliqué.
D.F. : C’est excessivement compliqué. Et cela ne pourrait se faire que si nous mettions de côté le groupe une année complète pour s’y consacrer exclusivement, ce qui est absolument hors de question.
V.T. : Certains groupes jouent des albums dans leur intégralité sur scène, comme par exemple Paradise Lost avec “Draconian Times”. Est-ce quelque chose que vous aimeriez faire, pour un album ou un autre ?
D.F. : Si cela peut se produire, ce serait cool oui. L’opportunité ne s’est toutefois pas encore présentée. Mais si quelqu’un souhaite que nous le fassions, qu’il mette de côté les chansons. Mais je dirai que cela est devenu une sorte de mode. Par exemple, Monster Magnet le fait actuellement avec “Spine of God”, et Iron Maiden l’a fait pour “A matter of life and death”. Oui, ce serait possible.
V.T. : Avez-vous des souhaits inexaucés en tant que groupe ?
D.F. : Et bien faire un film de ce type serait manifestement une bonne idée. Et jouer avec un orchestre sur scène serait génial. Nous avons toujours voulu faire comme une sorte de messe noire où des gens, une élite, uniquement quelques centaines de personnes que nous aurions choisies ou les gagnants d’une compétition, seraient emmenés en train sans savoir où ils iraient. Et ce serait un endroit remarquable comme Cormor ou quelque chose comme ça, avec une véritable atmosphère païenne. Avec des torches ainsi qu’un festin, quelque chose comme ça. Quelque chose dans le style de la Hammer, nous avons toujours voulu faire quelque chose comme ça.
V.T. : C’est une excellente idée.
D.F. : Ce serait exceptionnel. Et ces personnes se retrouveraient à un certain endroit et un train serait loué. Et ce serait vraiment génial.
V.T. : Je le pense aussi. Caroline Campbell est toujours dans le groupe ?
D.F. : Caroline ?
V.T. : Oui.
D.F. : Oui, elle l’est.
V.T. : Elle m’a beaucoup impressionné sur scène vocalement parlant ainsi qu’aux claviers.
D.F. : Il s’agit au départ d’une bassiste.
V.T. : Une bassiste ?
D.F. : C’est une bassiste et il s’agit de son premier boulot de cœur. Et elle joue avec les gars de Stranguish. Et elle a également été chanteuse de session pour Devin Townsend.
V.T. : C’est une excellente chanteuse.
D.F. : Oui, elle est excellente.
V.T. : Sur "Nymphetamine", elle est excellente. Et va-t-elle potentiellement intégrer le processus d’écriture un jour ?
D.F. : Peut-être, oui peut-être. La raison pour laquelle elle ne fait pas partie du processus d’écriture est parce qu’elle a un side-project. Et nous avons commencé à écrire lorsqu’elle était en tournée avec diverses personnes. Mais oui, nous verrons bien. Nous la voyons samedi car comme je le disais nous tournons une vidéo pour Frost on her pillow. Et elle fera avec nous les apparitions à la télévision et sera en tournée avec nous, aux Etats-Unis. James, Daniel et Caroline sont bien plus comme des musiciens de session. Ils font partie intégrante de la famille mais ont leurs propres groupes. Et ce serait vraiment rude de leur demander de tout laisser tomber. Donc cela arrange chacune des parties.
V.T. : Vous souvenez-vous d’un concert donné l’année dernière dans l’est de la France ? Ce fut un concert très difficile avec des problèmes de son.
D.F. : Où était-ce ?
V.T. : Dans l’est de la France. Le nom était LézArts Scéniques. Ce fut un concert très difficile avec des techniciens incompétents. J’y étais. Il y avait des problèmes avec votre voix. Vous étiez particulièrement en colère et nous également.
D.F. : J’utilise habituellement une oreillette et… c’était un complet désastre. Personne de notre équipe ne pouvait faire ce concert et j’avais dit « Ne faisons pas le concert, nous n’avons personne de notre équipe, personne ne sait ce que nous faisons ». Mais nous l’avons fait quand même et les personnes des autres groupes qui étaient censés le faire ne se sont pas présentées. Et les gars n’avaient pas la moindre idée… je ne m’entendais pas de tout le concert. C’était un complet désastre et j’étais en colère uniquement du fait que nous… nous l’avons fait malgré le fait d’avoir dit que ce n’était pas une bonne idée. J’y étais poussé par le management et la maison de disques. Mais j’ai dit que si cela se reproduit à l’avenir, nous chercherons une nouvelle maison de disques, car nous avons été particulièrement en colère après ça.
V.T. : Pour moi ce fut un véritable sabotage par les techniciens.
D.F. : Tout était chaotique du début à la fin. Mais cela ne se reproduira pas car nous avons une équipe solide. De toute façon nous n’aurions pas dû faire ce concert car nous y avons été ajoutés à la toute dernière minute. Et à ce moment-là, notre équipe était occupée à d’autres choses. Ils travaillent pour nous puis… lorsque nous arrêtons de travailler ensemble, ils ont besoin de continuer de travailler. Ils partent en tournée avec Opeth ou avec Lacuna Coil. Heureusement, la majorité de notre équipe est revenue et elle est solide, ce sont de grands bosseurs. C’est pourquoi cela ne pourrait pas arriver de nouveau, car nous avons actuellement une seconde équipe par ailleurs. Donc si nous avons besoin d’eux, nous pouvons les contacter rapidement.
V.T. : Vous sentez-vous proche de la scène britannique des années 90 : Paradise Lost, My Dying Bride, Anathema ?
D.F. : Nous l’étions à l’époque oui. Nous étions très proches. C’est pour cette raison que nous avons été enregistrer à l’Academy Studio ou chez Dan Sprigg. Car nous aimions “Gothic” de Paradise Lost, et nous aimons toujours cet album. Nous étions bons amis avec Anathema. Quand nous avons tourné avec Emperor, nous sommes restés à plusieurs reprises dans la maison de Darren d’Anathema, leur ancien chanteur. Il s’agit vraiment de la scène de laquelle nous avons émergés. Et je me souviens de ce qui s’appelait le Day of Death, concert où il y avait My Dying Bride, Anathema, nous, Chorus of Ruin. Il s’agissait véritablement de la scène underground britannique, et nous en sommes issus.
V.T. : Je trouve que Cradle est plus proche de cette scène doom/death que du black métal norvégien par exemple.
D.F. : Oui c’est vrai. Je ne sais pas si tu es au courant mais je suis en plein side-project, Temple of the Black Moon. J’ai été en Norvège à plusieurs reprises et je suis très ami avec les gars d’Immortal, God Seed, Taake ou Ihsahn. Et nous travaillions avec Emperor à l’époque et des groupes comme Necromantia. Nous avons tourné avec Moonspell je ne sais combien de fois et nous sommes très proches d’eux. Mais ils ne sont pas britanniques et il n’y a jamais vraiment eu de scène black métallique. Nous avons toujours été isolés. A l’époque des gens tels qu’Ihsahn nous ont d’une certaine manière attaqués en nous disant « Vous n’êtes un vrai groupe de black métal » et ce genre de choses, car nous étions divisés.
V.T. : Pour moi ce n’est pas du black métal, c’est trop complexe pour être du black métal. Il y a trop d’éléments pour nommer votre musique comme du black métal. Il me reste encore deux questions. Quelle est la chose la plus stupide que vous ayez entendu sur Cradle of Filth depuis vos débuts ?
D.F. : Crois-le ou non, mais il y avait cette rumeur d’une vidéo gay qui circulait sur le groupe. C’était assez effrayant, j’étais assez inquiet car des personnes clamaient l’avoir déjà vu. Un soir où nous étions saouls ou est-ce que quelqu’un nous a attaqués ? (rires) Il y a des rumeurs vraiment ridicules selon lesquelles j’étais mort, que je me droguais, que j’étais en fait une femme, que j’étais né dans le sud, que j’étais en fait noir, ou que j’étais juif. Il s’agissait juste de choses stupides dites à mon sujet.
V.T. : Et la chose la plus stupide dite à votre sujet est le contenu soi-disant politique de Cradle of Filth. C’est vraiment stupide.
D.F. : Oui.
V.T. : Et quel est le meilleur compliment que vous ayez entendu sur Cradle of Filth ?
D.F. : Je pense que le meilleur compliment est quand les gens ne nous décrivent pas en référence à quoi que ce soit, disant juste « Ca c’est Cradle of Filth » comme les gens diraient « Ca c’est Iron Maiden » ou bien « Nouvelle vague de heavy métal britannique qui se nomme Iron Maiden ». Ils ne disent pas, en référence à Metallica, « East bay, San Francisco bay, groupe de thrash, rock de stade »… ils disent simplement « C’est Metallica ». Quelques personnes nous ont qualifiés ainsi, et c’est le meilleur compliment qui existe selon moi. Car cela signifie que nous sommes arrivés à un niveau où tu as su forger ta propre identité, par contraste avec des groupes ainsi que des scènes et genres similaires.
V.T. : Pour moi, Cradle fait uniquement du Cradle.
D.F. : Et bien, je l’espère. (rires)
V.T. : C’est donc la fin. Je n’ai qu’une seule chose à dire : Que perdure longtemps Cradle of Filth !
D.F. : Merci !
II. Filthy visions…
A présent, si vous souhaitez vous plonger dans cette interview de manière plus directe, je vous donne rendez-vous sur cette vidéo retraçant l’intégralité du propos de Dani Filth, agrémenté de quelques anecdotes et imprévisibilités !
Cette vidéo est le fruit d’une collaboration entre les membres de la Horde, qui a travaillé d’arrache-pied pour vous réaliser la meilleure vidéo possible. En voici les détails :
- Direction et retranscription par Vlad Tepes
- Filmage par Metallic
- Montage par Lucy Dayrone
III. Behind the Filth…
Cette interview est la seconde à être réalisée par la Horde, mais demeure la première qui aura demandé tant d’efforts de notre part. Ce fut un véritable défi qui aura exigé un travail de passionné(s), dans le but de demeurer le plus complet possible, en attestent les trop nombreuses questions préparées pour l’occasion. Car sachez que moins d’un tiers de celles-ci ont été posées lors de cet entretien, et je possédais suffisamment de questions pour que celui-ci dure quelques heures !
Le stress fut très intense à l’approche de cet événement, autant dire la plus importante interview que je puisse réaliser tous artistes confondus. J’y ai donc mis toutes mes tripes de mélomane filthien, en écho au vieux t-shirt sorti pour l’occasion (le Black goddess rises de 1996), ce que Dani Filth remarquera, clamant un « C’est un très vieux t-shirt ! ».
La longueur de l’entretien fut assez atypique, dépassant allègrement ce qui était convenu au départ. Cela aura été permis du fait que Dani Filth semble avoir apprécié cet échange, sentant bien à qui il avait à faire… soit un pur acharné de l’Art Filthien ! D’ailleurs, le sieur nous aura salués à plusieurs reprises en quittant cet hôtel parisien, en signe de reconnaissance me semble-t-il.
Le contenu est tout aussi atypique, car prenant le parti de se focaliser certes sur le nouvel opus, mais surtout sur tout un ensemble de points relatifs à l’histoire du groupe. Car il ne demeure pas juste de ne pas inclure le dernier opus dans l’œuvre cradelienne dans toute sa diversité et sa complexité.
Septembre 2012,
Dirigée par Vlad Tepes.
Once upon atrocity… in Paris – A conversation with
Dani Filth
(by Vlad Tepes)
Dani Filth
(by Vlad Tepes)
Cradle of Filth was ready to publish their new album when this interview happened, for the catchy "The Manticore and Other Horrors". In fact, every new work of our English vampires can just give rise to a myriad of questions in our filthy spirit. Because we’re pretty curious and greedy on Psychopathia Melomania, and we needed to understand and feel this new album going toward one of the most famous and impressive Artist in the musical dark and extreme scene, the mythical Dani Filth.
With some dozens of questions, I was directed myself to a beautiful Parisian hotel with my stooge Metallic and its video camera. Are we already flabbergasted just before such a meeting ? Yes, I believe it so…
Vlad Tepes : I have a proposition, to drive the interview in three parts : the first one with the new album ; the second part with Cradle on stage ; and a third part with various questions. Ok ?
Dani Filth : Sure.
V.T. : We’re gonna start with the new album ?
D.F. : Why not.
V.T. : So it is called "The Manticore and Other Horrors". It is coming out for Halloween, as usual. So we must say that this is your tenth album. For some bands, the number 10 is symbolic, it is a sort of a report. For you, is it symbolic or not?
D.F. : I think every album has been symbolic in one way or another. Some might argue that it isn’t actually our tenth album, because some people count "Bitter suits…" (NDLR : … to Succubi" !) or…
V.T. : "Vempire" ?
D.F. : "Vempire" or "From the cradle to enslave". Indeed "Midnight in the labyrinth”, some misguided journalist’s section forth... because "Midnight in the labyrinth" was something that we’ve created for our fans. And it was never intended to be released as late as it was. We worked in between other projects, and the reason it came out this year, it’s because we have a space because we were writing for this record. So, buried in mind, the people have misconstrued and count this and that, and whatever : "Live bait for the dead" is an album... you know, I’ve actually forgotten that this is our tenth album : every album is important as you know… every album is important, every album has a flavor and a color.
V.T. : The manticore, which is a beast that eats men, is the symbolic muse of your new album. What is behind this mythological figure for you ?
D.F. : When we were writing, the song just presented itself as being like a title-track. I don’t know why, it’s like when we did “Dusk and her embrace”. Before we even entitle the song or knew what’s going on the new album, I just knew that that was the main song. I don’t know why, and I don’t even know why it stayed. I just spend a lot of time in India, and one of the aspects of the manticore was… during the British empire’s occupation of the Indian provinces, a lot of the Indian population, the Asiatic population were that keen of being rude and they saw what was regarded as the lion rampant, which is the British empire. They saw it more, the manticore, as a poisonous beast in a good way. So we used aspects of that, that’s why the song itself has zither and other sort of Indian-inspired instrumentation. But it is metaphorical for… we see her as a kind of death goddess. There’re different variations of the manticore, some saying that she’s a shape-shifter, others it has a male face or female continence ; some saying that it’s got thirty feet and big wings, and different kind of pictures. But it seemed apt, if you consider the album as a collection of short stories or songs that are vaguely related one to another – rather than be a full blown concept – ends the title "The manticore and other horrors" much like you’d have "The raven and other stories".
V.T. : And for you the manticore is a feminine figure or it could be feminine or masculine ?
D.F. : No I prefer feminine. I like girls and not men ! (laugh) I like girls.
V.T. : Because in the discography of Cradle of Filth the woman is very important. For me I see it (NDLR : in the art of the Filth) as a symbol of cruelty and power. What is the difference between the manticore and for example Lilith, Elisabeth Báthory and all the women that haunts your discography ?
D.F. : I think they all share the same initial make-up you know - I’m not talking about make-up, I’m talking about essence. They’re all powerful archetypes, goddess figures, in direct competition almost to God – God is always associated with a male imagery – and aversion/perversion. But there’s nurturing there and also very closely aligned to that Mother-Nature, so the destructive and at the same time there’s also a metaphor for creation or rebirth. And if you’re looking very blandly, a female archetype is a better thing to look upon, a more beautiful thing to look upon than, you know, a hairy man (laugh).
V.T. : I would like to ask you – maybe it’s a question too opened – but why in the discography of the Filth there is this obsession of women for you ? How do you explain that ?
D.F. : Well… I’ve just explained it there. We addressed Lilith as a whole concept-record only recently. But if you go back all the way to our demos, to "The principle of evil made flesh", Lilith has been a strong character. If it’s not Lilith, it’s Hecate ; if it’s not Hecate, it’s Cybele. You know, every religion has had its feminine aspects in direct relation to the male count power, and both interact with each other. So, I just see her as a metaphor and an archetype of the Left-Hand Path. And it is something that I can relate to more than the normal morality which is to represent a God head as a male entity – Buddha, Krishna or Christ or Mahomet. I guess it always has a little bit of anarchy, a bit anti-establishment. It’s a bit about rebellion I guess.
V.T. : Ok, it is an interesting view. Talking about the new album, with which album it is linked in your past for you ?
D.F. : Well it stands on his own but the record company in their biography linked it to "Midian", because some people who listened to it… I can see why, but not so much musically but more the fact that it is like an album that is all related, the central theme is all related by lots of satellites, like each song is like a horror story. And because of that, in some respect, I think this album is or could be likened to like the early days like "Principle" (NLDR : "The principle of evil made flesh"), just because of the nature of some of the riffings, and the structures.
V.T. : It is very fresh and new ?
D.F. : Hum hum.
V.T. : On the promo pics of the new album, you appear as three persons : you, Paul and Marthus. The album is constructed, build by only three people ?
D.F. : Yes that’s right, it was written by three people. Although we still have James and Caroline. But we do have a new bass player, and the bass player did play on the album.
V.T. : Daniel Firth ?
D.F. : Dani Firth, his name is. His real name is Daniel, he calls himself Dani, but to avoid confusion… I have another friend called Dani Finch, and we’re thinking about just starting a band called "The three Dani’s". (laugh) The core structure of this album was three people, and Marthus plays the orchestration on the album as well.
V.T. : Ok. It’s new ?
D.F. : Yeah yeah, but you know there’re elements on the album that we all contribute to, the structure-wise, with some sound effects and ideology and ideas you know. So, it’s why we decided on this particular record to have just three of us.
V.T. : And Daniel Firth, was he a long time fan of the band before entering the Filth ?
D.F. : I don’t know if he was a major fan of the band. He does like the band, but he’s in a band called Man Must Die. He’s also, which I was quite pleased about, a Misfits cover band called Devilock. And the reason he being invited to play on the album was because the producer Scott Atkins has worked with his band before. And he said “I know this bass player, his style is very reminiscent of Dave’s”. Now, Dave hasn’t written for the band for about three or four albums, he’s more like a session musician. With that in mind, whilst we were writing the album, he had enough from Prong, the band Prong, to go doing an American tour with them – or European tour at first – and about this stage free on that tour we were in the studio. So it was a case of quickly “Let’s find someone else to play”.
V.T. : And why Dave Pybus left the band ?
D.F. : For that reason really, because… he was just a kind of drifting apart. It’s totally cool between us, there’s no… you know… no sacking, no leaving. Because he’s more a session than a proper member – although he has been in the band for quite a long while. He had his business, he was a DJ and he was playing for other bands. So with that in mind, him going to play for Prong, it just made sense really. And I think the injection of new blood is good too as well.
V.T. : And how do you explain that the spirit of Cradle of Filth still remains the same over the years, with all the line-up changes ?
D.F. : Because we just have a strong driving force, and if everybody left the band, the logo would probably grow legs and ran off and form its own band somewhere I don’t know. It just seems that it carries on regardless of who’s in it. We have also been questioned quite a few times because from album to album you can say “That’s Cradle of Filth” regardless of who’s in the band.
V.T. : The spirit remains the same ?
D.F. : Yeah.
V.T. : So you’re going to start a European tour which doesn’t stop in Paris I think.
D.F. : It’s… the problem… but there’s only one date in England as well. There’re four in Spain. There’re two in Finland, there’s one in Belarus and the Ukraine, two in Poland. It’s a package, a promoted package together with God Seed and Rotting Christ primarily. And it’s just the way it turned out. But what it does mean is in the next year we’ll be up to come back and do a second European tour.
V.T. : Ok, great !
D.F. : Because there’re lots of places we want to play aside from Paris : Toulouse, Strasbourg, Marseille, Clermont-Ferrand… Lille. You know, places where we’ve played before.
V.T. : It’s gonna be great !
D.F. : … we want to come back too yeah. And also England as well, we want to do more than just London. Because people, much like… when we play… we’re going to play somewhere else in France.
V.T. : Montpellier ?
D.F. : Montpellier yeah. People from Paris are going to find difficult to get there and then get back home on the train. Which is exactly as it stands in England when people get from Manchester or somewhere like that down to London and then home again. So I think it’s very important… we were in Brussels on Monday and some have said “We want you to play in ancient Belgique” and we’re like “We don’t know”. We’re playing somewhere like 80 clubs as well. So give us the opportunity to make a second tour next year.
V.T. : So there’s no problem with Paris ?
D.F. : No, God no ! Aside from the fact that the Elysée-Montmartre burned down.
V.T. : I follow you since the “Cruelty and the beast” tour, and each time there is a European tour. But for “Darkly, Darkly, Venus aversa”, there wasn’t any European tour.
D.F. : We started this album quite a short shelf-life. We actually went out and play as much as we normally do : we did 4 south American tour ; we had a massive north American tour… Canada obviously. We went to India ; we did like a 2 week tour in Russia. Yes, we played a lot in support of that album. And we did a load of summer festivals in Europe last year as well, which can interacts with another tour, I don’t know why but it’s just the way it is. So it’s for why this album we’re going to tour extensively. There’s no reason other than that, because we did summer festivals and we couldn’t tour in Europe. So let’s just go out for another album.
V.T. : Ok.
D.F. : We have ideas burring, so that’s where went it from.
V.T. : For the next European tour, is there gonna to be surprises in the setlists ? Old songs that come out again ?
D.F. : Me and Marthus were talking about that, we were saying that we want to mix up a little bit, put some old tracks maybe we don’t have done recently into the set ; play like four maybe five tracks on this album. When we’ll get back to England, we’ll be shooting a video for the Frost on her pillow on Saturday when we come back from Berlin… two days. And then our attention will be, after finishing the press, we’ll turn to warrant, working out when we can do for the live shows. We’ve got plans, we can shake things a little bit, a little bit more in the way of presentation and ideas : projections, film, props, costume.
V.T. : About “Midnight in the labyrinth”, I was very surprised by his content because I was expecting an entire orchestra like you did on “Damnation and a day”. But you choose a more minimalistic approach. Why such a choice ?
D.F. : It would have cost an absolute fortune. When we did "Damnation and a day", that was before… you know… Dimmu and Moonspell – we love those guys – and a lot of other bands aside using orchestras. And we had a hundred one people, we went to Budapest, they filmed on TV orchestra and it was very very expensive. So for a project of this size, in the short amounts of time that we were working on there, it would just have been ludicrous. At one point we were setting on to black and white film footage, that come back to the public domain, but even that became an absolute nightmare because in some countries you can use it and in some countries you can’t. So in the end we decided just to… you know… fan only. It’s one of those things a band want to get out of this system like the massive effort we put into “The gospel of Filth” or when we did “Cradle of Fear”. It’s just one of those things we don’t want to double in another genre.
V.T. : So we’re no option for seeing the band one day on stage with a complete orchestra ? This is my biggest dream.
D.F. : It’s never been ruled out. And the last surviving member of the Báthory family, a guy called Dennis Báthory-Kitsz who lives in Canada, is trying to or has been trying… because he has ridden an opera about Elisabeth Báthory, is trying to get us to play with, to do like a theme thing at one of her castles with him doing the opera and us playing “Cruelty and the beast”. Because he’s the last surviving member of the family and he has gone to the Czech Republic, and he’s seeking permission to do it (NLDR : The premiere of that opera happened the 28 of October, in 2011 in Vermont). So if it happens it happens, it will be great.
V.T. : It’s one of my biggest dreams I must say. I hope one day it does gonna happen.
D.F. : It will be cool.
V.T. : Talking about critics…
D.F. : Cricket ?
V.T. : Critics ! The band has always attracted very extreme views, idealized from one side, hated on the other. How do you explain that ? Is it because of your provocative attitude sometimes or is it a matter of success ?
D.F. : I think we don’t have always go too much to be provocative. It’s just… sometimes you get out a little bit of one side from your verbal grave and feel like being a bit untoward and a bit like you say provocative. I mean you could for example pick a copy of “Dusk and her embrace” and say “Wow, all these beautiful artwork that’s provocative”. You know, it does the remains since we’ve been hiring the band as well. I just think there’re two sides to every coin, and sometimes that’s how we feel sometimes. I mean the difference between “Nymphetamine” and the track from which it comes is a perfect example.
V.T. : So you don’t care about critics ?
D.F. : Not anymore, no. I’ve learned, after ten albums – I count these other releases – and being in the public eye, there’s just too many people to please and I rather please our fans and fuck off all the people who… you know… detracting. It’s just a waste of energy to the given time of the day. In fact, it’s known that we’re hated and loved in equal measures, it’s quite something.
V.T. : Let’s go back a little in the past, after “Dusk and her embrace” had been published. You’ve told in the media making a vampiric movie around the album. Is it something you have still in mind ?
D.F. : It is. One of my best friends is the grand-son of Douglas Fairbanks Jr, who’s one of the guys who practically founded Hollywood, and he has recently got rights now to carry on the family’s name. He’s got a film company, strange enough called Fairbanks Productions. He has three films in production. He’s got a couple of horrors ones, one’s called “Decay”, one’s called “Kill…”… the name escapes me. And there’s another one who’s like an historical adaptation - … - sorry I was trying remembering the name of the other film. So there may be some cross clattery realization with him in the future, do something… I don’t just have approached it with him yet. He’s a good friend and will just say “Oh great !” There was always a talk of doing a second “Cradle of Fear”, but the first movie was all done on a third pen. Essentially, we’ve got people who were working on “Saving private Ryan” and stuff like that in between them working on other movies and we drove them in. They were friends and accountancies and they all worked for free ; they’ve got paid once the movie made money, which it did. But it’s something that wouldn’t be replicated again. And it would, even to do a cheap movie, you need to raise, capture at least 2 or 3 million dollars at least, that would be for a cheap movie.
V.T. : So it’s very complicated.
D.F. : It’s very very complicated. And it could happen if we gave up the band for a year and just concentrate on that, but it’s out of the question really.
V.T. : There’re some bands that play entire albums on stage, like for example Paradise Lost for “Draconian Times”. Is it something that you will like to do, with an album or another ?
D.F. : If it came about, so it will be cool yeah. The opportunity just hasn’t arisen. If there’s someone wanting us to do it, just put the songs somewhere. But like I’d say, it became like a little bit of a trend. I mean, Monster Magnet is doing it at the moment with “Spine of God”. And Iron Maiden did it with “A matter of life and death”. Yeah yeah, I mean it’s possible.
V.T. : Do you have still unfulfilled whishes as a band ?
D.F. : With a movie type of thing will be good obviously. And doing something orchestral-wise on stage will be great. We’ve always wanted to do almost like a black mass where people, some elite people, just a few hundred people of our choosing or competition winners were taken by train and they never knew where they were going. And it will be somewhere quite remarkable like Kormor, something with a real pagan atmosphere, and torches and a big feast, and something like that. Something quite Hammer Horror we’ve always wanted to do.
V.T. : It’s an excellent idea !
D.F. : Hum. It will be brilliant. And that people would meet at a certain place and a train will be hired. And it’ll be very cool.
V.T. : I think so. So Caroline Campbell is still in the band ?
D.F. : Caroline ?
V.T. : Yeah.
D.F. : Yes, she is, yeah.
V.T. : She very impresses me on stage with the singing and the keys too.
D.F. : She’s actually a bass player.
V.T. : A bass player ?
D.F. : She is a bass player. And that’s her first love first job. And she’s playing with the guys from Stranguish. She was a singeress occasionally with Devin Townsend as well.
V.T. : Ok. She’s a very good singer too.
D.F. : Yes, she’s very good.
V.T. : With the Nymphetamine track, she’s very very good.
D.F. : Yeah.
V.T. : And she’s gonna enter the writing process in the future maybe ?
D.F. : Maybe, yeah maybe. The reason she wasn’t involved in this writing process is because she has like a side-project. And we began writing and she was out on tour with various other people. But yeah, I mean we’ll see. We see her on Saturday because like I was saying we’re shooting a video for Frost on her pillow. And she’s gonna doing TV and the tour with us, and America. You know, James, Daniel and Caroline are more like session musicians. They’re part of the family but they all have their own bands, and it’ll be rude actually to ask them to drop everything. And they all dear to be part of this band. So it works both ways.
V.T. : Do you remember a show you did last year on the east of France ? It was a very complicated show, with problems of sound.
D.F. : Where has this been ?
V.T. : In the east of France. The name was LézArts Scéniques. It was a very complicated show with technicians that were incompetent. I was there, so.
D.F. : Oh yeah.
V.T. : There were some problems with your voice. You were very very angry and us too.
D.F. : Yeah, there was… I didn’t have any… I have usually an hear-hear and… it was a total disaster. None of our crew could do the show and I said “Let’s not do the show, we’ve got none of our crew, no one knows what they’re doing”. And we turned up and the people who were supposed doing it from other bands didn’t show up to do it. And the guys have no idea… you know I couldn’t hear myself by any on the gig, not ones. It was just a complete disaster, and I was very angry with just the fact that we did it but when have already said that this isn’t a good idea. I was tolling to like by management and by record company. And after that I said that if that happens again we’ll find a new record company… we’ve been very crossed about it.
V.T. : It was a real sabotage for me by the technicians.
D.F. : The whole thing was a complete mess from start to finish. But it won’t happen again because we’ve got a very strong crew. We shouldn’t have been doing that show anyway because it was just adding on at the very last minute. And at that point all our crew was busy doing other things. They work for us but then… when we stop working, they need to keep working and what they do is they go on tour with Opeth or Lacuna Coil. But fortunately we’ve got the majority of the crew back, we’ve got a very very strong crew and a strong work affix. That’s why that thing can never happen again, because we have now like a second real crew as well. So if it needs to be here, we can call them from then on.
V.T. : Do you feel close to the British scene that had birth in the 90’ : Paradise Lost, My Dying Bride, Anathema ?
D.F. : We did at the time yeah. We were very close. That’s the whole reason where we went to record to Academy Studio and Dan Sprigg. It was because we loved “Gothic” from Paradise Lost you know, we still love that album to this day, it’s great. And we’re very good friends to Anathema off. And when we toured with Emperor, we all stayed around down to Darren from Anathema’s house, down a several times and stayed with them ; he’s its old singer by the way. Yeah, that was really the scene we emerged from. And I remember the time there was a thing called The Day of Death which was a show and there was MDB (NLDR : My Dying Bride), Anathema, us, Chorus of Ruin. And it was basically the whole sort of British underground, and that’s where it emerged from.
V.T. : And I think Cradle is more close to this scene, this doom/death scene, than for example black metal or Norwegian black metal.
D.F. : Well it’s true. I don’t know if you’re aware that I’m in the middle of a side-project, Temple of the Black Moon. And I’ve been to Norway in various occasions and I’m good friends with people other there like Immortal, and formerly Gorgoroth but God Seed, Taake or Ihsahn. So we work close to Emperor back in the days and bands like Necromantia. We toured with Moonspell like, God knows how many times, and we’re close with them. But they’re not British, there was never been much of a black metal scene. We’ve always been isolated, and I think that’s what gave… people back in the days, I mean Ihsahn, a sort attacked us verbally and said “You’re not a true black metal band” whatever, because we were divided.
V.T. : For me it’s not black metal. It’s too complex to be black metal. There’re too many things in your music to call it black metal.
D.F. : Yeah.
V.T. : I’ve got two last questions. What is the most stupid thing you’ve heard about the Filth since the beginning ?
D.F. : There was, believe it or not, this rumor going round of there was like a gay video of the band. It was quite fright… I was quite worried because people claimed to have seen it. One night when we were drunk or something did like attack us or what ? There was been some ridiculous rumors that I’ve died, that I’m a drug addict, that I’m actually a woman you know… that I was born in south… that I was actually black, or was Jewish. You know, just really silly things people were saying.
V.T. : And one thing very stupid is the political content which isn’t in the Filth.
D.F. : No.
V.T. : This is so stupid.
D.F. : Yeah.
V.T. : And what is the best compliment you’ve heard about the Filth ?
D.F. : I think the best compliment really is when people just don’t describe us as anything and just say “That’s Cradle of Filth” like people say “That’s Iron Maiden” or wouldn’t say “New wave of British heavy metal band called Iron Maiden”. They don’t say, referred to Metallica “East bay, San Francisco bay, thrash band, a stadium rock act”… they just say “It’s Metallica”. A few people have referred us as there, and that’s the best compliment I think. Because it means that we’ve really got sort to a stage where you’ve forged your own identity, in regardless of similar bands and similar scenes and genres.
V.T. : Ok. For me, Cradle makes Cradle only.
D.F. : Well, I hope so.
V.T. : So this is the end.
D.F. : Ok.
V.T. : I’ve only one thing to say : Long live the Filth !
D.F. : Ok, thank you. Cheers.
Now, if you want to dive into this interview in a more direct way, I must give you the link to the video where you can see and hear all the filthy words from Dani, with some anecdotes and unpredictabilities !
This video is the product of collaboration between the members of the Horde, who worked very hard to do the best possible video. Find right here some details :
This interview was the second one made by the Horde, but stands the first one that needed such efforts from us. This was a true challenge where a passionate work was done, to be the more complete possible, where the best evidence consists in the too numerous questions prepared for the occasion. And you must know that just third of them have been used in this interview, and I’ve had enough material to do like a few hours conversation !
The stress was pretty intense for this event, because it is the most important interview of all times for me. I put all my filthy guts in it, as showed the old shirt dressed that day (the Black goddess rises from 1996), which Dani Filth had noteworthy claiming “This is a very old one !”.
The length of this interview was pretty atypical, far from the initial conventions. This happened because Dani Filth seems to have enjoyed the conversation, feeling that he was in front of a pure filthy mad man ! In fact, Dani greeted us when we were leaving the hotel, as a sign of gratefulness I think.
The content was atypical too, focusing on the new album but a lot of other points from the history of the band too. Because it isn’t correct to not include the last album in the entire Cradle of Filth works in all its diversity and complexity.
I. Filthy words…
With some dozens of questions, I was directed myself to a beautiful Parisian hotel with my stooge Metallic and its video camera. Are we already flabbergasted just before such a meeting ? Yes, I believe it so…
1. The manticore and other female entities…
Vlad Tepes : I have a proposition, to drive the interview in three parts : the first one with the new album ; the second part with Cradle on stage ; and a third part with various questions. Ok ?
Dani Filth : Sure.
V.T. : We’re gonna start with the new album ?
D.F. : Why not.
V.T. : So it is called "The Manticore and Other Horrors". It is coming out for Halloween, as usual. So we must say that this is your tenth album. For some bands, the number 10 is symbolic, it is a sort of a report. For you, is it symbolic or not?
D.F. : I think every album has been symbolic in one way or another. Some might argue that it isn’t actually our tenth album, because some people count "Bitter suits…" (NDLR : … to Succubi" !) or…
V.T. : "Vempire" ?
D.F. : "Vempire" or "From the cradle to enslave". Indeed "Midnight in the labyrinth”, some misguided journalist’s section forth... because "Midnight in the labyrinth" was something that we’ve created for our fans. And it was never intended to be released as late as it was. We worked in between other projects, and the reason it came out this year, it’s because we have a space because we were writing for this record. So, buried in mind, the people have misconstrued and count this and that, and whatever : "Live bait for the dead" is an album... you know, I’ve actually forgotten that this is our tenth album : every album is important as you know… every album is important, every album has a flavor and a color.
V.T. : The manticore, which is a beast that eats men, is the symbolic muse of your new album. What is behind this mythological figure for you ?
D.F. : When we were writing, the song just presented itself as being like a title-track. I don’t know why, it’s like when we did “Dusk and her embrace”. Before we even entitle the song or knew what’s going on the new album, I just knew that that was the main song. I don’t know why, and I don’t even know why it stayed. I just spend a lot of time in India, and one of the aspects of the manticore was… during the British empire’s occupation of the Indian provinces, a lot of the Indian population, the Asiatic population were that keen of being rude and they saw what was regarded as the lion rampant, which is the British empire. They saw it more, the manticore, as a poisonous beast in a good way. So we used aspects of that, that’s why the song itself has zither and other sort of Indian-inspired instrumentation. But it is metaphorical for… we see her as a kind of death goddess. There’re different variations of the manticore, some saying that she’s a shape-shifter, others it has a male face or female continence ; some saying that it’s got thirty feet and big wings, and different kind of pictures. But it seemed apt, if you consider the album as a collection of short stories or songs that are vaguely related one to another – rather than be a full blown concept – ends the title "The manticore and other horrors" much like you’d have "The raven and other stories".
V.T. : And for you the manticore is a feminine figure or it could be feminine or masculine ?
D.F. : No I prefer feminine. I like girls and not men ! (laugh) I like girls.
V.T. : Because in the discography of Cradle of Filth the woman is very important. For me I see it (NDLR : in the art of the Filth) as a symbol of cruelty and power. What is the difference between the manticore and for example Lilith, Elisabeth Báthory and all the women that haunts your discography ?
D.F. : I think they all share the same initial make-up you know - I’m not talking about make-up, I’m talking about essence. They’re all powerful archetypes, goddess figures, in direct competition almost to God – God is always associated with a male imagery – and aversion/perversion. But there’s nurturing there and also very closely aligned to that Mother-Nature, so the destructive and at the same time there’s also a metaphor for creation or rebirth. And if you’re looking very blandly, a female archetype is a better thing to look upon, a more beautiful thing to look upon than, you know, a hairy man (laugh).
V.T. : I would like to ask you – maybe it’s a question too opened – but why in the discography of the Filth there is this obsession of women for you ? How do you explain that ?
D.F. : Well… I’ve just explained it there. We addressed Lilith as a whole concept-record only recently. But if you go back all the way to our demos, to "The principle of evil made flesh", Lilith has been a strong character. If it’s not Lilith, it’s Hecate ; if it’s not Hecate, it’s Cybele. You know, every religion has had its feminine aspects in direct relation to the male count power, and both interact with each other. So, I just see her as a metaphor and an archetype of the Left-Hand Path. And it is something that I can relate to more than the normal morality which is to represent a God head as a male entity – Buddha, Krishna or Christ or Mahomet. I guess it always has a little bit of anarchy, a bit anti-establishment. It’s a bit about rebellion I guess.
V.T. : Ok, it is an interesting view. Talking about the new album, with which album it is linked in your past for you ?
D.F. : Well it stands on his own but the record company in their biography linked it to "Midian", because some people who listened to it… I can see why, but not so much musically but more the fact that it is like an album that is all related, the central theme is all related by lots of satellites, like each song is like a horror story. And because of that, in some respect, I think this album is or could be likened to like the early days like "Principle" (NLDR : "The principle of evil made flesh"), just because of the nature of some of the riffings, and the structures.
V.T. : It is very fresh and new ?
D.F. : Hum hum.
V.T. : On the promo pics of the new album, you appear as three persons : you, Paul and Marthus. The album is constructed, build by only three people ?
D.F. : Yes that’s right, it was written by three people. Although we still have James and Caroline. But we do have a new bass player, and the bass player did play on the album.
V.T. : Daniel Firth ?
D.F. : Dani Firth, his name is. His real name is Daniel, he calls himself Dani, but to avoid confusion… I have another friend called Dani Finch, and we’re thinking about just starting a band called "The three Dani’s". (laugh) The core structure of this album was three people, and Marthus plays the orchestration on the album as well.
V.T. : Ok. It’s new ?
D.F. : Yeah yeah, but you know there’re elements on the album that we all contribute to, the structure-wise, with some sound effects and ideology and ideas you know. So, it’s why we decided on this particular record to have just three of us.
V.T. : And Daniel Firth, was he a long time fan of the band before entering the Filth ?
D.F. : I don’t know if he was a major fan of the band. He does like the band, but he’s in a band called Man Must Die. He’s also, which I was quite pleased about, a Misfits cover band called Devilock. And the reason he being invited to play on the album was because the producer Scott Atkins has worked with his band before. And he said “I know this bass player, his style is very reminiscent of Dave’s”. Now, Dave hasn’t written for the band for about three or four albums, he’s more like a session musician. With that in mind, whilst we were writing the album, he had enough from Prong, the band Prong, to go doing an American tour with them – or European tour at first – and about this stage free on that tour we were in the studio. So it was a case of quickly “Let’s find someone else to play”.
V.T. : And why Dave Pybus left the band ?
D.F. : For that reason really, because… he was just a kind of drifting apart. It’s totally cool between us, there’s no… you know… no sacking, no leaving. Because he’s more a session than a proper member – although he has been in the band for quite a long while. He had his business, he was a DJ and he was playing for other bands. So with that in mind, him going to play for Prong, it just made sense really. And I think the injection of new blood is good too as well.
V.T. : And how do you explain that the spirit of Cradle of Filth still remains the same over the years, with all the line-up changes ?
D.F. : Because we just have a strong driving force, and if everybody left the band, the logo would probably grow legs and ran off and form its own band somewhere I don’t know. It just seems that it carries on regardless of who’s in it. We have also been questioned quite a few times because from album to album you can say “That’s Cradle of Filth” regardless of who’s in the band.
V.T. : The spirit remains the same ?
D.F. : Yeah.
2. Blood on stage…
V.T. : So you’re going to start a European tour which doesn’t stop in Paris I think.
D.F. : It’s… the problem… but there’s only one date in England as well. There’re four in Spain. There’re two in Finland, there’s one in Belarus and the Ukraine, two in Poland. It’s a package, a promoted package together with God Seed and Rotting Christ primarily. And it’s just the way it turned out. But what it does mean is in the next year we’ll be up to come back and do a second European tour.
V.T. : Ok, great !
D.F. : Because there’re lots of places we want to play aside from Paris : Toulouse, Strasbourg, Marseille, Clermont-Ferrand… Lille. You know, places where we’ve played before.
V.T. : It’s gonna be great !
D.F. : … we want to come back too yeah. And also England as well, we want to do more than just London. Because people, much like… when we play… we’re going to play somewhere else in France.
V.T. : Montpellier ?
D.F. : Montpellier yeah. People from Paris are going to find difficult to get there and then get back home on the train. Which is exactly as it stands in England when people get from Manchester or somewhere like that down to London and then home again. So I think it’s very important… we were in Brussels on Monday and some have said “We want you to play in ancient Belgique” and we’re like “We don’t know”. We’re playing somewhere like 80 clubs as well. So give us the opportunity to make a second tour next year.
V.T. : So there’s no problem with Paris ?
D.F. : No, God no ! Aside from the fact that the Elysée-Montmartre burned down.
V.T. : I follow you since the “Cruelty and the beast” tour, and each time there is a European tour. But for “Darkly, Darkly, Venus aversa”, there wasn’t any European tour.
D.F. : We started this album quite a short shelf-life. We actually went out and play as much as we normally do : we did 4 south American tour ; we had a massive north American tour… Canada obviously. We went to India ; we did like a 2 week tour in Russia. Yes, we played a lot in support of that album. And we did a load of summer festivals in Europe last year as well, which can interacts with another tour, I don’t know why but it’s just the way it is. So it’s for why this album we’re going to tour extensively. There’s no reason other than that, because we did summer festivals and we couldn’t tour in Europe. So let’s just go out for another album.
V.T. : Ok.
D.F. : We have ideas burring, so that’s where went it from.
V.T. : For the next European tour, is there gonna to be surprises in the setlists ? Old songs that come out again ?
D.F. : Me and Marthus were talking about that, we were saying that we want to mix up a little bit, put some old tracks maybe we don’t have done recently into the set ; play like four maybe five tracks on this album. When we’ll get back to England, we’ll be shooting a video for the Frost on her pillow on Saturday when we come back from Berlin… two days. And then our attention will be, after finishing the press, we’ll turn to warrant, working out when we can do for the live shows. We’ve got plans, we can shake things a little bit, a little bit more in the way of presentation and ideas : projections, film, props, costume.
V.T. : About “Midnight in the labyrinth”, I was very surprised by his content because I was expecting an entire orchestra like you did on “Damnation and a day”. But you choose a more minimalistic approach. Why such a choice ?
D.F. : It would have cost an absolute fortune. When we did "Damnation and a day", that was before… you know… Dimmu and Moonspell – we love those guys – and a lot of other bands aside using orchestras. And we had a hundred one people, we went to Budapest, they filmed on TV orchestra and it was very very expensive. So for a project of this size, in the short amounts of time that we were working on there, it would just have been ludicrous. At one point we were setting on to black and white film footage, that come back to the public domain, but even that became an absolute nightmare because in some countries you can use it and in some countries you can’t. So in the end we decided just to… you know… fan only. It’s one of those things a band want to get out of this system like the massive effort we put into “The gospel of Filth” or when we did “Cradle of Fear”. It’s just one of those things we don’t want to double in another genre.
V.T. : So we’re no option for seeing the band one day on stage with a complete orchestra ? This is my biggest dream.
D.F. : It’s never been ruled out. And the last surviving member of the Báthory family, a guy called Dennis Báthory-Kitsz who lives in Canada, is trying to or has been trying… because he has ridden an opera about Elisabeth Báthory, is trying to get us to play with, to do like a theme thing at one of her castles with him doing the opera and us playing “Cruelty and the beast”. Because he’s the last surviving member of the family and he has gone to the Czech Republic, and he’s seeking permission to do it (NLDR : The premiere of that opera happened the 28 of October, in 2011 in Vermont). So if it happens it happens, it will be great.
V.T. : It’s one of my biggest dreams I must say. I hope one day it does gonna happen.
D.F. : It will be cool.
3. Manticora Diversa…
V.T. : Talking about critics…
D.F. : Cricket ?
V.T. : Critics ! The band has always attracted very extreme views, idealized from one side, hated on the other. How do you explain that ? Is it because of your provocative attitude sometimes or is it a matter of success ?
D.F. : I think we don’t have always go too much to be provocative. It’s just… sometimes you get out a little bit of one side from your verbal grave and feel like being a bit untoward and a bit like you say provocative. I mean you could for example pick a copy of “Dusk and her embrace” and say “Wow, all these beautiful artwork that’s provocative”. You know, it does the remains since we’ve been hiring the band as well. I just think there’re two sides to every coin, and sometimes that’s how we feel sometimes. I mean the difference between “Nymphetamine” and the track from which it comes is a perfect example.
V.T. : So you don’t care about critics ?
D.F. : Not anymore, no. I’ve learned, after ten albums – I count these other releases – and being in the public eye, there’s just too many people to please and I rather please our fans and fuck off all the people who… you know… detracting. It’s just a waste of energy to the given time of the day. In fact, it’s known that we’re hated and loved in equal measures, it’s quite something.
V.T. : Let’s go back a little in the past, after “Dusk and her embrace” had been published. You’ve told in the media making a vampiric movie around the album. Is it something you have still in mind ?
D.F. : It is. One of my best friends is the grand-son of Douglas Fairbanks Jr, who’s one of the guys who practically founded Hollywood, and he has recently got rights now to carry on the family’s name. He’s got a film company, strange enough called Fairbanks Productions. He has three films in production. He’s got a couple of horrors ones, one’s called “Decay”, one’s called “Kill…”… the name escapes me. And there’s another one who’s like an historical adaptation - … - sorry I was trying remembering the name of the other film. So there may be some cross clattery realization with him in the future, do something… I don’t just have approached it with him yet. He’s a good friend and will just say “Oh great !” There was always a talk of doing a second “Cradle of Fear”, but the first movie was all done on a third pen. Essentially, we’ve got people who were working on “Saving private Ryan” and stuff like that in between them working on other movies and we drove them in. They were friends and accountancies and they all worked for free ; they’ve got paid once the movie made money, which it did. But it’s something that wouldn’t be replicated again. And it would, even to do a cheap movie, you need to raise, capture at least 2 or 3 million dollars at least, that would be for a cheap movie.
V.T. : So it’s very complicated.
D.F. : It’s very very complicated. And it could happen if we gave up the band for a year and just concentrate on that, but it’s out of the question really.
V.T. : There’re some bands that play entire albums on stage, like for example Paradise Lost for “Draconian Times”. Is it something that you will like to do, with an album or another ?
D.F. : If it came about, so it will be cool yeah. The opportunity just hasn’t arisen. If there’s someone wanting us to do it, just put the songs somewhere. But like I’d say, it became like a little bit of a trend. I mean, Monster Magnet is doing it at the moment with “Spine of God”. And Iron Maiden did it with “A matter of life and death”. Yeah yeah, I mean it’s possible.
V.T. : Do you have still unfulfilled whishes as a band ?
D.F. : With a movie type of thing will be good obviously. And doing something orchestral-wise on stage will be great. We’ve always wanted to do almost like a black mass where people, some elite people, just a few hundred people of our choosing or competition winners were taken by train and they never knew where they were going. And it will be somewhere quite remarkable like Kormor, something with a real pagan atmosphere, and torches and a big feast, and something like that. Something quite Hammer Horror we’ve always wanted to do.
V.T. : It’s an excellent idea !
D.F. : Hum. It will be brilliant. And that people would meet at a certain place and a train will be hired. And it’ll be very cool.
V.T. : I think so. So Caroline Campbell is still in the band ?
D.F. : Caroline ?
V.T. : Yeah.
D.F. : Yes, she is, yeah.
V.T. : She very impresses me on stage with the singing and the keys too.
D.F. : She’s actually a bass player.
V.T. : A bass player ?
D.F. : She is a bass player. And that’s her first love first job. And she’s playing with the guys from Stranguish. She was a singeress occasionally with Devin Townsend as well.
V.T. : Ok. She’s a very good singer too.
D.F. : Yes, she’s very good.
V.T. : With the Nymphetamine track, she’s very very good.
D.F. : Yeah.
V.T. : And she’s gonna enter the writing process in the future maybe ?
D.F. : Maybe, yeah maybe. The reason she wasn’t involved in this writing process is because she has like a side-project. And we began writing and she was out on tour with various other people. But yeah, I mean we’ll see. We see her on Saturday because like I was saying we’re shooting a video for Frost on her pillow. And she’s gonna doing TV and the tour with us, and America. You know, James, Daniel and Caroline are more like session musicians. They’re part of the family but they all have their own bands, and it’ll be rude actually to ask them to drop everything. And they all dear to be part of this band. So it works both ways.
V.T. : Do you remember a show you did last year on the east of France ? It was a very complicated show, with problems of sound.
D.F. : Where has this been ?
V.T. : In the east of France. The name was LézArts Scéniques. It was a very complicated show with technicians that were incompetent. I was there, so.
D.F. : Oh yeah.
V.T. : There were some problems with your voice. You were very very angry and us too.
D.F. : Yeah, there was… I didn’t have any… I have usually an hear-hear and… it was a total disaster. None of our crew could do the show and I said “Let’s not do the show, we’ve got none of our crew, no one knows what they’re doing”. And we turned up and the people who were supposed doing it from other bands didn’t show up to do it. And the guys have no idea… you know I couldn’t hear myself by any on the gig, not ones. It was just a complete disaster, and I was very angry with just the fact that we did it but when have already said that this isn’t a good idea. I was tolling to like by management and by record company. And after that I said that if that happens again we’ll find a new record company… we’ve been very crossed about it.
V.T. : It was a real sabotage for me by the technicians.
D.F. : The whole thing was a complete mess from start to finish. But it won’t happen again because we’ve got a very strong crew. We shouldn’t have been doing that show anyway because it was just adding on at the very last minute. And at that point all our crew was busy doing other things. They work for us but then… when we stop working, they need to keep working and what they do is they go on tour with Opeth or Lacuna Coil. But fortunately we’ve got the majority of the crew back, we’ve got a very very strong crew and a strong work affix. That’s why that thing can never happen again, because we have now like a second real crew as well. So if it needs to be here, we can call them from then on.
V.T. : Do you feel close to the British scene that had birth in the 90’ : Paradise Lost, My Dying Bride, Anathema ?
D.F. : We did at the time yeah. We were very close. That’s the whole reason where we went to record to Academy Studio and Dan Sprigg. It was because we loved “Gothic” from Paradise Lost you know, we still love that album to this day, it’s great. And we’re very good friends to Anathema off. And when we toured with Emperor, we all stayed around down to Darren from Anathema’s house, down a several times and stayed with them ; he’s its old singer by the way. Yeah, that was really the scene we emerged from. And I remember the time there was a thing called The Day of Death which was a show and there was MDB (NLDR : My Dying Bride), Anathema, us, Chorus of Ruin. And it was basically the whole sort of British underground, and that’s where it emerged from.
V.T. : And I think Cradle is more close to this scene, this doom/death scene, than for example black metal or Norwegian black metal.
D.F. : Well it’s true. I don’t know if you’re aware that I’m in the middle of a side-project, Temple of the Black Moon. And I’ve been to Norway in various occasions and I’m good friends with people other there like Immortal, and formerly Gorgoroth but God Seed, Taake or Ihsahn. So we work close to Emperor back in the days and bands like Necromantia. We toured with Moonspell like, God knows how many times, and we’re close with them. But they’re not British, there was never been much of a black metal scene. We’ve always been isolated, and I think that’s what gave… people back in the days, I mean Ihsahn, a sort attacked us verbally and said “You’re not a true black metal band” whatever, because we were divided.
V.T. : For me it’s not black metal. It’s too complex to be black metal. There’re too many things in your music to call it black metal.
D.F. : Yeah.
V.T. : I’ve got two last questions. What is the most stupid thing you’ve heard about the Filth since the beginning ?
D.F. : There was, believe it or not, this rumor going round of there was like a gay video of the band. It was quite fright… I was quite worried because people claimed to have seen it. One night when we were drunk or something did like attack us or what ? There was been some ridiculous rumors that I’ve died, that I’m a drug addict, that I’m actually a woman you know… that I was born in south… that I was actually black, or was Jewish. You know, just really silly things people were saying.
V.T. : And one thing very stupid is the political content which isn’t in the Filth.
D.F. : No.
V.T. : This is so stupid.
D.F. : Yeah.
V.T. : And what is the best compliment you’ve heard about the Filth ?
D.F. : I think the best compliment really is when people just don’t describe us as anything and just say “That’s Cradle of Filth” like people say “That’s Iron Maiden” or wouldn’t say “New wave of British heavy metal band called Iron Maiden”. They don’t say, referred to Metallica “East bay, San Francisco bay, thrash band, a stadium rock act”… they just say “It’s Metallica”. A few people have referred us as there, and that’s the best compliment I think. Because it means that we’ve really got sort to a stage where you’ve forged your own identity, in regardless of similar bands and similar scenes and genres.
V.T. : Ok. For me, Cradle makes Cradle only.
D.F. : Well, I hope so.
V.T. : So this is the end.
D.F. : Ok.
V.T. : I’ve only one thing to say : Long live the Filth !
D.F. : Ok, thank you. Cheers.
II. Filthy visions…
Now, if you want to dive into this interview in a more direct way, I must give you the link to the video where you can see and hear all the filthy words from Dani, with some anecdotes and unpredictabilities !
This video is the product of collaboration between the members of the Horde, who worked very hard to do the best possible video. Find right here some details :
- Direction and retranscription by Vlad Tepes
- Filming process by Metallic
- Editing by Lucy Dayrone
III. Behind the Filth…
This interview was the second one made by the Horde, but stands the first one that needed such efforts from us. This was a true challenge where a passionate work was done, to be the more complete possible, where the best evidence consists in the too numerous questions prepared for the occasion. And you must know that just third of them have been used in this interview, and I’ve had enough material to do like a few hours conversation !
The stress was pretty intense for this event, because it is the most important interview of all times for me. I put all my filthy guts in it, as showed the old shirt dressed that day (the Black goddess rises from 1996), which Dani Filth had noteworthy claiming “This is a very old one !”.
The length of this interview was pretty atypical, far from the initial conventions. This happened because Dani Filth seems to have enjoyed the conversation, feeling that he was in front of a pure filthy mad man ! In fact, Dani greeted us when we were leaving the hotel, as a sign of gratefulness I think.
The content was atypical too, focusing on the new album but a lot of other points from the history of the band too. Because it isn’t correct to not include the last album in the entire Cradle of Filth works in all its diversity and complexity.
September 2012,
Directed by Vlad Tepes.
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